Regards sur l'éveil
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Posté
le: Ma 1 novembre 2005 par joaquim
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Philosophie
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L’acte par
excellence de la liberté, le seul qu’elle puisse accomplir, c’est
l’acte de foi.
L’«acte
de foi se présente, malgré
l’unité qui est la sienne, d’une part comme acte, d’autre part comme
pensée (représentation). Ce qu’il nous est demandé de conceptualiser,
c’est l’unité d’un acte intelligible. Nous ne pouvons le faire qu’en
décrivant côte à côte un acte absolument actif et par conséquent
insaisissable dans une représentation et
une pensée qui n’a pas d’autre expression précisément que cet acte. La
difficulté atteint son point culminant lorsqu’on remarque que cela ne
signifie pas autre chose, s’identifie totalement à: ce
qui opère dans la singularité du moi n’est pas lui, mais l’origine dans
laquelle la transparence de son acte lui permet de plonger.
(...) Toute libération
ne peut venir que d’un acte de compréhension par lequel se trouve
instituée une instance tierce en qui avoir confiance – une
compréhension qui est cette confiance même.» Alain Cugno,
L’Existence du mal, Le Seuil, coll. Points Essais, 2002.pp. 239-242
Tout comme l’acte de foi, qui s'institue lui-même en tant que soi dans
un mouvement réflexif, par quoi il se présente comme pure liberté, le
“moi” lui aussi se déploie comme une réflexivité fermée sur elle-même,
en même temps qu'ouverte par la béance de sa propre irreprésentabilité
sur la source de l'être. «Dans
la conscience que j’ai de moi-même dans la pure pensée, je suis l’être
même ; mais par là rien de cet être ne m’est encore donné à penser».
Emmanuel Kant,
Critique de la Raison Pure, Garnier Flammarion, Paris, 1976, p.355
Moi et liberté constituent deux facettes d’une réalité qui s’origine
au-delà du représentable. Il est à la fois troublant et évident,
lorsqu'on poursuit ces enchaînements de concepts qui ne parviennent
pourtant pas à englober ni le moi, ni la liberté, mais seulement à
délimiter la frontière au-delà de laquelle ils se situent, de saisir
une sorte d’écho en qui “moi” et “liberté” se répondent mutuellement,
dans la mesure où chacun se déploye à travers une réflexivité qui
s’origine en elle-même, tout en s'enracinant dans le fondement de
l'être. Eux-même ne sont pourtant, l’un et l’autre, non pas être, mais acte.
Ils surgissent immédiatement du centre originel de l'être, mais
n'arrivent jamais à la consistance d’“étants”. Ils échappent toujours à
la représentation, ils ne basculent jamais dans le monde des
phénomènes. Ils demeurent de purs actes. Reconnaître que “je” ne suis
pas un être, mais un acte, l'acte de Dieu, c'est sortir de l'illusion.
Seul l'Être, seul Dieu est.
«Tout
ce que Dieu opère est un : c’est pourquoi il m’engendre en tant que son
Fils, sans aucune différence. (...) Dieu et moi nous sommes un dans
cette opération : il opère et je deviens.» Maître Eckhart,
Sermons, Ed. du Seuil, Paris, 1974
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