Regards sur l'éveil
Café philosophique, littéraire et
scientifique
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Posté du 28 février 2006 au 13 février 2008 par cieletbaie
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La passoire
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Il m'est clair, de façon absolument
définitive,
que tout ce que je peux dire à ce propos n'est que commentaire,
évocation, suggestion, mais en aucun cas la description de ce qui est
vécu. Alors je vais employer une image très simple, de vraiment tous
les jours: j'ai l'impression de ressembler à une passoire à légumes.
Le corps de la passoire a une forme bien définie et parfaitement
résistante. De même, je connais bien les modes opératoires de ma
personnalité. Ils sont solidement bâtis.
Pourtant,il y a suffisament de trous pour, non pas essorer l'eau
en trop, mais au contraire pour laisser entrer les rayons du soleil. Et
le soleil n'est pas avare...
(en somme, je suis une passoire à légumes qui fonctionne à l'envers!
Bon, c'est pas génial, mais je ne peux pas m'en empêcher...)
Longtemps j'ai désiré une sorte de dissolution qui m'aurait fait
basculer.
Maintenant,Je ne puis plus discerner une frontière qui
délimiterait un versant spirituel d'un autre qui, lui, ne serait "que"
matériel.
La notion même de séparation me semble même de plus en plus
incongrue...
Tu cites les Evangiles, je vais pouvoir le faire à mon tour:
Lorsque, en un instant, sur le lit des urgences, alcool et délirium ont
disparu, c'est à moi que la vie a dit:
"lèves-toi et marche"
Le cadeau, la merveille, c'est que cet amour que la vie m'a donné
n'est pas resté à l'extérieur,il n'est pas venu faire un petit tour,
pour repartir ensuite.
oh non!
Il s'est installé en moi, le bougre. Il me squatte. Il me fait
m'aimer.Il me fait rire.
Mes haines et mes colères sont devenues des souvenirs, c'est presque un
peu curieux.
Cette transformation a permis à ma fille de pouvoir ressentir enfin
l'étendue de ses souffrances à elle.
Ce qui aurait pu être du domaine de la simple thérapie, a été
transfiguré par un désir d'amour pour un autre "être humain", dans une
relation de totale égalité,non obscurci par l'ambiguité d'une relation
parentale.
Je parle d'un désir gratuit, pas pour me faire pardonner,pas pour
rattraper quelque chose.
Juste l'envie de ne plus être une occasion de souffrance pour
quelqu'un.
Dans l'évidence de la Foi en notre intime réalité, laisser agir ce
bien-être, par contagion naturelle.
Lui faire toute confiance.
Avec ce qu'il y a de plus beau et délicat dans nos ressources
humaines, suggérer à ma fille que la sortie du malheur intérieur peut
prendre les habits de la psychologie,
mais qu'il y a aussi quelque chose de plus vaste, de plus radical.
Remplacer des béquilles usagées par des béquilles toutes neuves, c'est
joli cinq minutes, mais se passer de béquilles....
Ma fille a plus parlé en six mois qu'en trente ans.
Une qualité d'être non prévisible s'est invitée.
Le ciel est descendu de son nuage. Il a pris son sourire. Il parle
à travers sa voix lorsqu'elle me dit au bout d'une heure de téléphonne:
"attends, papa, j'ai pas encore fini...."
Des "illusions" comme ça? repassez-moi donc le plat, j'en reprendrais
bien volontiers...
L'ultime ne serait-il donc pas l'englobant total??
Si je ne reconnais pas à travers les petites choses quotidiennes le
surgissement de l'ultime, alors je n'ai pas vu grand-chose, et j'ai
sérieusement besoin de changer de lunettes!!!!!
Parcequ'il y a de la "grande cuisine", on va mépriser le petit déjeuner
du matin?
Ma vie, ma vie toute simple, celle de tous les jours, est belle.
Pas de bascule, pas d'extase ou ce genre de choses.
La libération que j'ai cherchée pendant si longtemps était un rêve, une
utopie,
une fuite du monde que je haïssais et dont j'avais très peur.
J'ai envie d'utiliser le mot de "jubilation", pour qualifier la vie.
Michel |
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"Un
tel changement, qu’est-ce qui te
retient de l’appeler un bascule-
ment
» ou un « éveil ». N’es-tu pas profondément différent après
qu’avant ? Ne serait-ce pas parce que tu ne reconnais pas dans ce
changement la
représentation
mentale que tu te faisais de l’éveil » "
Oui, tu as raison, il n'y a pas de rapport entre ce que je suis et ce
que je pouvais imaginer.
Mais le malaise vient plutôt de la position dans laquelle je me situe
quand je parle.
Etrangement, je me sens collé à cette personnalité humaine, j'y adhère
totalement.
Et EN MEME TEMPS, je n'ai rien à voir avec tout ça.
Dire que j'ai "basculé" laisserait supposer que j'étais vraiment cette
personnalité, et que je l'ai laissé tomber.
Dire celà, ce serait donner une réalité à une soi-disante personnalité
qui aurait réellement existé.
Or, ce qui me surprend, c'est au contraire d'avoir laisser durer si
longtemps la croyance en la réalité de cette personnalité, comme si
elle avait été un bloc monolithique, existant de par lui-même,
indestructible.
Ce que je ressens, ce n'est pas d'avoir changé.
C'est, au contraire, "avant", que j'avais changé, par rapport à ce que
je suis.
Il serait peut-être plus adéquat de dire que des pans entiers se sont
effondrés en un instant, démontrant en même
temps la futilité de ce qui reste.
Parcequ'il reste des choses.
Et ces choses, elles sont très bien comme elles sont.
Désirer autre chose que la vie de tous jours, ce serait imaginer
que des circonstances différentes me donneraient plus de présence, ou
que je serais "mieux" ou "plus". Alors que c'est le contraire! c'est
parceque je suis là, que les choses ont du goût.
Cela n'exclut pas la nécessité de vigilance.
La personnalité veut s'emparer de la lumière, en faire une "chose". Et
c'est la chute instantannée.
Je suis définitivement non représentable
On ne peut pas figer un geste.
Ce qu'on peut fixer, c'est une position dans l'espace
Le geste, lui, est indisociable du mouvement, du déplacement, de la
fluidité.
Me définir serait comme prendre une image photographique.
Une définition, un instantanné, c'est une fine lamelle découpée que
l'on peut mettre sous un microscope.
Ca n'a plus rien à voir avec la globalité de l'organisme vivant sur
lequel on la prélevé.
Me définir, ce serait me figer, me réduire à une fine tranche de jambon
emballée sous vide...
"Ces
rayons ne portent aucune des « blessures » de la personnalité.
De plus, lorsqu’on les écoute ou qu’on leur permet de s’exprimer, toute
notre personne se pacifie"
Oui, ce dont tu témoignes est vrai. Et ce soleil me semble même agir de
façon rétro-active.
Lorsque dans le passé j'étais en plein dans mes souffrances, eh bien
même en l'ayant oublié, déjà j'étais là.
En prendre conscience boulverse radicalement ce qui s'est passé.
Il ne m'est plus possible maintenant de parler de ce qui s'est passé de
la même façon
Curieusement, il me semble être devant une possibilité de choix.
Je sais que là, il s'agit d'un vrai choix, avec deux embranchements de
vie radicalement différents.
Ce choix, c'est: Aujourd'hui, maintenant, qu'est ce que je veux?
-Est-ce-que je veux me cramponner au souvenir d'un enfant seul et
maltraité?
Alors, c'est que maintenant je veux encore et malgré tout être cet
enfant seul et maltraité.
Alors, c'est que maintenant je veux encore et malgré tout me définir à
travers cette image.
-Ou, est-ce-que je laisse tomber tout ça?
----------------------------------------
"-oui,
mais pourtant, ces choses vous sont quand-même bien arrivées
????"
Mais de quoi me parlez-vous? J'ai un festin de roi devant moi, et
vous me proposez une boite de conserve (et en plus, vu sa date de
fabrique, elle doit être franchement avariée...)
----------------------------------------
Là je bute sur les limites du langage. Je ressens viscéralement que
celà a existé, et en même temps n'a pas existé.
La contradiction ne me dérange pas du tout.
Tant que je me suis réduit à une histoire chronologique limitée,
entièrement définie par la survenue d'évènements, il était logique
d'utiliser les outils humains: psychologie,modification des schémas de
comportements etc...
Il est clair que ce mode d'agir maintient et renforce l'histoire!
contempler de l'extérieur ce que j'appelais mon histoire, c'est voir un
ballon qui éclate et devient tout flasque...
et pourtant, une forme d'histoire continue |
|
"
en mon intériorité il y a cet "ego" qui
m'interdit de regarder ce qui m'aveugle,
lui
qui est enfoui dans le centre des centres de mon être..."
Pendant si longemps, j'ai, moi aussi, utilisé ce même vocabulaire: j'ai
un égo!
Ou encore: quelque part, il y a un ego en moi...Ah que je l'ai
cherché, que je me suis décortiqué. Et plus je cherchais, plus je
croyais le décrire, plus je croyais l'avoir enfin trouvé, et plus il
ressurgissait,
plus insaisissable encore que la fameuse savonnette mouillée
inattrapable.
------------------------------
Dans l'ouverture, dans l'évidence, nulle part je n'ai pu trouver ce
fameux égo, ce bloc monolithique,
ce grand responsable de tous mes malheurs.
-----------------------------
A la place d'un soi-disant égo qui m'occcuperait, tel un squatter...
il n'y a
et il n'y a jamais eu
que moi
Moi, qui,
A chaque instant
me prends pour autre chose
que ce que je suis
Moi qui, au lieu d'être, tout simplement
me perds (littéralement) dans un dédale de personnalités aux
comportements divers,
dans un imbroglio de classements, de choix, de justificatifs etc
-------------------------------
Il n'est pas nécessaire que l'objet de ma croyance soit réel.
je puis agir COMME SI l'objet était réel.
La non-réalité de l'objet de ma croyance
peut néammoins amener à un comportement bien concret
-------------------------------
Je découvre au petit matin mon intérieur complètement saccagé.
je crie aussitôt "au voleur"
Alors que ....c'est moi-même,
dans une crise de somnambulisme,
pendant mon propre sommeil
c'est moi qui ai tout saccagé...
(oui, c'est VRAIMENT MOI qui dormais)
et le soi-disant cambrioleur extérieur
n'est qu'un fantasme de plus...
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Où que je regarde en moi, je n'y découvre aucun intrus;
Aucun égo-entité qui me posséderait diaboliquement.
Par contre, je découvre, stupéfait, que l'on peut se prendre pour autre
chose que ce que l'on est
et en conséquence immédiate, agir en fonction de ce pour quoi je me
prends.
Il est, dans ma nature, le pouvoir de produire des désirs, des images.
A chaque instant, c'est moi seul qui produis un personnage
et m'inclus entièrement dans ce personnage qui est MA fabrication
Il n'y a que moi qui puis voir que je ne me limite pas à une des
personnalités que j'endosse!
A chaque instant, "je me prends pour..."
Le vocabulaire n'est pas neutre: je n'AI pas d'égo.
par contre, je me comporte "en tant que..."
Tant que je cherche un égo, je cherche en dehors de ce que je suis.
Ce "en dehors" est également ma fabrication,
une de ces si nombreuses petites boites,
qui me fascinent tant,
que j'ai plaisir à fabriquer, à disposer, à modifier.
Ce si passionnant "lego spirituel"
Je me souviens d'avoir lu chez St Jourdain quelque chose du genre:
"C'est très bien de jouer à la marelle, mais quand on commence à
prendre le jeu au sérieux, alors,
attention quand on tombe dans la case enfer"
Bien sur, par commodité, on généralise.
Mais on finit par confondre l'image commode
avec la croyance qu'il existe réellement une entité appelée ego.
La commodité de langage n'est qu'une convention de paroles.
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Lorsque je me dis:" bien, je ne suis aucune de ces personnalités.
Alors, qu'est ce que je suis?",
c'est encore le somnambule qui est en train de se dire: oh, je vais
remettre en place ce que j'ai mis en désordre,
Même si APPARAMMENT, tout est remis en ordre,
RESSEMBLE à de l'ordre,
c'est toujours du somnambulisme.
"La
psychanalyse est un moyen de provoquer la poussée (à l'aide du
pied) quand on est au fond, envasé,
et
qu'il nous manque l'énergie et la sérénité nécessaires pour regagner
la surface."
Oui, tu as raison. Allons-nous encore une fois nous
saucissonner entre une démarche noble, et une qui serait de seconde
zone,parcequ'elle ne serait "que" psychologique?
Y a-til en moi des parties qui sont "plus" moi,
et d'autres parties qui sont "moins" moi?
Je suis réveillé ou je dors. Point.
Ensuite? dans le sommeil, TOUT est rêve.
Si le rêve est très agréable, il n'empêche que je dors quand même.
Quand je me réveille, je ne m'occupe pas de ré-organiser ce dont j'ai
rêvé pendant la nuit!
Nulle part je ne trouve d'égo
Par contre, partout, je me vois en train de croire, d'assembler, de
figer des comprtements qui se cristallisent dans une personnalité, à
laquelle je finis par croire de plus en plus.
Une personnalité est, bien sur, pratique pour vivre socialement
MAis il me semble déceler un dérapage lorsque je pense devoir être
fidèle PAR PRINCIPE
au personnage que j'ai endossé à un instant donné.
Dès que je m'y accroche, que ce soit par devoir, par habitude, par
éducation, par culture, par civilisation,
Quelle que soit la soi-disante "noblesse" de la persistance d'un
comportement,
aussitôt, je crée le temps psychologique !!!!
Dans une instantanéité hors du temps, j'y suis immédiatement englué.
De même que l'araignée produit d'elle même son propre fil
C'est de moi-même que surgit le matériau dans lequel je m'englue...
"
Alors, curieusement une énergie qui correspond à un acte respiratoire
intense immédiatement provoqué après
un
long séjour dans milieu tel qu'aquatique où il n'est pas possible de
trouver l'oxygène par rapport à notre mode
respiratoire
pour continuer à vivre et ce réflexe vital se libère quand
enfin en jaillissant et poussé
par
"Tout corps plongé dans l'eau…". Archimède nous a signifié cela,
nous jaillissons, "
On ne peut pas mieux dire...
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Il est beaucoup question de pratique(s) ces
derniers temps.
Si je ressens le besoin d'une pratique,
c'est bien parceque je ressens profondément un malaise, un manque.
En regardant intensément les raisons du choix de ma pratique,
je constate que c'est parceque je suis persuadé que cette fameuse
pratique va m'amener à ce que je "suppose" être ma nature réelle;
Mais, comment puis-je savoir par avance que ce que je "suppose" être ma
nature réelle EST BIEN cette nature réelle???
Ce serait savoir....
...... ce que justement je ne connais pas encore!
Je dois donc rabattre sérieusement mes prétentions quand je prétends
savoir là où je vais!
Je peux tout juste dire qu'une voie m'attire plus qu'une autre....
Est-ce-que le fait d'être attiré par une pratique prouve sa vérité
absolue???
Impossible de dire PAR AVANCE ce qu'est la vérité
Cela signifie que, tout en doutant complètement du sérieux de ma
vie mentale, je lui laisse malgré tout le choix de décider de ce qui
sera "le mieux" pour moi.
Super!!!!
je sais de façon évidente que mon outil est inadéquat....
....et c'est à lui que je confie le soin de guider ma vie!!!!!
Bon, si j'ai envie de consulter l'annuaire des trains pour prendre un
avion....
Pourtant, ce manque, cette aspiration profonde?????
Et si je cessais de vouloir analyser avec l'outil qu'est la raison
une réalité qui n'est PAS du domaine de la raison?
Je peux être ouvert à un raisonnement nouveau,
à des théories nouvelles ( c'est si captivant...)
Je peux aussi être ouvert....à l'ouverture!
La vie est antérieure au raisonnement
C'est le plus qui inclut le moins.
l'inverse est impossible.
Il y a un moment où je ne peux que que laisser tomber tout ce à quoi je
m'accroche.
je ne peux plus garder la plus petite certitude.
Je refuse de REGRESSER en m'enfermant dans le cadre de la
soi-disante logique qui s'occupe de tout, et principalement de ce qui
ne la regarde pas!!!
Les théologiens, quelles que soient les églises, sont rarement "ceux
qui ont vu Dieu"
Cesser de raisonner, c'est arrêter de limiter mon regard.
Ce qui est peut alors surgir sans entraves. |
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A chaque instant, consciemment ou non, je
produis des commentaires. Ainsi, je définis une histoire.
La durée de cette histoire est à l'exacte mesure de mon entêtement
à vouloir défendre et prouver la véracité de ce que je prétends.
Cela ressemble étrangement à un mensonge dans lequel on s'enferme
de plus en plus. Pour sauver la face et ne pas avouer la défaite et
l'imposture
, il ne reste que la fuite en avant, avec des justifications de plus en
plus tordues.
Une seule idée-racine,
et tout un scénario se met en place.
Etre abasourdi par l'inconsistance de tout ça,
c'est dé-tricoter tout le pull en tirant sur le seul et unique brin de
laine.
Si la mémoire prétends me restituer des évènements en béton,
C'est uniquement parcequ'aujourd'hui encore,
je les jugerais de la même façon qu'hier.
Mon attitude d'aujourd'hui bétonne les évènements d'hier.
C'est ainsi que je maintiens le mythe d'une soi-disante vérité de mon
histoire..
Si, maintenant, je déclare tel évènement inconsistant,
c'est tous les autres évènements identiques que je déclare également
inconsistants.
La vue d'aujourd'hui est rétro-agissante!
Considérer que j'ai pu progresser ou évoluer est une sottise de la
dernière débilité.
Voir ce fatras mental et tout laisser tomber,
quelle légèreté délicieuse!
Je me reconnais, je nous reconnais, lorsque tu dis:" ce qui est
révélé a toujours été là à fleur de conscience....et encore:Tu es
adossé à ce que tu recherches"
Quel que soit le scénario que j'ai pu inventer,
du plus majestueux au plus débile,
il fallait D'ABORD être.
Un des amusements de tout ça, c'est qu'il n' y a pas besoin de
moment spécial qui serait "plus" spirituel ou "plus" philosophique, en
retrait de la vie profane.
Alors je fais mon petit va-et-vient pour essayer de répondre le
plus clairement possible. Le clavier d'un côté, de l'autre les fils
pendouillants de l'électricité que je suis en train de rénover.
Une phrase à corriger, des fils à tirer, une précision à écrire, une
autre interrupteur installé.
Cette continuité, cette fluidité,
c'est de l'ordre du délice. |
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Ici-même,
là, tout de suite,
je suis l'enfant voulu de l'éternité.
N'est-il pas amusant d'imaginer qu'il me faut suivre une route qui doit
m'emmener là où je me trouve déjà?
Aller là où je suis!
Un peu saugrenu!
Lorsqu'on se désigne soi-même,
on plie le poignet vers l'arrière, et c'est VERS SOI qu'on dirige
l'index.
Pendant tant de temps, j'ai pointé le doigt vers autre-chose, vers
une représentation, vers une re-présentation, oh peut-être pas très
loin,
mais toujours un petit peu à côté.
Je pointais le doigt vers l'ombre qui me suit sur le sol, si
fidèlememnt.
Je me prends pour mon ombre ...
Arriver à l'écoeurement de la recherche,
pour, enfin, tout simplement, S' ECOUTER en train de dire:
"JE" - me - cherche
"JE" -suis - celui qui dit qu'il ne se connait pas,
et être stupéfait du contresens de ce que dis, sans m'entendre?
C' est VRAIMENT le chien qui tourne sur lui-même à toute vitesse en se
mordant la queue.
S'écouter dans une intensité d'attention si tendue,
que chaque mot, dit très lentement, laisse apparaitre le monde qu'il
contient
que chaque mot laisse s'exprimer le contenu de tous les sens non
verbaux dont je l'ai affublé.
Que la phrase dite très lentement laisse surgir le non-sens de ce que
j' exprime....
.......puisque la phrase affirme LE CONTRAIRE du tout premier mot!
Voir ainsi que lorsque je disais "je",
c'était à toutes les représentations de moi que je m'adressais
je ne suis pas le gant,
je suis la main qui agite le gant.
je ne suis pas la marionette
je suis l'artiste qui agite la marionette.
Je suis celui qui fait de la buée sur la vitre.
La buée est MA projection.
Pour retrouver la vitre sous la buée, je m'amuse écrire le mot vitre
avec le doigt...
et je prends le mot écrit SUR la vitre pour la vitre elle-même!
D'un simple glissement de manche sur la surface j'efface toute
l'histoire...
Toujours neuf
hors de la notion d'âge et de durée
toujours souriant
peut-être légèrement étonné... |
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Je me lave, je vais chercher le courrier -y
compris les factures à payer- je bois un café ( Salut, Jean-Marie )...
A travers ces actes simples, je suis là, déjà, de toute éternité.
Plus exactement, à l'intérieur de l'éternité, ces actes simples sont
posés.
Si les choses veulent s'allumer de l'intérieur, c'est bien.
Mais cela n'a rien à voir avec avec mon fondement véritable.
Origine, fondation première de toutes les petites fondations suivantes.
Tronc de toutes les branches à venir.
Mes recherches, mes déductions logiques, tout cela ce sont que des
clés.
Mais enfin, même si la porte reste fermée, la maison est tout de
même là, non???? Obsédé par la clé, je ne vois même pas la maison!!!!!
Lorsque je suis dans la maison, est ce que je vais passer mon temps
à admirer la clé que j'ai dans la main, à la brandir, à la cirer, est
ce que je vais la mettre sous cloche, et pourquoi pas non plus finir
par l'adorer?
Je dis: ok, cela est du domaine de l'incompréhensible.
.....Et je ne perçois pas que, très très subtilement, j'ai déjà
fait une représentation - re-présentation, duplicata- d'un soi-disant
incompréhensible.
Ah zut, je n'y arrive pas!!!!
.....nouvelle construction mentale.
Mais, ,bon sang, il est sous mes yeux, l'obstacle.
Il est énorme. Il est MONUMENTAL. Il touche mon nez!!!!
.... je continue à crée un ailleurs, un obstacle là-bas...
Ah Ah, oh oui, tout est ici, même et surtout "l'obstacle"...
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Mes yeux tombent sur un livre près de
moi...
Renvoi instantané à l'éternelle question.
-Je reste dans la recherche, dans le désir de LA réponse, toujours et
encore le même marécage!
Engluement dans la même non-réponse...
-ou, instantanément, l'engluement deviné, pressenti, éjecte hors de la
question qui tourne en rond...
La pensée re-présentante n'a été qu'un miroir boomerang...
Pensée-miroir!!!
pensée-image de moi!!!
Bien sur que je ne suis pas cette image,
l'image de moi N'EST PAS MOI
Toute image, quelle qu'elle soit, ne sera jamais moi.
Toujours et à jamais, je suis AVANT.
Cet "avant" n'est pas historique.
C'est une antériorité d'essence, de nature.
Je ne suis aucun des commentaires, aucun des poteaux indicateurs.
ET POURTANT, EN MÊME TEMPS, L'IMAGE EST BIEN FAITE DE MA PROPRE
SUBSTANCE
S'il plait à dieu, à cet instant, je sors de l'hypnose
Dieu n'est pas autre que moi.
Tout ceci n'est que l'étirement langoureux de ma substance, seule et
unique.
Il n'y a que dieu qui recourbe avec amour sur lui-même. |
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Je me débats dans les mailles d'un filet,
et je me dis:
"oh, ceci est est bien inconfortable. Cette maille-là semble plus
détendue! Voyons, en essayant de passer par là, ça devrait être plus
facile....
en me débattant différemment, je devrais m'en sortir un peu mieux..."
C'est encore et toujours le même enfermement,
le même objet, simplement repeint d'une façon différente.
Je puis bien imaginer tout ce que je veux à propos de l'éveil,
ce nom n'est justement....qu'un nom!
Ce qui est, est avant tout nom, avant toute définition.
"Bon, alors puisqu'on ne peut rien en dire...."
Même pas!
c'est avant dire ...ou ne pas dire
dans une vue globale instantanée, c'est l'ensemble du processus
pensée-définition-enfermement qui est constaté,
en même temps que la totale nullité-inutilité-vanité de toute
recherche-définition.
Ces définitions enclosent dans des petites boites qui séparent, qui
isolent, et qui par conséquence logique créent les hiérarchies et les
préférences.
Il y a un monde entre préférer tel goût, ce qui est naturel, légitime,
inévitable,
et en DEDUIRE une hiérarchie des goûts, ce qui est alors
l'expression d'une pensée déviante, en train de s'occuper vainement de
ce qui ne la concerne pas.
Pensée en action permanente, ininterrompue, blablatant inutilement et
sottement.
Il y a un grand délice à découvrir la tranquillité du corps,
de plus en plus libéré de ce harcèlement ininterrompu qu'est le
bruit de fond mental, des commentaires autant ridicules qu'inutiles.
Quelle fatigue, quelle fatigue, que d'avoir un avis sur tout!
Quelle prison que de croire qu'il FAUT avoir un avis sur tout!
Le piège est qu' immédiatement je refais une image subtile de l'absence
de pensée....
La pensée est comme un vieux papier peint sur le mur.
Sous ce vieux décor, si terne et si usé, ce qui est n'a jamais cessé
d'être.
A travers la vie simple, des bouffées de bonheur s'invitent.
Les choses semblent les provoquer,
mais ce n'est qu'une apparence.
La joie est , sans cause.
Les objets qui semblent la provoquer ne sont que les fenêtres à travers
lesquelles le soleil irradie. |
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