Regards sur l'éveil

Hier soir je suis allée au concert, une pianiste soliste jouait du Mozart, Schubert, Chopin et quelques compositions de son cru. Un grand programme, à l'exception des oeuvres du 4ième compositeurs qui détonnait avec son style nouvel âge.

Hormis le fait que j'ai été un peu déçu par l'interprétation, donc par l'interprète, j'ai vécu une expérience fort intéressante.

Ma façon de décrire l'expérience est « j'étais jouée ». Comme si j'étais la musique elle-même et que j'acceptais totalement que l'on fasse de moi de ce que l'artiste souhaitais. Cette expérience ressemblait à une autre que je fais souvent soit « être vécue » ou « être pensée ». Quand je fais cette expérience, je suis totalement abandonnée, je suis dans un lâcher prise complet. Le «je» n'existe plus.

Quand je jouais du piano, il y a plusieurs années, j'aimais me laisser porter, traverser par la musique, c'était merveilleux de lui faire toute la place. Aujourd'hui je ne joue plus, mais mon travail en communication me permet de vivre la même expérience de laisser la place. Je me laisser parler pas le Ça.

Cependant l'expérience d'hier était différente en ce sens que, au-delà de me laisser traverser par la musique, j'étais la musique elle-même et le point culminant est que j'étais jouée.

« J'étais jouée ! » À elle seule cette expérience valait le prix du billet

Il semble que quand nous sommes totalement abandonnés, confiants et passifs, il est possible de se laisser jouer. À ce moment-là, l'identité de musicien s'active et grâce à son agilité, tu disais «son contrôle», crée la forme dans laquelle la musique vient s'exprimer.

L'expérience dont je parle est différente en ce sens, qu'à travers cet état méditatif d'abandon et de confiance j'ai pu être joué sans qu'aucune identité n'intervienne. J'étais en même temps, la musique, le musicien et le mélomane. C'est ça, je viens de le trouver. J'étais tout ça en même temps : la musique qui s'incarnait à travers l'habileté du musicien, le musicien qui appellait, de toute son âme la musique et le spectateur de ce déployement divin.

Merci de m'écouter, de me lire, ça m'a permis de comprendre le phénomène, de le nommer avec justesse. Je vois que ce qu'il y avait de particulier dans cette expérience est que j'étais, en conscience, les 3 éléments à la fois.