Regards sur l'éveil
Café philosophique, littéraire et
scientifique
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Posté du 8
juillet 2006 au 1 mai 2007 par Ney
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Fulgurance
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Lorsque, soudain, l'on ressent la
fulgurance de
la clarté, de la vision, de la grâce, tout coule à merveille, tout est
compréhensible sans véritablement l'être au niveau mental...
Après quelques instants de distraction (qui viendront forcément -
encore - dans la vie quotidienne, notre esprit n'étant pas encore
suffisamment stabilisé), la danse que nous entamions alors va sembler
lointaine, plus enfouie...
Cachée par le flux des pensées qui reviennent à la charge...
Je crois, je sens que la danse, que la pulsation de la Vie que nous
pouvions percevoir alors est encore en train de se mouvoir en nous,
seulement l'oreille n'est plus tendue, l'oeil occupé ailleurs...
Il est alors tentant de faire l'erreur de vouloir à tout prix retrouver
ces états ! |
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Je suis sur le Chemin, sans en avoir
véritablement conscience, depuis très longtemps.
Toute ma vie, j'ai été en quête d'une chose que je n'arrivais pas
définir.
Je l'ai cherché partout... Partout...
Sans jamais arriver à définir l'objet de ma quête et sans pouvoir
désaltérer ma soif qui devenait toujours plus ardente.
Petit à petit, au travers de certaines rencontres, de certains
livres et de certaines expressions artistiques, j'ai pu orienter ma
vue, et je sais à présent qu'il est normal que je ne puisse point
saisir ce que je recherchais si avidement.
Je suis amoureuse de l'Infini.
Je désire danser au rythme de la Vie qu'il nous offre.
Je désire lui chanter ma dévotion et mon amour.
Je désire peindre et griffonner les facettes inconscientes de mon être
pour Le comprendre, pour me comprendre.
Je désire utiliser les mots pour tisser un vêtement de Grâce s'adaptant
à tout Esprit le parcourant.
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Cela dit, il m'arrive encore de vouloir
forcer... Lorsque par exemple, un soir, soudainement ma Vue s'ouvre et
que toutes les barrières éclatent, lorsque je me retrouve unifiée et
consciente, il m'arrive de désirer maintenir cet état, ou de le
retrouver volontairement... Bien entendu, cela ne marche pas, mais le
réflexe persiste encore.
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Escarmouche au crépuscule
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Sur mon front glabre, la douce perle tombe.
Inconsciente, insouciante, elle fait son chemin sur mon visage, dansant
sous la fureur du Vent.
Adossé à un vieillard, aïeul des herbes folles et des buissons
revêches, je m’abreuve de la fraîcheur de cette tombée solaire.
Autour de moi, le champ est imposant. Digne d’un empereur, il part
à la conquête de la forêt alentour, sous les murmures avides des
hommes.
Néanmoins, ce pré garde sa dignité. Ses verdures lui donnent de
l’allure, pour sûr !
Il recèle tous les mystères propres à la Sauvage, cette nature tenace.
Tinté par de volubiles grillons au soir, musique de merveille, gelé
par l’austérité du frimas, attentif à la mélopée susurrée des longues
herbes ployant sous la tempête, il vit chaque battement, chaque instant
de la vie qui s’écoule en son sein.
Moi, je ne fais que le regarder. Je l’épie.
Son rôle parmi l’espèce humaine est d’être labouré et d’être jeté
en pâtures aux vaches gloutonnes. Le rôle que je lui prête ? D’être une
entité sans réserve, à laquelle des millions, des milliards d’êtres
viennent se ressourcer, soient-ils ingénieuse fourmi ou elfe prolixe.
Appuyé à cet arbre élimé comme mon grand-père, je souris.
Les herbes courbent sous l’air en mouvement, telle une vague
impétueuse qui se prend pour la reine de l’océan. Je m’allie à leur
danse, âme avec âme, sous le ciel diffame.
Je ne suis plus que mouvement. La délicieuse sensation de faire
révérence lorsque le Vent, avec ses grands airs, passe, me prend alors.
Versatile, indomptable, il veut montrer qui est le plus fort. Et je
m’incline, tout comme le font ces sujets, herbes fragiles et insectes
trouillards.
Le Vent a terminé sa provocation, laissant enfin le champ respirer.
Je sens encore sur ma peau sa morsure.
Sur mon front lisse, la gracieuse goutte perle. Inconsciente,
insouciante, elle fait son chemin sur mon visage, glissant timidement
sous le départ du Vent.
D’autres larmes croulent sur la plaine. Il est temps pour la Terre
de saisir sa coupe et de se désaltérer. Le vin est bon. Mais il n’est
pas pour moi.
Délicatement, je me redresse. Je laisserai la Nature embrasser la
pluie. Leur union me laisse une joie au cœur. Le dos tourné au chêne
décharné, je m’en retourne vers le monde civilisé.
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Après une longue semaine de ce qui me
semblait être de l'errance, tout a éclaté, j'ai retrouvé la
transparence bénie...
Et quelque chose m'a frappé, je ne m'en étais jamais rendu compte...
Cette "couche" usurpatrice n'est justement qu'une "couche", ce
qu'il y a au fond reste toujours présent, immuable et pourtant en
continuel mouvement.
Il semblerait que beaucoup d'entre nous aient tendance à être
dépité, à culpabiliser, à se sentir mal lorsqu'ils ne sont pas... dans
ce souffle ce qui ne peut être défini.
C'est mon cas.
Hier, j'ai compris que je n'avais pas à ressentir le moindre
malaise durant mes absences à moi-même, car "JE SUIS en devenir" ne se
dévoile que lorsque ce même malaise a cessé de m'étouffer.
Lorsque dans l'errance, je cherche, je m'interroge, je désire ETRE,
je m'éloigne de l'objet désiré. Cette "couche" n'est une couche que
lorsque l'on veut bien la définir comme telle.
Si on l'oublie, tout devient clair, tout "fond" de lui-même.
Comme dirait Rûmi, devant le soleil ardent, la glace redevient eau, le
glacier devient mer.
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