Regards sur l'éveil
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scientifique
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Posté du 2
novembre au 9 décembre 2006 par Nout
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Aveugle et calcinée
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Que m'est-il arrivé?
Je pourrais dire en utilsant une image limitée mais éloquente:
Un jour la foudre m'est tombée dessus.
Aveugle et calcinée, soudain je suis devenue clairvoyante!
Quel paradoxe!
Et pourtant, n'est-ce pas cela l'Unité?
La fusion entre les contraires?...Le paradoxe absolu.
Je m'aperçois que toute ma vie j'ai aimé les contrastes, les
contraires, la dualité sans doute.
Et cette dualité en vérité n'était qu'une seule et même chose.
J'ai tendance à ne plus chercher à dire.
Et pourtant les mots viennent malgré moi.
Alors que choisir, silence ou parole?
La parole est l'ombre du silence.
Quand la parole disparait, le silence est tout ce qui reste...Mais il
ne peut y avoir de parole en dehors du silence. |
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Le petit moi est simplement trimballé comme
une barque sur les remous d'un grand océan.
Il est le fruit du passé et tend incessament vers un futur. Mais que
sont le passé et le futur à part: rien?
Le petit moi est dans l'incapacité d'être dans le présent de
manière consciente et nue c'est à dire sans une référence au passé
auquel il s'accroche désespérement pour se donner une consistance.
C'est cette disponibilité dont tu parles.
Cette capacité soudaine et hors de tout contrôle à accepter tout ce
qui vient là maintenant, avec la conscience que tout ce qui vient là
vient de Tout ce qui est, l'Etre Unique.
Lorsque le petit moi a disjoncté une fois lors de notre existence, on
réalise de manière fulgurante (d'où notre présence dans ce
forum je crois...) que nous ne sommes pas "cela".
Lorsque l'identité individuelle est sur mode "pause", nous sommes quand
même.
Donc le petit moi n'est qu'une couverture pour une infiltration très
spéciale dans un jeu de rôle à dimension cosmique...
En
fait, selon l'expérience retenue de mon
propre "changement d'identité" , j'ai cru longtemps avant cet instant
hors limite qui a désamorcé le despotisme de mon petit moi (sans
anihiler sa présence pour autant), que pour atteindre ce que certaines
traditions spirituelles nomme l'éveil, il fallait justement maitriser
son égo, son petit moi.
Or après coup, je me rend compte que ce n'est qu'après l'éveil,
justement que cette maitrise est possible.
Mais ce n'est plus une maitrise. C'est un changement total de
maître...de centre de gravité.
On tolère le petit moi, on s'en amuse même parcequ'on réalise qu'il a
été créé de toute pièce à cette seule fin: le jeu. |
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J’ai vécu ce que j’appelle l’éveil ou
naissance
(comme le nomme Khoan) à travers une épreuve de vie dans laquelle j’ai
frôlé la mort.
Et d’ailleurs j’ai vécu cette mort, mais pas de la manière à
laquelle je m’attendais. C’est pourquoi aujourd’hui je laisse les rênes
de ma vie à Celui qui Est car tout ce à quoi je pourrais m’attendre ne
sera jamais à la mesure de ce qu’Il me réserve.
La vie est jouissive quand elle devient une surprise permanente,
une redécouverte à chaque instant. La jouissance de renaître à chaque
souffle. Un nouveau monde se crée à chaque seconde. Toujours nouveau.
Toujours parfait. Inconcevable.
Donc, mon expérience de mort a été ce qui m’a redonné la vie si on peut
dire.
Mon égo en fait, a été non seulement laminé mais mis KO comme mon
corps l’a été. Oui, Khoan, je sais jusqu’où l’homme est capable
d’aller. Il est en vérité capable de tout.
Cette épreuve m'a foudroyée, laissée comme morte dans tous les sens du
terme, vidée de toute ma substance.
Je sais ce que c'est d'être morte dans un corps vivant.
Je me suis complètement dissoute dans la douleur, la peur, la haine.
J'ai même cessé de croire en Dieu, en quoique ce soit qui ait un nom ou
pas.
Je me suis sentie trahie. J'ai senti alors le froid du vide, du
non-sens m'envahir, les ténèbres. L'inconscience totale.
Après le choc, je suis restée prostrée un certain temps, incapable
de vouloir quoique ce soit. Mourir ou vivre n'avait plus d'importance.
C'était la fin d'un monde. Le mien. celui que j'avais construit
depuis mon enfance, avec mes doutes, mes rêves, mes peines, mes
joies...
Tout cela s'écroulait comme un château de carte.
Tout cela me semblait soudain misérable. Je n'existais plus. le
personnage qui était moi et je croyais connaître avait disparu. Il
m’abandonnait à ma souffrance. Ne pouvait rien pour moi.
J'avais parfaitement conscience que personne ne pouvait rien pour moi.
C'était à moi de choisir. Ou je décidai de mourir physiquement, ou
j'acceptai la douleur.
Mais je ne pouvais pas me fuir moi.
Quand j’ai consciemment entamé une quête spirituelle il y a
quelques années, j'ai ressenti cette euphorie qui accompagne la
compréhension de ce qui nous entoure, la découverte d’un nouveau monde,
d’une nouvelle dimension.
Mais ce réveil n'a pas éliminé toutes mes peurs ancrées, mes croyances,
mes attentes, mes désirs inassouvis.
On vole très haut et j'ai volé très haut. J'ai eu des expériences que
je n'aurais pu imaginer.
Mais il a bien fallu que j'affronte tout ce que je refusais de voir
en moi, de regarder au fond du puit que je venais de creuser pour
accéder à la source.
J'ai expérimenté une loi fondamentale de la réalité, l'équilibre
limitation-libération.
Cette épreuve aussi pénible et dure fut-elle, m'a permis d'éclairer mon
puit. De mettre de la lumière là où il n'y en avait pas.
J'ai du éliminer tout ce qui ne m'aidait plus à survivre. J'ai du
réellement aller à l'essentiel car j'étais trop affaiblie pour me
charger d'un poids inutile.
Dieu est alors venu à moi. Le mot Dieu est tellement réducteur,
tellement limité par rapport à la réalité. Aucun nom ne peut contenir
Cela, Unité, pas Unité. Tout concept tue la vérité.
J'ai repris le dialogue du début avec lui.
Plus de magie, d'euphorie, de rayons, d'énergie universelle entre nous
(j’étais très branchée nouvelle âge à l’époque).
Lui et moi étions UN.
Et je lui ai parlé sans détour de ce que je pensais de tout ça, de
cette douleur que je devais porter. J'ai beaucoup pleuré, tremblé,
douté.
Je n'avais aucune prise pour m'accrocher à la paroi.
Je n'avais pas d'autre choix que de tomber.
Mais ce que j'ignorais en tombant, c'est que je tombais dans Ses
bras et que quand je L'ai senti autour de moi, en moi, quand j'ai senti
sa présence, son amour incommensurable, j'ai su très précisément que je
ne pouvais pas mourir.
Rien ne pouvait m'atteindre réellement. Personne ne pouvait
m'enfermer, me tuer, m'humilier. Parce que j'étais aimée de Lui, créée
par Lui, éternelle comme Lui. J'étais Lui.
Lui et moi ne faisons qu'UN.
ET tous ces mots galvaudés comme le Tout, Amour, Foi, lâcher prise,
que j'avais tant lu et entendu prenait soudain un sens, une vie.
J'ai survécu à l'épreuve mais en vérité, je suis née par cette épreuve.
Tout mon être s'est entièrement reconstruit mais seulement à partir de
l'essentiel.
Il s'est reconstruit avec ce que je n'osai pas accepter, ce moi nouveau
avec cette épreuve-là.
J'ai du faire le deuil de celle que j'étais avant l'épreuve.
ça me renvoie au jardin d'Eden. L'arbre de la Connaissance.
Oui le fruit est amer, et on est soudain chassé du paradis parce que le
monde n'est plus le même.
On n'a pas d'autre choix que d'affronter la vérité, de se laisser
initier par elle.
Finalement, la bible commence par le fruit défendu de l'épreuve et
finit par la résurrection. Alors oui, symboliquement le Christ
représente notre capacité à nous sauver de nous-même.
Et c'est sans doute le parcours traversé par tous les êtres.
C'était mon apocalypse, ma fin du monde.
Et qui m'a finalement conduite à la Révélation, la levée du Voile:
Seul l'Amour est Réel.
Parce que lorsque la vie vous prend tout c'est tout ce qui vous reste.
Et c'est sublime... |
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L'éveil
se vit hors du temps.
Il ne dépend de rien. Il ne dépend ni du corps, ni du mental, ni du
cerveau,ni d'une influence extérieure comme les paroles d'un sage ou la
couleur du cheval blanc d'Henri IV.
L'éveil est du point de vue de la pensée un événement dans le
temps, la découverte d'un état d'être dont on avait pas conscience
auparavant.
Du point de vue de l'absolu, l'éveil est l'état d'être qui n'a jamais
cessé d'être et qui soudain se révèle à la conscience.
Ce que je veux dire avec les moyens du bord, c'est que l'absolu peut se
révéler ou ne pas se révéler.
C'est une infinité de possible.
Chercher à comprendre ce phénomène ce serait chercher à concevoir
l'infinité...
Si l’Absolu décidait maintenant de se révéler à toutes les consciences,
il le pourrait aussi facilement que je respire.
Pourquoi donc ne le fait-il pas ? |
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l'écriture est pour moi parfois comme une
jouissance car elle est le seul miroir dans lequel je me reconnais.
Les mots ne sont plus alors des concepts, ils deviennent des frissons.
Des frissons de l'être. Ils viennent des profondeurs avec un rythme
proche de la respiration, une oscillation lancinante, un peu comme ces
mantras qui à force d'être dits se fondent au silence, fusionnent en
soi.
Lorsque l'être sommeille, l'illusion est parfaite.
La dualité se détache, merveilleusement paradoxale dans toute la
beauté de l'absurde. C'est comme un souffle qui a été exprimé à la
racine du temps, un souffle destiné à mourir au moment même où il est
apparu. Parcequ'il est souffle et qu'une expiration précède
inexorablement une inspiration.
Le verbe, l'expiration, n'existe qu'à partir du silence.
Je ne sais pas si mes mots sont clairs mais peu importe. Ma folie est
une folie consciente.
Elle vaut mieux qu'une sagesse inconsciente.
Lorsque l'être s'éveille, tout ce qui semblait séparé, imbriqué,
structuré, fusionnent.
Le silence devient son et le son glorifie le silence.
Tout est poésie de l'être.
Les mots n'ont plus de sens.
Ils partent dans toutes les directions de l'infini. Ils sont une
vibration, un tremblement d'esprit, un mouvement immobile que rien ne
contient et qui ne contient rien d'autre que l'ui-même. Les mots sont
des étoiles en expansion, des frissons rayonnants.
Il y a un langage antérieur à la tour de Babel, un langage qu'on
murmurait dans les jardins de l'Eden, un langage savamment brodé de son
et de silence...
Celui qui voit, qui vibre, qui se répand dans ce qu'il est, sait que
tout ce qui se meut est immobile.
Tout est son.
Tout est Verbe exprimé par l'indicible source.
Tout ce bruit est silence.
Tout ce bruit est un silence enclos.
Ecrire c'est plonger dans la vibration. S'immerger dans les
profondeurs du non-dits. L'existence est une écume fragile qu'on ne
saisit jamais. L'éphémère nait de l'immuable océan.
Le sublime ne se dit pas.
Il se contourne, se caresse avec des mots comme un corps aimé
auquel on rêve de se fondre sans y parvenir jamais. On ne le possède
pas.
Ney, je crois qu'il n'y a pas de réponse. En vérité, accepter qu'il n'y
a pas de réponse est une grande libération. |
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La vie est impertinente.
Elle nous pousse jusqu'à nos derniers retranchements et quand nous
croyons la saisir, c'est elle qui nous saisit.
Pourtant il suffirait que nous acceptions qu'elle nous entraine,
qu'elle nous emporte enfin sans résistance. Que nous ayons l'humilité
de reconnaitre que c'est elle qui aura toujours le dernier mot.
Alors peut-être, avec amour, avec confiance, réaliserons-nous que
ce courant impétueux auquel nous nous sommes abandonné, s'est lui-même
abandonné à nous.
Ce qui est ici, ce que je rencontre parmi vous, parmi ceux que je
croise chaque jour de cette vie, éveillés ou somnolents, est le
meilleur des maitres.
Aucun maitre n'aurait l'audace de m'apprendre ce que la vie m'apprend
chaque jour sur moi-même.
Comment peut-on faire comprendre à quelqu'un que le regard sur l'éveil
est regarder quelque chose qui ne se regarde pas?
Lui qui ne voit que des phrases dénuées de sens et absurde, des
jeux de mots creux et des palabres interminables brodée sur un néant
sans fond, sur des croyances sans saveurs et ternes, subversives, une
manipulation de l'incompréhensible...
Nous qui ne voyons qu'un plein infini, incroyable, inexprimable et
inconcevable.
La vérité est partout. Tout ce qui est, est vrai.
Certaines choses sont vraies et ne le sont pas simultanément selon
celui qui regarde.
Et c'est cela exactement qui me percute dans ce dialogue, qui me
démange, me dérange et qui me pousse à la périphérie de moi-même:
QUI es-tu?
Laissons au silence en nous le temps de donner sa juste réponse...
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Ce que vous appelez le "moi christique", le
"Je suis", le "Soi", le "royaume de Dieu "est.
Rien ne peut altérer ce qu'Il est.
Le "petit moi", ou l'"égo", ou ce que Jésus appelle le "pécheur"
(et non ce que l'église a fait de ce terme en établissant des règles
morales sur le bien et le mal qui arrangeait plutôt ses fondations...)
n'est qu'une interprétation faussée des perceptions que l'être a eu
depuis sa naissance.
Perceptions issues principalements du corps.
Par exemple, mon corps et le corps de l'autre sont deux choses
distinctes ce qui est au niveau des sens exact, mais à d'autre niveaux
inexact puisque tous les corps sont composés à la base des mêmes
cellules.
Personnaliser l'égo, c'est à dire faire de lui une entité à part
entière ne correspond pas exactement à ce que je ressens.
Je le vois plus comme un mouvement, un brouillage d'ondes comme
quand on arrive pas à capter une radio...Une mauvaise utilisation de la
conscience.
Le "Moi Christique" n'est en rien affecté par les tribulations, les
gesticulations du petit moi car il est au-delà de toute émotion et de
tout...ressenti.
Disons qu’il est le silence d’où émane le bruit.
Créer le bruit est chose aisée mais créer le silence…
Lorsque l’on parle d’ « amour », il ne s’agit pas de l’amour
émotionnel, l’affection, l’attachement que l’on ressent communément.
Il s’agit d’un autre niveau de l’amour bien plus rare, bien plus
profond.
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L'éveil ne se rencontre qu'à la mort de ce
que nous croyons être.
Beaucoup fuient devant ce mot mort parcequ'ils croient que la mort
est la fin des haricots mais la mort est le retour à l'Etre. C'est le
germe même du haricot.
On a en occident une image telle de la mort avec son cortège de
funéraille qu'évidemment l'idée de mourir semble doublement
insurmontable.
Lorsque l'égo meurt, l'être est là.
Nous sommes le fruit de nous-même, de toutes les perceptions que
nous avons eu de ce monde depuis le premier cri à la maternité.
Mais nous sommes le fruit illusoire de nous-même.
Responsable oui mais qui est le vrai responsable? Celui ou Cela
(pour ne pas personnifier) qui a fait que nous sommes nés là et pas
ailleurs, que nous nous trouvons là et pas ailleurs.
Cela qui fait que la terre sur laquelle nous marchons tourne dans
le bon sens, et qui fait que le soleil se lève régulièrement...
Nous croyons fermement être à l'origine de tous nos faits et
gestes. Nous croyons pouvoir maîtriser ce qui est simplement en
"pensant". Nous croyons être les "maitres du jeu".
Or ce qui est, est au-delà de toute pensée.
L'abandon c'est accepter que nous ne controlons rien,ni ne pensons RIEN
de cela qui est.
C'est tomber dans le vide.
C'est cela la foi.
C'est tomber dans quelque chose que l'on ne connait pas et y aller sans
se poser de questions, aveuglément.
En voila un comportement absurde jugerait le mental! Et pourtant ce
serait mourir pour revenir à la vie.
Alors que choisir: rester mort et confortablement peinard ou vivre en
faisant le grand saut.
Quand j'ai joué ce rôle que décrit Pierre, le rôle de la jeune
femme, je croyais que j'allais vers la paix, vers la non-souffrance
aussi facilement qu'on ouvre le robinet pour boire.
Mais au fond de moi je voulais la vérité. Et j'ignorais à ce moment-là
ce que je voulais réellement.
Je n'avais AUCUNE idée de la vérité. D'ailleurs je ne peux pas dire
que j'en ai aujourd'hui une quelconque idée. C'est ça qui prête à rire
du mental, ce petit hamster qui court éperdumment dans sa roue.
Il peut bien courir, il n'attrapera rien.
Et puis la vérité s'est laissée entrevoir et à présent je sais que
toute ma vie tourne autour de cela que je ne sais pas.
Le temps n'est nullement linéaire.
Le passé est allé vers cela et le futur en découle.
C'est bien le centre de ce que je suis, cet instant, ce trou noir
d'anti matière posé aumilieu de mes jours... |
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Justement, je viens d'avoir une prise de
conscience au niveau du temps.
En fait il se passe une chose bizarre.
Je sais où situer précisément le point zéro de l'éveil, le jour ou
plutot la nuit où cela s'est produit mais je ne peux pas en même temps
dire:
"c'est à ce moment-là que s'est produit l'éveil", ni "depuis ce jour,
je suis éveillée"
C'est difficile à décrire.
En fait cela s'est produit hors du temps et hors de ce qu'on appelle
l'égo.
Tout simplement parceque cela a été une total anéantissement de cet
égo.
Or, on ne peut pas avoir conscience de ne plus être.
Houlà, mes neurones s'affolent! C'est le paradoxe absolu de tout cela
qui ne peut être contenu dans des mots.
Ce point-là a été un état de vide intérieur total mais de plein
simultanément.
Vide de tout ce que je connaissais à travers mon cerveau, mon
mental, absolument indescriptible mais ça, on ne cesse de le répéter
comme si le petit hamster dans sa roue devenait fou à force de tourner
dans le vide...
Pourtant aucune angoisse face à ce vide de "bla-bla", ce silence infini
et consciemment palpable.
Au contraire! Quelle sécurité j'ai ressenti.
Comme si je me trouvais à nouveau lovée dans le ventre de ma mère, un
chaleur non-physique, un état de béatitude.
Un plein, imensément, indescriptiblement PLEIN de moi, du soi.
En fait pour revenir au sujet lancé par Phoeniks au sujet de la
durabilité de cet état, on ne peut aborder l'éveil comme on aborde
habituellement le concept du temps.
Nous avons une façon d'appréhender le temps très linéaire.
Avant-présent-après...-1, 0, +1.
Je sens plutot l'éveil comme un centre.
Une pierre qui tombe dans la vie et qui forme des cercles concentriques
dans ce qu'on nomme l'avant et ce qu'on nomme après.
Tout votre passé a été une préparation à ce centre. Si vous refaites le
chemin, vous entreverrez les prémices.
Et le futur c'est à dire, l'après, en découle simplement.
Mais où vont ces cercles concentriques si on les suit?
Vers la naissance et vers la mort. Début et fin de vie physique.
Retour à l'envoyeur. Retour à la Conscience absolue, à ce vide-plein de
tout.
Ce qui a changé entre l'avant et l'après, c'est que je suis à
présent consciente de pouvoir revenir à tout instant à cet état (même
si il n"y a aucun éloignement).
Comme si je pouvais appuyer sur le bouton on/off du petit moi.
Je m'amuse de ce petit moi sans jamais le prendre au sérieux. Bien
sûr ma conscience se centre encore parfois au niveau du masque mais
elle revient inévitablement à l'etre.
Tout est une question de conscience...
La conscience est ce qui permet à l'Etre de faire semblant d'être ce
qu'il n'est pas, d'explorer la limite qu'il n'est pas.
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Atteindre des états de conscience
particulier n'est pas l'éveil parceque l'éveil ne peut se concevoir
dans le temps.
J'observe que pour ma part, j'ai vécu des états d'être particuliers
avant même que ce que j'appelle l'"éveil" ne survienne.
C'est pourquoi je peux dire que tout part de cet éveil, mon passé comme
mon futur.
Je suis née là et non pas le jour de ma naissance.
C'est radicalement différent d'un état de conscience élevé même si
c'est inévitablement lié à cela.
L'éveil a tout balayé dans ma personnalité et je suis réellement
repartie au niveau zéro. Toutes mes certitudes se sont évanouies. Et
même si je passe encore par des niveaux de conscience dits "limités",
ce n'est pas comparable avec l'inconscience d'être en dehors de la zone
"sinistrée" par l'éveil.
Un simple exemple. Je vivais une histoire de couple très difficile et
conflictuelle avant le point zéro.
A présent, j'accepte l'autre sans difficulté. Si il est dans ma vie
c'est que cela doit être ainsi.
C'est, comme il est dit dans le texte de Phoeniks, un incroyable
renoncement.
Le renoncement à croire que cela puisse être contrôlé ou prévu ou
entretenu de quelques manières que ce soit. Tout comme la vie.
On peut faire de la méditation toute sa vie, connaitre des états de
conscience très élevés, être un disciple attentif et ne jamaisconnaitre ce
qui est nommé "éveil" tout comme ce qui est nommé "Dieu".
C'est cela que l'égo a du mal à lacher. Il n'y a rien à faire.
Rien. C'est désespérante et éblouissant à la fois.
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La foi serait-elle la cause ou la conséquence de ces prises de
conscience sur le monde qui m'entoure?
Lorsque je disais qu'il y a rien à "faire", je dis que toute foi, ou
tout éveil ne dépend pas de "moi".
C'est le divin qui se manifeste à moi. C'est lui qui mène la barque.
Au "moi" de voir si il a le courage de laisser place à la vérité à
ses dépens parfois puisqu'il touche ainsi concrètement ce qui pourrait
bien être sa mort.
Non pas la mort pour accéder à un néant creux et sans inétrêt mais
à "autre chose" qui mentalement a l'apparence du vide mais qui en
vérité n'en est pas un.
Parfois je me pose des questions sur ma foi. Je me demande si je
dois l'alimenter comme un feu qu'on nourrit de ses actes ou de ses
pensées.
Dois-je méditer, dois-je prier, dois-je me conduire comme un
parfait disciple, ou même simplement comme un être en quête de
lui-même?
Et je ne trouve pas de réponses.
Pire cette notion de devoir me dérange, comme si j'aurais à "gagner"
quelque chose que je possède déjà.
Puis quand je renonce à me répondre, quand je reprends mon chemin, la
foi demeure.
Elle est là.
Depuis toujours. Que j'en ai conscience ou pas.
Alors peut-être faut-il seulement "faire" en sorte de garder ce
"moi" en éveil, pour ne pas perdre conscience de ce trésor qui est là,
quelque soit la conscience que l'on en a.
Pourquoi rester dans le brouillard alors qu'on a la possibilité de
rester dans la clarté du jour?
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