Regards sur l'éveil
Café philosophique, littéraire et
scientifique
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Posté du 19
novembre 2007 au 16 janvier 2008 par Petit Scarabée
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Instant magique
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J’ai scruté l’azur, humé le vent, et pour
faire
bonne mesure, j’ai consulté les « oracles » du club de Vol Libre local
: le ciel sans nuages restera clément. Etes-vous prêts ? Je vous
emmène…
L’aventure commence avec la préparation du sac : penser au
nécessaire pour la faim, pour la soif, pour le froid. Mais s’en tenir
au strict nécessaire, car le superflu ne fera qu’alourdir le fardeau et
entraver la marche. Equilibrer les charges, vérifier une dernière fois
que « tout y est » : la carte ? oui, je l’ai ; la frontale ? oui, les
piles sont encore bonnes. Tente, sac de couchage, pull, coupe-vent,
chocolat ? Ok, allons-y, une joie impatiente me gagne, j’ai hâte d’y
être !
Noûs y voilà. Je lace soigneusement mes chaussures, j’endosse mon
sac. Enfin les premiers pas sur le large chemin en pente douce. Le
torrent qu’il longe n’est qu’une suite de cascades blanches d’écume, et
de vasques bleues qui miroitent sous le soleil. L’eau murmure et chante
sa chanson d’eau. La brise tiède joue sa partition dans les feuillages.
Tous les oiseaux du ciel sifflent un air de liberté…
Mais voici que, passé le pont, la pente s’accentue brusquement. Le
chemin devient sentier et attaque résolument la montagne au travers
d’une forêt de pins. Il faut trouver le rythme, cadencer ses pas au gré
de la pente. Mon souffle se fait court, mon cœur cogne dans sa cage
devenue subitement trop étroite, comme s’il voulait s’échapper. J’ai
les tempes battantes, mes muscles protestent, que suis-je venue faire
dans cette galère, j’aurais dû… rester… en bas… tranquille… Ah, bon
sang… dois être… maso… chaque fois… la même… chose.
L’idée d’un demi-tour peu glorieux m’effleure. Mais non, c’est trop
bête, il fait trop beau. Je m’attache à accorder mes pas, mon souffle,
à garder la cadence, mais mon corps en déroute se rebelle. Marche,
respire. Un pas, un autre, pied gauche, pied droit, marche, respire...
Les mélèzes ont remplacé les pins, j'aime leur verticalité, leurs
troncs qui s'élèvent sans hésitation vers le ciel, d'un seul trait...
Le sentier est recouvert de leurs feuilles, mes pas sont assourdis et
j'avance en silence, tant bien que mal, dans cette cathédrale
végétale...
Et voilà que la forêt s'éclaircit... déjà les premiers cris
d'alerte des marmottes, qui signalent mon intrusion dans leur domaine
d'herbe et de vent...
… Et soudain l'instant magique, la seconde fabuleuse où tout
bascule. Instant enchanté que je suis venue chercher, que j'attends,
que j'espère, mais qui toujours me prend par surprise, jamais au même
moment, jamais au même endroit.
Car j'ai beau venir le coeur fermé, la tête encombrée de soucis
triviaux, de préoccupations terre à terre, toujours, toujours, la magie
opère. C’est trop beau, C’est trop grand, C’est trop fort, comment
résister ? Soudain, l’instant magique : un Souffle entre en moi qui
balaie les scories du quotidien, les emporte comme fétus de paille et
ne laisse sur l’écran de mon mental que ce seul mot : Merci.
Pour le ciel infini, pour la minuscule fleur de rocaille et ses
couleurs délicates, pour le papillon qui passe, emporté par la brise,
pour le murmure du ruisseau, pour les rochers déchiquetés dans lesquels
dansent des chamois, pour la Vie qui palpite en moi si intensément, et
pour la certitude d’appartenir à ce Tout, Merveille des Merveilles…
Dès lors, la gratitude me porte, mes souliers ne font qu’effleurer
les pierres du sentier, et je vole – presque ! il suffirait d’un rien…
- vers le sommet…
Tout à l’heure, Noûs planterons la tente, avec des gestes lents, en
regardant le petit lac bordé de linaigrettes, dans la lumière du soir.
Une à une s’allumeront les étoiles ; le vent fraîchira, mais Noûs
attendrons le dernier moment pour Noûs mettre à l’abri. Noûs plongerons
nos regards dans l’Infini, au-delà des astres, et Noûs serons pris de
vertige au bord du vaste silence de la nuit. L’inconfort Noûs
réveillera souvent, quel bonheur ! car ainsi Noûs pourrons jouir de la
ronde céleste, goûter pleinement cet Enchantement, et voir l’aube verte
dessiner le relief en ombre chinoise…
Et demain, ce lointain demain, fatigués, apaisés, Noûs
redescendrons dans la vallée, lentement, doucement, les yeux emplis de
Lumière, plus attentifs et plus présents au Monde, et tellement
Vivants…. |
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Méditation attentive, Vipassana, pleine
conscience, pensée perceptive, il me semble qu'il s'agit un peu de la
même façon d'aborder la méditation - encore une bête question de mots
qui diffèrent.
C'est la voie qui me convient et que je pratique, car c'est ce qui
me semble le plus naturel. Il s'agit d'être conscient de vivre, en
somme : conscience du corps, conscience des sensations, conscience des
pensées et des sentiments ( et de la relation entre ce que nous pensons
et ce que nous vivons ). J'ai lu souvent, à propos de la pleine
conscience, qu'il s'agit d'un art de vivre. Un art de vivre qui rend ma
vie de plus en plus intense et pleine, parfois le simple fait de
respirer est une vraie gourmandise, miam-miam !!
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