Regards sur l'éveil
Café philosophique, littéraire et
scientifique
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Posté du 2
août 2006 au 1 mai 2007 par phoeniks
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Reconnaissance
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En te lisant je reconnaissais un lieu que
je
n'avais pas revu depuis longtemps. Je n'ai pourtant pas vécu de
situation réellement similaire à celle que tu décris. Un mystère de
plus.
Je reconnais simplement ce moment que tu décris si bien et qui pour moi
représente la justesse essentielle,
dans la simplicité et dans notre monde, tel qu'il est.
Il m'est arrivé de vivre la présence singuliaire d'un brin d'herbe
au milieu du tout unique, sans qu'il y ai contradiction, comme tu le
dit si bien. Ces moments, bien que courts et fugitifs n'en ont pas
moins laissé un goût indélébile.
Depuis, mon souvenir et ma machine à penser ont transformé ces
moments, mais une racine reste pourtant comme au premier jour, et je ne
désespère pas qu'un jour elle redonne vie à l'herbe, fut-elle
mauvaise...
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Je ne sais pas bien ce qu’est l’éveil.
Parfois,
je me dis que je sais ce qu’il n’est pas. Il me semble qu’il n’est pas
cet état dans lequel je me trouve presque à chaque moment, cet état
d’oubli de moi-même.
Et pourtant il m’est arrivé, de trop rares fois, de vivre un
moment singulier. Je ne suis pas sûr de pouvoir parler pour autant
d’éveil, mais peut-être de prémisses à l’éveil. Dans ces moments, je
ressent toujours une présence forte à moi-même, sans qu’il y ai
distinction entre mon intériorité et mon rapport étroit à ce qui
m’entoure et au monde, comme dans un tout unique.
Le mot « moi » que j’utilise ici, ne me semble pas très approprié,
mais je n’en trouve pas d’autre. Il n’a pourtant rien à voir avec le
moi que je revendique le reste du temps, au quotidien, et qui semble
provenir de ma seule personnalité.
Pardonnez moi de la confusion de cette évocation, mais je ne peux être
plus clair sans trahir encore plus l’instant vécu.
Pour achever mon message, j’aimerais ajouter ceci : J’ai rencontré
un jour, par hasard, ou peut-être pas, un homme dans le désert du
Sahara. Il m’a donné ce que je ne lui avais pas demandé. Ce qu’il m’a
donné, je n’avais pas même pensé que j’en avais besoin. Et pourtant
j’en avais besoin.
L’impression qui résulte de cette expérience est d’une très grande
force. |
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Bien que cela fasse un certain temps, voire
un
temps certain, que ma recherche est née, passant par des périodes plus
ou moins actives, j’ai toujours le sentiment curieux d’être au début du
chemin. Et après tout, peut-être y suis-je vraiment.
Ce sentiment me pose question. Je pense même, par moment, que ce
sentiment est conduit par mon ego, qui pense le chemin d’une manière
linéaire avec une début et une fin, et surtout avec un aboutissement.
Je sais que cet aspect là de la question est un faux problème car dicté
par une part de moi qui a déjà suffisamment de place. Mais la vraie
question demeure. Car si j’ai le sentiment d’être toujours au début du
chemin, c’est sans doute parce que j’ai l’impression de ne pas avoir
passer encore un palier pourtant nécessaire à l’évolution.
La citation suivante me semble, je pense, en rapport avec mon
questionnement.
L'immaturité
se reconnaît quand
tous les moyens sont bons pour subsister et que, par amour de sa
tranquillité, on préfère au conflit une paix douteuse.
Karlfried Graf Dürckheim |
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Dans ce que je peux vivre, la méditation
consiste en une attention portée vers ce avec quoi je ne suis pas en
contact le reste de la journée. La méditation consiste alors à voir le
flot des pensées qui existe de toute manière, que j'en sois conscient
ou pas. Elle consiste également en un contact avec le corps au sein de
son environnement qu'est le monde, contact dont l'intimité est très
différente de celui de mon quotidien.
Ce qui me semble primordial dans ce que j'appelle méditation,
c'est la possibilité de voir à un instant donné ce dont je suis coupé
le reste du temps. L'ensemble de mes pensées fait parti de cela, parce
que le reste du temps en question, "je suis mes pensées".
Il me semble que la méditation peut aider, par l'attention et la
conscience de son propre fonctionnement, à rétablir un équilibre où
l'ego ne serait pas détruit, anéanti ou je ne sais quoi de la sorte.
L'attention et la conscience de soi dont je parle peuvent, il me
semble, aider à ce que l'ego laisse un peu plus de place à ce qu'il
cache habituellement et qui ne demande qu'à émerger.
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Depuis quelques temps il me devient
difficile
d’écrire sur ce forum. Parce que ce que j’ai pu y lire a fortement
réagi en moi, créant un phénomène dont vous témoigner si bien dans ces
messages sur la foi. Je ne voudrais pas créer de méprise, ce ne sont
pas vos écrits qui sont à l’origine de la réaction, tout au plus en
sont-ils le catalyseur, voire la coïncidence.
J’ai osé lire un peu quelques post depuis quelques semaines, mais sans
trop m’y attarder.
En vous lisant aujourd’hui, j’ai les yeux humides parce que la
résonance est forte.
Je suis toujours surpris du caractère abrasif de certains mots.
Je n’ai pas souvenir que le creux de la vague ai été aussi profond.
Et même si « ne subsiste rien d’autre que la foi », le fil qui me
rattache à elle est ténu. Je n’ai jamais été si proche de la perte. Et
pourtant…..
Pourtant, comme souvent par le passé, mon instinct de survie fonctionne
bien.
Oui, Mauvaisherbe, moi aussi j’essai de me tenir debout et j’irais
par là où il me faudra passer. Parfois mes jambes flageolent alors je
m’assied sur une pierre au bord du chemin et j’essai de comprendre ce
que veut dire lâcher prise. Je pense à ce que tu dis Pierre : « chaque
tentative de s’extraire de sa mélasse est une allégeance que l’on fait
à celle-ci et donc la renforce ».
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Présence à soi et au monde
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J’ai vécu à plusieurs reprises des
expériences
où le sentiment d’être était d’une présence et d’une conscience
indescriptibles. Mais le moment passé, je « redevenais » celui que j’ai
toujours été, à la différence près que j’ai vécu cette expérience et
que bien que recouverte par mon souvenir et mon interprétation, je sais
qu’une autre présence peut émerger. Non pas en contradiction avec ce
que je suis au quotidien, mais avec ma personnalité, avec tout ce que
je suis, et je dirais même avec tout ce qui est.
Lorsque j’entend certains d’entre vous raconter leurs expériences,
j’ai l’impression que quelque chose s’est sédimenté, s’est agrégé, qui
apporte une transformation telle que l’autre partie de soi, celle qui
n’a que peu voix au chapitre semble présente pour ainsi dire en
permanence.
Vous voyez, il est difficile pour moi de ne plus croire qu’il y a
quelque chose à atteindre !!!
Je commence à comprendre pourtant ce que semble vouloir dire
l’abandon. C’est pourquoi le sens de ma question n’est pas d’avoir une
confirmation qu’un graal à atteindre existe, mais je m’interroge plutôt
sur la réalité des expériences que j’ai vécues. C'est-à-dire que je ne
cherche pas la recette de l’éveil, si elle existait ça se saurait et
elle serait cotée au CAC 40 ! J’aimerais savoir quel est le lien entre
des expériences telles celles dont je parle (une forte présence à soi
et au monde, comme dans un tout unique, par exemple) et l’éveil.
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Dès mon plus jeune age, j'ai l'intuition de
ce
Quelque chose de grand qui me dépasse totalement. En fonction des
niveaux de conscience auquels il m'ai donné d'accéder à certains
moment, cette intuition devient certitude parce que j'ai l'impression
de "plus vivre" ce Plus Grand.
Lorsque je parlais de niveaux de conscience et de foi, je voulais
aussi dire qu'il me semble que la foi est liée à une acceptation de
laisser la place à ce que je ne peux expliquer avec ma pensée, mais que
je peux toucher par moment avec une autre partie de moi. En
conséquence, le faire réside dans
"moi qui doit voir s'il a le courage de laisser place à la vérité..."
Je pense que nous parlons exactement de la même chose, et tu as
parfaitement expliciter ce que je voulais dire. J'ajoute que je suis
touché par la manière dont tu parles de tes interrogations sur ta foi.
J'ai aussi cette habitude de remettre en question ou du moins
d'interroger à nouveau ce que je pense et ce que je crois, pour éviter
la sclérose ou la sacralisation. Et peu importe la réponse car comme tu
le dit pour la foi:
"Puis quand je renonce à
me répondre, quand je reprends mon chemin, la foi demeure"
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