Regards sur l'éveil
Café philosophique, littéraire et
scientifique
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Posté
le 26 septembre 2004 par joaquim
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L'infini au fond de soi
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Roger Quesnoy a écrit quelques aphorismes très
poétiques, qui sont comme des pierres sur le gué vers l’éveil. Il ne
s’agit bien sûr pas de technique, car la poésie a cette particularité
divine d’être réfractaire à la technique. La phrase poétique attend
simplement, pour être saisie, ou plutôt entendue, un petit mouvement de
l’esprit, qui lui permette de résonner et de développer les harmonies
qui l’habitent. C’est une création à l’état d’ébauche, qui appelle
l’esprit à la soutenir pour qu’elle puisse se développer. Et seul le
geste par lequel l’esprit y répond est essentiel, donne son sens à la
phrase et la rend opérante. La phrase ne devient en effet limpide que
lorsque l’esprit résonne, non pas dans un sens réflexif, mais
harmonique, se glisse dans l’espace décalé qu’elle ouvre, et peut-être,
par miracle, y découvre son propre mouvement. Alors l’harmonie devient
totale.
S’abandonner exige un effort qui ne
tend à rien. Il faut beaucoup de patience. Jusqu’au moment où un
secours intervient. Il nous surprend. Puis nous rassure, non sans une
certaine ambiguïté.
Roger Quesnoy, “L’Infini au fond de soi”, Accarias L’Originel, 2003, p. 70
Le centre du moi est une énorme
brèche. On peut en faire l’expérience si l’on note que la conscience se
love n’importe où. Anywhere in the world, je peux être nuage, roseau,
fleur, abeille de l’Invisible (Rilke). Aucun mouvement n’est exigé:
juste un très léger déclic, une perception excentrée, une distraction
fléchie.
Et c’est le grand large!
p. 69
Il n’est pas question de nous enrubanner de sublime, de nous livrer à une activité narcissique rarissime ou méritoire.
Il importe avant tout de voir la vraie couleur du galet qui roule
et qui crie, du papier ivre dans le caniveau. D’entendre le rire du
moulin qui dégrise les herbes tendres. Ou le balancement des branches
sous un fouet de pluie.
De sentir que, oui, les objets peuvent souffrir, que tout est
relié, que tout est ultrasensible au sein d’un infini de conscience...
Et que nous dérivons, hagards ou ravis, dans un océan de merveilles et de bestialité.
p. 72
C’est de l’oubli de l’individu que
l’on s’éveille à soi, à sa véritable identité. Telle est la clef de
toutes les sagesses! S’identifier à son personnage est l’erreur
majusculissime. Faire de sa vie une lecture attentive, passionnée et
distante à la fois, en est le correctif obligé. Même si parfois, on
aimerait parcourir un autre livre, tourner certaines pages.
p. 94
Demeurer intérieurement “inenrôlable”.
Le non-agir rejoint un quiétisme de bon aloi, qui n’est pas
résignation, ni passivité, mais adhésion sans adhérence aux choses
telles qu’elles sont.
p. 100
Comme il est difficile de se
désolidariser de soi! Il faut le faire sans un adieu, sans se
retourner, avec le sourire de l’ami qui va bientôt retrouver le moi
comme un prolongement de Soi, et vivre avec lui, dans l’acceptation
pure et simple de sa merveilleuse... absence.
p. 102
C’est de l’oubli de l’individu que
l’on s’éveille à soi, à sa véritable identité. Telle est la clef de
toutes les sagesses! S’identifier à son personnage est l’erreur
majusculissime. Faire de sa vie une lecture attentive, passionnée et
distante à la fois, en est le correctif obligé. Même si parfois, on
aimerait parcourir un autre livre, tourner certaines pages.
p. 94
Pourquoi la vérité nous fuit-elle?
Parce qu’il n’y a rien à chercher. Elle est déjà là. Il suffit de
marcher dans nos pas à reculons, de remonter notre pente.
p. 98
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