Regards sur l'éveil
Café philosophique, littéraire et
scientifique
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Posté par
joaquim
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Réflexions
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La réalité
concrète du monde matériel (naturel),
c’est ce dont s’occupent les sciences naturelles. Dans ces sciences-là,
les nouvelles théories qu’on développe ont pour but d’éliminer les contradictions
présentes dans l'ancienne théorie, afin de coller toujours mieux à la
réalité du monde, jusqu’à parvenir, peut-être un jour, à une théorie
globale qui unifierait tout.
Dans le monde humain, par contre, celui dont s’occupent les sciences
humaines, il n’en va pas du tout ainsi. La contradiction est inhérente
à l’objet qu’elles étudient. L’existence humaine est construite sur
cette contradiction fondamentale: je suis autre
que le monde, dont je suis pourtant issu. On ne cherche pas ici à lever
des contradictions, mais à les mettre en lumière, ou plutôt à leur
trouver, ou à leur
donner un sens.
L’être humain vit dans des contradictions, et cherche à leur donner du
sens. Voilà quelque chose de spécifiquement humain. L’animal ne cherche
pas un sens à sa vie. L'être humain, lui, cherche toujours à décoder la
réalité, pour en déchiffrer le sens. Pourtant, il n’y a aucun sens
“pré-inscrit” dans la réalité: le sens se découvre en même temps qu’il
se crée. C’est pourquoi le sens, à l'opposé des formules des sciences
naturelles, est toujours touffu et enchevêtré, jamais simple et
linéaire. On s'en convainc en réalisant que la recherche du sens prend
elle-même un sens qui peut n’apparaître que plus tard. C’est ainsi par
exemple que les rituels des populations primitives étaient en eux-mêmes
une recherche de sens, et permettaient à la société de se souder autour
d’eux. Aujourd’hui, l’anthropologie examine ces rites et ces sociétés,
en essayant de dégager, avec une perspective qui n’était pas celle des
populations primitives, mais qui est nôtre, un sens à ces rites, qui
surprendrait peut-être ces populations elles-mêmes. Comme peut
surprendre une personne l'interprétation psychologique qu'on fait
("juste" ou "fausse", c'est égal) de son comportement ou de ses
paroles. A son tour, l’anthropologie, en étudiant aujourd'hui le sens
de rites anciens, crée, sans s’en rendre compte, de la matière qui se
prêtera, pour les historiens du futur, à la recherche d'un sens qu'on
n'imagine pas aujourd'hui.
Vouloir faire intervenir Dieu dans le monde du sens, c’est le faire
chuter dans le monde de la dualité. Le sens n’existe que dans le monde
de la dualité. Les notions de justice, d’égalité, de puissance, etc.,
qui donnent sens à notre action humaine, sont des abstractions sans
réalité. Elles n’existent qu’à l’intérieur de la conscience duelle. La
conscience duelle a besoin de donner un sens à son action. Le sens est
son mobile nécessaire. La conscience unie à la Réalité ne donne pas de
sens à son action. Son seul mobile, c’est l’amour. Le seul geste que
Dieu accomplisse, c’est le don total de lui-même, à chaque instant. Et
nous-mêmes n’avons qu’à répondre à son amour, pour être soulagé de la
souffrance et réintégrer l’unité.
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