Regards sur l'éveil
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scientifique
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Posté du 27
septembre 2006 au 3 janvier 2008 par virgilewest
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Rétamé sur le carrelage de mon être
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Avant ce voyage, j'ai vécu une expérience
d'
"éveil", ce qui m'a permi de prendre du recul par rapport au rêve
oriental, connaissant désormais (mais de si loin... !) un goût de la
réalité perceptive et affective que nomment leurs diverses religions
(bouddhiste, hindouisme, tantrisme...).
C'était un jour dans le métro. J'avais fumé un peu avec un ami
avant de partir, et ait été progressivement plongé dans une angoisse
qui débuta par un doute profond qui résonnait d'une seule teneur en mon
âme... "Ce son que je viens d'entendre (quel qu'il soit, une roue de
vélo qui tourne, un pas sur le sol,...), puis-je le reproduire,
saurai-je le communiquer, en fair état à quelqu'un ?", retournant sans
cesse ce marasme intérieur, "voyons, peut-être à l'aide de la bouche,
un onomatopée ; non, cela ne convient pas...", "mais... saurais-je même
me le répéter et m'en souvenir dans ma tête, ce son que je viens
d'entendre ? ...Quel degré de réalité a-t-il vraiment ?". Puis vint,
plus tard encore, cette question : "mais... En définitive, est-ce que je pense, ou est-ce
que ça
pense ?". J'étais perdu dans un tourbillon sans fond, le glauque à
l'âme. Vinrent les transports en commun. RER, puis métro, dans lesquels
je passais tel un zombie perdu dans les fracas de son intériorité. Je
me suis rendu compte à un moment que j’étais tellement pris à patauger
en moi-même, retournant sans cesse questions et souffrances, que le
temps passait à une lenteur étrange : entre deux stations de métro
j’avais eu l’impression de retourner le monde, et le poids de tout ce
que je portais en moi et articulais m’avait plongé dans un état de
concentration peu commun. Dans ces sombres profondeurs, on en vient
parfois à avoir peur des lueurs de la folie. Et puis. Là, rétamé sur le
carrelage dur et froid de mon être, entre une femme dans ma rame de
métro. Je lève la tête, la regarde. Elle était si chétive, il se
dégageait d’elle tant de mal-être à exister, à être là, dans ce métro,
toute recroquevillées sur elle-même… Comme si elle portait en elle et
sur elle une culpabilité du seul fait d’exister, une immense
culpabilité à être… Là, du fond de mes entrailles, des marécages dans
lesquels je m’étais embourbé, a jailli le plus profond amour qui soit,
et mon cœur flamba, pris de haut par la grâce dans l’instant où se
révélait l’inanité de toutes mes réflexions par cet amour qui me
submergeait et renversa tout mon être… Plus de questions, plus de
problème, plus de tortures internes : simplement le jaillissement
premier d’un amour chatoyant les lueurs de la conscience. Un don
éternel et magnifique. « J’aime tout le monde ; j’aime le monde » pas
plus de mots. La beauté se révélait à ma présence.
Durant trois jours, ce sentiment de plénitude a perduré en
décroissant progressivement à mesure que je reprenais mon identité
normale, sociale notamment. Voilà, « ma » révélation ; il y en a eu
bien d’autres depuis, toujours moindre mais m’acheminant vers une
compréhension toujours plus fine de ma volonté, de « la » volonté.
Peut-être en parlerai-je au gré de mes rencontres, apports et
discussions sur ce site, ce qui sera avec grand plaisir, cela va sans
dire.
Je m’égard. Je suis parti en Inde un mois après cette expérience
et quelques révolutions internes qui ont suivi (j’entends tant
conceptuellement que dans ma dynamique propre). Ce qui est sûr, c’est
que le soir même j’ai eu la possibilité de me fondre dans le tout, de
méditer, et je ne l’ai pas fait par peur et attachement au reste de mon
existence « normale » jusque-là ou à peu près (mais bon, je ne vais pas
raconter toute ma vie, je ne crois pas que ce soit le lieu pour ça…).
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J'ai l'impression qu'il y a deux façons de
méditer, du moins deux états distincts où l'on est autant conscients de
soi-même (le soi-même qui n'est pas l'ego). Pour l'un, ce serait juste
de laisser filer les pensées de l'ego, de les voir se détacher et ne
pas s'y accrocher, comme s'il y avait quelque chose en ma tête capable
de "regarder" ce qui s'écoule et le laisser filer. C'est alors que le
souffle, la respiration, pénètre plus en profondeur, dans le coeur ou
le ventre selon. C'est là qu'on fait le silence en soi-même. Ceci pour
la première manière. La seconde m'a l'air foncièrement différente, du
moins pour l'état dans lequel on se trouve : là il n'y a plus de
différenciation entre le fil des pensées et un "soi-même" qui serait à
part : au contraire, j'ai l'impression que je suis pleinement dans
l'ego (ou ce que nous nommons tel), mais que celui-ci n'est plus
alimenté par lui-même, c'est à dire des pensées intempestives, mais par
cette attention, cette diffusion qui vient du coeur (Amour), ou du
ventre (je ne sais pas tellement de quel sentiment il s'agirait), et
c'est dans cet état et non dans l'autre qu'une sensation de félicité au
dessus de tout se fait, un bonheur absolu. L'ego est raccroché, mais il
ne "pense" plus, il est tout à l'attention d'un bonheur diffus... (je
prfère d'ailleurs cet état là à l'autre, qui me renvoit plus à une
fuite qu'autre chose).
P.S. :
j'allais oublier. Dans le premier état,
il n'y a pas de volonté à avoir, mais la Volonté vient de haut pour
"alimenter le fourneau", alors que dans le second c'est moi, l'ego, qui
se jette dans le vide et va chercher loin devant lui-même une émotion
qui fait pleurer (par la beauté d'une chose, ou autre), et c'est alors
que pas à pas je gravis l'échelle de la félicité. |
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ce qu'il faut, c'est ne pas se braquer face
à
soi-même, ne pas s'entraver par une notion de bien ou de mal. Car tout
est relatif à soi-même selon l'expérience que l'on a eu de la vie, et
c'est bien pour cela qu'il y a six milliards de chemins vers l'éveil et
pas de vérité en soi (même s'il y a des aides dans les religions).
C'est pour ça que j'aime beaucoup cette formule d'Hegel qui à mon sens
résume tout : "le faux est un moment du vrai" : pour atteindre à une
vérité qui nous permette de progresser sur le Chemin, il faut avoir su
expérimenter l'erreur, et c'est par là que se dévoilera ce qu'il faut
faire à présent
pour
soi-même, et non ce que nous aurions dû faire, qui est fait et n'a rien
d'une erreur puisque cela a permis de progresser. Ainsi, selon la
formule d'Hegel, les choses se renversent car s'il a fallu le faux pour
que le vrai naisse, alors le faux a autant de valeur que le vrai, il
devait être pour que le vrai soit. Il n'y a donc rien à bannir mais
simplement à expérimenter les choses selon l'état d'expérience dans
lequel nous sommes, ni bien, ni mal. En fait si, il y a un bien, mais
plutôt un Bien qui n'a rien à voir avec le jugement "ceci est bien",
dont l'opposé se trouve être "ceci est mal" ; le Bien est cette
perception, cet état au monde qui fait comprendre que c'est le fait de
porter un jugement qui, en tant qu'arrêt de la volonté sur une chose
donnée, n'est psa la bonne voix. Mais encore, se dire cela c'est déjà
porter un jugement, et il ne faut pas s'y arrêter (j'aime bien
quelqu'un qui sur ce forum a dit que l'ego avait ses mille ruses). Se
produit alors un enchassement infini par lequel peut se révéler
ce fait que cela n'est pas à la raison qu'il faut demander ses vérités
mais au corps, au coeur, à l'Amour etc... Il s'agit d'aller chercher le
moteur de sa volonté (enfin je crois, et si vous pensez autrement et
que vous arrivez tout de même à vos fins, à une satisfaction, eh bien
faites ce que bon vous semble... Il n'y a pas un chemin)
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Ce sentiment d'irréalité, je le connais,
même si je ne suis pas dedans en ce moment. Pourquoi n'y serais-je plus
?
Car, en gros, j'ai cessé de vouloir me donner une conduite. Avant,
chaque fois, toujours, je cherchais à méditer tous les jours,
forcément, trouver quelque chose. Ensuite, le bien retrouvé, le calme
en moi-même, afin de faire perdurer cela, je me donnais des promesses :
demain, tu feras cela ; ah non, ceci plus jamais ; etc. Et ces
promesses étaient fécondes pour amplifier mon élévation intérieur, par
la force de la pensée.
Mais chaque fois, parfois dix minutes après, je ne tenais pas la
promesse faite. Je me trouvais donc dans une contradiction inexorable
car alors quand je méditais à nouveau, je me heurtais à cet horizon de
promesses non tenues dès que je voulais m'en faire une, et finissais
par pleurer un peu de mon inconsistance, tentant alors de m'ouvrir dans
l'idée de la petitesse par rapport à la grandeur que j'appelais. Ca
n'est pas infécond, mais se limite dans son propre cercle. C’était ce
que j’appelle « la contradiction ».
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Y’a l’temps. Cessons de nous presser vers
je
n’sais où, construisons nous pas à pas, tranquillement. Je crois que je
ne doute plus de mon avenir, ce qui est pour beaucoup dans ma sérénité
du long cours : non pas que je sache où je vais, mais je sais
quelles
sont mes options, et comment je les déploierai selon ce que je sens qui
est bon pour moi (je commence bientôt la taille de pierre et finis
bientôt la philo, continuerais peut-être en taille de pierre, peut-être
en philo si la taille ne me plaît pas ; je continue quoi qu’il
se passe
l’acupuncture ; je ferai peut-être un jour une école de
commerce, ou
une formation de skipper. Enfin, les choses sont cernées, quoi.).
Cela ne veut pas dire que ce déploiement dans le temps se fait
nécessairement totalement sereinement : il y a des remous,
c’est
évident, mais il faut alors avoir l’esprit critique et savoir se
retrancher : se mettre en retrait (la torpeur de Bergson, si
tu veux –
l’évolution créatrice), en attendant de meilleurs conditions. Et
travailler à l’établissement de ces conditions. Mais je déborde là déjà
sur ce que je souhaitais mettre sur le forum public. Bref.
L’idée, la grande idée, est d’user de la raison non plus pour
trouver des réponses à ce que l’on cherche, les questions que l’on se
pose, mais de l’employer comme un outil pour aller vers ce que l’on
cherche, et la laisser retranchée en attendant. La raison comme outil
de la vie, et non l’inverse ! (Et si, par hasard, la raison se
fait
trop présente, favoriser son amoindrissement : c’est en partie
pour ça
que je fais cette formation de tailleur de pierre, pour me fondre dans
une activité. Mais on peut encore courir, chanter, jouer, en le faisant
sans se dire qu’on le fait pour écarter la raison, sinon l’inanité de
notre action se frappe à nous, et nous nous retrouvons à broyer du gris
sans rien faire. J’ai appelé cela « apprendre à se
contourner » dans
« on ne peut suivre le chemin sans être soi-même le
chemin »).
Donc, savoir se mettre en retrait, et avancer ses pions lorsque
cela est possible : alors, si l’on est content, vivre ce
contentement.
La chose, c’est qu’il faut apprendre à être droit, et c’est déjà une
acceptation difficile. Mais cela Pietro, je crois que tu l’as déjà
fait, je le sais.
La vie me semble de plus en plus belle à mesure que je prend conscience
de son travail : quelle fantastique fresque !!
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Nous avons tous auprès de nous un maître de
vie.
Nous avons, ou avons tous eu, un auteur que l’on suit, et qui nous
suit, pour ce qu’il parvient à exprimer mieux que nous-même ce que nous
sentons, ce que nous voulons ou aimerions dire, et la façon de le dire.
Ceux qui n’en ont pas sont très forts, ou peut-être déjà de l'autre
côté, plus simplement.
Pour moi, ce maître, aujourd’hui, serait plutôt Nietzsche. Plusieurs
phrases, plusieurs bribes de texte ça et là, et bien sûr Ainsi parlait Zarathoustra,
me rendent à des sentiments intérieurs, expériences, désavouements,
etc… Des choses vécues. J’y puise toujours avec bonheur un miel
délectable (mais aussi avec parcimonie).
Un jour, sur ce forum, quelqu’un disait qu’il n’avait pas atteind
l’éveil. Ca, c’est certain : sinon, il n’aurait pu écrire Par-delà bien et mal,
ni l’Antéchrist,
ou encore Ecce homo.
Cependant, ce dont je suis certain, c’est qu’il a été bien loin
dans l’expérience spirituelle, et je crois que tout le monde (ici) en
convient. Et il a vécu le par-delà de la conscience.
J’ai lu, ici encore, qu’effectivement il avait vécu cela, mais
uniquement dans et par la puissance de l’esprit. Que la volonté de puissance
n’était pour lui que cet état de concentration et de tension intérieure
de l’esprit, du mental, permettant de laisser mûrir des idées, qui
tomberaient ensuite toutes cuites en lui, les « figues », comme il les
nomme. C’est ce que lui-même explique, peut-être dans Ecce homo,
où il décrit aussi ses états de transes lorsqu’il se promène à
Sils-Maria, riant comme un fou et sentant d’incroyables frissons de
partout, n'osant sortir à cause de ses yeux enflammés.
Lorsque j’ai lu ceci de lui ici (je ne sais plus quel post,
désolé), je suspendis mon jugement sur ce que je pensais jusqu’alors de
Nietzsche, me disant : « t’as peut-être voulu forcer le sens, ou bien…
». Ce que je lisais ici faisait d’ailleurs pendant à ce que Zunya en
pense (cf. ses « constructions conceptuelles » sur son ancien blog).
Zunya a lu Nietzsche, et il a été bien plus loin que moi dans sa vie
spirituelle. D'où les doutes face à ma propre lecture, comme ce que
Joaquim a pu en dire, identifiant lui aussi la spiritualité de
Nietzsche à la puissance de l’esprit : qui après les plus hautes
lueurs, sans lâcher son ego, ne peut laisser place qu’au néant dans une
sorte d'annulation de sa fusion intérieur.
Mais, récemment, je suis tombé sur ceci, dans Ecce homo
(cf. « Pourquoi j’écris de si bons livres », §6). Et ce texte a achevé
de me convaincre sur ce qu’a réellement vécu Nietzsche, alors que déjà
quelques phrases ça et là de Zarathoustra me tiraient plutôt du côté de
la révélation du cœur, de l'éveil qui, même s'il n'est pas réalisé,
n'en est pourtant pas moins sur la voie :
« Pour donner une idée du psychologue que je suis, j'extrais de
Par-delà le Bien et le Mal une curieuse description psychologique ;
j'interdis d'ailleurs d'en chercher la clé : “Le génie du coeur tel que
le possède ce grand Mystérieux, ce dieu tentateur, ce charmeur de rats
des consciences, dont la voix sait envahir jusqu'aux souterrains des
âmes, qui ne dit pas un mot, ne lance pas un regard où la séduction ne
se tapisse, et qui a l'art - c'est un de ses grands tours de savoir
paraître non tel qu'il est mais tel qu'il faut être pour lier davantage
à ses pas ceux qui le suivent et les obliger à se presser plus
étroitement à ses cotés pour l'escorter d'une façon toujours plus
fervente et parfaite... Le génie du coeur qui force à se taire, à obéir
tous les bruyants, les vaniteux, qui polit les âmes grossières et leur
donne, nouveau désir, l'envie d'être lisses comme un miroir pour
refléter le ciel profond... Le génie du coeur qui enseigne aux mains
maladroites et impatientes le tact et la modération, qui devine les
trésors cachés, la goutte de bonté et de délicatesse sous la glace
épaisse et trouble, le génie du coeur, baguette magique qui révèle le
moindre grain d'or enfoui dans la boue et le sable... Le génie du coeur
que personne ne saurait toucher sans s'enrichir, non qu'on le quitte
écrasé comme par des biens venant d'un autre , mais plus riche dans sa
propre substance, plus neuf à soi qu'auparavant, débloqué, pénétré,
surpris comme par un vent de dégel, plus incertain peut-être, plus
délicat, plus fragile, plus brisé, mais plein d'espérances encore sans
nom, plein de nouveaux vouloirs et de nouveaux courants, plein de
nouveaux contre-vouloirs et de nouveaux contre-courants...“ »
Ca me direz-vous, ça n’est pas de la puissance d’esprit, de
mental, « lisses comme dans un miroir pour refléter le ciel profond »,
et le reste. C’est une toute autre attention/intention au monde, et aux
personnes surtout. Ce génie du coeur, comme un autre que soi-même.
Pour moi, ce texte est un signe, sinon une preuve, de ce que
Nietzsche a vécu l'éveil au sens où il est effectivement passé
"derrière lui-même" pour laisser en lui, en ses actes, son faire et son
être, émaner cette conciliation intérieure, et non perpétuellement
resté en tension avec l'énergie pourrait-on dire.
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Pour ma part, sous le terme de volonté de
puissance, j’entend non pas cette puissance de l’esprit, du mental : ni
la puissance de tension de l'esprit, ni la puissance de "l'énergie"
ainsi collectée et mise en balance en soi. J'y entends plutôt ce que
d’autres philosophes appellent l’Être. Pourquoi « volonté de puissance
» ? Pour rendre à cette force intérieur à laquelle nous faisons foi sa
dimension dynamique.
L’idée, ce serait que la volonté de puissance, c’est la force que
l’on capte, l’énergie si vous voulez, en la réunissant dans tel ou tel
chakras (pour faire vite : soit dans le mental, l’esprit, soit dans les
poumons, le cœur ou le ventre… Le chakra du sexe, je comprend pas
encore trop pour en parler ^^). C’est cette force en elle-même.
Parler de volonté de puissance et non de l’Être, ou de l’Un-bien
(Plotin), ou de la Vérité (Platon), ou encore d’autres choses fixes,
permet de rendre à la vie ce qui est à la vie : le temps. Et le fait,
peut-être, que cette force paraît sans limite au sens où elle constitue
l'inconnaissable. Volonté de puissance ne désignerait donc pas la
motion du sujet, mais bien un être-du-monde, être désormais conçu et
rendu sous le signe de la vie, et non par l’aspect figé d’un concepts
que l’on pourrait croire cerner, du fait que la nomination lui rend une
unité qui n'est pas la mesure du vécu de cette unité qui est profusion
intérieure et immanence de l'instant, si je puis m'exprimer ainsi.
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La lecture de tous les maîtres ne nous
enseigne
rien que nous n’ayons déjà vécu, ou pour être plus clair : lire un
maître ne nous amène qu’à la limite des expériences que nous avons
vécu, et qui vont dans le sens de ce qu’il dit. Mais derrière cela,
nous sommes aveugles, comme je le suis pour une partie de Zarathoustra.
Nietzsche, dans Ecce
homo,
parle très bien de son vécu, relatant ses états aux moments où il a
écrit chacun de ses livres. Et un tel document est une mine d’or pour
qui ne cherche pas seulement l’argutie conceptuel, mais bien à conduire
sa propre vie.
Ce que je voudrais établir, quelque part, c’est une
formulation de soi dont la ligne de fuite soit l’éveil. Tracer des
lignes de vies comme autant d’existences vécues, d’expériences vécues,
et tenter peut-être, à terme, de s’accorder sur un vocabulaire commun.
Cela vous paraît-il déraisonné ? Hors de toute réalité ? Idiot ?
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