Regards sur l'éveil
Café philosophique, littéraire et
scientifique
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Posté du 23
mars 2005 au 21 février 2008 par waxou
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Eveil
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Je
vais essayer d' apporter mon expérience
personnelle concernant l'éveil, même si bien sûr j'ai du mal à comparer
mon propre eveil avec celui du Bouddha par exemple...
Je n'ai pas connu mon eveil comme je l'aurais attendu, mais à la
suite d'un échec social. L'inconscience dans laquelle moi et mes
proches vivaient depuis très longtemps me sauta subitement en pleine
figure.
Ce que je n'ai toujours pas compris, c'est qu'habituellement,
réaliser l'inconscience, l'intéressement, et l'échec aurait plutot eu
tendance à me rendre amer. Il faut croire que la dose était trop forte.
A la suite de ce... réveil, j'ai ressenti ou était ma/notre
dualité a chaque instant sans souffrance, sans jugement, avec un fort
sentiment de caresser tranquilement une partie de la réalité.
C'était un peu comme si je me retrouvais paradoxalement pour la
première fois.
Le phénomène me dépassait, et parfois même j'ai eu peur de son
ampleur: l'étendue de l'inconscience humaine dépassait tout ce que
j'imaginais, mais en même temps je réalisais qu'il y avait toujours une
part de présence accessible en chaque individu, et que c'était celà qui
constituait la porte d'entrée à l'/leur être.
En parallèle, je remarquais de plus en plus de relations,
d'équillibres, de logiques profondes dans ce que j'expérimentais.
Mon premier réflexe a été de prendre des tonnes de notes sur
toutes les facettes de notre dualité, tellement celà me semblait
crucial.
C'est alors que j'ai enfin miraculeusement compris la profondeur
de certains enseignements spirituels. J'ai été touché par le sentiment
qu'au fond la connaissance n'était que virtuelle car associée à un
référentiel conceptuel. J'ai eu le sentiment que sans verbalisation,
comparaison, désirs, et peurs nous n'aurions aucune raison de ne pas
nous aimer, ni de ne pas être heureux. Mais aussi et surtout, cette
impression que ce n'était pas moi qui comprenais, mais que je
permettais à la réalité de me toucher, en ce moment, ou je ne luttais
plus contre rien.
Par la suite j'ai aussi compris que toute chose était susceptible
d'être un maître spirituel et qu'il n'y a aucune raison d'avoir peur.
J'avais déjà lu/entendu celà plusieurs fois, mais réaliser la réalité
de ces phénomènes me rendait tout bonnement serein, stable, et heureux.
Ce que j'ai réalisé n'était pas si important que ça. C'était la
source présente de ces pseudo illuminations qui comptait, car
maintenant, même si ce sentiment de réveil est moins prononcé, (
Probablement parceque je suis soumis a de nouvelles pressions sociales
et que je me suis habitué a cette prise de conscience. ) il est tout de
même omniprésent et je peux me focaliser dessus à la demande,
particulièrement par la méditation et même pendant une conversation
active.
En effet, lorsque le mental est occupé à s'exprimer, la sensation
originelle de chaque pensée est accessible plus longtemps, et en
comparaison, sa verbalisation n'a aucune valeur, si ce n'est pour faire
retrouver la sensation à l' interlocuteur dont on peut aussi sentir la
présence.
J'ai appris récemment que celà s'appelait l'Attention.
Si je me souviens de moi avant ce "réveil", je me vois surtout
trop sûr de mes connaissances, des limites de mes concepts et de mes
jugements. Je me vois aussi limité à une vision distordue de la réalité
qui me créait beaucoup de souffrances parfois silencieuses, plus
souvent encaissées. Le coup du roseau qui veut être aussi solide que le
chêne...
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La quête de l'éveil prend presque toujours
comme point de départ une souffrance.
Le plus souvent, il s'agit de l'observation de la souffrance ou de
l'inconscience des autres, comme lorsque Bouddha est sorti de son
palais.
Lorsqu'on observe la souffrance des autres, si l'on y prête assez
attention, nous nous rendons compte que leur souffrance est une chose,
et que son origine en est une autre. Celui qui souffre, cependant,
confondra souvent les deux choses en les liant par jugement.
La souffrance est un phénomène lié à la conceptualisation mentale.
C'est en découpant une partie de réalité et en la jugeant mauvaise que
sa survenue (ou son éventualité) dans notre vie nous apporte cette
souffrance. Mais, de même, lorsque nous jugeons une chose comme bonne,
son absence, sa disparition ou sa destruction devient souffrance. L'un
ne peut exister sans l'autre, c'est ce que Bouddha voulait dire par la
"noble vérité" sur l'origine de la souffrance. L'illusion du concept de
bon ou mauvais tient au fait que la partie de réalité (ou le principe)
découpée par le mental est perçue comme entité autonome dont les
propriétés conceptuelles lui seraient propres, alors qu'elles sont le
fruit de causes et de conséquences qui généralement nous dépassent.
Le jugement au premier degré confond une partie de la réalité avec le
concept du bon ou du mauvais.
La souffrance à proprement parler n'apparait que lorsque cette
confusion a lieu. Elle est une sorte de boucle qui fait réagir le corps
lorsque l'égo se sent touché par cette chose mauvaise. Cependant, à
cause de la confusion entre le concept de mal et la partie de réalité
concernée, il y a aussi confusion entre la souffrance et son origine
réelle.
Pour résumer le tout en deux phrases: l'important n'est pas de ne
pas souffrir, mais de savoir ne pas avoir peur de la souffrance.
L'absence de souffrance, est le résultat de l'éveil, mais n'a rien à
voir avec le chemin pour l'atteindre. C'est là ou le principe de
s'intéresser à l'action plutot qu'à son résultat prend tout son
sens. |
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Quand j'ai cru toucher l'éveil du doigt, je
me
suis rendu compte que cette transcendance qui m'arrivait à la vue de
l'inconscience humaine collective était semblable à toutes les autres
transcendance que je connaissais, sauf qu'elle était bien plus
impartiale, englobante, vaste, joyeuse, durable, et même "utile".
Les transcendances musicales que je connaissais déjà étaient
provoquées à la base par une harmonie, un plaisir des sens, et parfois
une satisfaction égoique stérile dans le fond. Celà me dérangeait
jusqu'à ce qu' une idée vienne à moi. C'est le genre d'idée que je n'ai
pas eu l'impression de recevoir directement en mots dans ma conscience,
mais que j'ai ressenti premierement comme si une partie de la réalité
s'offrait à moi, parceque je lui avais été assez accueillant, ou
parcequ'elle décidait de m'apporter son aide, dans cette période ou je
ne savais plus ou chercher l'avenir, me retrouvant dans le présent par
chômage technique de mon mental.
C'est le genre de sensations dans lesquelle on peut replonger si
jamais on n'arrive pas à comprendre tout de suite la pensée qui
voudrait en sortir. Alors j'ai senti premièrement que les joies ou les
transcendances n'étaient que le résultat d'un lacher prise sur le
mental.
Dans le cas de la communication, c'était aussi un effet "off" sur
le mental qui permettait une certaine communion, d'ou l'idée de ne pas
s'arrêter aux mots.
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Je
suis aussi très débutant dans cette voie.
J'étais certes déjà très décallé dès 10 ans, car après une écriture
spontannée je me suis lancé dans la recherche de ce que j'appelais
l'âme. Même si ma vie était normale en apparence, je prenais toujours
un recul pour identifier les reflexes conditionnés, et le libre-arbitre
dans mes expériences sans trop me concentrer sur ma propre personne
malheureusement. J'ai commencé à comprendre ce qu'était la dualité mais
il me manquait des éléments cruciaux comme le lâcher prise, le présent,
la méditation et peut-être internet
. J'ai donc petit à petit laché cette voie d'une part parcequ'elle
commençait à sentir l'impasse, mais aussi probablement à cause de la
pression de l'adolescence, de l'environnement familial (qui stimulait
beaucoup mon égo) et du décallage que mon manque de lâcher prise
m'imposait.
Je pensais que c'en était fini mais presque 10 ans plus tard,
suite à un échec, j'ai connu le lâcher prise par "lassitude". Pendant
plusieurs semaines, j'ai ressenti exactement ce que vous décriviez. Je
me suis détaché sans effort de tout ce qui m'énervait, me tourmentait,
m'aggressait, tout ce pour quoi j'avais du mépris à cause de mes
reflexions certainement trop rigides. Et là j'ai vu le monde sous un
autre oeil. Le fait que la "présence" ou la conscience de la majorité
de mon entourage était coincée dans leur mental. Le fait que j'étais le
seul à pouvoir décider de souffrir en jugeant la réalité, mais qu'elle
était là, indépendante des caractéristiques, des mots, infinie,
impermanente, parfois innaccessible, indépendante de tous nos
tourments, nos conflits, intérieurs ou extérieurs.
De nombreux principes me vinrent à l'esprit en observant mon
petit monde. J'ai ressenti ce que vous décrivez admirablement: tout me
semblait porteur d'un message profond. Même des choses qui me
paraissaient avant seulement plaisantes (musiques, feuilletons, mangas,
poèmes, morales...), ou même stupides, voire inintéressantes me
faisaient comprendre que ce que je ressentais comme un enseignement
spirituel originel était accessible par tous, non par la dissection,
mais par l'attention, le lâcher prise, le non jugement, la
bienveillance, mais aussi paradoxalement une certaine spontanéité.
Lorsque je parlais de ce que je ressentais à mes amis, sur le moment,
leurs yeux s'illuminaient, comme si comme moi, ils avaient l'impression
de l'avoir toujours su et il étaient surpris de se sentir si simplement
"bien" avec des paroles à tendance métaphysique. Je trouvais de plus en
plus de choses marrantes, comme me renverser mon café dessus le matin,
les reproches qu'on pouvait me faire, mon propre conditionnement, mes
illusions, mes exigences... et à coté de ça tous mes sens étaient comme
reconnectés à ma conscience, j'offrais un nouveau regard sur les objets
de mes concepts. |
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Libéré des conditionnements
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Je me suis senti projeté dans le non
manifeste
pendant un certain moment, il ya environ un an, et la fulgurance de
cette sensation s'est pas mal atténuée depuis. Il est clair pour moi
que mon mental avait repris le dessus depuis, et je ne voudrais pas me
leurrer, c'est toujours le cas. Dire le contraire ce serait m'enfermer
dans une "boucle" :wink:
Cette "malconscience" me conduit à me poser beaucoup de
questions. Est-ce qu'il est possible de vivre une vie étudiante et à la
fois être en accord avec cette essence intérieure, tellement décallée
par rapport à tout ce qui est censé nous motiver dans les études. Ce
n'est pas facile d'être attentif au présent dans ces conditions. Je n'y
arrive que rarement.
Récemment j'ai eu des examens, mais j'étais tombé malade. Je n'ai
donc pas pu travailler comme je l'aurais voulu, et je me demandais
quelles seraient mes capacités dans un amphithéatre ou il fait très
chaud et ou l'on est collés les un contre les autres.
Je me suis rendu compte que si tout celà me stressait, c'était à
cause du fait que mes parents finançant mes études et menançant de
couper les vivres au moindre échec, celui-ci, dans mon mental était
passé du stade de l'échec simple, le résultat conditionné par l'action,
facile à assumer, au stade de destruction totale de mes conditions de
vie: la perte de mes amis par changement de ville (car celà fait 4 ans
que je vis à distance de ma famille), de mon confort matériel, la
destruction de tous mes rêves... une véritable mort mentale (qui
n'était perçue sur le moment que par de la peur indifférenciée).
Cette menace représentait pour moi quelquechose d'infiniment plus
dur à assumer qu'un simple échec, je me sentais extrêmement coupable de
ne pas avoir plus travaillé auparavant. Si au moins j'avais de la
reconnaissance pour mes parents j'aurais pu m'en servir avant pour me
motiver, mais leur amour est tellement conditionel... un refus ou un
échec de ma part, et je deviens détestable à long terme. A mon âge je
trouve celà déstabilisant.
Mais j'ai fini par lâcher prise!!! A force de souffrance, j'ai
commencé à me dire que finalement, l'arrêt de tout ceci n'était pas
forcément à craindre. (le mental aime bien défendre à tout prix les
piliers de notre souffrance) Je ne me sentais pas extrêmemement
heureux, mais lorsque je suis sorti de mon appartement pour aller à
l'examen, toute cette souffrance était devenue insignifiante par
rapport à la beauté du ciel, la douceur du vent, du silence qui
permettait à tout ce petit drame d'être. J'aurais eu envie de pleurer
tellement c'était triste de voir cette souffrance dans laquelle j'étais
poussé à me morfondre dans mon appartement pour des raisons tellement
diverses, complexes et toutes liées à l'inconscience. Puis à coté de
voir ce ciel, que je ne regardais plus, neutre, mais bien plus beau et
réel que n'importe quelle réussite sociale. Mais j'étais sourriant car
j'avais retrouvé le non-manifeste, j'avais l'impression de flotter, que
tout mon corps vibrait, ondulait. J'avais même peur (d'un point de vue
pratique) d'en sortir.
Tout me semblait plus simple. Le concept d'importance arrêtait de
s'auto entretenir en s'auto proclamant important. L'echec avait perdu
toute la signification qui l'amplifiait. Je n'étais plus dépendant de
mes conditions de vie. Mes rêves n'étaient plus arrêtés ou limités.
J'étais libre de me sentir libre. Je comprenais pourquoi Bouddha
voulait que l'on abandonne ses biens pour suivre la voie de l'éveil.
Ils ont tendance à accaparer notre attention au point qu'ils peuvent
fermer la porte de sortie du mental.
Et finalement, j'ai parfaitement réussi l'examen, et celà a rompu
net cette impression de liberté. La prise de conscience est toujours
là, sinon je ne pourrais en parler actuellement. Par contre mon mental
a retrouvé sa source d'énergie, et continue de m'envoyer des peurs, des
satisfactions, des désirs me faisant fuir le présent, comme il l'a
presque toujours fait.
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Dans le conditionnement skinnerien, ou
apprentissage à la récompense, il y a deux éléments-charnière qui font
que l'on arrive à faire faire au chat ce que l'on veut qu'il fasse, ce
qui n'est toutefois pas le but de l'expérience mais qui va être
l'aspect auquel je m'intéresse:
Le premier est la récompense ou la punition. C'est le langage de
programmation du mental. C'est un peu comme si on le "hackait". Vu
qu'il est fait pour anticiper les besoins et les intérêts, et que l'on
veut le faire agir comme on le souhaite, il faut lui faire croire qu'il
a besoin d'agir comme on le souhaite en utilisant la récompense et
inversement avec la punition.
Le deuxième élément, qu'on ne remarque pas au premier abord
puisque c'est justement ce qui lui permet d'être efficace: la "cage".
En effet, sans cage, il n'y a pas de manipulation possible. On ne
peut donner au compte goutte la récompense et il est difficile de
conserver son pouvoir. Le point le plus important est qu'elle est faite
de façon à ce que le sujet ne pense pas à s'échapper que ce soit
parcequ'il n'en a pas conscience, ou parcequ'elle l'en dissuade. La
société est un bon exemple de cage, et l'argent un bon exemple de
récompense donnée au compte gouttes (sans vouloir diverger dans des
théories anarchistes). La particularité de cette "cage" étant qu'elle a
été construite collectivement, et que tout est fait pour qu'on y soit
tout le temps occupé pour qu'elle ne soit pas perçue comme telle.
Cependant nous allons passer pour grand nombre d'entre nous le plus
clair de notre vie à mériter nos récompenses, même si celà va contre
notre nature.
Le mental aussi nous met dans un autre type de "cage" virtuelle
avec ses concepts, ses référentiel et sa modélisation du monde, avec
les récompenses et les punitions associées. La sortie de cette cage
peut être considérée comme la libération de l'Eveil. Mais ce n'est pas
le seul évenement. La différence entre dresseur et dressé s'estompe
aussi par exemple.
Mais ces "cages" peuvent être plus "palpables": une entreprise,
un appartement, une relation de couple... dans ces cas là, comme la
"cage" est visible, il arrive souvent que des méthodes de dissuasion
baties sur des intérêts ou des attachements soient employées pour ne
pas que l'on pense à la sortie, tout comme on électrifie les barrières
pour les chevaux. Ainsi, le principe de la cage et de la
récompense/punition se completent. Celà va plus loin que de la simple
dissuasion puisque la possibilité de s'échapper est carrément négligée
tant elle est rendue désagréable.
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Ce qui m'a le plus convaincu lors de mon
propre
réveil a été la compassion. Lorsque j'ai senti cette libération, j'ai
souhaité qu'il puisse en être de même pour tout le monde. Je ne
comprenais pas comment ceux que j'observais pouvaient aimer leur vie en
se leurrant quotidiennement. Quel gachis! Leur potentiel de bonheur
semblait si limité.
Et puis les premières fois ou j'ai momentanément réussi à montrer
la lune sans qu'on regarde mon doigt, j'ai eu l'impression de faire
bien mieux que n'importe quel médecin, même si finalement, je n'avais
aucun mérite de mon point de vue, puisque ce n'était que permettre à
une personne d'être là sans retenue. A l'époque je ne connaissais
pratiquement rien à la spiritualité mais j'allais, dès que j'en avais
l'occasion, à la recherche de ce contact, d'autant plus motivé que
c'étaient les seuls moments ou je ne me sentais pas seul. Un "acte"
profondément sincère et non tourné vers l'égo, qui fait disparaître
toute dualité dans la relation sans ignorer la singularité de la
personne.
Ce n'est que par la suite que j'ai été initié au Bouddhisme qui
m'a confirmé que la chose la plus digne qui puisse s'offrir à un
éveillé était de savoir apporter joie et paix à tous les êtres,
capacité permise par une foi, que seul un plongeon au coeur de la
vérité peut accorder. Puis j'ai découvert ce forum ce qui a permis de
répondre à bien d'autres questions, dont certaines que je ne me posais
pas encore.
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Pour ma part, que ce soit une expérience
extra
lucide, un toc lucidifié , une mise en veille du mental, une
transcendance de l'égo ou l'Eveil ça m'est égal. On pourra toujours
donner beaucoup de noms à une chose, elle restera ce qu'elle Est et ne
sera pas plus ce qu'elle n'est pas. Tout ce qui mériterait dans
l'absolu d'être défendu, c'est à dire la réalité, n'en a justement
aucun besoin. Ce qui est là n'a pas besoin d'être cherché. Ce qui n'est
pas là non plus.
Jean Claude Vandamme, pour la très grande majorité du public est
plus ou moins fou. Pour ma part, la première fois que je l'ai entendu
parler de la sorte, j'ai beaucoup rigolé. Si j'analyse les raisons, je
trouve mes propres résistances: peu crédible par rapport à son passé
(l'image que j'avais de lui), mélangeant anglais et français, débordant
d'une énergie suspecte, disant des choses à première vue simples avec
un air on ne peut plus sérieux à des journalistes hébétés. Voilà les
premières choses qui me sont parvenues, bien avant l'écoute de son
message. Celà n'aurait pas du m'empecher de l'écouter quand même mais
la conséquence, c'est que je l'ai jugé drôle, et que je n'ai fait
attention qu'au grotesque du personnage, incompatible avec un message
digne d'intérêt. Du moins c'était la conclusion de mon mental.
Au delà de ce qu'il exprime, JCV montre aussi que l'eveil
n'implique pas forcément charisme, éloquence ou attention venant
d'autrui. On ne peut se faire entendre si l'on reste sur l'autre rive
mais on ne peut pas non plus en parler si l'on s'occupe toujours des
autres et qu'on y retourne jamais. |
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Quand on se concentre sur ses résistances
(par
exemple, simplement en se demandant pourquoi nous ne sommes pas heureux
maintenant) celà peut résoudre tous les problèmes et libérer la
conscience dans le présent. Ainsi, elle peut embrasser le reste de la
réalité et nous n'avons plus besoin de conditions pour éprouver de la
joie.
Malheureusement, le mental n'est pas motivé pour diriger ainsi
l'attention. "Il" ne s'intéresse pas. C'est ça qui est paradoxal. "Il"
est capable de défendre coûte que coûte l'image que l'on se fait de
nous ou que l'on voudrait donner, mais ça ne l'intéresse pas de voir
qui on est vraiment. Nous sommes capables de tuer au nom de la liberté,
mais nous n'éprouvons pas l'envie de nous libérer de notre propre
emprise maintenant.
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Quand j'avais 8 ans, en CM1, le professeur
nous
avait demandé d'écrire un petit livre, avec une histoire dessinée pour
les enfants de maternelle. Je ne sais plus comment ça m'est venu, mais
j'ai écrit l'histoire d'un escargot qui un jour voyant d'autres animaux
se rendait compte qu'il ne savait pas sauter. Alors il essaya
par tous les moyens d'y arriver. N'arrivant qu'à se blesser il
abandonna et rentra chez lui. C'est alors qu'à son retour au foyer, sa
famille lui offrit un cadeau, et il sauta de joie.
Bien sûr je baignais dans l'"inconscience" que la plupart des
enfants ont connu. Je n'étais pas plus spirituel ou bien plus réfléchi
qu'un autre et je ne m'étais pas cassé la tête pour trouver cette
histoire. Je voulais raconter quelquechose d'intéressant, parler d'un
principe illogique mais réel. Et j'ai illustré le "pouvoir" de cette
spontanéité dont nous avons parlé à plusieurs reprises ici, sauf que
jamais à l'époque je ne me serais douté que les adultes n'en étaient
pas plus avisés que les enfants de maternelle.
D'ailleurs cette histoire est passée innaperçue au point que moi
même, j'ai mis plus de 15 ans à me rendre compte que ce que j'avais
voulu faire comprendre était si important...
Lors
de mon "réveil", beaucoup de principes
profonds m'ont fait l'honneur de se présenter à ma porte, et certains
d'entre eux m'ont étrangement rappelé cette histoire à laquelle je
n'avais jamais repensé. C'est d'ailleurs peut-être l'une des seules
choses dont je me souvienne si clairement de l'époque.
Ce qui me fascine, c'est cette sagesse humble qui est cachée en
nous. C'est un peu comme les principes que l'on retrouve dans le
bouddhisme ou dans certains livres de spiritualité: quand ils nous font
résonner, c'est qu'il y a bien quelquechose en nous qui "sait" déjà
tout ça. Et c'est d'ailleurs souvent ressenti ainsi.
Toutes les fois ou j'ai eu l'impression de sentir la
vérité dans tout mon corps, je m'adressais à quelqu'un, j'expliquais
quelquechose, je répondais à une question qui nécessitait de sortir des
référentiels, je consolais, ou j'essayais d'alléger un mal être ou une
lassitude que je ressentais. |
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Nouveau regard sur l'éveil
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Pour ma part il m'a fallu un échec
important au
niveau des études, alors que j'avais toujours tout réussi, pour
réaliser que personne ne tenait compte de ma présence. L'acharnement de
mon entourage, particulièrement de ma famille m'a permis de d'être un
peu éjecté par le souffle. Alors j'ai observé comment les choses
marchaient, mais beaucoup mieux que celà, je ne leur en voulait pas le
moins du monde, parceque je réalisais que ce n'était pas de la
conscience et que leur vision des choses était mauvaise. Je sentais
l'origine de tous leurs comportements, et j'étais libéré de toute
emprise. A partir de là, j'ai commencé à me laisser porter par les
vagues, et tous mes problèmes se sont alors évanouis, je dormais bien,
j'étais serein, en même temps je comprenais l'origine de la souffrance,
je séparais mental conscience et corps sans pour autant retourner l'égo
sur lui même, et une puissante reconnaissance pour la vie émergeait.
J'ai même trouvé qu'il y avait des signes "physiques" qui se retrouvent
souvent: J'observais l'arrêt du mental lorsque je m'endormais. J'avais
le sourrire au réveil. Je rêvais peu. Je sentais mieux les odeurs et il
y avait du silence dans ma tête (!). C'était comme si je m'étais
toujours senti en danger et que d'un coup je réalisais que le seul
danger c'était l'identification aux jugements.
L'urgence d'écrire ce que j'avais compris pour que d'autres
puissent "comprendre" se faisait sentir. Je ne savais pas encore que
celà s'appelait l'Eveil, et je n'étais pas au courant de toutes les
impasses qui étaient autour de ce "sujet" ni de tous les auteurs, ni
même de Bouddha.
Je pense que ce qui a déclenché l'étincelle, c'est de ne plus
avoir d'attachement à des choses qui étaient importantes pour mes
schémas mentaux: mes études, et la pression familiale constante vis à
vis de celle-ci. Comme ma famille avait été ignoble dès les premiers
jours de mon échec, je n'ai pas eu de mal à m'en détacher sans leur en
vouloir (sinon ça n'aurait pas été du détachement). Il n'y avait aucune
culpabilité. J'aurais pu m'en vouloir d'avoir échoué, certes, mais
c'était fait, ce n'était pas la peine de rajouter couche sur couche,
d'autant plus qu'une des seules amies de ma promo s'était suicidée (et
se trouvait juste derriere moi au classement). Maintenant il fallait
agir intelligemment et manifestement il n'y avait que moi qui soit dans
cet ordre d'idée. Donc j'étais libre d'observer et je devais être
indépendant. Libre tout court.
Pourtant j'ai décidé de finir mes études. Sans doute que je
tenais à un minimum de confort ou de sécurité. Seulement 1 mois et demi
s'était écoulé depuis mon éveil. Je n'avais pas encore assez confiance
en ce qui m'arrivait. Ce que je n'avais pas prévu, c'est que celà me
replongerait dans les menaces familiales, et donc dans mes angoisses.
Je pensais que celà ne me toucherait plus, mais il faut croire que
c'étaient décidément ces attachements au confort, à la famille (je
n'aime pas qu'ils souffrent à cause de moi alors je fais mon possible)
et à l'identité sociale qui mouillaient l'étincelle.
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Ce qui m'a permis de me rendre compte qu'il
m'arrivait quelquechose d'anormal, c'est lorsque j'ai eu l'impression
que tous les enseignements spirituels, toutes les morales que je
connaissais, toutes mes anciennes illuminations passagères, ainsi que
les religions (je ne connaissais pas encore le bouddhisme),
convergeaient vers un même enseignement spirituel originel par delà
leurs formes. Je me demandais comment il se faisait que l'on ne soit
pas capable de tous s'en rendre compte plutot que de défendre chacun la
forme que nous voyons dans l'enseignement. Et c'est là entre autres que
l'Eveil est particulier, il permet le non attachement à la forme et
d'accéder à une sorte de Tout qui est à la fois à soi, à la fois à tout
le monde, et qui donc ne demande pas d'être défendu ni transmis.
Certains Bouddhistes disent que c'est l'accès au sans-forme. L'Eveil ne
s'accroche à rien. Toutes les particularités de l'Eveil sont en fait
des non particularités si l'on sait bien regarder.
Alors comment le sans-forme pourrait être comparé à du
sans-forme. Seul le chemin a une forme (les différentes voies qui
avaient été citées face à cette question "des" éveils). De même,
l'ouverture n'a pas de forme en elle même, seul ce qui la limite en a
une.
Lorsque l'on compare deux fenetres, on ne peut comparer que les cadres,
les vitres, etc... mais pas l'ouverture.
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A mes débuts sur le forum, je croyais que
c'était le prix à payer pour voir les choses en face. Que si je le
vivais parfois mal, ce n'était que parce que le détachement n'était pas
encore tout à fait abouti. Mais en fait, maintenant, je crois que
c'était parce que j'avais oublié le coeur. J'avais beau parfois me
sentir submergé par la paix, la grâce, la compassion, et bénéficier
d'une attention qui me semblait de meilleure qualité, lorsque je me
retrouvais face à la souffrance de mon ex petite amie qui désirait
profiter de la vie sociale ou relationnelle et qui sentait bien que
quelque chose n'allait pas, je demeurais distant, trop prudent, voire
insensible. Je trouvais alors des quantités de raisons pour justifier
mon immobilisme. Je n'étais qu' un mort-vivant.
J'ai fini par la quitter, la voyant trop frustrée et pensant que
je devais assumer mon décalage, même s'il impliquait la solitude.
Quelques semaines après je la voyais rayonnante comme jamais elle ne
l'avait été en ma compagnie... dans les bras d'un autre.
J'aurais voulu me persuader qu'il était facile d'être heureux
lorsqu'on se leurrait, mais c'était doublement faux. D'une part c'était
moi qui me leurrait, et d'autre part, je n'étais pas heureux.
Je croyais être au delà de ces histoires, mais ce n'était
manifestement pas le cas: aucune de mes convictions spirituelles ne
pouvait me consoler ou rivaliser avec le bonheur qui illuminait son
visage.
Mes compréhensions n'avaient fait que compliquer davantage ma dualité
"physiologique", la rendant d'autant plus... duelle.
Et c'est là que mon coeur s'est remis à battre. Douloureusement.
Il est encore encrassé, et je ne me souviens même plus depuis combien
de temps j'avais débrayé. |
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Pour ma part, lorsque j'ai vécu des
expériences
de communion avec le Tout, le "je" disparaissait, tout devenait simple,
au delà même de l'évidence puisque c'était moi. Mais d'un autre coté,
je n'étais plus là. Comme si j'étais mort.
Puis je finissais par renaître quelques minutes après, avec sur
mon dos le poids de tous les soucis qui avaient perdu une grande partie
de leur importance, mais auquels je réagissais tout de même en essayant
de garder quelques "notions d'absolu" qui se contredisaient autant que
la façon dont je les apelle sans que je n'ose me l'avouer. Comme
"aucune pensée n'a d'importance", ou "mon seul obstacle, c'est moi
même" ...
J'ai mis du temps à comprendre que toutes les réalisations qui
m'étaient venues à la suite de cet état aussi pénétrantes furent-elles
ne faisaient que m'enfoncer encore plus, une fois revenu dans une idée
de lutte, de changement, de mouvement, qui, il faut bien l'avouer était
plus forte que "moi", il n'aurait pu en être autrement. La pensée
d'être un obstacle à soi même invite à s'auto contourner par exemple,
autant dire qu'elle ne mène qu'à s'emmeler. La pensée qui dit que les
pensées n'ont pas d'importance, se veut déjà plus importante que les
autres tout en le niant, c'est la porte ouverte au manque d'intégrité.
Une fois ramenée à la pensée, la lumière disparaît. Toutes les
photos que l'on prend de l'absolu ne dégagent pas plus de lumière que
des photos prises dans l'obscurité.
Les pensées qui émergeaient de l'illumination, du lâcher prise
devenaient donc enfermantes lorsque je voulais les utiliser en sens
inverse.
Aussi ces expériences étaient merveilleuses du fait qu'elle
faisaient disparaître tous mes soucis. Si je n'en avais eu aucun,
j'aurais simplement déjà été en paix, je n'aurais pas trouvé ça
spécialement génial mais normal, et je n'aurais pas éprouvé le désir
d'en parler ni de prendre des photos.
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American
Beauty, de Sam Mendes, 1999
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Je suis loin d'être un passioné de cinéma
mais
s'il y a bien un film qui a inspiré l'éveil en moi et que j'aurais
voulu citer dans cette partie du forum c'est celui-ci dont l'auteur est
Allan Ball.
Ce n'est pourtant pas un film adoptant une forme originale comme
d'autres oeuvres du septième art se voulant plus profondes.
Pour situer l'histoire, il y a 7 protagonistes principaux: Une
première famille, les Burnham avec l'acteur principal, Kevin Spacey,
admirable dans ce rôle (j'ai adoré aussi le film K-pax) incarnant un
père de famille effacé, amer, et résigné, ne comprenant pas comment sa
vie est devenue si terne. Sa femme, Carolyn est l'incarnation même de
l'égo et des intérêts de réussite sociale, oubliant par cet acharnement
le moindre recul par rapport aux choses. C'est une caricature
magnifique. Elle est totalement irritante, navrante, fatiguante. On
n'imagine même pas pouvoir la raisonner tellement elle ne contrôle pas
ses tensions mentales. Leur fille, Jane, une adolescente "blasée", sur
la défensive mais passive, sans motivation apparente, assez détachée de
son égo. Sa meilleure copine, Angela est une jeûne fille ambitieuse,
qui n'existe que pour le regard des autres, s'inventant une fausse vie,
et concentrant tout sur son pouvoir d'attirance physique. Leurs
nouveaux voisins, les Fitts sont une famille avec un fils, Ricky, un
père ex militaire à tendance nazie, et une mère souffrant de troubles
psychiatriques que je ne saurai nommer, la rendant comme bloquée
intérieurement dans le temps.
On pourra séparer en apparence deux formes d'éveil:
Celui du père, déclenché par un mélange d'événements: une passion
déferlante pour Angela, l'amie de sa fille pourtant très jeûne, le
raz-le-bol vis à vis de sa femme Carolyn, sa rencontre avec Ricky Fitts
et son lacher prise vis à vis de la perte de son emploi pour des
raisons de rentabilité. Le plus marquant sont ses commentaires en voix
off, tout le long du film. Dont celui ci qui consitue un peu
l'introduction de lui et sa famille:
"Je m'appelle Lester Burnham. Ca c'est mon quartier. Ca, c'est ma
rue. Ca, c'est ma vie. J'ai 42 ans. Dans moins d'un an je serais mort.
Bien sûr je ne le sais pas encore. En un sens je suis déjà mort.
Regardez moi... entrain de me pallucher sous la douche. Ca c'est le
meilleur moment de la journée. A partir de là c'est la déscente aux
enfers. Ca c'est ma femme Carolyn . Vous remarquez comment le manche
des cisailles s'accorde élégament avec ses sabots de jardinage? Ce
n'est pas un hasard.(...) Mon dieu, rien que de la regarder m'épuise.
Elle n'a pas toujours été comme ça. Avant elle était heureuse. Nous
étions heureux. Ma fille, Jane, enfant unique. "Janie" est le
stereotype parfait de l'adolescente: hargneuse, paumée, mal dans sa
peau. J'aimerais lui dire que ça va s'arranger. Mais je ne voudrais pas
lui mentir. Ma femme et ma fille me considèrent toutes les deux comme
un lamentable perdant. Et elles ont raison. J'ai perdu quelquechose. Je
ne sais pas exactement quoi, mais je sais que je n'ai pas toujours été
aussi lethargique. Mais vous voulez que je vous dise? Il n'est jamais
trop tard... pour se réveiller."
De nombreuses scènes transmettent un message très profond tout
en étant très réalistes. La femme de Lester cumule toutes les erreurs
égoiques possibles (ou presque), se donnant des claques lorsqu'elle
pleure, pour un echec dont elle n'est pas vraiment responsable, puis
pleurant encore plus se rendant compte du grotesque de la situation.
Ecoutant des Cd de "développement personnel" qui ne font que l'enfoncer
dans l'illusion et l'incohérence, puisqu'elle ne quitte jamais le cap
de ses intérêts de réussite et de sa position aggressive vis à vis de
tout, comme si elle se battait contre la vie chaque seconde.
L'éveil du père se fera par détachement vis à vis de tout ce qui
l'inhibait. C'est étonnant comme c'est jouissif de le voir se
transformer, et s'échapper sereinement de toutes les entraves qui
essaient de le retenir. Son ego reste là, il gagne du charisme,
s'accorde plus de plaisir et ne garde plus ses remarques pour lui. Il
ne devient pas égocentrique pour autant, grâce à un sorte de curiosité,
d'attrait pour la vie, il est à l'écoute, il devient attentif, et
bienveillant automatiquement, avec pour seule aide, le lacher prise et
légèreté.
L'éveil de Ricky est moins égoique. Il semble que ce dernier ait trop
souffert et que son égo a quasiment déjà disparu. Il est presque
uniquement une conscience-témoin. Il a une manie de filmer des choses
qui paraissent inintéressantes. Comme un oiseau mort, un sac plastique
qui tournoie au vent ou la fille de Lester, Jane, completement effacée
à coté d'Angela.Il paraît assez apathique mais ses paroles sont d'une
étonnante profondeur, par exemple ce dialogue avec Jane:
"Une fois j'ai vu une vieille femme qui est morte gelée dans la
rue, une clocharde alongée sur le trottoir. Elle avait l'air tellement
malheureuse... j'ai filmé cette vieille femme.
-Pourquoi tu l'as filmée?
-Parceque c'est fabuleux.
-Pourquoi est-ce si fabuleux?
-Quand tu vois un truc pareil, c'est comme si Dieu rentrait en
connection avec toi, l'espace d'un instant. Et si tu es assez receptif,
tu ouvres les yeux.
-Et qu'est-ce que tu vois?
-La beauté."
Ou cette description qui se passera de commentaire, concernant la plus
belle chose qu'il ait filmée: un sac plastique
"C'était une de ces journées grises ou il va se mettre a neiger
d'une minute à l'autre et qu'il y a comme de l'electricité dans l'air.
On peut presque l'entendre. Et ce sac était là. Entrain de danser avec
moi. Comme un enfant qui m'invitait à jouer avec lui. Pendant 15
minutes. C'est là que j'ai compris qu'il y avait autre chose. Au delà
de l'univers. Plus loin que la vie. Je sentais cette force,
incroyableemnt bienveillante qui disait qu'il n'y avait aucune raison
d'avoir peur. Jamais.
Sorties du contexte, les images n'ont aucun sens je sais
mais...ça m'aide à m'en souvenir. J'ai besoin de m'en souvenir. Parfois
je me dis qu'il y a tellement de beauté... dans le monde... que c'en
est insoutenable. Et mon coeur est sur le point de s'abandonner..."
Je ne peux en dire plus, même si j'aurais été tenté de mettre
d'autres citations toutes aussi intéressantes. Seulement il y a une
grande place pour l'effet de surprise et l'humour, la légèreté. Il y a
une sorte d'intégrité à ce film que je ne peux qu'éffriter avec mes
commentaires, seulement je ne voulais pas en faire une simple publicité
puisqu'il traite implicitement de beaucoup de sujet de ce forum.
D'autant plus qu'il bénéficie d' une fin grandiose, un peu comme
un bouquet final. Les musiques donnent une dimension spéciale, elles
sont merveilleusement choisies et jouent aussi un rôle important. C'est
un film qui pourra être vu différemment une seconde fois, car il est
rempli de détails subtils tous cohérents. Or il est dûr d'être à
l'écoute de chacun d'eux la première fois. Les sujets traités sont
nombreux: l'amour, le sexe, le désir, la société, la recherche de soi,
la réussite, l'homosexualité, le lacher prise, le rejet, la souffrance,
l'intolérance, la beauté, la dualité et bien sûr l'éveil...
Cette oeuvre réussit à critiquer de nombreuses choses et de
nombreux comportements, tout en inspirant la compréhension. La démesure
de l'inconscience de Carolyn calme facilement cette partie de nous qui
voudrait mépriser de tels comportements. Seulement c'est une caricature
dont le grotesque n'est pas si loin de la réalité parfois.
Bref, une vraie friandise spirituelle.
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Mark Nepo
: Le livre de l'éveil
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Je voulais partager avec vous la découverte
d'un
livre que je trouve à la fois humble (malgré un titre qui pourrait
paraître prétentieux), et particulièrement riche: "Le livre de l'éveil"
de Mark Nepo.
Une des particularités de ce livre, c'est qu'il offre un aphorisme
ou une citation, suivie d'un commentaire pour chaque jour de l'année,
le tout dans une simplicité très accueillante.
C'est une forme d'écriture qui convient parfaitement à mon
avidité de connaissance qui a parfois trop tendance à me faire
ingurgiter des pages et des pages en occultant ce que justement je n'ai
pas encore réellement saisi. Les citations sont vraiment riches et
diverses, venant d'auteurs parfois connus (au hasard, je trouve: Jesus,
Bouddha, Chuang Tzu, Albert Einstein, Jack Kornfield) ou non (poètes
africains, maîtres chinois, moines bouddhistes et j'en passe)
En voici un passage avec le commentaire qui correspond à ce jour-ci,
sous le titre de:
L'acceptation:
Nous sommes la scène ainsi que les acteurs.
"L'une
des grandes contributions de la psychologie a été de nous aider tous à
comprendre comment nous revivons le film de nos blessures et de nos
affections avec d'autres personnes que celles qui nous ont blessés ou
marqués à l'origine. Ce phénomène est aussi appelé "projection" ou
"transfert". Essentiellement, nous rejouons sans arrêt ce qui a été dit
ou fait et ce qui n'a pas été dit ni fait jusqu'à ce que nous ayons
résolu la situation. On parle alors de guérison, de renoncement, de
lâcher prise, voire de pardon.
Se faire crier après puis s'en prendre à un chien est un
stéréotype de ce phénomène. Or, le plus souvent, c'est l'amour bafoué
que l'on rejoue. Par exemple, quand j'étais jeune, on rejetait
froidement mes sentiments les plus sincères. Quand je montrais ma
peine, mes parents pensaient que je voulais de la sorte faire fléchir
leur fermeté. Ils me tournaient alors le dos, comme si je cherchais à
les manipuler en exprimant ma peine.
De puis cette expérience, je suis resté sensible à la peine de mes
proches. Pourtant je me cantonne parfois à un point de vue, me coupant
ainsi des autres et rejouant le rôle de mes parents aussi bien que le
mien. C'est pour le moins humiliant et dérangeant.
Comme la maladie qui doit suivre son cours, tous les intervenants
de nos drames intérieurs doivent avoir droit au chapitre avant de nous
laisser en paix. En tâchant inlassablement d'obtenir auprès de ceux qui
ne connaissent pas notre drame ce que nous n'avons jamais pu avoir,
nous maintenons la blessure vivante puisque nous rejouons ce drame avec
eux. Du moins jusqu'à ce que nous comprenions humblement notre côté
blessant. C'est le premier pas vers le pardon.
Je me suis surpris à faire aux autres ce que l'on m'avait fait
mais sans être aussi dur et cruel. Cela m'a suffi pour m'apercevoir
combien il est facile d'être cruel quand on a peur, combien il est
difficile d'accepter que l'on est tous capables de choses terribles, et
combien il est edifiant de voir la véritable bienveillance en acceptant
cette réalité."
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Depeche mode : Try walking in my shoes
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Encore une musique du groupe Depeche mode qui
s'accorde, je trouve, très bien aux discussions du moment (les bulles,
le fait d'assumer ses erreurs que l'on ne peut effacer...). Si vous
voulez la découvrir en l'écoutant (la partie instrumentale à elle seule
fait déjà beaucoup), je vous suggère l'album "Songs of Faith and
Devotion" qui est un recueil "Live" de leur plus belles musiques.
Désolé pour la traduction, j'ai eu peur de trop l'estropier alors je me
suis contenté de ne traduire que quelques mots que je trouvais plus
difficiles que les autres.
Try walking in my shoes.
I would tell you about the things
They put me through
The pain Ive been subjected to
But the lord himself would blush (rougirait)
The countless (innombrables) feasts (régals) laid at my feet
Forbidden fruits for me to eat
But I think your pulse would start to rush (s'emballerait)
Now Im not looking for absolution
Forgiveness for the things I do
But before you come to any conclusions
Try walking in my shoes
Try walking in my shoes
You'll stumble (trébucherez) in my footsteps
Keep the same appointments I kept
If you try walking in my shoes
If you try walking in my shoes
Morality would frown upon (n'apprécierait pas)
Decency look down upon (condamnerait)
The scapegoat fates (destins de bouc émissaire) made of me
But I promise you, my judge and jurors
My intentions couldnt have been purer
My case is easy to see
Im not looking for a clearer conscience
Peace of mind after what Ive been through
And before we talk of repentance
Try walking in my shoes
Try walking in my shoes
You'll stumble in my footsteps
Keep the same appointments I kept
If you try walking in my shoes
If you try walking in my shoes
Try walking in my shoes
Now Im not looking for absolution
Forgiveness for the things I do
But before you come to any conclusions
Try walking in my shoes
Try walking in my shoes
You'll stumble in my footsteps
Keep the same appointments I kept
If you try walking in my shoes
Now Im not looking for absolution
Forgiveness for the things I do
But before you come to any conclusions
Try walking in my shoes
Try walking in my shoes
You'll stumble in my footsteps
Keep the same appointments I kept
If you try walking in my shoes
Try walking in my shoes
If you try walking in my shoes
Try walking in my shoes.
Cette attitude face à soi même me fait penser aux paroles de
joaquim concernant la Foi, surtout lorsqu'il dit "Now Im not looking
for absolution, Forgiveness for the things I do" ou "Im not looking for
a clearer conscience ,Peace of mind after what Ive been through": joaquim a écrit: | "Il
faut une audace, une transgression, qui est foi en un soi qu'on ne
connaît pas encore, mais qui reçoit sa vie que de cet acte de confiance
qu'on accomplit. (...) Il faut une foi qui accueille... Tout. Avoir foi
en Dieu ne suffit pas, il faut n’avoir foi en rien, et implorer la
grâce de Dieu pour qu’Il nous donne la force de L’accueillir.
“Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir...”. L’ego n’est jamais
digne de recevoir Dieu. Recevoir Dieu, pour l’ego, c’est disparaître,
c’est perdre l’opacité qui le constitue, c’est devenir transparence
pour Ce qui Est. |
Il ne cherche pas à se justifier devant Dieu. Il n'est pas digne d'être
pardonné, il a été lui même, et il a fait des erreurs. S'il se
retrouvait exactement dans la même position qu'à l'époque, probablement
qu'il les referait. Ca ne veut pas dire que ce ne sont pas des erreurs
pour autant, ou qu'il n'a pas de responsabilité. Il ne cherche même pas
à se justifier pour lui ou pour son public, il ne fait que dire que
sans être à sa place, sans être lui, on ne peut pas conclure, et même
en disant celà il ne semble pas chercher à ce que ses pêchés soient
absous, à rendre sa vie plus belle, il n'est décidément pas digne de
demander cela, et ce n'est pas ce qui compte. Pourtant, en
s'abandonnant ainsi, en laissant le plomb tel qu'il est, il se change
en or.
Petite photo du chanteur, David Gahan:
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