Regards sur l'éveil
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Posté par
joaquim
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L'émergence de la conscience
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Le texte suivant est un peu long, mais il
vaut
vraiment la peine d’être lu. Il est tiré d’un article de Douglas
Hofstadter paru en 1981 dans la revue Scientific American, et que vous
pouvez lire in extenso dans le recueil de ses articles publiés sous le
titre Ma Thémagie.
(...)
ACHILLE: Voilà bien une idée bizarre - une chose dont l’identité
persiste alors même que la chose change avec le temps. Est-ce comme un
pays qui change, tout en restant le même? Je pense à la Pologne, par
exemple. S’il existe un pays dont la flamme vitale a été malmenée,
c’est bien celui-ci - et pourtant il semble avoir conservé son “âme
polonaise” à travers les siècles.
LA TORTUE: Bel exemple. Le sentiment d’être “une chose qui dure
dans le temps” est absolument à la racine de notre sentiment d’“être
quelqu’un”. Et en un sens c’est une bonne blague de la nature:
l’illusion d’identanimité. Ou si vous préférez ne pas y voir une
illusion, on peut dire que l’aptitude d’un organisme à abstraire, à
penser voir un objet constant au fil du temps, qu’il appelle son soi au
long de ses changements, fait que l’âme de cet organisme n’est pas une
illusion.
ACHILLE: Vous voulez dire que tout ce qui peut se duper soi-même -
je veux dire se voir soi-même - en se considérant comme inchangé au fil
du temps a une âme?
(...)
LA TORTUE: Si, de l’extérieur, on attribue des convictions et des
intentions à un organisme ou à un mécanisme, on “adopte le point de vue
intentionnel” envers cette entité. Mais dès lors que l’organisme est
compliqué au point de devoir adopter ce point de vue vis-à-vis de
lui-même, on peut dire qu’il “adopte le point de vue
auto-intentionnel”. Cela doit signifier que la meilleure façon pour
l’organisme de se voir lui-même, c’est de s’attribuer des désirs, des
convictions, etc.
ACHILLE: Mais c’est un bien curieux genre de boucle de rétroaction
trans-niveaux, Madame T. L’image de soi du système (...) est recyclée
dans le système (...) en un sens tout-à-fait concret. C’est comme une
télévision qui regarderait son propre écran, recyclant sans fin une
représentation d’elle-même, créant ainsi une configuration d’images de
soi imbriquées les unes dans les autres et visibles sur l’écran.
LA TORTUE: Et cette configuration stable devient un véritable objet
en soi et pour soi. Si vous étiez [une telle machine intelligente], le
simple fait d’adopter vis-à-vis de vous-même le point de vue
auto-intentionnel ferait de vous le créateur d’une chimère
auto-entretenue. Aussitôt créée, l’illusion d’un objet unique - une
conscience de soi avec ses convictions et ses désirs (...) - se
réintroduit dans le système en tant que l’une de ses convictions. Et
plus elle se recycle à travers le système, plus elle s’affirme,
s’endurcit et se cristallise à demeure. C’est comme un cristal dont la
cristallisation, une fois mise en route, agit comme un catalyseur sur
sa cristallisation ultérieure. Il y a là une sorte de boucle - cercle
vicieux - qui se renforce elle-même, de sorte que même si elle démarre
sous forme d’une chimère, une fois fermement établie, elle a si
profondément imprégné toute la structure du système que nul ne saurait
expliquer comment ou pourquoi le système fonctionne comme il le fait,
sans faire référence à cette “stupide et chimérique” croyance en soi en
tant qu’individu.
ACHILLE: Mais à ce moment-là, elle n’est plus aussi stupide, pas vrai?
LA TORTUE: Non, elle doit alors être prise tout-à-fait au sérieux,
car elle dispose d’un grand pouvoir explicatif. Une fois que le concept
de soi s’est ainsi établi à demeure, ou “réifié”, dans l’ensemble des
concepts personnels du système, cela détermine en grande partie le
comportement futur du système (...). Et le plus curieux, c’est que la
même rétroaction trans-niveaux (l’adoption du point de vue
auto-intentionnel) a lieu dans toute [machine intelligente]
suffisamment complexe. Quelles que soient les [machines], les
configurations stables (qui leur confèrent leur image de soi)
auxquelles [elles] parviennent à la suite de ce processus en boucle,
sont toutes isomorphes.
ACHILLE: C’est bizarre! Le substrat n’est pas le même, mais le
phénomène abstrait qui se construit à partir de ce substrat est le
même. C’est une valeur universelle. C’est plutôt difficile à saisir.
LA TORTUE: Peut-être, mais c’est la vérité. Tous ont des sens
identiques et isomorphes de leur “moi”. Il n’y a en fait qu’un seul
sens à ce mot – un seul référent – une seule forme abstraite – et
chacun a pourtant l’impression de le connaître, lui et lui seul, de
façon unique! C’est une sorte de lutte pour le privilège d’être le seul
à posséder ce qui est à tout le monde.
(...)
Douglas Hofstadter, Ma Thémagie, Interéditions, Paris, 1988, pp 655-658
Ces configurations stables auxquelles parviennent les systèmes qui
établissent un équilibre à partir de conditions initiales aléatoires
sont illustrées de manière expérimentales par les automates cellulaires.
Il s’agit de programmes informatiques fonctionnant sur la base d’un
algorithme simple, qui recyclent en boucle des données de départ
aléatoires, et qui parviennent, après un certain nombre d’itérations, à
un pattern stable et souvent définitif. Vous pouvez assister en direct
à la naissance d’une telle configuration en cliquant sur le lien
suivant, http://www.rennard.org/iva/acapll.html
et une fois sur la page en cliquant sur Go, ce qui ouvre
une fenêtre d’applet java (votre navigateur doit supporter les applet
java), puis en choisissant Hasard
avant de cliquer sur Go.
Se formera alors sous vos yeux une structure nouvelle, probablement
encore jamais vue. Vous pouvez également générer vous-même, de manière
arbitraire, les conditions initiales, en dessinant avec la souris dans
le champ vide les structures de départ.
Douglas Hofstadter a appliqué, dans le dialogue ci-dessus, les
caractéristiques de ces automates cellulaires, non pas à l’émergence de
la vie (ce que sont censés explorer les automates cellulaires), mais à
l’émergence de la conscience, et plus précisément de la conscience de
soi. L’idée, bien que troublante, est loin d’être aberrante, car il
existe certainement une isomorphie entre l’émergence de l’une et de
l’autre, dans la mesure où l’apparition de la conscience sur le
substrat de la vie emprunte probablement, à un niveau supérieur, la
même boucle développementale que la vie a elle-même empruntée pour se
développer sur le substrat de la matière inanimée.
Je trouve par ailleurs extrêmement interpellant de constater que
les théoriciens de l’intelligence artificielle, dont fait partie
Hotstadter, en appréhendant le phénomène de la conscience, non pas à
partir de son vécu intérieur, comme on le fait quotidiennement, mais à
partir d'éléments externes à elle et qui sont censés la construire,
échappent à l’illusion qu’elle génère (cette illusion qu’ont dénoncée
tous les sages qui se sont libérés de ses charmes), et tombent d’emblée
sur les conclusions auxquelles les sages ne sont parvenus qu’après une
longue ascèse, à savoir que le moi, dans ce qui le constitue au plus
profond de lui-même, n’est pas personnel, mais universel, et que le
sentiment d’être un individu isolé repose sur une illusion - cela reste
bien sûr chez eux une conclusion théorique, et non pas vécue, comme
elle doit l'être pour qu'on puisse parler d'éveil.
Ceux qui ont envie d’en savoir plus sur les perspectives ouvertes
par les automates cellulaires peuvent lire la conclusion du mémoire
rédigé par Nazim Fatès: http://nazim.fates.free.fr/Epistemo/MemoireAC/conclusion.html |
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Phrases auto-référentielles
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Pour qu’ils puissent conduire à l’éveil, il
faudrait
que les mots changent carrément de nature, qu’ils deviennent réels,
et plus seulement émanation du mental. Ce seraient des mots magiques.
On peut rêver, mais cela semble mission impossible... Quoiqu’il existe
certaines phrases assez particulières. Pensons aux
koan: ils tirent de leur caractère paradoxal une force qui leur permet,
dans certaines circonstances, d’étourdir en quelque sorte le mental qui
cherche toujours à s’agripper au sens, et de provoquer ainsi ce léger
décentrage par lequel l’esprit peut lui échapper. Il existe aussi
d’autres phrases, qu’on appelle auto-référentielles, et qui sont
étrangement animées d’une vie propre. Voici quelques exemple de phrase
auto-référentielle (tiré de Douglas Hofstadter, Ma Thémagie,
Interéditions, Paris, 1988):
Bien que cette phrase commence par les mots “parce que”, elle est
fausse.
Tout l’intérêt de cette phrase tient à ce que l’on veut clairement
y faire comprendre en quoi consiste tout l’intérêt de cette phrase.
Cette phrase propose à ses lecteurs (et ses lectrices) diverses
solutions/options qu’ils (ou elles) sont à même d’accepter et/ou de
rejeter.
In this sentence, the word and
occurs twice, the word eight
occurs twice, the word four
occurs twice, the word fourteen
occurs four times, the word in
occurs twice, the word occurs
occurs fourteen times, the word sentence
occurs twice, the word seven
occurs twice, the word the
occurs fourteen times, the word this
occurs twice, the word times
occurs seven times, the word twice
occurs eight times and the word word
occurs fourteen times.
Voilà des phrases qui acquièrent une sorte de consistance, une
nécessité interne, qui s’enroulent sur elles-mêmes, qui ne consistent
plus en un simple énoncé linéaire, mais qui sont tissées de plusieurs
liens qui s’enchevêtrent, formant un véritable tissu. Ces phrases sont
utilisées comme des pistes dans les recherches sur l’intelligence
artificielle pour tenter de comprendre ce qu’est la conscience, cet
auto-enroulement de l’esprit sur lui-même.
La
phrase auto-référentielle n’est pas lisse, elle n’est pas entièrement
orientée vers la réalité qu’elle décrit, le monde du récit, mais elle
établit un dialogue avec une réalité extérieure au récit, celle dans
laquelle se trouve le lecteur. Elles
sont extrêmement intéressantes, et
troublantes, car elles sont comme animées d’une vie propre qui est à
l’image de la conscience de soi.
«Le lecteur de cette phrase
n’existe que lorsqu’il me lit.»
«Tant que vous n’êtes pas en train de me lire, le troisième mot de
cette phrase n’a pas de référent.»
La phrase auto-référentielle est une phrase
qui n’est pas
contenue entièrement dans sa propre réalité mais déborde dans une
méta-réalité. Exactement comme la conscience humaine. La conscience
animale ne vit que dans l’instant présent, elle est entièrement dirigée
et occupée par la réalité du monde. Alors que la conscience humaine
ouvre un espace hors de cette réalité, hors de La réalité, un espace
d’intimité hors de l’Être, comme la phrase auto-référentielle ouvre un
espace hors de la réalité représentée par le récit.
En tant que phrase, la phrase auto-référentielle est fausse, elle
est incomplète, il lui manque une cohérence intrinsèque pour être
vraie. Mais lorsqu’elle établit la connexion avec l’objet extérieur qui
lui manque, tout se renverse, elle devient vraie, et cela non plus
seulement à l’intérieur du récit qu’elle représente, mais dans
l’absolu. Elle devient réelle.
Et je pense que c’est la même chose pour la conscience humaine.
Elle est incomplète, elle est grevée d’un manque, difficile à percevoir
de l’intérieur car elle-même se sent complète, bien que plus ou moins
confusément, elle souffre d'être séparée du Tout, mais aussitôt qu’elle
touche un morceau de réalité extérieure, comme dans les Instants,
elle sort de son propre enfermement et devient alors réelle dans un
sens absolu.
Peut-être la poésie, elle, donne-t-elle aux mots une vie capable de
remuer l’esprit et le coeur, comme les koans, de réveiller une
étincelle qui pourrait provoquer ce léger décalage, cette libération de
l’esprit. |
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Que le “je” n’existe pas, qu’il
est une illusion, une hallucination, c’est une vérité que les
neurosciences ont aujourd’hui amplement démontrée. Dans son dernier
ouvrage, “Je suis une boucle étrange”, Douglas Hofstadter l’a illustré
de manière très parlante:
«Il y
a bien des années, j’ai voulu un jour sortir toutes les enveloppes
d’une boîte en carton qui traînait sur le sol de mon bureau pour les
ranger dans un tiroir. J’ai donc ramassé la boîte, ai glissé la main
droite autour du paquet d’enveloppes (environ une centaine) en les
pressant étroitement pour sortir l’ensemble d’un coup. Jusque là, pas
de surprise. Puis, tout à coup, j’ai senti entre mon pouce et le reste
des doigts quelque chose de très étonnant. Curieusement, une bille se
trouvait (ou flottait?) juste au milieu de cette fragile petite boîte!
«Comme
beaucoup d’adultes de ma génération, j’ai eu enfant des billes en main
des centaines de fois, et je n’avais aucun doute sur ce que je sentais.
Comme vous, cher lecteur, je suis “expert en billes”. Mais comment
l’une d’elle avait-elle pu se nicher dans une boîte qui se trouvait
d’habitude sur mon bureau? A cette époque, je n’avais pas d’enfant, ce
ne pouvait donc pas être l’explication. De toute façon, pourquoi
restait-elle en suspension en plein milieu de la boîte et non au fond?
Pourquoi la gravitation était-elle en panne?
«J’ai
scruté entre les enveloppes, à la recherche d’une de ces petites boules
de verre lisses et colorées. Pas de chance. J’ai fouillé des doigts
entre les enveloppes à sa recherche. Que dalle! Mais dès que j’ai serré
tout le paquet comme au début, elle s’est à nouveau manifestée au même
endroit, aussi solide que jamais! Où donc ce petit démon marbré se
cachait-il? J’ai regardé plus attentivement, ai évidemment sorti les
enveloppes en essayant de les secouer pour la dénicher: mauvaise
pioche! Pour finir, j’ai vérifié chaque enveloppe: elles étaient toutes
vides. Mince alors! C’était quoi, cette histoire?
«Pour
vous, astucieux lecteur (sûrement expert en enveloppes de surcroît),
c’est peut-être évident mais, croyez-moi, j’en ai perdu mon latin une
minute ou deux. J’ai fini par comprendre qu’il n’y avait pas de bille
du tout mais quelque chose que les doigts du vieux joueur de billes que
j’étais ressentaient exactement comme une bille. Il s’agissait d’un
épiphénomène dû à ce que, sur chaque enveloppe, au sommet du “V” formé
par son rabat, il y a une triple épaisseur de papier plus une légère
épaisseur de colle. Conséquence inattendue de cet innocent design:
quand vous serrez entre vos doigts une centaine d’enveloppes
parfaitement superposées, vous ne pouvez pas comprimer cette zone
autant que les autres - il y a une résistance. Ce que vous ressentez au
bout des doigts évoque étrangement une dureté plus familière
(devrais-je dire plus réelle?).
«Un
épiphénomène, nous l’avons vu dans les chapitres antérieurs, est le
résultat collectif apparemment unique de nombreux événements
minuscules, souvent invisibles ou imperceptibles, voire complètement
insoupçonnés. En d’autre termes, on pourrait dire qu’un épiphénomène
est une illusion à grande échelle créée par la collusion de nombreux
petits événements qui n’on rien d’illusoire.
«Bref,
l’illusion épiphénoménale de la bille dans la boîte m’a si bien charmé
et fasciné que j’ai baptisé la boîte d’enveloppes “Epi” et l’ai gardée
depuis - cela fait bien trente ans ou plus. (Malheureusement, après
tout ce temps, la boîte se déglingue). Il m’arrive d’aller donner une
conférence sur le soi ou le “Je” en prenant Epi avec moi, histoire de
permettre à mes auditeurs de ressentir l’effet par eux-mêmes et de leur
rendre le concept d’épiphénomène - en l’occurrence le phénomène Epi -
extrêmement vivant et réel.
(…)
«Le
plus curieux dans ma bille épiphénoménale était que j’étais sûr que cet
“objet” dans la boîte était sphérique, que j’aurais pu estimer sans
hésiter son diamètre (un peu plus d’un centimètre, comme la plupart des
billes d’agate) et évaluer sa dureté (comparée, disons, à un jaune
d’oeuf ou une boule de glaise). Bien des aspects de cet objet
imaginaire avaient une consistance évidente et familière. En un mot, je
me suis laissé entraîner par une illusion tactile. Il n’y avait aucune
bille là-dedans: juste un épiphénomène statistique.
«Il
est toutefois indéniable que la phrase “quelque chose que les doigts
(…) ressentaient (…) comme une bille” apparaît bien plus clair au
lecteur que si j’avais écrit: “J’ai ressenti l’effet collectif de
l’alignement précis d’une centaine d’épaisseurs triples de papier et de
couches de colle”. Il a suffi que je parle d’une “bille” pour que vous
compreniez clairement ce que je ressentais. Si je n’avais pas utilisé
ce terme, auriez-vous pu prédire qu’un épais paquet d’enveloppes ferait
apparaître en son milieu quelque chose (quelque chose?) donnant
l’illusion d’une sphère parfaite, dont on puisse estimer la taille,
avec une consistance extrêmement solide, bref, que cet effet collectif
pût être ressenti comme un objet physique très simple et très familier?
J’en doute fortement. Il y a donc avantage à ne pas rejeter le terme de
“bille”, même s’il n’y a pas de bille véritable dans la boîte. Il
existe quelque chose qu’on ressent parfaitement comme étant une bille.
C’est là un fait essentiel dans ma façon de dépeindre et dans votre
façon de comprendre la situation.»
Il y a donc avantage à
ne pas rejeter le terme de “bille”, même s’il n’y a pas de bille
véritable dans la boîte. Ce n’est pas parce qu’une personne a réalisé
que “je” n’était qu’un épiphénomène illusoire, ce qui est la pure
vérité, que cet épiphénomène n’est plus agissant. Il n’a pas
d’existence propre, certes, mais ce qu’il recouvre, ce qu’il décrit et
ce qu’il explique, lui, est bien réel. Ce n’est pas parce qu’on apprend
que l’anticyclone des Açores n’est qu’un épiphénomène résultant de la
convergence de certains courants atmosphériques et marins, autrement
dit qu’il n’a aucune réalité intrinsèque, que les éléments qui “le”
constituent ne sont pas pour autant agissants. La seule manière
adéquate, même si elle fait appel à une illusion, de décrire l’effet
réel de ces constituants est de dire: “C’est l’anticyclone des Açores
qui détermine le beau temps en Europe de l’Ouest.” De la même manière,
quelqu’un qui aurait percé à jour l’illusion de “je”, n’a pas pour
autant réglé son compte au fait que ce terme de “je” recouvre un
faisceau d’éléments bien réels et agissants, et, qu’on le veuille ou
non, il n’y a aucun autre moyen, dans le langage courant, de parler de
ce faisceau autrement qu’en l’appelant: “je”. De plus, et quoi qu’elle
en pense, cette personne n’est non plus nullement dispensée de
s’occuper de ce faisceau ni de lui faire subir la lessive qu’il
nécessite, sous prétexte que “je” n’existerait pas. Source |
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