Regards sur l'éveil
Café philosophique, littéraire et scientifique
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daniel
Inscrit le: 15 Fév 2006 Messages: 9284 Localisation: belgique
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Posté le: Ve 29 Déc 2023 17:39 Sujet du message: Credo : le Retour au Réel |
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Bonjour tout le monde
Le credo de Jean-Yves Leloup, pour, l'an qui vient ...
Notre avenir ? La mort ou l’éternité ?
Dire que notre avenir c’est la mort, ce n’est ni très sérieux, ni très intéressant.
Notre avenir, c’est l’éternité, le non-temps.
Certains diront que cette éternité est une illusion, une consolation.
N’est-ce pas plutôt l’avenir qui est une illusion, une idolâtrie consolatrice puisqu’il est malgré tous les prolongements qu’on peut lui imaginer voué à l’impermanence et à la mort ?
L’éternel, c’est le Réel.
Se soucier de son éternité plutôt que de son avenir, n’est-ce pas du bon sens avant d’être de l’intelligence et du discernement ?
Mais dira-t-on : « le temps peut-il connaître le non-temps » ?
Vérifiez : arrêtez trois minutes d’« avoir des pensées ». Soyez simplement, silencieusement, conscient…
Voyez ! Écoutez !
Vous voyez quoi ?
L’invisible, l’espace, qui est partout et toujours là.
Vous entendez quoi ?
Le silence qui est partout et toujours là.
Le Réel, la vie, étaient là avant que vous y pensiez. Le Réel, la vie, seront toujours là quand vous cesserez d’y penser…
Se soucier de son avenir et de l’avenir du monde ne change rien à notre destin. Se soucier de notre éternité, n’est-ce pas devenir libre à l’égard du destin et changer de monde ?
Pourquoi dit-on que l’éternité, cet invisible, « cet obscur et lumineux silence » est une illusion, un rêve, alors que c’est la réalité que nous avons sans cesse devant les yeux, la lumière sans laquelle nous ne pourrions rien voir, l’espace qui demeure quand tout ce qui le remplit ou l’encombre s’efface et meurt ?
N’est-ce pas plutôt ces mille et une choses que nous voyons qui sont une illusion, puisqu’elles changent sans cesse, à peine apparues, elles disparaissent ?
« L’univers tel que nous le voyons est en train de disparaître ». Tout le monde le sait et personne ne veut le savoir.
Est-ce légitime et raisonnable de tant se préoccuper de ce qui doit disparaître et de donner si peu d’attention à ce qui demeure, cet ineffable et effrayant silence qui est partout et toujours là ?
Écoute ! Sois attentif à ce qui est là vraiment ! C'est l'exercice nécessaire pour revenir au Réel. C’est ce qu’il faut chercher « d’abord ». Tout le reste, le temps, les univers, nos plus proches et nos plus lointains, sont des êtres relatifs. Ils nous sont donnés par surcroît, non pour les mépriser, ni pour les idolâtrer, mais pour les célébrer. Les remercier comme manifestations de l’invisible infini silence.
Comment ne pas se souhaiter une nouvelle année moins soucieuse de l’avenir et de ses illusions, une année plus attentive à l’éternité, au non-temps, à cette conscience de la présence invisible et silencieuse partout et toujours là ?
Douter du soleil n’enlève rien à sa clarté, mais nous prive de sa clarté.
À toutes ces ombres annoncées, puissions-nous répondre avec un corps, un cœur et un esprit ensoleillés…
- Jean Yves Leloup, décembre 2023
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sèpher
Inscrit le: 31 Oct 2011 Messages: 1536 Localisation: paris
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Posté le: Sa 30 Déc 2023 10:57 Sujet du message: |
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Le texte de Jean-Yves Leloup résonne profondément en moi, et voici ce qui émerge en réponse à ses paroles : l'éternité n'est pas un concept lointain ou un idéal à atteindre, mais la véritable essence de ce que nous sommes. Cette compréhension révèle une perspective fondamentale : miser sur l'impermanence, c'est en fait nourrir l'esprit de séparation, une démarche qui nous fait considérer comme incomplets, nous lançant dans la quête d'objets éphémères pour combler un sentiment d'existence.
L'idée de séparation est au cœur de la dualité bien/mal. Le "mal" est perçu comme un état de privation de notre être véritable, tandis que le "bien" est ce qui nous rapproche ou nous restitue cet état d'être. En réalité, cette dualité masque une vérité plus profonde : nous sommes, dans notre essence, cette éternité d'être. Il n'y a rien à combler ou à corriger. Notre tâche est plutôt de voir l'irréel, l'illusion, et de ne plus y adhérer.
Adhérer à l'illusion c'est croire en la séparation, c'est vivre dans une dichotomie artificielle entre ce qui est considéré comme bien et mal. Or, cette vision binaire ne fait que perpétuer un cycle de recherche et d'insatisfaction, masquant notre véritable nature. Dans l'étreinte de cette éternité d'être, nous découvrons une réalité où la séparation n'existe pas, où la dualité n'est qu'une construction mentale.
En nous alignant avec cette compréhension, nous pouvons lâcher le mouvement interne de séparation et embrasser notre complétude. Cela signifie reconnaître l'illusion non pas comme une erreur à corriger, mais comme un voile à lever pour révéler la vérité de notre nature éternelle. En faisant cela, nous nous libérons des chaînes de la dualité et entrons dans un espace de clarté et de paix, où être simplement est la plus grande vérité. _________________ Si l'on vous demande : Quel est le signe de votre Père qui est en vous ? Dites-leur : C'est un mouvement et un repos . Thomas (evangile apocryphe) |
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daniel
Inscrit le: 15 Fév 2006 Messages: 9284 Localisation: belgique
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Posté le: Sa 30 Déc 2023 16:37 Sujet du message: |
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Bonjour sèpher et heureuse année !
Citation: | En nous alignant avec cette compréhension, nous pouvons lâcher le mouvement interne de séparation et embrasser notre complétude. Cela signifie reconnaître l'illusion non pas comme une erreur à corriger, mais comme un voile à lever pour révéler la vérité de notre nature éternelle. En faisant cela, nous nous libérons des chaînes de la dualité et entrons dans un espace de clarté et de paix, où être simplement est la plus grande vérité. |
Oui ! La Maya ! |
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sèpher
Inscrit le: 31 Oct 2011 Messages: 1536 Localisation: paris
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Posté le: Sa 30 Déc 2023 22:39 Sujet du message: |
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tres belle année a toi aussi daniel _________________ Si l'on vous demande : Quel est le signe de votre Père qui est en vous ? Dites-leur : C'est un mouvement et un repos . Thomas (evangile apocryphe) |
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Reality66
Inscrit le: 27 Avr 2024 Messages: 63 Localisation: Languedoc-Roussillon
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Posté le: Ma 07 Mai 2024 16:54 Sujet du message: |
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daniel
Je reprends ici ta question proposée dans 'À propos de Jean-Yves' car ça peut résonner pour ce sujet :
"Donc pour toi la Réalité c'est plus la conscience que Dieu."
Effectivement, la réalité que nous considérons provient de notre tendance à être réaliste, objectif.
Kierkegaard (existentialisme) parle de la notion de "vérité subjective". Je crois que l'expérience de la crainte de Dieu est un bon exemple pour illustrer cela. Il y a objectivement une émotion froide puis une chaude qui pourraient être dues à diverses causes et la moins probable pour un scientifique rationaliste, voire qualifiée d'imaginaire, serait cette crainte de Dieu. Ce scientifique pourrait énumérer toutes les causes à ces émotions, selon toutes les réalités connues dans son univers scientifique. Pourtant, dans ce cas précis, le réel lui échapperait complètement. Pour le coup ce serait le scientifique qui dirait que la cause défendue par le sujet de son expérience est une illusion produite par les sens.
Le réel est à l'image de Dieu, insaisissable, mais notre subjectivité nous permet des ponts, remettant en jeu les certitudes de notre conscience.
Un aphorisme du code du bushido dit : tu es déjà mort.
On plonge ici, par notre subjectivité, en plein réel. Notre conscience est "frappée" sur quelque chose dont elle peine à comprendre. Elle aura des difficultés à nier avec certitude.
En combat "réel" cet aphorisme montre clairement toute sa valeur. Le fait d'en faire une vérité subjective mène dans un tel moment, que l'on pourrait croire mal choisi, à une expérience de l'être, puisque l'ego a abdiqué.
De même, un autre adage dit : celui qui cherche à préserver sa vie sur un champ de bataille a plus de chance de la perdre que de la sauver.
En effet, ne pas croire que l'on est déjà mort conduit à suivre ses illusions de devoir sauver sa vie et un tel fardeau occupe presque entièrement la conscience, divise corps et esprit.
Je crois que chacun possède des exemples personnels sur ces choses-là ! _________________ S'il suffisait de croiser les jambes pour atteindre l'illumination toutes les grenouilles seraient Bouddha. ( Taisen Deshimaru ) |
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daniel
Inscrit le: 15 Fév 2006 Messages: 9284 Localisation: belgique
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Posté le: Ma 07 Mai 2024 22:01 Sujet du message: |
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Tu sais, je n'ai pas étudié la philosophie académique ... et pourtant, j'ai longtemps été existentialiste (mais, genre st germain des prés), puis, je me suis rendu compte qu'il ne prenait pas assez en compte que l'on était conditionné, sans existence propre, au sens bouddhiste du terme
L'expérience de bushido dont tu parles, ressemble à ce qu'a connu Ramana Maharshi ... l'expérience que j'ai connu, il y a 20 ans, ressemblant à ce qu'on appelle le "sentiment océanique", m'a fait réaliser que : "j'étais l'univers entier dans une forme particulière et passagère et que le fait de le savoir permet de ne plus vouloir que dure ce qui ne dure pas et de ne plus courir après des chimères
Cette expérience semble croiser ce dont tu parles, non !?
Les existentialistes ne veulent pas vieillir ... ce n'est pas mon cas ... |
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Reality66
Inscrit le: 27 Avr 2024 Messages: 63 Localisation: Languedoc-Roussillon
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Posté le: Me 08 Mai 2024 10:25 Sujet du message: |
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Oh, le conte de Saint Germain c'est plutôt de l'époque des spiritualistes au sens d'occultisme. L'existentialisme vient plus tard et c'est vrai que pour certains auteurs de ce courant l'être est libre de s'accomplir. On pourrait peut-être y voir l'une des origines du développement personnel.
Le "sentiment océanique", à ce que je sais vient de Freud (mais il a tellement récupéré à son compte...). Ce sentiment de fusion lui permet de justifier que l'expérience mystique serait un retour (psychique) à l'ambiance amniotique, où le fœtus baigne dans un univers de plaisir. Pour cet auteur, la religion c'est de l'enfantillage !
Il m'apparait très concevable que ce sentiment océanique puisse être une transition vers l'éveil, puisque l'éveil pour certains c'est renaître ! Qu'on en fasse de ce sentiment un refuge c'est une autre histoire.
Je ne vois pas précisément ce vécu de R. Maharshi.
Mes propos sont assez pointus parfois alors que ce sont les mots qui le sont. Les anecdotes parlent souvent mieux. Que tu ne cours plus après des chimères c'est aussi ce que je racontais et Confucius lorsqu'il dit " ne cherchez pas à garder votre emploi, cherchez plutôt à rester employable. " souligne également que c'est le progrès en soi qui importe, sans s'attacher à des illusions, d'entretenir des idées fixes. _________________ S'il suffisait de croiser les jambes pour atteindre l'illumination toutes les grenouilles seraient Bouddha. ( Taisen Deshimaru ) |
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