Regards sur l'éveil
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Pierre
Inscrit le: 22 Nov 2005 Messages: 68 Localisation: Toulouse
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Posté le: Je 29 Mai 2014 17:08 Sujet du message: Spiritualité aristocratique et spiritualité bourgeoise |
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Bonjour à tous,
Il y a bien longtemps que je ne m'étais exprimé sur ce forum, que je lis toujours avec beaucoup de plaisir et d'intérêt (j'en profite pour saluer et souhaiter la bienvenue à Viirguliino dont le parcours me parle beaucoup). Certains échanges récents, et d'autres plus anciens, m'ont valu quelques réflexions que je vous livre.
J'ai regardé il y a peu des extraits d'une série, "Donwton Abbey", qui dépeint le quotidien d'une famille d'aristocrates dans l'Angleterre du début XXème. Je fus frappé de ce que les maîtres, loin d'être représentés comme des parasites privilégiés, s'efforçaient de tenir leur rang en exprimant au mieux les vertus les plus nobles. Comme les domestiques s'efforçaient pareillement de servir au mieux leurs maîtres, on avait le sentiment que ce petit monde, loin d'être en conflit de classe, œuvrait conjointement pour tendre vers l'excellence. Excellence du service pour les uns, excellence de la vertu pour les autres. D'ailleurs, le mot aristocratie vient du grec et signifie "le meilleur". Dans l'idéal aristocratique, qui date de l'antiquité, l'aristocrate est celui qui exprime le meilleur de son peuple, soutenu en cela par ses serviteurs. Loin de jouir des privilèges issus de leur naissance et qu'ils se seraient appropriés comme allant de soi, ils tiennent leur rang, avec abnégation, souci de l'autre, et se donnent à leurs valeurs avec autant de zèle que leurs domestiques se donnent à leur service (qui va, pour l'anecdote, jusqu'à repasser les pages du journal avant de l'apporter au maître).
Je ne cherche pas à rentrer dans un débat sur la place et la valeur de l'aristocratie dans la société, ni même dans des considérations historiques. Ce que je cherche à évoquer est quelque chose qui est commun avec le comportement des samouraïs, ou des fondamentalistes religieux, de toutes ces personnes qui adhérent à un code de conduite faisant peu cas de leur intérêt personnel et exigeant souvent abnégation, renoncement et don de soi. Ces comportements sont difficilement compréhensibles, particulièrement à l'esprit de notre temps lorsqu'il s'interroge en ces termes "Pourquoi font-ils cela ? A quoi cela leur sert-il ? Qu'est-ce qu'ils y gagnent ?"
Aux aristocrates ont succédé les bourgeois, et l'idéal de l'excellence a laissé la place à l'obsession des bonnes affaires. C'est cela l'esprit bourgeois : valoriser son avoir, donner priorité à son intérêt personnel (lequel se révélant d'ailleurs, pour peu qu'on le questionne, bien plus obscur qu'il n'y parait, mais le bourgeois est trop à l'affût de bonnes opportunités pour regarder dans cette direction là). Joaquim parlait dans un brillant message, il y a quelques semaines, du triomphe malheureux de l'individualisme et du rationalisme. Je propose une grille de lecture légèrement différente pour rendre compte de l'état de notre monde et du désenchantement de ceux qui le composent : nous sommes assujettis à cette injonction clandestine : "toujours, et en toute circonstances, tu t'efforceras de réaliser de bonnes affaires." Une injonction qui a débordé du seul domaine où elle avait un peu de légitimité - le domaine du commerce - pour s'infiltrer dans tous les domaines économiques (agriculture intensive, délocalisations, optimisations de toutes sortes) jusqu'à des domaines de plus en plus intimes : l'adoption de croyances confortables et rassurantes, la charité par mauvaise conscience, le développement personnel... Avoir une maîtresse, m'en payer une bonne tranche mais risquer que ma femme l'apprenne ou rester fidèle et me targuer de ma vertu ... mmh, voyons voyons, quel est le plus avantageux ? Reprendre du dessert ou conserver ma ligne ? Pour l'esprit bourgeois, tout se compare (selon des critères pas forcément très conscients), - le plaisir, la respectabilité, la richesse matérielle, le confort psychologique, ... - tout se soupèse, tout se calcule et tout s'optimise. Effectivement, le rationalisme est l'outil idéal pour s'adonner efficacement à de telles activités.
Mais ce n'est pas sans inconvénient : il faut quelqu'un qui se charge de la besogne. Ainsi, lorsqu'on adopte cette posture - et elle est si répandue dans notre société que nous en héritons à la naissance aussi sûrement qu'un aristocrate hérite de ses privilèges - on cristallise dans sa psychée un personnage fantôme, à la fois propriétaire, négociant, comptable et prédateur qui passe son temps à calculer, soupeser, évaluer son gain et rechercher de nouvelles affaires. Il veut bien se montrer généreux, mais à condition que ça lui rapporte ; au minimum la satisfaction de se savoir capable de générosité. Laisser ce Monsieur Prudhomme agir à notre place (mais n'est il pas celui qui connait le mieux nos intérêts ?), c'est à la fois entretenir un fantôme et transformer la vie en foire aux bonnes affaires, c'est à la fois se retirer de la réalité et l'enfouir sous des panneaux publicitaires et c'est faire allégeance à cette illusion si formidablement présente dans notre monde : illusion de gain, de perte, de profit et de bonnes affaires.
Or un jour, mon bon monsieur Prudhomme à moi a entendu parler d'une excellente affaire, l'affaire d'une vie, le jackpot cosmique, à côté de laquelle tout l'or du monde et tous ses privilèges ne sont que monnaie de singe. Il l'a vue au rayon spiritualité des grands magasins du Bon Dieu, dans une petite vitrine, entre un bon pour un aller simple au paradis et un ticket pour une réincarnation en aristocrate. L'éveil ça s'appelle ! Et comme il a le sens des affaires, notre bonhomme, il ne s'y est pas trompé. Tout le reste à côté c'est de la camelote, de l'attrappe gogo. Depuis ce jour, il ne cesse d'y penser. Il ne veut pas mourir avant d'avoir réalisé cette affaire là. Le prix n'étant pas indiqué, il s'est renseigné dans les catalogues, mais c'est loin d'être clair : certains disent que c'est gratuit, d'autres disent qu'il faut donner tout ce qu'on a, d'autres enfin que ce n'est pas à vendre, vu qu'on l'a déjà. C'est à n'y rien comprendre. Est-ce que la version gratuite dispose des mêmes fonctionnalités que la version payante ?. Si on l'a déjà, est-ce seulement le mode d'emploi qui est à vendre ? Et puis s'il n'est pas question d'acheter ni de vendre mais de donner, qu'est ce que ça peut bien vouloir signifier ? Comment peut-on prétendre donner si l'on espère un gain ?
Et depuis des années, monsieur Prudhome se tient régulièrement devant cette vitrine comme un chameau devant le chas d'une aiguille.
Jourdain disait de l'éveil (je cite de mémoire) qu'il doit s'appréhender avec un tel désintérêt que même la notion de désintérêt demeure trop intéressée. Je crois qu'il va falloir donner son congé à monsieur Prudhomme.
Je termine en revenant aux question posées ci-dessus à propos des aristocrates qui suivent un strict protocole, des domestiques qui s'adonnent sans limites à un service impeccable, des fondamentalistes qui se chargent de multiples interdits, ou du samouraï prêt à sacrifier sa vie pour son maître : "Pourquoi font-ils cela ? A quoi cela leur sert-il ? Qu'est-ce qu'ils y gagnent ?" Et bien je crois que ce faisant, justement, ils rompent avec leur monsieur Prudhomme, ils lui tournent le dos. Et que peut-être, pour eux, la vie la vie prend un relief, une réalité, une présence plus forte que pour ceux qui ne savent que rechercher les meilleures affaires.
Citation: | Il est grave : il est maire et père de famille
Son faux col engloutit son oreille. Ses yeux
Dans un rêve sans fin flottent insoucieux,
Et le printemps en fleur sur ses pantoufles brille.
Que lui fait l’astre d’or, que lui fait la charmille
Où l’oiseau chante à l’ombre, et que lui font les cieux,
Et les prés verts et les gazons silencieux ?
Monsieur Prudhomme songe à marier sa fille
Avec monsieur Machin, un jeune homme cossu.
Il est juste-milieu, botaniste et pansu.
Quant aux faiseurs de vers, ces vauriens, ces maroufles,
Ces fainéants barbus, mal peignés, il les a
Plus en horreur que son éternel coryza,
Et le printemps en fleur brille sur ses pantoufles
Paul Verlaine. |
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daniel
Inscrit le: 15 Fév 2006 Messages: 9284 Localisation: belgique
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Posté le: Ve 30 Mai 2014 18:11 Sujet du message: |
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Bonsoir Pierre !
Je salue ... Le fait que tu sois passé !
Pour moi ... L'aristocratie ... La bourgeoisie ... C'est ... Toujours ... Une histoire de pouvoir ... Une volonté de vouloir imposer ses prérogatives aux autres ... À qui ... On ôte (en réalité) ... Tout pouvoir !
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Pierre
Inscrit le: 22 Nov 2005 Messages: 68 Localisation: Toulouse
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Posté le: Sa 31 Mai 2014 7:54 Sujet du message: |
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daniel a écrit: | Pour moi ... L'aristocratie ... La bourgeoisie ... C'est ... Toujours ... Une histoire de pouvoir ... Une volonté de vouloir imposer ses prérogatives aux autres ... À qui ... On ôte (en réalité) ... Tout pouvoir !
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Bonjour Daniel,
L'aspect politique, je pense que tu l'as compris, n'est pas au coeur de mes réflexions. De toutes façons, où que nous portions notre regard dans le monde et dans l'histoire, nous tomberons toujours sur des pouvoirs organisés dominant les individus. Depuis la première prise de pouvoir à coup de griffes, de dents et de massue, jusqu'aux embargos états-uniens contre les pays qui leur déplaisent, les choses ont beaucoup évoluées sur la forme, mais le fond reste identique.
Non, ce qui m'intéresse, c'est de comparer l'effet de deux systèmes de valeur, - l'un faisant fi de notre intérêt personnel et l'autre, le bourgeois, centré sur lui - et de constater (quoiqu'il n'y ait rien de bien rigoureux dans mes élucubrations), que si le premier peut vivifier, le second nous anéantit, littéralement.(notons, je nuance, que "faire fi de notre intérêt personnel" ne se fait pas au détriment de la dignité, du respect que l'on se doit à soi même et aux autres.)
Qu'est ce que l'intérêt personnel, au fond ? Comment rendre compte de cette portion de néant que nous hébergeons et qui nous engloutit dès que nous prenons appui sur elle ? Elle se pare des habits du désir mais n'a rien de vivant ; c'est d'avantage une pente qu'un mouvement, une inclinaison sur laquelle on glisse à bon compte avec le sentiment d'avancer, une sorte de moyenne de toutes nos tendances. Suivre cette pente là, c'est marquer un peu plus le trait, c'est repasser aux mêmes endroits, tourner en rond, s'éteindre. Alors que le désir, lui, sourd et parfois même contraire à l'intérêt personnel, nous réveille et nous anime. |
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daniel
Inscrit le: 15 Fév 2006 Messages: 9284 Localisation: belgique
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Posté le: Sa 31 Mai 2014 12:29 Sujet du message: |
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Bonjour Pierre !
Pour moi ... Je pense qu'il faut ... D'abord se demander ... Si la vie à un sens ... Si tout ça a un sens !? ... Je n'en suis pas sûre ... |
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joaquim Administrateur
Inscrit le: 06 Août 2004 Messages: 6058 Localisation: Suisse
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Posté le: Sa 31 Mai 2014 13:53 Sujet du message: |
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Bonjour Pierre,
Content de te relire. Et merci de relancer un thème qui me tient très à coeur. Il semble bien loin des préoccupations de l’éveil, comme en témoigne la réaction de daniel, qui est emblématique de la position moderne — ou post-moderne ? Pourtant, je trouve que tu as réussi le tour de force de montrer en quoi la question sociale était liée à la question de l’éveil, et cela non pas par les répercussions sociales qu'aurait l'éveil, mais parce que la nature de la société dans laquelle on vit détermine la forme qu'y prend la quête de l'éveil. Je lis aujourd’hui un écho à cette question dans une remarque de Virgulino, qui m’excusera que je restitue ses paroles dans un contexte qu’il n’approuvera peut-être pas : «Ou bien peut-être serait-ce seulement ceci, la mission : servir.» Servir en tant que domestique, servir en tant qu’aristocrate, oui, il y a eu des formes sociales qui savaient ce que c’était que servir, qui offraient à leurs membres un cadre qui les invitait spontanément à se dépasser eux-mêmes à travers leur loyauté dans le service. On est loin de l’individu tout-puissant qu’a sécrété la société de consommation, qui ne peut voir son accomplissement que dans l’exercice de la liberté la plus totale, c’est-à-dire entravée par rien. Or, comme l’a relevé Virgulino dans ce même message, citant une phrase lue sur le forum : «la liberté est conscience en acte» (après recherche, il s’avère que cette phrase est... de toi : «Définition de liberté : conscience en acte», ICI). La liberté n’est pas le champ de tous les possibles offerts à l’appétit de l’individu, mais c’est traduire ce qu’on est en acte. Or tous les actes qui nous «mettent au service de» nous rapprochent bien plus de ce que l’on est, que ceux qui viennent combler tous nos désirs possibles. Parce que ce qu’on est, c’est un «tout» qui se révèle lorsqu’on se fait «rien». Alors que remplir le «rien» qu’on est par du «tout», ce qui correspond à la liberté telle qu’on l’entend aujourd’hui, c’est nourrir un appétit qui ne peut qu’enfler jusqu’à exploser. Il apparaît donc bien, malgré tous les préjugés de notre post-modernité arrogante envers les époques dites moyenâgeuses, que ces époques-là offraient à ceux qui y vivaient un cadre qui donnait naturellement sens à leur vie, sans qu’ils aient besoin de le chercher dans une quête désespérée, comme aujourd'hui. Je ne dis pas qu’il faille rétablir l’aristocratie, bien sûr, parce qu’on ne revient jamais en arrière. Mais il nous faut redécouvrir la noblesse, c’est-à-dire réapprendre à servir, plutôt que ne chercher en tout que le profit qui pourrait nous servir. Ce qui veut dire, pour la société, redécouvrir une forme de transcendance. |
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daniel
Inscrit le: 15 Fév 2006 Messages: 9284 Localisation: belgique
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Posté le: Sa 31 Mai 2014 15:00 Sujet du message: |
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Bonjour Joaquim !
J'dirais ... Que La Boétie a ... Quand même ... Écrit ... Le "discours de la servitude volontaire" ... En 1549 ...
Voici un extrait de ce qu'en dit ... Wikipédia :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Discours_de_la_servitude_volontaire#Comment_sortir_de_cette_s ervitude_.3F
De la pérennité de la tyrannie comme modèle de domination
La volonté de soumission
L’une des raisons de ce maintien de la servitude est que les tyrans usent de plusieurs stratagèmes pour affaiblir le peuple. D'abord, le peuple est engourdi par le théâtre et les passe-temps ludiques. La Boétie condamne ainsi ces « drogueries » : « Les théâtres, les jeux, les farces, les spectacles, les gladiateurs, les bêtes curieuses, les médailles, les tableaux et autres drogues de cette espèce étaient pour les peuples anciens les appâts de la servitude, la compensation de leur liberté ravie, les instruments de la tyrannie. » Le tyran allèche ses esclaves pour endormir les sujets dans la servitude. Il accorde des largesses à son peuple sans que celui-ci se rende compte que c’est avec l’argent même soutiré à ses sujets que ces divertissements sont financés. Ils font parfois, avant de commettre leurs crimes, de beaux discours sur le bien général et la nécessité de l’ordre public. D’autres utilisent l’artifice de la religion pour susciter la crainte du sacrilège, utilisant la tendance de l’ignorant à la superstition. La Boétie, dans un siècle pourtant marqué par les guerres de religion, distingue Dieu du pouvoir. Le pouvoir n’est pas d’origine divine, mais vient bien de la servitude des hommes.
Mais l'idéologie, les passe-temps ludiques et les diverses superstitions ne peuvent endormir que le « gros populas », et non pas les « hommes bien nés » et cultivés. « Toujours en est-il certains qui, plus fiers et mieux inspirés que les autres, sentent le poids du joug et ne peuvent s’empêcher de le secouer ; qui ne se soumettent jamais à la sujétion […] Ceux-là ayant l’entendement net et l’esprit clairvoyant, ne se contentent pas, comme les ignorants encroûtés, de voir ce qui est à leurs pieds, sans regarder ni derrière, ni devant ; ils rappellent au contraire les choses passées pour juger plus sainement le présent et prévoir l’avenir. Ce sont ceux qui ayant d’eux-mêmes l’esprit droit, l’ont encore rectifié par l’étude et le savoir. Ceux-là, quand la liberté serait entièrement perdue et bannie de ce monde, l’y ramèneraient ; car la sentant vivement, l’ayant savourée et conservant son germe en leur esprit, la servitude ne pourrait jamais les séduire, pour si bien qu’on l’accoutrât. » Ainsi, même sous un régime autoritaire, il y en aura toujours pour résister.
Mais la principale raison est qu'une partie de la population se met au service de la tyrannie par cupidité et désir d'honneurs. « Ce que j’ai dit jusqu’ici sur les moyens employés par les tyrans pour asservir [la contrainte, la coutume d’obéir, l’idéologie, les jeux ou les superstitions], n’est guère mis en usage par eux que sur la partie ignorante et grossière du peuple. » Ainsi, si le tyran veut maintenir sa domination, il doit trouver un autre stratagème pour les gens instruits. C'est là « le secret et le ressort de la domination, le soutien et le fondement de toute tyrannie » : rendre ces gens « complices » des « cruautés » du tyran, les asservir en leur donnant l'occasion de dominer d'autres à leur tour. Ce sont donc les courtisans qui se font les complices de la tyrannie, perdant du même coup leur propre liberté. Certains hommes flattent leur maître espérant ses faveurs, sans voir que la disgrâce les guette nécessairement, devenus complices du pouvoir. Ainsi se forme la pyramide sociale qui permet au tyran d’« asservir les sujets les uns par le moyen des autres ». La résistance et l'usage de la raison sont donc les moyens de reconquérir la liberté (La Boétie ne fait aucune théorie de la révolte populaire) car les tyrans « ne sont grands que parce que nous sommes à genoux ».
La tyrannie s’assimile à une pyramide fondée sur le contrôle social: « cinq ou six ont eu l’oreille du tyran […]. Ces six ont six cents qui profitent sous eux, et qui font de leurs six cents ce que les six font au tyran […] ces six cents en maintiennent sous eux six mille… ». Une majorité a alors intérêt à la tyrannie. La structure hiérarchique du pouvoir permet d’enfermer la majorité dominée en différents sous-groupes intermédiaires.
Or, ces courtisans sont encore moins libres que le peuple opprimé : « Le laboureur et l’artisan, pour tant asservis qu’ils soient, en sont quittes en obéissant ; mais le tyran voit ceux qui l’entourent, coquinant et mendiant sa faveur. Il ne faut pas seulement qu’ils fassent ce qu’il ordonne, mais aussi qu’ils pensent ce qu’il veut, et souvent même, pour le satisfaire, qu’ils préviennent aussi ses propres désirs. Ce n’est pas tout de lui obéir, il faut lui complaire, il faut qu’ils se rompent, se tourmentent, se tuent à traiter ses affaires et puisqu’ils ne se plaisent que de son plaisir, qu’ils sacrifient leur goût au sien, forcent leur tempérament et le dépouillant de leur naturel […] Est-ce là vivre heureusement ? Est-ce même vivre ? […] Quelle condition est plus misérable que celle de vivre ainsi n’ayant rien à soi et tenant d’un autre son aise, sa liberté, son corps et sa vie ! »
Comment sortir de cette servitude ?
Pour sortir de cette domination il faut sortir de l'habitude. L'homme qui connaît la liberté n'y renonce que contraint et forcé. Mais ceux qui n'ont jamais connu la liberté « servent sans regret et font volontairement ce que leurs pères n’auraient fait que par contrainte. La première raison pour laquelle les hommes servent volontairement, c’est qu’ils naissent serfs et qu’ils sont élevés comme tels. » Comme le précise La Boétie, « on ne regrette jamais ce que l’on n’a jamais eu ».
Ce n'est pas que l'homme nouveau ait perdu sa volonté, c'est qu'il la dirige vers la servitude : le peuple, comme s'il était victime d'un sort, d'un enchantement, veut servir le tyran. En effet, pour l’auteur du Discours, la domination du tyran ne tient que par le consentement des individus. Sans ce consentement, la domination ne serait rien : « soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres ». Les hommes sont responsables de leur assujettissement au pouvoir. En un mot, la tyrannie repose moins sur la répression que sur la dépossession volontaire de la liberté.
Pour La Boétie, la liberté n'est pas l'objet de la volonté, mais désir (volonté) et liberté sont confondus : désirez et vous êtes libre, car un désir qui n'est pas libre n'est pas concevable, n'est pas un désir. La liberté c'est ce que nous sommes, et si vous n'êtes pas libre, c'est que vous avez renoncé à votre désir. Le point central de la domination est ainsi le refus par le moi, le je, de s'assumer comme liberté.
C’est le principe de la désobéissance civile qui sera ensuite repris d’Henry David Thoreau à Gandhi. La Boétie est un de ces premiers théoriciens d’un mode d’action qu’il faut distinguer de la rébellion, qui elle est active. Sans le soutien actif du peuple, les tyrans n’auraient aucun pouvoir. La désobéissance passive suffit à briser les chaînes de la domination.
Comment ne pas rentrer dans la servitude ? En gardant l'esprit libre. Un tyran peut-il régner sur un peuple d'Hommes Libres ? (Inspiration de saint Augustin)
L'important ... En ce qui nous concerne ... C'est ... Bien sûr la pertinence du contenu du texte ... Mais ... Surtout ... Le fait que ça a été écrit en 1549 !
Et pour pouvoir ... Agir en conscience ... Il faut ... Bien ... D'abord ... Être libre ... J'ajouterais ... Être en liberté ... Y parvenir ... C'est ce qui est le plus dure ! |
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daniel
Inscrit le: 15 Fév 2006 Messages: 9284 Localisation: belgique
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Posté le: Sa 31 Mai 2014 15:23 Sujet du message: |
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Bah! ... J'ajoute les deux premières réflexions ... Dans Wikipédia ... Du texte de La Boétie !
Comment un homme arrive-t-il à dominer un peuple ?
Le Malencontre : origine de la dénaturation.
La Boétie découvre, par glissement hors de l'Histoire, que la société où le peuple veut servir le tyran est historique, qu'elle n'est pas éternelle et n'a pas toujours existé, qu'elle a une date de naissance et que quelque chose a dû nécessairement se passer, pour que les hommes tombent de la liberté dans la servitude : « quel malencontre a été cela, qui a pu tant dénaturer l’homme, seul né de vrai pour vivre franchement [librement] ; et lui faire perdre la souvenance de son premier être, et le désir de le reprendre ? »
Le Malencontre est un accident tragique, une malchance inaugurale dont les effets ne cessent de s'amplifier au point que s'abolit la mémoire de l'avant, au point que l'amour de la servitude s'est substitué au désir de liberté. La Boétie considère donc le passage de la liberté à la servitude « sans nécessité » et affirme que la division de la société entre ceux qui commandent et ceux qui obéissent est « accidentelle ». Ce qui est désigné ici, c'est bien ce moment historique de la naissance de l'Histoire, cette rupture fatale que constitue dans l’histoire de l’humanité la naissance de l’État. Or, celle-ci est contingente, et non pas inévitable.
Cette chute de la société dans la servitude volontaire de presque tous à un seul fait apparaître un homme nouveau, qui n'est plus un homme, pas même un animal, puisque « les bêtes… ne se peuvent accoutumer à servir, qu’avec protestation d’un désir contraire… », cet être difficile à nommer est dénaturé. Car la servitude est contraire à l’état de nature : « Ce qu’il y a de clair et d’évident pour tous, et que personne ne saurait nier, c’est que la nature, premier agent de Dieu, […] nous a tous créés et coulés, en quelque sorte au même moule, pour nous montrer que nous sommes tous égaux, ou plutôt frères. »
L’état de nature voudrait donc que les sociétés soient « égalitaires » où personne ne pourrait détenir du pouvoir sur les autres. C’est-à-dire le contraire de la servitude que connaissent les peuples. La première cause de la servitude est donc l'oubli de la liberté, et la coutume de vivre dans une société hiérarchisée où règne la domination des uns sur les autres. « La première raison de la servitude volontaire, c'est l'habitude » ; « la première raison pour laquelle les hommes servent volontairement, c'est qu'ils naissent serfs et qu'ils sont élevés dans la servitude ».
La liberté délaissée.
C’est bien le peuple qui délaisse la liberté, et non pas le tyran qui la lui prend. En effet, comment expliquer que les hommes non seulement se résignent à la soumission mais, bien plus, servent avec leur plein consentement ? Ainsi certains hommes seraient même prêts à perdre leur vie pour le tyran. Seule la servitude de l’homme permet au tyran de rester au pouvoir, l’obéissance est un préalable à la violence.
Face à l’individu qui s’est soumis, La Boétie refuse d’opposer les bons princes aux mauvais tyrans. Qu'importe en effet que le prince soit d'un naturel aimable ou cruel : n'est-il pas, de toute manière, le prince que le peuple sert ? « S’ils arrivent au trône par des moyens divers, leur manière de régner est toujours à peu près la même. Ceux qui sont élus par le peuple le traitent comme un taureau à dompter, les conquérants comme leur proie, les successeurs comme un troupeau d’esclaves qui leur appartient par nature. »
Aux questions pourquoi le Malencontre est-il advenu ? – pourquoi la dénaturation de l'homme a-t-elle eu lieu ? – pourquoi la division s'est-elle installée dans la société ?, La Boétie ne répond pas. Elle concerne, énoncée en termes modernes, l'origine de l’État. Mais rien ne permet à l’auteur de comprendre pour quelles raisons les hommes renoncèrent à la liberté. Il tente en revanche d'apporter une réponse à la seconde question : comment le renoncement à la liberté peut-il être durable, comment l'inégalité se reproduit-elle constamment ?
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joaquim Administrateur
Inscrit le: 06 Août 2004 Messages: 6058 Localisation: Suisse
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Posté le: Sa 31 Mai 2014 16:37 Sujet du message: |
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Bonjour daniel,
Comment se fait-il que la fermentation depuis le XVIème siècle des idées nouvelles, et ô combien légitimes comme celles de La Boétie, touchant à la liberté et à l’égalité des droits, ait conduit aujourd’hui à une société où l’égalité des chances justifie la compétition et la victoire des plus forts selon le mérite — ce qui les dispense du devoir de servir, sinon par philanthropie —, et où la liberté est confisquée par la quête du profit ? Les humains n’ont-ils pas été à la hauteur de ces idées ? Ou bien ces idées, phares de la raison, recèlent-elles un vice caché ? Je serais curieux de connaître ton avis sur la question. |
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daniel
Inscrit le: 15 Fév 2006 Messages: 9284 Localisation: belgique
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Posté le: Sa 31 Mai 2014 16:57 Sujet du message: |
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joaquim a écrit: | Bonjour daniel,
Comment se fait-il que la fermentation depuis le XVIème siècle des idées nouvelles, et ô combien légitimes comme celles de La Boétie, touchant à la liberté et à l’égalité des droits, ait conduit aujourd’hui à une société où l’égalité des chances justifie la compétition et la victoire des plus forts selon le mérite — ce qui les dispense du devoir de servir, sinon par philanthropie —, et où la liberté est confisquée par la quête du profit ? Les humains n’ont-ils pas été à la hauteur de ces idées ? Ou bien ces idées, phares de la raison, recèlent-elles un vice caché ? Je serais curieux de connaître ton avis sur la question. |
Mais ... Les rapports de force ont-ils changé ... Depuis ...
La mise en avant de l'ègalité des chance ... N'est-.elle pas qu'un leurre ...
Pour le reste ... Il y a ... Effectivement ... Un vice caché ... Mais lequel ... Ça ... |
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Pierre
Inscrit le: 22 Nov 2005 Messages: 68 Localisation: Toulouse
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Posté le: Sa 31 Mai 2014 17:12 Sujet du message: |
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Le vice caché, si je puis me permettre, c'est que l'homme libéré de servitudes non seulement hiérarchiques, mais aussi physiques - qui peine dans notre monde à gagner son pain autant que nos ancêtres ?- et sans doute d'autres encore, s'est, sans s'en rendre compte, retrouvé soumis à un tyran intériorisé qui le pousse en toute occasion à maximiser son profit (ce que j'appelle réaliser de bonnes affaires). Peut-être que, pour paraphraser la Boetie, l'homme a la liberté en horreur au point qu'à peine délivré d'un maître, il ne peut s'empêcher de s'en créer un autre. Le monde capitaliste s'est parfaitement accommodé de ce tyran-là et s'en sert même allègrement pour poursuivre son développement.
Tant qu'à faire dans la comparaison, que pensez-vous de celle-ci : je me suis toujours étonné que dans des pays bien moins riches que les nôtres, le petit peuple, pourtant contraint par la faim, par une police corrompue, par un gouvernement despotique, exprime une joie de vivre, une attention à l'autre qui semble avoir désertée l'espace public chez nous. Les gens se parlent dans les trains, rient ensemble dans les bus, se saluent dans les rues. A côté, avec nos casques sur les oreilles, nos visages maussades, nos pouces frénétiquement agités contre les vitres de nos smartphones, nous faisons figure de zombis, tristes et solitaires, sans coeur et sans âme. |
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Alain V
Inscrit le: 24 Fév 2007 Messages: 6318
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Posté le: Sa 31 Mai 2014 21:51 Sujet du message: |
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Salut Pierre,
Du voyage en Inde que j'avais fait, il y a trente ans de cela, c'est ce qui m'avait le plus marqué. Je sortais d'une société ou les '' possédants '' étaient globalement tristes et j'arrivais dans une société ou les '' démunis '' semblaient à chaque instant afficher leur joie de vivre. Bon, il est clair qu'aucune société n'est idéale, mais cette différence d'approche face à la vie était si caractéristique qu'on ne pouvait pas ne pas la remarquer.
Je suis d'accord également sur la notion de '' servir ''. Je trouve que c'est noble de servir mais que notre société enléve au '' servir '' sa noblesse parce que l'idéologie dominante met en avant le fait, au contraire, de servir le moins possible...et de se faire servir le p lus possible. |
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Pierre
Inscrit le: 22 Nov 2005 Messages: 68 Localisation: Toulouse
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Posté le: Di 01 Juin 2014 8:33 Sujet du message: |
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joaquim a écrit: | Lorsqu'on sent l'éveil tout proche, mais qu'on n'est pas “dedans”, on a envie d'y “entrer”. Et c'est justement cette envie qui nous maintient “au-dehors”, car elle souligne notre frontière avec ce Tout dans lequel on aimerait s’immerger. En fait, il faut ne pas vouloir y entrer. Il ne suffit pas de ne pas vouloir y entrer: il faut ne pas vouloir y entrer. La passivité ne mène à rien. Il faut être actif, mais une activité entièrement occupée par l’attente — plus encore, entièrement satisfaite par l’attente. Bien souvent, on sent monter en soi une vague dont on pense qu’elle pourrait nous propulser au-delà de soi. Et on se met en tâche de la renforcer. C’est là qu’on gâche tout. Comme si elle avait besoin de notre aide. Quelle arrogance. Et pourtant, elle a besoin de nous. De notre présence. Elle a besoin qu’on soit là, qu’on se tienne face à elle, qu’on croie suffisamment en soi et qu’on s’aime assez pour rester ainsi tout nu face à elle, sans rien lui apporter, que notre seule présence. Tout est là. On est encore face à “rien”, et à ce moment-là, ce qui est, au sens fort, c'est notre attente. Non pas son but, mais l’attente elle-même. Tout le reste, ce sont des projections du désir. De l’évanescent. Mais l’attente, elle, est réelle. Si on parvient à la laisser seule être, à prendre appui sur elle, et non pas sur l'objet qui la soulagerait, on prend appui sur la seule parcelle d'être qu’on a à sa disposition. Aussitôt qu’on le fait, qu'on pose le pied sur la réalité de cette attente, c’est comme si le fond de la conscience cédait, et nous faisait basculer dans l'Être. |
A la lumière de mes dernières réflexions sur Monsieur Prudhomme, - le fantôme de l'intérêt personnel hantant nos consciences -, j'aimerais exprimer quelques commentaires sur ce texte de Joaquim. Le désir d'éveil nous rend celui-ci inaccessible, même lorsqu'il est à notre portée, parce que ce désir est avidité. Désirer l'éveil, c'est confier la charge de nos affaires spirituelles aux bons soins de Monsieur Prudhomme. Jourdain parlait de crever tous les yeux de la pensée. L'intérêt personnel en est un : un œil de la pensée qui n'a jamais rien vu, un cercle fantôme qui détruit ce qu'il touche. Le réel se délite si on le regarde à travers "mon intérêt personnel" car "mon intérêt personnel" n'existe pas. Jourdain comparait cette attitude à celle consistant à chasser une mouche importune en écrasant la définition du mot mouche dans le dictionnaire.
Il faut contenir cette avidité-là, (et pour ma part, ce sera avec des manières d'aristocrate anglais, avec ce petit côté flegmatique et amusé) pour ne pas ressembler à des porcs, à des crevards spirituels qui vont se jeter sur n'importe quel phénomène un peu émouvant se produisant en leur for intérieur en se réjouissant que "ça y'est, ça bouge, ça vient !!".
Pitié ! Nos ancêtres ont mis des milliers d'années à faire flamber deux bouts de bois. Acceptons qu'il nous faille quelques générations pour apprendre à faire se consumer notre âme.
Et puis savoir se contenir, c'est exprimer un comportement empreint de dignité, une dignité qui se manifeste beaucoup moins chez le vorace qui n'attend pas que tout le monde soit servi avant de commencer à manger. Et cette dignité-là offre de la consistance, puisque c'est bien moi, par un effort bien réel, qui suis à la manœuvre. Plus qu'être digne d'ailleurs, c'est déjà être libre que de se comporter ainsi. Car d'où viendrait cette étonnante possibilité qui nous est offerte de renoncer à suivre la "bonne affaire du moment", - autrement dit la pente de nos déterminismes - si ce n'est de l'exercice d'une liberté souveraine.
Se satisfaire de l'attente me semble difficile. En revanche se satisfaire de sa capacité à contenir son avidité (sans s'en faire un mérite, bien sûr, mais à l'anglaise, flegme et sourire en coin) et à continuer à faire passer le service à l'Autre avant son propre intérêt, voilà qui me semble possible et tombant sous le sens. |
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Alain V
Inscrit le: 24 Fév 2007 Messages: 6318
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Posté le: Di 01 Juin 2014 9:43 Sujet du message: |
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@Pierre,
Tu dis:
''En revanche se satisfaire de sa capacité à contenir son avidité (sans s'en faire un mérite, bien sûr, mais à l'anglaise, flegme et sourire en coin) et à continuer à faire passer le service à l'Autre avant son propre intérêt, voilà qui me semble possible et tombant sous le sens ''.
C'est possible mais qui applique cette façon de vivre ? Combien en sont capables ? Et que signifie vraiment '' son propre intérêt '' ? Ou se trouve t- il cet intérêt propre ?
Souvent, ceux qui font passer le service à l'autre avant leur propre intérêt, le font parce qu'ils ont pris soin auparavant de mettre à l'abri, leurs intérêts. Et c'est très bien d'ailleurs, je n'ai rien à dire la dessus.
Il n'y a que les situations extrêmes dans l'existence, ou parfois même on mettra sa vie en question au bénéfice de l'autre, si on est capable.
Sinon la plupart des humains pensent d'abord à leurs intérêts.
Aussi cette idée de '' faire passer le service à l'autre avant son propre intérêt '' ne me parait pas vraiment juste, même si elle s'accompagne de '' flegme et d'un sourire ''.
Dés que l'on me dit '' avant mon propre intérêt '' je ne sais pas trop quoi en penser.
J'aime l'idée de '' se mettre au service des autres '' mais pas celle de '' avant son propre intérêt '', car ce '' propre intérêt '' la plupart du temps il n'est pas montre, il est caché, et protégé ( et c'est très bien comme ça parce que c'est indispensable pour préserver sa survie ). |
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adrien
Inscrit le: 24 Mai 2014 Messages: 174 Localisation: Iles du vent, océan Pacifique
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Posté le: Di 01 Juin 2014 11:42 Sujet du message: |
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Point de vue contemporain de Barry Long :
Citation: | Notre civilisation, comme toutes les autres avant elle, a servi la cause de l'évolution planétaire. En tant que partie de l'expérience cosmique de la terre, elle a réussi. Mais sa faiblesse et son incompétence à se maintenir en tant que mode de vie civilisateur se retrouve dans l'opportunisme de ses valeurs changeantes. Notre faillite particulière est la duplicité intellectuelle, nos doubles normes. En deux mille ans, la civilisation occidentale n'a réussi à être honnête ni avec elle-même, ni avec ses citoyens. Les temps dans lesquels nous avons vécu ne l'ont pas permis. Par "temps", je veux dire le pouvoir que l'humanité a atteint, à tout âge, de contrôler moralement la matière ou les circonstances. L'homme qui peut moralement contrôler la matière est celui qui met l'homme en premier.
Nous n'avons pas eu la force morale de nous opposer à la pression de la richesse et de l'intérêt particulier ni celle de mettre en pratique les grands idéaux dont nous nous réclamions. Quand des hommes se sont élevés pour diriger, ceux qui ont été dirigés sont devenus des sacrifiés. Maintenant, après deux millénaires d'opportunités, aucun homme ne peut plus diriger dans cette civilisation. Les "dirigeants" sont dirigés par les circonstances, par la force dans la matière. Ils sont impuissants à opérer le moindre changement significatif, comme cela était autrefois possible, et ceux qui réfléchissent le savent. La position dominante du dirigeant sur cette planète et dans cette civilisation a été perdue et abolie. |
J'ai été le témoin aussi dans le Pacifique ou l'Amérique centrale de la spontanéité, du naturel de la générosité des populations locales ou environnantes, après des cyclones, ceux qui n'ont vraiment rien à donner matériellement offrant leurs prières et leurs bras. L'entraide ne me semble pas un "devoir de servir", plutôt une "évidence de vivre ensemble". La rapidité de cicatrisation est stupéfiante, pas le temps de se plaindre, les champs sont replantés, les routes déblayées, les maisons rebâties...
Je suis en accord avec "mettre l'homme en premier" dans une société qui est un endroit où nous vivons et travaillons ensemble, idéalement en coopération et en cocréation.
Ma modération, plus paysanne qu'anglaise serait davantage inspirée par la "sobriété heureuse" selon Pierre Rabhi que vous connaissez sans doute :
https://www.youtube.com/watch?v=hJbLKgqVO2E |
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Alain V
Inscrit le: 24 Fév 2007 Messages: 6318
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Posté le: Di 01 Juin 2014 12:10 Sujet du message: |
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adrien a écrit: | Point de vue contemporain de Barry Long :
Citation: | Notre civilisation, comme toutes les autres avant elle, a servi la cause de l'évolution planétaire. En tant que partie de l'expérience cosmique de la terre, elle a réussi. Mais sa faiblesse et son incompétence à se maintenir en tant que mode de vie civilisateur se retrouve dans l'opportunisme de ses valeurs changeantes. Notre faillite particulière est la duplicité intellectuelle, nos doubles normes. En deux mille ans, la civilisation occidentale n'a réussi à être honnête ni avec elle-même, ni avec ses citoyens. Les temps dans lesquels nous avons vécu ne l'ont pas permis. Par "temps", je veux dire le pouvoir que l'humanité a atteint, à tout âge, de contrôler moralement la matière ou les circonstances. L'homme qui peut moralement contrôler la matière est celui qui met l'homme en premier.
Nous n'avons pas eu la force morale de nous opposer à la pression de la richesse et de l'intérêt particulier ni celle de mettre en pratique les grands idéaux dont nous nous réclamions. Quand des hommes se sont élevés pour diriger, ceux qui ont été dirigés sont devenus des sacrifiés. Maintenant, après deux millénaires d'opportunités, aucun homme ne peut plus diriger dans cette civilisation. Les "dirigeants" sont dirigés par les circonstances, par la force dans la matière. Ils sont impuissants à opérer le moindre changement significatif, comme cela était autrefois possible, et ceux qui réfléchissent le savent. La position dominante du dirigeant sur cette planète et dans cette civilisation a été perdue et abolie. |
J'ai été le témoin aussi dans le Pacifique ou l'Amérique centrale de la spontanéité, du naturel de la générosité des populations locales ou environnantes, après des cyclones, ceux qui n'ont vraiment rien à donner matériellement offrant leurs prières et leurs bras. L'entraide ne me semble pas un "devoir de servir", plutôt une "évidence de vivre ensemble". La rapidité de cicatrisation est stupéfiante, pas le temps de se plaindre, les champs sont replantés, les routes déblayées, les maisons rebâties...
Je suis en accord avec "mettre l'homme en premier" dans une société qui est un endroit où nous vivons et travaillons ensemble, idéalement en coopération et en cocréation.
Ma modération, plus paysanne qu'anglaise serait davantage inspirée par la "sobriété heureuse" selon Pierre Rabhi que vous connaissez sans doute :
https://www.youtube.com/watch?v=hJbLKgqVO2E |
'' mettre l'homme en premier dans une société qui est un endroit ou nous vivons et travaillons ensemble, idéalement en coopération et en cocréation''
Oui, ça me parait être la sagesse même.
En tout cas c'est un idéal ( vu l'état des lieux... ) qui vaut le coup que l'on s'y accroche.
Et même je serais d'avis de mettre l'homme en premier avant Dieu. Parce que Dieu est muet. Et lorsqu'on se réfère à Lui c'est en fait à NOTRE idée de Dieu que l'on se réfère. Et c'est cela que certains adorent et font passer avant l'homme.
Si Dieu existe - ce qui est fort possible - on peut se contenter de lui adresser nos priéres.
Tous les textes parlant de Dieu ont été conçus par l'esprit humain. |
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