Regards sur l'éveil
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daniel
Inscrit le: 15 Fév 2006 Messages: 10168 Localisation: belgique
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Posté le: Ma 03 Mai 2016 19:46 Sujet du message: La dissolution du soi ... |
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Bonjour tout le monde !
Pour le fun !
Lundi, 25 avril 2016
Une première étude d’imagerie cérébrale sur les effets du LSD
« Ces travaux sont aux neurosciences ce que le boson de Higgs a été pour la physique des particules ».
Cette déclaration, pour le moins accrocheuse, vient de David Nutt, neuropsychopharmacologue et chercheur sénior de l’étude en question qui vient d’être publiée dans la revue PNAS en mars dernier. Et un peu comme pour le boson de Higgs, les résultats ont confirmé la théorie, à savoir que les modifications d’activité cérébrale qui ont été observées rendent très bien compte de ce qu’un « trip sur l’acide » peut provoquer comme état mental !
Mais si cette étude intitulée “Neural correlates of the LSD experience revealed by multimodal neuroimaging” a attendu des décennies avant d’être réalisée, c’est qu’une série d’obstacles se dressait devant elle. Le caractère officiellement « illicite » de la drogue psychédélique par excellence des années 1960 n’étant pas l’un des moindre. Ses effets déroutants, voire paradoxaux, en a sans doute aussi découragé plus d’un, tout en alimentant l’aura de mystère sur la façon dont cette molécule synthétisée pour la première fois en 1938 par Albert Hofmann modifie l’activité cérébrale.
Le protocole expérimental conçu par l’équipe de Nutt a fait appel à une vingtaine de sujets qui venaient deux journées différentes au laboratoire. Dans un cas le sujet recevait 75 microgrammes de LSD intraveineux, et dans l’autre cas un placebo, c’est-à-dire rien d’autre qu’un liquide physiologique. On a pu ainsi comparer les effets réels du LSD versus toute autre modification (produites par exemple par des attentes, des conditionnements, etc.) chez la même personne.
Le protocole est aussi assez impressionnant en termes d’instruments utilisés pour ne rien manquer aux effets de l’acide lysergique diéthylamide (le nom complet du LSD). Trois techniques complémentaires ont ainsi été utilisées : l’ASL (ou « arterial spin labelling », l’IRMf ou imagerie de résonnance magnétique fonctionnelle, et la magnétoencéphalographie (les deux premières étant des lectures indirectes de l’activité nerveuse basées sur le flux sanguin dans les capillaires cérébraux).
L’analyse des résultats obtenus avec ces différentes techniques combinées a permis de mieux comprendre deux grands types d’effets associés à la prise de LSD : les hallucinations visuelles et le sentiment de dissolution du soi.
Dans le premier cas, les trois techniques utilisées ont mis en évidence une augmentation du débit sanguin dans le cortex visuel, une diminution de la puissance des rythmes alpha, et une beaucoup plus grande connectivité fonctionnelle. Trois modifications dont l’importance était corrélée avec l’intensité des expériences subjectives rapportées par les sujets.
Comme le rapporte l’auteur principal de l’étude, Robin Carhart-Harris, c’est un peu comme si les sujet voyaient, mais avec leurs yeux fermés. Autrement dit, c’est l’activité intrinsèque ou endogène de leur cerveau, leur imagination pourrait-on dire, qui alimente alors fortement le système visuel et non plus le monde extérieur. Et de fait, les scientifiques ont pu observer beaucoup de régions cérébrales (liées à l’audition, l’attention, le mouvement) interagir non seulement avec les régions visuelles mais entre elles sous l’influence du LSD. Il y avait donc cet aspect plus « unifié » du cerveau favorisé par la drogue.
Mais en même temps, il y avait aussi un aspect plus « fragmenté » dans d’autres réseaux cérébraux, preuve de plus qu’une même substance peut avoir différents effets dans différents endroits du cerveau, a fortiori une substance aux effets complexes comme le LSD. La baisse de connectivité a surtout été observée entre deux structures cérébrales, le gyrus parahippocampique et le cortex rétrosplénial (une partie du cortex cingulaire postérieur). Et l’intensité de cette « déconnexion » était corrélée au niveau subjectif à celle de l’impression de dissolution du soi et de l’altération du sens des choses.
Encore une fois ici, l’impression de devenir un avec les autres, avec la nature ou même avec l’univers rapportée par des décennies d’utilisation de cette substance trouve ici un corrélat neuronal intéressant. D’autant plus que ces impressions, qui sont souvent interprétées dans un cadre spirituel ou religieux, semblent être associées à des améliorations du bien-être durant un certain temps après que les effets immédiats de la drogue se soient dissipés.
C’est d’ailleurs l’objet d’une autre étude de la même équipe publiée cette fois en février dernier dans Psychological Medicine (4e lien ci-dessous), et qui montre qu’une certaine « fluidité cognitive » pourrait être conservée un certain temps après l’utilisation de LSD, ouvrant ainsi la voie à un usage thérapeutique, notamment pour la dépression et la rumination mentale qui lui est associée.
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Marie-Claire
Inscrit le: 01 Sep 2007 Messages: 5
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Posté le: Je 05 Mai 2016 10:48 Sujet du message: |
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Merci pour cet article.
Dans les substances qui favorisent la dissolution de l'égo, j'ai aussi entendu parlé du DMT (molécule qu'on trouve aussi chez les êtres vivants) et de la Salvia divinorum (une plante qui ne provoque pas de dépendance). |
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Alain V
Inscrit le: 24 Fév 2007 Messages: 6841
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Posté le: Je 05 Mai 2016 10:57 Sujet du message: |
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Pour dissoudre l'égo il faut dêpasser son nombril : voir la vie comme un réseau d'echanges, de relations, dans lequel on voyage pour un temps et pas uniquement comme une accumulation de '' renforceurs égocentriques ( je dis bien '' pas uniquement '' parce que je reste persuadé que nous avons tous cette faiblesse ... ).
Rien à voir avec le LSD |
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daniel
Inscrit le: 15 Fév 2006 Messages: 10168 Localisation: belgique
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Posté le: Je 05 Mai 2016 13:54 Sujet du message: |
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Bonjour toniov !
Mais d'où vient ce vécu ... Que le soi peut se dissoudre !?
Suffit-il de dépasser la crispation égotique, pour ne pas retomber dedans !?
Non, on peut penser qu'à la base des premiers témoins qui ont connu cela, il y a avait une expérience physiologique, expliqué dans cet article, que l'on peut connaître en méditant longtemps ou subitement, par accident et qui est accéléré par l'effet du LSD, apparemment !  |
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Alain V
Inscrit le: 24 Fév 2007 Messages: 6841
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Posté le: Je 05 Mai 2016 14:14 Sujet du message: |
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Tu ne dépasses pas la '' crispation egotique ''en prenant du LSD, ou quelque drogue que ce soit. La drogue te fait simplement '' voyager '' et modifié tes perceptions et ta conscience.
Bien, et alors ?
L'égo est le problème humain et à mon sens ce qui est le plus souhaitable pour tenter de résoudre ce problème,c'est, non pas de prendre de la drogue...mais s'ouvrir au monde, changer notre regard sur lui et considérer la vie comme un '' lieu '' fait pour donner autant que pour recevoir . C'est ça qui peut modifier notre conscience. |
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daniel
Inscrit le: 15 Fév 2006 Messages: 10168 Localisation: belgique
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Posté le: Je 05 Mai 2016 16:21 Sujet du message: |
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Je suis d'accord avec toi, c'est la voie de la sagesse !
L'article décrit comment le sentiment de la dissolution du soi s'inscrit dans le cerveau ... Des zones du cerveau sont déconnectées ...
La question c'est ... Est-ce que c'est ce sentiment qui est à l'origine du "dogme", si oui, ce n'est donc qu'une expérience physiologique qui est à l'origine de tout ce qui y en a découlé !?  |
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Alain V
Inscrit le: 24 Fév 2007 Messages: 6841
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Posté le: Je 05 Mai 2016 17:33 Sujet du message: |
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Mais pour moi, dépasser l'égo ne signifie pas le dissoudre.
La dissolution de soi est donnée aussi par l'alcool ou certaines maladies.
Dépasser l'égo ( si cela est vraiment possible ) ce n'est pas dissoudre le soi.Au contraire, le soi doit rester pleinement actif en se libérant de la servitude et de l'esclavage induits par l'égo. |
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daniel
Inscrit le: 15 Fév 2006 Messages: 10168 Localisation: belgique
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daniel
Inscrit le: 15 Fév 2006 Messages: 10168 Localisation: belgique
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Posté le: Je 05 Mai 2016 19:52 Sujet du message: |
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Voici un extrait du livre : "les portes de la perception" d'aldous huxley ...
Le livre décrit les effets de la mescaline sur l'esprit d'Aldous Huxley. La mescaline est extrait du Peyotl, petit cactus mexicain.
les premières pages notamment sont intéressantes, car sous l'influence de la mescaline, Huxley décrit des perceptions qu'il identifie comme proches des expériences mystiques.
« J’avais pris ma pilule à onze heures. Une heure et demie plus tard, j’étais assis dans mon cabinet de travail, contemplant attentivement un petit vase en verre. Le vase ne renfermait que trois fleurs – une rose Belle-de-Portugal, largement épanouie, d’un rose-coquillage, avec un soupçon, à la base de chaque pétale, d’une teinte plus chaude, plus enflammée ; un gros oeillet magenta et crème ; et, violet pâle à l’extrémité de sa tige brisée, le bouton fier et héraldique d’un iris. Fortuit et provisoire, le petit bouquet violait toutes les règles du bon goût traditionnel. Au déjeuner, ce matin-là, j’avais été frappé de la dissonance vive de ses couleurs. Mais la question n’était plus là. Je ne regardais plus, à présent, une disposition insolite de fleurs. Je voyais ce qu’Adam avait vu le matin de sa création – le miracle, d’instant en instant, de l’existence dans sa nudité.
« Est-ce agréable ? » demanda quelqu’un. (Pendant cette partie de l’expérience, toutes les conversations étaient enregistrées au moyen d’une machine à dicter, et j’ai pu me rafraîchir la mémoire quant à ce qui a été dit.)
Ni agréable, ni désagréable. «Cela est, sans plus. » Istigkeit – n’était-ce pas là le mot dont maître Eckhart aimait à se servir ? Le fait d’être. L’Être de la philosophie platonicienne, – sauf que Platon semble avoir commis l’erreur énorme et grotesque de séparer l’Être du devenir, et de l’identifier avec l’abstraction mathématique de l’idée. Jamais il n’avait pu voir, le pauvre, un bouquet de fleurs brillant de leur propre lumière intérieure, et quasi frémissantes sous la pression de la signification dont elles étaient chargées ; jamais il n’avait pu percevoir que ce que signifiaient d’une façon aussi intense la rose, l’iris et l’œillet, ce n’était rien de plus, et rien de moins, que ce qu’ils étaient une durée passagère qui était pourtant une vie éternelle, un périr perpétuel qui était en même temps un Être pur, un paquet de détails menus et uniques dans lesquels, par quelque paradoxe ineffable et pourtant évident en soi, se voyait la source divine de toute existence.
Je continuai à regarder les fleurs, et dans leur lumière vivante, il me sembla déceler l’équivalent qualitatif d’une respiration – mais d’une respiration sans retours à un point de départ, sans reflux récurrents, mais seulement une coulée répétée d’une beauté à une beauté rehaussée, d’une profondeur de signification à une autre, toujours de plus en plus intense. Des mots tels que Grâce et que Transfiguration me vinrent à l’esprit, et c’était cela, bien entendu, entre autres, qu’ils représentaient. Mes yeux passèrent de la rose à l’oeillet, et de cette incandescence plumeuse aux banderoles lisses d’améthyste sentimentale qui étaient l’iris. La Vision de Béatitude, Sat Chit Ananda, la Félicité de l’Avoir-Conscience, – pour la première fois je comprenais, non pas au niveau verbal, non pas par des indications rudimentaires ou à distance, mais d’une façon précise et complète, à quoi se rapportaient ces syllabes prodigieuses. Et je me souvins alors d’un passage que j’avais lu dans l’un des essais de Suzuki. « Qu’est-ce que le Corps-Dharma du Buddha ? » (Le Corps-Dharma du Buddha est une autre façon de dire : l’Esprit, l’Être, le Vide, la Divinité.) Cette question est posée dans un monastère Zen, par un novice plein de sérieux et désorienté. Et, avec la prompte incohérence de l’un des Frères Marx, le Maître répond : « La haie au fond du jardin. » – « Et l’homme qui se rend compte de cette vérité, demande le novice, d’un ton dubitatif, qu’est-il, lui, si j’ose poser cette question ? » Groucho lui applique sur les épaules un coup vigoureux de son bâton, et répond : « Un lion aux cheveux d’or. »
Ce n’avait été, lorsque je l’avais lu, qu’une absurdité vaguement grosse de quelque sens caché. Maintenant, c’était clair comme le jour, aussi évident qu’un théorème d’Euclide. Bien entendu, le Corps-Dharma du Buddha, c’était la haie au fond du jardin. En même temps, et non moins manifestement, c’était ces fleurs, c’était toute chose qu’il me plaisait – ou plutôt, qu’il plaisait au non-moi béni et délivré pour un instant de mon étreinte étouffante – de regarder. Les livres, par exemple, dont étaient tapissés les murs de mon cabinet. Comme les fleurs, ils luisaient, quand je les regardais, de couleurs plus vives, d’une signification plus profonde. Des livres rouges, semblables à des rubis ; des livres émeraude ; des livres reliés en jade blanche ; des livres d’agate, d’aigue-marine, de topaze jaune ; des livres de lapis-lazuli dont la couleur était si intense, si intrinsèquement pleine de sens, qu’ils me semblaient être sur le point de quitter les rayons pour s’imposer avec plus d’insistance encore à mon attention. »
Aldous Huxley, Les portes de la perception.
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Alain V
Inscrit le: 24 Fév 2007 Messages: 6841
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Posté le: Je 05 Mai 2016 20:29 Sujet du message: |
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Bon trip !
Qu'il y ait un rapport avec le cerveau ne fait aucun doute , les mystiques ont aussi un cerveau et tout ce qui se passe dans leur esprit est lié à leur cerveau.
Bon ensuite ce qu'il pense de Platon, ça n'engage que lui. |
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daniel
Inscrit le: 15 Fév 2006 Messages: 10168 Localisation: belgique
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Posté le: Je 05 Mai 2016 20:49 Sujet du message: |
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daniel
Inscrit le: 15 Fév 2006 Messages: 10168 Localisation: belgique
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Posté le: Je 05 Mai 2016 21:17 Sujet du message: |
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Marie-Claire a écrit: | Merci pour cet article.
Dans les substances qui favorisent la dissolution de l'égo, j'ai aussi entendu parlé du DMT (molécule qu'on trouve aussi chez les êtres vivants) et de la Salvia divinorum (une plante qui ne provoque pas de dépendance). |
Bonsoir Marie-Claire !
Je relate une expérience avec la "Salvia divinorum", ici : !
http://www.cafe-eveil.org/forum/viewtopic.php?t=1822&sid=19ef4b1083a4c96216f439ce005bf67c
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KIYA
Inscrit le: 20 Fév 2014 Messages: 2382
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Posté le: Je 05 Mai 2016 22:17 Sujet du message: |
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Voilà ce que ces textes m'inspirent :
Peut-on dire de ce sont des états de conscience modifiés, ou des états de perception modifiés ? Est-ce qu'une modification des perceptions implique forcément que la conscience elle même est modifiée ? La conscience ne reste t-elle pas toujours ce qu'elle est , indépendamment des perceptions ... et éventuellement de l'absence de perception ?
Est-ce que ces expériences disent quoi que ce soit sur la conscience "en soi"? |
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daniel
Inscrit le: 15 Fév 2006 Messages: 10168 Localisation: belgique
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Posté le: Je 05 Mai 2016 22:54 Sujet du message: |
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Bonsoir Kiya !
Tout ce que ces expériences permettent de dire c'est que ces modifications d'états de conscience s'inscrivent dans le fonctionnement des zones du cerveau, ça ne permet pas de dire ce qu'est la conscience, mais ça n'exclue rien, même le fait que la conscience émergerait de l'interaction entre différentes zones du cerveau !  |
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KIYA
Inscrit le: 20 Fév 2014 Messages: 2382
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Posté le: Je 05 Mai 2016 23:36 Sujet du message: |
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Je comprends ce qu'on entend généralement par état de conscience, et il m'arrive aussi d'utiliser ce terme dans ce sens convenu. Ce que je vois en réalité, ce sont des modalités de la perception et ce sont elles que nous appelons communément états de conscience. Mais si je fais un peu d’introspection, je ne vois pas qu'il existe des états de conscience.
Si je prends par exemple le sentiment d'unité, la conscience que je peux en avoir est la même conscience que celle que j'ai du sentiment de séparation. Ce qui change, c'est la perception.
Ce que ces expériences produisent, ce sont des modifications de la perception. |
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