Regards sur l'éveil
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joaquim Administrateur
Inscrit le: 06 Août 2004 Messages: 6058 Localisation: Suisse
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Posté le: Ve 23 Déc 2016 13:29 Sujet du message: L'histoire qu'on se raconte |
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On est pris dans l’histoire que l’on se raconte. On en est le sujet. Toute tentative que l’on fait pour en sortir, c’est un chapitre qu’on y rajoute. A moins qu’on cesse de se la raconter... et qu’on suspende la phrase qu’on était en train de se dire. Bien sûr, aussitôt fait, il s’agit de suspendre à nouveau la nouvelle histoire qu’on commence déjà à se raconter sur ce nouveau sujet. Ne pas s’autoriser à se dire : je suspend l’histoire. Il faut trancher avant de se le dire. Cela exige une grande vigilance. Une vigilance sans efforts pourtant. Ne pas faire de son théâtre intérieur une histoire qu’on se raconte, c’est s’astreindre à être présent, sans ne rien faire.
Cela semble simple, et pourtant, c’est difficile. Pas parce que cela demanderait des compétences particulières, mais parce que c’est délicat. Il y a des pièges à éviter. De ceux qu’on ne voit pas, parce que c’est soi-même qui les construisons. L’un des plus redoutable, c’est de jouer à faire. On cesse de se raconter une histoire, on se tait intérieurement. Mais on ne le fait pas vraiment. On joue à le faire, en attendant silencieusement le résultat. Cela ne marche pas. Il faut le faire vraiment, c’est-à-dire s’y donner tout entier. Ne pas laisser une partie derrière soi en sentinelle. La vigilance dont il s’agit, ce n’est pas une vigilance de surveillance, mais d’engagement. Pas la vigilance de la vigie en haut de la tour, mais celle du soldat dans la mêlée. Être engagé «pour de vrai».
L’occasion nous en est toujours offerte. Toujours. Nous avons toujours l’occasion de nous taire. Mais nous la saisissons rarement, jamais peut-être. On n’y pense pas. Et surtout, on ne sait pas comment faire. Il n’y a pas de recette. Une recette, ce serait un guide qui nous dirait comment faire. Or ce dont il s’agit, c’est précisément faire, sans se le dire. Tant qu’on se raconte ce qu’on fait, on est emporté par un faire qui nous échappe, et qui construit l’histoire dans laquelle on est pris. Alors que faire sans se le dire, c’est ouvrir une porte sur un monde totalement inconnu. Eclairé par rien de ce qui proviendrait de notre histoire. C’est aller à la rencontre de cet inconnu que nous sommes. |
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buddhadje
Inscrit le: 17 Mars 2016 Messages: 508
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Posté le: Ve 23 Déc 2016 13:39 Sujet du message: |
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Juste merci
Ne pas penser la vie _________________ Tout est déjà plénitude et perfection, il en a toujours été ainsi et il en sera toujours ainsi. Laissons cela tranquille et faisons simplement attention. Tout est là. Observons. Et remercions. |
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daniel
Inscrit le: 15 Fév 2006 Messages: 9284 Localisation: belgique
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Posté le: Ve 23 Déc 2016 14:11 Sujet du message: |
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Bonjour Joaquim, tu te fais rare ...
Si je comprend bien, se taire, sans se le dire, c'est être, simplement ! Et c'est pas facile, à moins d'être, tout le temps, dans l'action présente ! |
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Cricri
Inscrit le: 20 Sep 2010 Messages: 1524 Localisation: Québec, Canada
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Posté le: Sa 24 Déc 2016 15:13 Sujet du message: Re: L'histoire qu'on se raconte |
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joaquim a écrit: | On est pris dans l’histoire que l’on se raconte. On en est le sujet. Toute tentative que l’on fait pour en sortir, c’est un chapitre qu’on y rajoute. A moins qu’on cesse de se la raconter... et qu’on suspende la phrase qu’on était en train de se dire. Bien sûr, aussitôt fait, il s’agit de suspendre à nouveau la nouvelle histoire qu’on commence déjà à se raconter sur ce nouveau sujet. Ne pas s’autoriser à se dire : je suspend l’histoire. Il faut trancher avant de se le dire. Cela exige une grande vigilance. Une vigilance sans efforts pourtant. Ne pas faire de son théâtre intérieur une histoire qu’on se raconte, c’est s’astreindre à être présent, sans ne rien faire.
Cela semble simple, et pourtant, c’est difficile. Pas parce que cela demanderait des compétences particulières, mais parce que c’est délicat. Il y a des pièges à éviter. De ceux qu’on ne voit pas, parce que c’est soi-même qui les construisons. L’un des plus redoutable, c’est de jouer à faire. On cesse de se raconter une histoire, on se tait intérieurement. Mais on ne le fait pas vraiment. On joue à le faire, en attendant silencieusement le résultat. Cela ne marche pas. Il faut le faire vraiment, c’est-à-dire s’y donner tout entier. Ne pas laisser une partie derrière soi en sentinelle. La vigilance dont il s’agit, ce n’est pas une vigilance de surveillance, mais d’engagement. Pas la vigilance de la vigie en haut de la tour, mais celle du soldat dans la mêlée. Être engagé «pour de vrai».
L’occasion nous en est toujours offerte. Toujours. Nous avons toujours l’occasion de nous taire. Mais nous la saisissons rarement, jamais peut-être. On n’y pense pas. Et surtout, on ne sait pas comment faire. Il n’y a pas de recette. Une recette, ce serait un guide qui nous dirait comment faire. Or ce dont il s’agit, c’est précisément faire, sans se le dire. Tant qu’on se raconte ce qu’on fait, on est emporté par un faire qui nous échappe, et qui construit l’histoire dans laquelle on est pris. Alors que faire sans se le dire, c’est ouvrir une porte sur un monde totalement inconnu. Eclairé par rien de ce qui proviendrait de notre histoire. C’est aller à la rencontre de cet inconnu que nous sommes. |
OUI ! ...et s'y donner tout entier c'est comme accepter (sans mental qui se dit "tiens, je dois accepter ça pour que ça marche), de se laisser tomber soi-même en tant que moi sans aucune autre raison ni but que de se laisser tomber. ..et ce "geste" révèle ce qui a toujours été là et qu'on doit aussitôt s'abstenir de re-prendre sous peine de "perdre" Cela même qui se révélait dans cette bizarre action de non-saisie.
Merci ! |
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Grenouille
Inscrit le: 05 Fév 2017 Messages: 57 Localisation: Ille et Vilaine
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Posté le: Ma 07 Fév 2017 16:39 Sujet du message: |
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C'est faire confiance en la vie et se laisser emporter par elle ?
C'est aussi ne pas se mentir à soi-même ?
Faire sans se le dire, c'est comme marcher au radar, quand on est dans les automatismes ?
Est ce que c'est, en donnant un exemple concret, quand on est en société, de ne pas juger ? De ne pas se poser de questions sur son paraître ou autre, d'être naturel ? De ne pas prendre en compte les interactions entre son moi et les autres ?
Je ne sais pas si j'ai compris |
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joaquim Administrateur
Inscrit le: 06 Août 2004 Messages: 6058 Localisation: Suisse
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Posté le: Ma 07 Fév 2017 20:02 Sujet du message: |
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Bonjour Grenouille,
Ces réflexions se réfèrent à une situation où on est seul avec soi-même, et qu’on pense. On pense, et donc on se raconte une histoire. Comment faire le silence, et cesser de se raconter des histoires ? Y compris celle du type qui fait silence et qui cesse de se raconter des histoires ? C’est cette question qu’examine ce petit texte.
Pour répondre à la question qu’Alain V pose dans un fil parallèle :
Alain V a écrit: | Je ne vois toujours pas vraiment ce que vous entendez par : '' ce qui est ''.
Un paysage par exemple , en hiver . Que signifie dans ce cas, '' ce qui est '' ?
Est ce le paysage du point de vue d'un constat et de vérifications scientifiques ? ( la température, la géographie, le climat ....etc )
Est ce un paysage du point de vue de notre regard ? L'interprétation que l'on en fait ?
Si '' ce qui est '' ne se base que sur des données scientifiques , c'est un peu limitatif ...la science étant elle même une interprétation du réel, une façon de le mettre '' en boîte ''
Si '' ce qui est '' est relatif à notre interprétation / representation du paysage, cela devient une donnée éminemment variable en fonction de chacun |
C’est lorsqu’on établit ce silence, c’est-à-dire lorsqu’on ne rajoute plus à ce qu'on voit une histoire, qu’on voit «ce qui est». |
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Grenouille
Inscrit le: 05 Fév 2017 Messages: 57 Localisation: Ille et Vilaine
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Posté le: Ma 07 Fév 2017 20:07 Sujet du message: |
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Il faudrait faire le vide dans sa tête et ne pas se laisser submerger par ses pensées, c'est de la méditation ? En tout cas pas évident à mettre en pratique |
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kenneau
Inscrit le: 19 Nov 2011 Messages: 298 Localisation: Creuse
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Posté le: Ve 10 Fév 2017 12:37 Sujet du message: |
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Bonjour,
En m'identifiant à un personnage de non conscience, inapte à comprendre, à traduire et à transcrire l'éveil, je me suis rencontré. Dès lors j'ai pris le temps de mal comprendre, de mal traduire et d'évoquer l'éveil à la hauteur de mon ignorance. Je dois admettre que dans ce sens, la maladresse, le manque d'introspection, de réflexion, de délicatesse est presque aussi inspirante que d'avoir à l'esprit, la dimension sacrée qu'évoque l'éveil, si toutefois esprit et sacré puissent encore éveiller quelque chose. J'ai malheureusement pris aussi le soin de mettre de côté, la bienséance et la bienveillance et la reconnaissance et je ne parle même pas de l'écoute, car en vérité mon personnage se joue de toutes les règles et de tous les codes, en déplaise à son bon sens, qu'il renie sur le champs.
Alors oui, il lui fallait au moins cela pour aborder l'essence de la négligence, particulièrement quand il s'agit de la formuler librement.
Des mots encore des mots, qui prennent la forme que l'on veut bien leur donner. Malléable comme toutes ces âmes qui ont soif d'absolu, prêtent à mendier une réponse rédemptrice baignée de lumière pourvu qu'elles puissent prétendre à une inspiration divine. L'affluence des retours positifs ne font que rajouter à virtuosité du rôle que l'on s'astreint à pourvoir, celui que l'on évoque afin de garantir de sa légitimité....d'autant plus quand celle ci s'enrobe d'une raison "supérieure", voir d'une mission supérieure.
l'histoire ne dit pas où est l'homme, ni d'où il vient, ni même si l'esprit qui l'habite se souvient de l'amour qu'il porte à son prochain, de cette béatitude qu'il l'attend, l'histoire, c'est son présent, et son présent il en prend soin comme son enfant, toujours prêt à le porter afin de le soulager du temps qui s'absente où qui passe.
À la lumière de mon ombre, je sais reconnaître l'ouverture de mon coeur, et j'ai tout mon temps pour formuler les mots de bienvenue, malgré mon extrême fragilité, une fragilité extrêmement solide et droite, je crains ni la médisance, ni l'exclusion.
Non, je n'aspire pas à paraître où bien disparaître, la vie ne se moque pas, y adjoindre une compréhension, n'exclut pas de ne pas la comprendre, comme de se promettre a plus d'attention, le jeu est subtil et ce qui s'y opère répond toujours et en tout point au véritable besoin du moment sans ambiguïté.
Alors, j'instruit le moment qui vient. Cela veut dire que je ne suis que le médiateur de ce qui se passe, ni récepteur, ni l'initiateur et si par conséquent la conscience s'initie à en devenir l'auteur, elle ne fait que répondre à ce qui lui est le plus adaptée où naturelle, sans pour autant en changer le sens, mais en faisant cela, le déterminisme qui l'a liée à l'événement, la libère, et en libérant la conscience l'esprit s'envole. L'alchimie opère sans laisser de traces, tel Lao Tseu qui marche dans la neige, alors pourquoi s'en soucier, tout est là, immaculé ...
Frederic. |
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Grenouille
Inscrit le: 05 Fév 2017 Messages: 57 Localisation: Ille et Vilaine
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Posté le: Je 16 Fév 2017 16:03 Sujet du message: |
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Cricri a dit: Citation: | OUI ! ...et s'y donner tout entier c'est comme accepter (sans mental qui se dit "tiens, je dois accepter ça pour que ça marche), de se laisser tomber soi-même en tant que moi sans aucune autre raison ni but que de se laisser tomber. ..et ce "geste" révèle ce qui a toujours été là et qu'on doit aussitôt s'abstenir de re-prendre sous peine de "perdre" Cela même qui se révélait dans cette bizarre action de non-saisie. |
Je comprends, merci |
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daniel
Inscrit le: 15 Fév 2006 Messages: 9284 Localisation: belgique
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