Regards sur l'éveil

étincelle · Invité

Plus bleu que rose

Combien le langage nous dit-il ce qu'il faut voir et donc ce qu'il faut penser?

Avant que je sache que les autobus scolaires étaient jaunes, je les ai vécus comme tangerine. J'ai discuté avec mes meilleurs à ce sujet. Si une bonne partie de l’éducation prépare le jugement à accepter le consensus, j’ai appris à comprendre de quoi les adultes étaient convaincus: les bus scolaires sont jaunes de la même manière que les roses sont rouges et les cieux sont bleus. Ce n’est certainement pas de la mandarine, du cheddar ou, comme l’instruit judicieusement la boîte Crayola de ma jeunesse, «jaune orangé».

Alma Deutscher pourrait sympathiser. À partir du moment où elle a commencé à parler, elle a fait l’objet d’une expérience linguistique: son père s’est abstenu d’associer «ciel» et «bleu» pour voir si elle les assemblerait spontanément - une équation naturelle, comme deux et deux faisant quatre. Cela n’a pas été le cas, alors son père a fini par lui demander à bout portant quelle couleur avait le ciel. Elle n'a pas répondu avant l'âge de vingt-trois mois: "blanche". "Il a fallu un mois de plus pour appeler le ciel" bleu ", écrit son père,
et même alors, il n'était pas encore devenu bleu canonique: un jour, elle a dit «bleu», un autre jour, «blanche»… Bref, plus de six mois s'étaient écoulés depuis qu'elle avait pu reconnaître des objets bleus pour la première fois, jusqu'à ce qu'elle le bleu du ciel. Et il semble que ses confusions n’étaient pas entièrement terminées, même à l’âge de quatre ans, car à cet âge-là, elle a déjà montré du doigt le ciel noir comme une nuit tardive et a déclaré qu’il était bleu.

Si Alma avait vu que le ciel était bleu comme les autobus scolaires étaient jaunes et les roses rouges, elle n'aurait peut-être pas donné à son père, Guy Deutscher, linguiste à l'Université de Manchester, une preuve supplémentaire de ce qu'il soupçonnait: des nuances culturelles notre langue maternelle influence nos perceptions et éventuellement des structures de pensée entières. Dans À travers le verre de langage: Pourquoi le monde est différent dans d’autres langues, l’histoire de la perception des couleurs offre une fine pointe de la confusion dans un sujet qui remonte à l’avant-garde de la linguistique - pas si la langue nous dit quoi voir et donc quoi penser.

C’est une hypothèse qui semble intuitivement correcte, mais c’est une hypothèse qui a dû résister à l’ignominie intellectuelle.

Ange Mlinko auteur de Marvelous Things Overheard

daniel · Posté le: Je 07 Mars 2019 15:00 Sujet du message:

De quelle couleur est le sourire !? :wink:

opus · Inscrit le: 23 Mai 2016 Messages: 399 Localisation: Cher

arc en ciel ?
et jaune en cas de coup dur ...
_________________
... ? ...

étincelle · Invité

opus et Daniel,

Donc, d'aucuns vous ne repondez de sa saveur ?
Crying or Very sad

daniel · Posté le: Je 07 Mars 2019 15:35 Sujet du message:

Faut pas pleurer, j'ai peut-être, ignoré cette dimension, mais j'aime goûter tout ce qui a de la saveur, par gourmandise !

étincelle · Invité

daniel · Posté le: Je 07 Mars 2019 15:53 Sujet du message:

Le mot m'échappait, mais je suis plus gourmet que gourmand ... je prends mon temps pour apprécier ce que je savoure ! :wink:

opus · Inscrit le: 23 Mai 2016 Messages: 399 Localisation: Cher

caroline · Posté le: Je 07 Mars 2019 16:47 Sujet du message:

Je crois, étincelle, que tu te délecterais du livre:
"L'homme qui prenait sa femme pour un chapeau".

https://sites.google.com/site/brancespasil/l-homme-qui-prenait-sa-femme-pour-un-chapeau-56174733

Bon appétît !

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Regarde, je ne tiens pas le volant !
etonnes29

étincelle · Invité

étincelle · Invité

caroline · Posté le: Je 07 Mars 2019 21:51 Sujet du message:

Non !!! Ce n'est pas ça !

Bien que ses yeux soient en parfait état, et qu'il puisse facilement identifier des objets, cet homme n'arrive pas à reconnaitre un visage.
Ni le sien, ni celui de sa femme...

Oliver Sacks (l'écrivain) est un neurologue qui écrit des livres et des romans à partir d'anecdotes qu'il a vécues avec ses patients.
Alors qu'il quittait son bureau, cet homme (l'homme qui prenait sa femme pour un chapeau) a confondu la tête de sa femme avec son chapeau, lui attrapant le crane pour se la mettre sur la tête.
Bien sur, il a rapidement compris son erreur, mais c'est embêtant quand même pour la dame !
Shocked

Le livre est plein d'anecdotes et il parlent entre autres de ces gens qui voient des odeurs, goûtent des sons et entendent les couleurs.
Notamment, ce peintre qui "illustre" la musique.

C'est vraiment fascinant !
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étincelle · Invité

Renard · Posté le: Ve 08 Mars 2019 2:35 Sujet du message:

Avec toutes ces plumes....une chance sur deux que ça goûte le poulet :Cool:

étincelle · Invité