Regards sur l'éveil
Café philosophique, littéraire et scientifique
|
Archives ·
Devenir membre ·
Log in · Contact
· Blog
|
Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant |
Auteur |
Message |
didier
Inscrit le: 18 Fév 2018 Messages: 3259 Localisation: Région Parisienne
|
Posté le: Sa 05 Oct 2019 11:12 Sujet du message: La phénoménologie |
|
|
Bonjour à tous,
Je n'ai pas trouvé sur ce forum de sujet de discussion consacré à la phénoménologie ; ce qui est un peu curieux car il m'a semblé, peut-être à tort, que la perception du monde de Joaquim est très lié à la phénoménologie et que celle de Joël lui est aussi très proche.
Mon propos ici ne pourra convenir (et je ne serai probablement pas le seul) totalement aux "canons" de la philosophie, mais mon objectif est pour moi de m'y conformer le plus possible donc merci à ce niveau de me corriger; ce que ne manqueront d'ailleurs pas de faire Joaquim et Joël.
Je suis très intéressé par le rapport de l'homme à la réalité et en ce sens l'approche de la phénoménologie me parait particulièrement intéressante, mais dans un contexte de critique positive ; je veux dire par là que non seulement ce qu'elle apporte m'intéresse, mais j'aimerais aussi pouvoir en déterminer les limites et ses éventuelles impossibilités.
En effet, il m'apparait, peut-être à tort, qu'il est impossible à l'homme d'appréhender le monde dans lequel nous vivons par une seul moyen ; c'est la conjugaison de ces moyens (et surtout pas une éventuelle synthèse qui relèverait du syncrétisme) qui à mon avis seule peut nous permettre d'ouvrir notre regard sur le monde.
On pourra rétorquer que seule l'expérience intérieure a un sens et que toute discours sur cette expérience ne peut-être qu'interprétation ; ce en quoi je suis en partie d'accord mais en partie seulement car cette interprétation elle-même est objet de l'expérience intérieure et ne manque pas d'influer sur notre comportement et notre action dans ce monde.
l'homme ne peut vivre sans représentation, au moins implicite, du monde. Cette représentation lui est indispensable mais le modèle aussi totalement sans même qu'il s'en rende compte. Aussi lui est-il nécessaire de s'ouvrir à un mode de représentation plus large s'il veut espérer percevoir le monde dans son étendue la plus large possible dans la mesure évidemment des limitations et possibilités intrinsèques de l'homme.
Cette ouverture doit évidemment être intérieure pour être réelle. Une simple représentation intellectuelle ne suffit pas. Mais sans la connaissance de la possibilité présentée dans cette représentation, alors l'expérience intérieure ne peut avoir lieu et si elle a lieu ne peut être comprise.
Je veux dire par là qu'il me parait qu'on ne puisse vivre pleinement que ce qu'on a compris dans tous les sens du terme comprendre ; dans son sens étymologique de "cum prehendere" prendre avec soi, faire soi, dans la totalité de soi-même y compris dans son mental (dans l'interprétation).
Cette interprétation possède aussi le gros avantage de permettre le témoignage et apporte donc à l'autre la possibilité d'accéder lui-même à une perception plus vaste de la réalité. Comme le dit Louis Lavelle, "Le plus grand bien que nous faisons aux autres hommes n'est pas de leur communiquer notre richesse, mais de leur révéler la leur."
N'hésitez surtout pas à critiquer tout ce qui j'ai pu exprimer dans ce préambule ou à me demander des explications complémentaires.
Sinon, j'aimerais pour commencer savoir comment le problème de l'Être est traité dans un contexte phénoménologique, car à deux occasions une personne dans ce forum, s'est exprimé à ce niveau d'une manière qui m'a totalement déconcerté :
Dans l'approche qui était exprimée, à la première personne car le point de vue du phénoménologue ne peut être que subjectif et au moins dans un premier temps descriptif de ce qu'il perçoit à l'intérieur de lui-même.
Il perçoit évidemment son "je suis" qui pour chacun est une évidence et peut donc l'exprimer. Mais dans ce regard tout, dans ce que j'en ai compris, ne peut-être perçu que comme objet d'expérience, contenu de conscience. Dans cette perception un autre ne sera donc aussi perçu que comme contenu de conscience, objet d'expérience. Pour ma part cela semble soulever un très grand problème car l'autre percevra aussi le premier comme un simple contenu de conscience.
Les deux peuvent-ils avoir raison en même temps ? Et dans ce cas cela ne remet-il pas, au moins partiellement en cause ce "point de vue" qui semble nier l'existence de l'autre ? |
|
Revenir en haut |
|
|
riseohms
Inscrit le: 30 Nov 2009 Messages: 4335 Localisation: paris
|
Posté le: Sa 05 Oct 2019 11:57 Sujet du message: Re: La phénoménologie |
|
|
bonjour Didier
didier a écrit: | Bonjour à tous,
Je n'ai pas trouvé sur ce forum de sujet de discussion consacré à la phénoménologie ; ce qui est un peu curieux car il m'a semblé, peut-être à tort, que la perception du monde de Joaquim est très lié à la phénoménologie et que celle de Joël lui est aussi très proche. |
ce n'est pas tout à fait juste
d'abord dans plusieurs topics, j'en ai souvent parlé
et il y a eu divers sujets sur des philosophes qui s'inscrivent dans le mouvement de la phénoménologie
Renaud Barbaras, métaphysique du sentiment
http://www.cafe-eveil.org/forum/viewtopic.php?t=2102
Heidegger et la question de l'être
http://www.cafe-eveil.org/forum/viewtopic.php?t=2111
Sartre, l'existentialisme et la conscience
http://www.cafe-eveil.org/forum/viewtopic.php?t=2157
Sartre, l'existence precede l'essence , l'etre et le néant .
http://www.cafe-eveil.org/forum/viewtopic.php?t=2545
conscience, réalité et perception, Husserl et Berkeley
( husserl étant le créateur de la phénoménologie )
http://www.cafe-eveil.org/forum/viewtopic.php?t=1918
en tout cas merci de créer ce sujet spécifique sur la phénoménologie
joel _________________ l’éveil c'est l'esprit qui, libre de tout objet ,reposant en soi et accueillant tout, se révèle à lui-même |
|
Revenir en haut |
|
|
KIYA
Inscrit le: 20 Fév 2014 Messages: 2270
|
|
Revenir en haut |
|
|
konrad
Inscrit le: 25 Mars 2018 Messages: 1698 Localisation: En van...dredi.
|
|
Revenir en haut |
|
|
didier
Inscrit le: 18 Fév 2018 Messages: 3259 Localisation: Région Parisienne
|
Posté le: Sa 05 Oct 2019 12:37 Sujet du message: |
|
|
Bonjour et merci pour ce lien, Kiya, mais l'article est malheureusement tronqué. |
|
Revenir en haut |
|
|
didier
Inscrit le: 18 Fév 2018 Messages: 3259 Localisation: Région Parisienne
|
Posté le: Sa 05 Oct 2019 12:48 Sujet du message: |
|
|
Merci pour ces liens, konrad, cela semble effectivement très intéressant mais aussi très vaste.
Pour une démarche efficace (tant est que cela soit possible), il me parait nécessaire d'aborder les différents points - d'ailleurs fort nombreux - un par un ou en suivant le fil de la discussion ou du raisonnement, au risque sinon de nous perdre. Qu'en pensez-vous ?
Je vais ainsi examiner, dans un premier temps, dans l'information vers laquelle pointent vos liens, si l'on peut y trouver des éléments portant sur le problème de l'Être ou de l'autre dans une approche phénoménologique. De votre coté, en avez-vous vu ?
Il serait à mon avis intéressant que Joël et Joaquim interviennent spécifiquement sur ce point; ce qui nous permettrait d'éviter de nous noyer dans la masse d'information disponible sur le net. |
|
Revenir en haut |
|
|
konrad
Inscrit le: 25 Mars 2018 Messages: 1698 Localisation: En van...dredi.
|
Posté le: Sa 05 Oct 2019 14:14 Sujet du message: |
|
|
Pardon, j'ai cédé à une pulsion. Je voyais que l'on était dans un instant" philosophique et je me suis dis c'est le moment de caser mes deux liens.
Ceci dit je n'ai pas le bagage philosophique, ni même intellectuel, pour tirer le meilleur de ce qui y est écrit. Néanmoins parfois je les visite pour faire plaisir à ma vanité.
En tout cas je vous lis et le sujet me parait intéressant et sera très certainement éclairant. |
|
Revenir en haut |
|
|
joaquim Administrateur
Inscrit le: 06 Août 2004 Messages: 6058 Localisation: Suisse
|
Posté le: Sa 05 Oct 2019 17:25 Sujet du message: |
|
|
Bonjour didier, pour ma part, je ne sais pas mettre en mot ma pensée comme tu le fais — j’ai toujours admiré ceux qui savent le faire. Peut-être parce que je n’ai pas vraiment de pensée qui préexiste à son expression. Lorsqu’une pensée me vient, j’écris quelques mots, puis ce sont les mots eux-mêmes qui guident ma pensée, qui accouchent d’elle, en quelque sorte. Mais le résultat demeure assez décousu. C’est comme un puzzle, que je ne sais pas rassembler — même si je vois bien après les avoir déposées, que chaque pièce s’emboite sur l’autre, mais je n’arrive pas à dire l’ensemble de l’image : je ne sais l’aborder que par ses éléments, ses manifestations. C’est peut-être pour cela que je suis phénoménologue — je ne l’avais jamais réalisé avant que tu me le dises.
didier a écrit: | Je vais ainsi examiner, dans un premier temps, dans l'information vers laquelle pointent vos liens, si l'on peut y trouver des éléments portant sur le problème de l'Être ou de l'autre dans une approche phénoménologique. De votre coté, en avez-vous vu ?
Il serait à mon avis intéressant que Joël et Joaquim interviennent spécifiquement sur ce point; ce qui nous permettrait d'éviter de nous noyer dans la masse d'information disponible sur le net. |
Pour rebondir sur cette question, voici quelques mots de Barbaras que je citais dans le fil que Joël a mis en lien :
joaquim, ici a écrit: | [je retranscris les mots de Barbaras] «il y va au contraire d’une rencontre, c’est-à-dire d’une expérience, et ici c’est l’expérience du monde comme tel, monde qui en l’occurrence est figuré dans ce cerisier. Au fond, si ce cerisier provoque cette expérience et ce sentiment dont Jaccottet fait état, c’est parce que, avec ce cerisier, c’est d’une certaine façon le monde tout entier qui vient. C’est plus précisément le monde, bien sûr non pas au sens commun d’une totalité d’objets et d’étants, mais le monde comme une sorte de profondeur irréductible, une sorte d’opacité fondamentale, qui ne se présente dans tel ou tel objet du monde qu’en s’y absentant. Il ne se présente que sur le mode de quelque chose qui demeure inaccessible.
— Inaccessible par quoi ? Par la raison ? Parce que la perception va nous donner juste un élément découpé, absent, dont nous ne parviendrons pas à retracer, à ressaisir le totalité ?
— Non, je dirais inaccessible par essence. C’est-à-dire, le propre du monde, et c’est ce qui distingue le monde d’un étant du monde, c’est-à-dire d’une chose du monde au fond, c’est que précisément, il demeure absolument en retrait au sein de chacun des étants, parce que tout simplement s’il était accessible comme tel, le monde, il cesserait d’être un monde et il deviendrait un objet comme les autres. Donc, le propre du monde, c’est de s’absenter de tout ce qu’il présente, de demeurer en retrait dans tous les étants au sein desquels il se manifeste. Parce que tout simplement, c’est d’une certaine façon l’élément que tous ont en commun.»
Ce que Barbaras appelle le monde, c’est ce que nous appelons ici l’être, la réalité, Dieu, me semble-t-il. C’est quelque chose qui n’existe pas, parce que le monde est toujours absent de tous les étants au sein desquels il se manifeste, comme le dit très justement Barbaras, mais qui est pourtant bien réel, puisque c’est lui qui opère le choc qu’on éprouve dans la rencontre véritable avec chaque étant. C’est même cela seul qui est réel : le choc, et c’est cela à mon avis la seule définition possible de la réalité. Ce qui est capable de nous asséner un choc. Et nous-mêmes ne sommes réels que parce que nous sommes capables d'éprouver un choc. |
|
|
Revenir en haut |
|
|
joaquim Administrateur
Inscrit le: 06 Août 2004 Messages: 6058 Localisation: Suisse
|
Posté le: Sa 05 Oct 2019 17:30 Sujet du message: |
|
|
Merci pour ce lien, konrad — le premier, parce que le deuxième, je connaissais. |
|
Revenir en haut |
|
|
KIYA
Inscrit le: 20 Fév 2014 Messages: 2270
|
Posté le: Sa 05 Oct 2019 20:15 Sujet du message: |
|
|
didier a écrit: |
Bonjour et merci pour ce lien, Kiya, mais l'article est malheureusement tronqué. |
Es-tu allé en haut de la page et cliqué sur la fenêtre "read online" ? En principe c'est là qu'on peut voir le texte en entier à condition de s'inscrire. |
|
Revenir en haut |
|
|
Ellebore
Inscrit le: 13 Juil 2019 Messages: 527 Localisation: La terre
|
Posté le: Di 06 Oct 2019 10:08 Sujet du message: |
|
|
Bonjour à tous,
Didier,
Je te signale que la 'Revue de métaphysique et de morale' d'où est extrait cet article cité par Kiya est disponible sur Gallica pour les années de 1893-1948, il y est contenu un nombre impressionnant d'articles sur Husserl : Ici _________________ Ellebore
Psychonaute
Par amour. |
|
Revenir en haut |
|
|
riseohms
Inscrit le: 30 Nov 2009 Messages: 4335 Localisation: paris
|
Posté le: Di 06 Oct 2019 10:38 Sujet du message: |
|
|
bonjour Didier et à tous
Didier a écrit: | j'aimerais pour commencer savoir comment le problème de l'Être est traité dans un contexte phénoménologique |
comme je te l’écrivais récemment dans un autre sujet , il est difficile de parler de la phénoménologie en général
riseohms a écrit: | bien que la phénoménologie soit un mouvement philosophique , tu ne peux pas la réduire à un système de pensée
d'abord il y a autant de phénoménologies qu'il y a de phénoménologues,
la phénoménologie de Husserl n’est la même que celle de Heidegger ou celles de Sartre, Merleau-ponty, Michel Henry et plus récemment Renaud Barbaras .
d’autre part la phénoménologie n'est pas qu'une théorie , c'est aussi une méthode expérimentale , une pratique .
elle n’est pas seulement une description du réel mais aussi une voie d’accès au réel,
sa méthode se nomme "épochè ": il s’agit de suspendre son jugement et donc la pensée afin d’accéder directement « aux choses mêmes en chair et en os, »autrement dit à leur présence.
Citation:
La « réduction phénoménologique » ou Épochè en grec (ἐποχή / epokhế) consiste pour Edmund Husserl, à suspendre radicalement l'« approche naturelle » du monde, et à mener une lutte sans concession contre toutes les abstractions que la perception naturelle de l'objet présuppose ; cette suspension devant permettre l'accès aux « choses mêmes
et pour Hussserl cet accès aux choses mêmes est aussi l'accès à la conscience en tant que telle, autrement dit à la conscience absolue.
c’est donc une voie d‘éveil à part entière
Michel Bitbol en parle très bien dans sa vidéo
https://www.youtube.com/watch?v=OJyeu07RFFA
|
la phénoménologie est d’abord celle de Husserl et celui-ci ne s’est pas posé le problème de l’être, c’est Heidegger, d’abord élève de Husserl, qui se l’est posé.
Tous deux ont d’abord suivi les cours du psychologue Franz Brentano, et c’est chez ce dernier qu’Husserl a trouvé son concept d’intentionnalité. Heidegger y découvre plutôt le questionnement de l’être.
En gros l’intentionnalité consiste à dire que la conscience est toujours conscience de quelque chose, elle est ouverture au monde .
Cela implique une corrélation indissociable entre la conscience et le monde .
pour Husserl la conscience n’est pas seulement contenant du monde mais aussi constituant de son contenu .
Kant avait déjà montré le rôle actif du sujet par rapport aux phénomènes, les phénomènes étant tout ce qui apparaît à la conscience.
Mais pour Kant ces phénomènes sont des représentations, des apparences , apparence d’une réalité cachée , invisible et inaccessible que Kant appelle la chose en soi
Autrement dit derrière les phénomènes que nous percevons il y a un être qui serait autre chose.
Mais pour Husserl, il n’ y a pas un autre, il n’ y a pas de réalité en soi inaccessible à la conscience .
il n’ y a que la conscience et ce qui lui apparaît .
tout ce qui apparaît est la réalité , rien derrière.
Il n’ y a donc pas de représentation ou d’apparence mais uniquement des apparitions pour la conscience .
ce qui apparaît ce sont les « choses mêmes en chair et en os » non pas des représentations mais des présentations ou présences
et l‘être n’est pas autre chose que ces choses,
ce qui ne veut pas dire que nous les percevons totalement, nous les percevons que par esquisses .
La phénoménologie ne veut être ni une représentation ni une interprétation des phénomènes mais se veut description des phénomènes ,
Phénomènes en lien avec la conscience, la Conscience étant le seul absolu.
Heidegger se désintéressera de la conscience et de l’intentionnalité pour s’intéresser plutôt à la "réalité humaine" dans son rapport avec l’être (dasein ou être-là)
L’homme s’il veut avoir une vie authentique doit devenir le berger de l’être , autrement dit ne pas l’oublier .
Sartre , à partir de la conception de la conscience comme néant centrera sa philosophie sur la liberté, et la liberté en situation
Merleau-ponty mettra l’accent à partir de sa phénoménologie de la perception sur le corps , un corps considéré comme chair
La chair étant ce qui est à la fois sentie et sentant,.
cette chair et notamment celle de ses mains étant matière, il élargira cette idée de chair au monde entier
le monde pourrait être senti et sentant, autrement dit conscient
cette idée sera reprise par gilles Deleuze avec son idée de corps sans organe : notre corps réel n’est pas limité par nos organes, il est illimité et donc non individuel, notre corps est le monde
j’aime bien cette idée de partir du corps, c’est plus concret, de toutes les façons le corps et un avec l’esprit
Merleau-Ponty mériterait d'être mieux connu , je conseille la lecture de son livre : le visible et l'invisible
Pour Barbaras , Joaquim en a parlé, le monde en tant que condition de toute apparition est l’être
didier a écrit: | Il perçoit évidemment son "je suis" qui pour chacun est une évidence et peut donc l'exprimer. Mais dans ce regard tout, dans ce que j'en ai compris, ne peut-être perçu que comme objet d'expérience, contenu de conscience. Dans cette perception un autre ne sera donc aussi perçu que comme contenu de conscience, objet d'expérience. Pour ma part cela semble soulever un très grand problème car l'autre percevra aussi le premier comme un simple contenu de conscience.
Les deux peuvent-ils avoir raison en même temps ? Et dans ce cas cela ne remet-il pas, au moins partiellement en cause ce "point de vue" qui semble nier l'existence de l'autre ? |
ce dont tu parles c'est la question de l'intersubjectivité
traitée aussi par husserl et Sartre
question très difficile si l'on croit qu'il y a plusieurs consciences
en fait cette multiplicité des conscience ( les autres ) n'apparait que si l'on se considère seulement à la troisième personne .
à ce niveau les autres sont des objets ou contenus de conscience , et nous même sommes un objet pour autrui
Sartre en déduira que l'enfer c'est les autres
et Hegel abordera l'intersubjectivité à partir de la dialectique du maitre et de l'exclave , que reprendra Sartre dans l'être et le néant
dans tous les cas les rapports humains ne sont ici que des rapports d'objets
on est toujours l'aliéné d'autrui et on aliène les autres , luttes d'egos où chacun se prend pour un objet ( la troisième personne )
par contre si l'on se situe au niveau de la premiere personne où on est sujet , le problème de l'intersubjectivité ne se pose plus ,car il n' y a ici qu'une seule conscience .
les rapports humains sont des rapports de sujet à sujet , et les autres c'est le paradis
on aime les autres comme on s'aime soi-même, car l'autre est perçu comme un autre soi meme, un semblable dans le plein sens du terme, une autre forme de soi et bien sur différente à chaque fois
chacun est unique et different et pourtant c'est toujours soi
different au niveau de la troisième personne, et identique au niveau de la premiere personne
l'important dans nos rapports avec les autres est de ne pas s'oublier en tant que premiere personne , car c'est le je suis qui nous relie à tout et à tous
et nous permet l'accès à une vision unifiée du réel, de l'être où soi , les autres , le monde sont UN
joel _________________ l’éveil c'est l'esprit qui, libre de tout objet ,reposant en soi et accueillant tout, se révèle à lui-même |
|
Revenir en haut |
|
|
didier
Inscrit le: 18 Fév 2018 Messages: 3259 Localisation: Région Parisienne
|
Posté le: Di 06 Oct 2019 11:29 Sujet du message: |
|
|
Bonjour et merci à tous pour vos lines. Quand j'aurai le temps (je suis en train de travailler sur la récupération du deuxième chapitre de l'enseignement de Sri Aurobindo par Madhav P. Pandit) je tenterai tout d'abord de lire l'article "Le Problème de l'Autre dans la Phénoménologie transcendantale de Husserl" avant d'aller voir plus loin.
Merci à Joaquim et à Joël pour leur développement. Je tente de retranscrire ici ce que j'ai compris de ce que notamment Joël a exprimé pour être certain d'avoir bien compris :
- La phénoménologie se base sur l'expérience du monde - d'une vision subjective à la première personne - du phénoménologue. toute personne ayant cette approche et faisant de la philosophie peut donc se dire (entre autre) phénoménologue.
- Ce regard est cependant multiple, et engendre des ajouts ou des différences selon les personnes concernées, pour préciser notamment des points qu'un autre n'avait pas abordé et qui lui semble importants en élaborant un nouveau concept, tel par exemple, le concept d'intentionnalité chez Heidegger, non considéré par Husserl.
- Il y a un élément commun dans l'ensemble des représentations ; cet élément commun est la conscience mais le rapport de l'homme à cette conscience n'est pas perçu par tous de la même manière.
- En effet à ce niveau les points de vue divergent : pour Kant les phénomènes seraient des apparences accessibles à un être qui se distinguerait d'elles alors que pour Husserl, il n'y a que la conscience et ce qui lui apparait ; les apparences tout comme l'être considérés par Kant en tant que séparés de la conscience ne sont donc pour lui que des concepts.
Aussi lorsque juste après tu écris : "La phénoménologie ne veut être ni une représentation ni une interprétation des phénomènes mais se veut description des phénomènes , phénomènes en lien avec la conscience, la Conscience étant le seul absolu." ne semble-t-il pas un peu contradictoire avec le fait qu'il existe différents points de vue (différents concepts) concernant justement ce que sont ces phénomènes - donc la base, en fait. ? |
|
Revenir en haut |
|
|
riseohms
Inscrit le: 30 Nov 2009 Messages: 4335 Localisation: paris
|
Posté le: Di 06 Oct 2019 13:18 Sujet du message: |
|
|
didier a écrit: |
Merci à Joaquim et à Joël pour leur développement. Je tente de retranscrire ici ce que j'ai compris de ce que notamment Joël a exprimé pour être certain d'avoir bien compris :
- La phénoménologie se base sur l'expérience du monde - d'une vision subjective à la première personne - du phénoménologue. toute personne ayant cette approche et faisant de la philosophie peut donc se dire (entre autre) phénoménologue.
- Ce regard est cependant multiple, et engendre des ajouts ou des différences selon les personnes concernées, pour préciser notamment des points qu'un autre n'avait pas abordé et qui lui semble importants en élaborant un nouveau concept, tel par exemple, le concept d'intentionnalité chez Heidegger, non considéré par Husserl.
|
j'ai dit l'inverse ,le concept d'intentionnalité appartient à Husserl, et c'est Heidegger qui a cessé de le considerer
didier a écrit: | *]Il y a un élément commun dans l'ensemble des représentations ; cet élément commun est la conscience mais le rapport de l'homme à cette conscience n'est pas perçu par tous de la même manière.
En effet à ce niveau les points de vue divergent : pour Kant les phénomènes seraient des apparences accessibles à un être qui se distinguerait d'elles alors que pour Husserl, il n'y a que la conscience et ce qui lui apparait ; les apparences tout comme l'être considérés par Kant en tant que séparés de la conscience ne sont donc pour lui que des concepts. | disons que les apparences dont des apparitions de l'être, des manifestations
didier a écrit: | lorsque juste après tu écris : "La phénoménologie ne veut être ni une représentation ni une interprétation des phénomènes mais se veut description des phénomènes , phénomènes en lien avec la conscience, la Conscience étant le seul absolu." ne semble-t-il pas un peu contradictoire avec le fait qu'il existe différents points de vue (différents concepts) concernant justement ce que sont ces phénomènes - donc la base, en fait. ? |
que nous percevions les choses différemment et de façon incomplète ( par esquisse ),c'est un fait,
par contre nous pouvons entrer directement en contact avec les choses
et c'est ce que cherche Husserl avec la méthode expérimentale qu'est « l'époché » ou suspension du jugement.
là il n'est plus question d'interprétation ni de point de vue , il y a comme dit Joaquim ,choc de la rencontre , rencontre qui est aussi cessation la scission sujet objet
non seulement nous percevons les choses directement mais nous pouvons avoir la sensation d'être perçu par elles , le rencontre directe nous mets en présence avec la présence de choses, et cette présence n'est autre que l'être
Joaquim a écrit: | Ce que Barbaras appelle le monde, c’est ce que nous appelons ici l’être, la réalité, Dieu, me semble-t-il. C’est quelque chose qui n’existe pas, parce que le monde est toujours absent de tous les étants au sein desquels il se manifeste, comme le dit très justement Barbaras, mais qui est pourtant bien réel, puisque c’est lui qui opère le choc qu’on éprouve dans la rencontre véritable avec chaque étant. C’est même cela seul qui est réel : le choc, et c’est cela à mon avis la seule définition possible de la réalité. Ce qui est capable de nous asséner un choc. Et nous-mêmes ne sommes réels que parce que nous sommes capables d'éprouver un choc. |
_________________ l’éveil c'est l'esprit qui, libre de tout objet ,reposant en soi et accueillant tout, se révèle à lui-même |
|
Revenir en haut |
|
|
didier
Inscrit le: 18 Fév 2018 Messages: 3259 Localisation: Région Parisienne
|
Posté le: Di 06 Oct 2019 17:03 Sujet du message: |
|
|
riseohms a écrit: | par contre nous pouvons entrer directement en contact avec les choses
et c'est ce que cherche Husserl avec la méthode expérimentale qu'est « l'époché » ou suspension du jugement.
là il n'est plus question d'interprétation ni de point de vue , il y a comme dit Joaquim ,choc de la rencontre , rencontre qui est aussi cessation la scission sujet objet
non seulement nous percevons les choses directement mais nous pouvons avoir la sensation d'être perçu par elles , le rencontre directe nous mets en présence avec la présence de choses, et cette présence n'est autre que l'être |
Bonjour Joël, désolé pour l'échange de noms plus haut, mais je m'y perds un peu.
En quoi une démarche intérieure, telle celle de Shankara, Sri Aurobindo et bien d'autres, basée sur une méthode expérimentale, le yoga, te parait-elle si différente de celle de ces phénoménologues, tant que leur démarche ne relève pas de l'interprétation, puisque, si j'ai bien compris, c'est l'interprétation le noeud du problème ? |
|
Revenir en haut |
|
|
|
|
Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets Vous pouvez répondre aux sujets Vous ne pouvez pas éditer vos messages Vous ne pouvez pas supprimer vos messages Vous ne pouvez pas voter dans les sondages
|
Powered by php B.B.
© 2001, 2005 php B.B. Group · Theme and Graphics
by Tim Blackman
Traduction par : php.B.B-fr.com
|
|