[KIYA]

Un superbe court métrage. Filmé par l'épouse du plongeur, en plongée libre elle aussi, d'après la description.

https://www.youtube.com/watch?v=L4qM1IEhtNQ

Je serais curieuse d'avoir vos impressions sur la fin du film. Qu'avez-vous ressenti ?

[joaquim]

Merci pour cette magnifique vidéo, Kiya. Dès le départ, en regardant ce plongeur évoluer dans les profondeurs, je me suis dit que l’humanité a probablement dû passer par un stade aquatique, comme certains anthropologues le pensent. Ce qui m’a frappé, c’est la parenté de ce monde-là avec celui des rêves. Les mouvements, les sauts coulés, cette impression de légèreté et de liberté, et même la viscosité de la course, tout cela se produit très fréquemment dans les rêves. Le sentiment aussi que tout respire, alors que justement, il est en apnée, et donc ne respire pas. Comme s’il s’agissait d’une autre forme de respiration, une respiration avec le milieu porteur. Le sentiment aussi qu’il va falloir émerger, qu’il va falloir se faufiler vers la sortie ; je trouve que la vidéo rend assez bien cela, car à plusieurs moments, on pense sortir, et pourtant on reste à l’intérieur. Je ne sais pas si cela vous le fait aussi dans les rêves, mais pour ma part, au moment du réveil, je cherche une sortie, et tâtonne sans la trouver, je me faufile dans des boyaux parfois étroits, jusqu’à ce que tout-à-coup je me réveille. Comme si je cherchais la sortie à l’intérieur du rêve, alors qu’elle ne peut se trouver qu’à l’extérieur. C’est d’ailleurs tout-fait l’impression qui se dégage de la dernière scène, celle de la sortie hors de l’eau. La lumière vive, les formes nettes, les bruits, tout est précis, net, ciselé, comme lorsqu'on ouvre les yeux au sortir d'un rêve. Il n’y a plus cette respiration ample des gestes, cette puissance enveloppante et portante de l’eau, le plongeur doit désormais se tenir debout, droit, dans le vide, seul entre la terre et le ciel. Après l'avoir suivi durant tout son périple aquatique, le retour sur la terre donne une peu le sentiment d’une sortie hors du paradis, hors du rêve, hors du ventre maternel. Un instant particulièrement frappant, c'est celui où sa tête sort de l'eau, tandis que son corps reste immergé. Le monde sous-marin devient d'un seul coup opaque sous la surface brillante de l'eau ; il était enveloppant, protecteur, il devient étranger, presque inquiétant.

[konrad]

C'est techniquement très bien réalisé. La première moitié est impressionnante car le nageur se meut dans un univers sans vie, avec très peu de poissons et des roches qui font penser à une cité engloutie et des aspects sombres, morts.
Puis viennent les baleines et les requins, magnifique. On l'accompagne dans sa marche et l'idée qu'il se déplace "naturellement" dans cet élément est très bien rendu. L'apnée renforce cette communion avec le milieu.
Et lorsqu'il sort, rendu dans le monde des hommes, que veut-il dire ?
Que nous ne nous rendons pas compte de ce qui se passe "en dessous" ? Que nos agissements de surface ont des effets en profondeur ? En tout cas l'image est belle, comme quelqu'un qui a vu l'envers du monde ?

[KIYA]

Merci pour vos commentaires .

C'est vrai que les scènes ont quelque chose d'onirique.

Quand je sors du sommeil, j'ai parfois aussi du mal à retrouver mon chemin vers a "réalité". Surtout quand j'ai fait un rêve marquant. Mais si j'essaie de replonger dans un rêve, dans le cas où celui-ci était plaisant, je n'y arrive pas non plus... Seul en reste le goût, l'affect.

Pour ma part, j'ai trouvé la fin assez "violente". Tout d'abord parce que je ne m'y attendais pas, mais surtout par le sentiment d'être arrachée à un monde de sérénité pour être propulsée dans dans un monde bien plus agité, presque étranger... Comme un réveil désagréable. Ou comme être arraché à sa vie intérieure pour rejoindre celle des obligations...

[joaquim]

[caroline]

J'ai probablement tellement joué dans l'eau que je ne vois qu'une chose:
Une performance hors du commun !

Oui c'est poétique et très beau, mais il y a des heures de pratique derrière.
Et je ne peux pas croire qu'on peut se sentir calme dans l'eau glacée, nu pieds et nu mains.
Je n'arrive pas à me laisser aller.

Pour moi, la fin est un soulagement !
(peut-être parce que je suis asthmatique !

Ma première impression devant la plage bondée, ce serait cette impression que rares sont ceux qui prennent le risque de s'aventurer hors de leur élément.
Pour moi, la vie sous-marine me rappelle le subconscient...
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Tu es aux commandes autant que je le suis ?
Regarde, je ne tiens pas le volant !

[Alain V]

Magnifiques images, filmees souvent en plan large, ou le plongeur apparaît comme un élément minuscule dans cette immensité d' eau.