Regards sur l'éveil
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didier
Inscrit le: 18 Fév 2018 Messages: 3260 Localisation: Région Parisienne
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Posté le: Ma 21 Avr 2020 12:39 Sujet du message: Ramana Maharshi |
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Il me parait important d'ajouter un sujet sur ce grand sage Ramana Maharshi, que, pour ma part, je suis en train de davantage découvrir . Je n'avais pas jusque là lu grand chose de lui ou le concernant.
Voici déjà un documentaire qui lui est consacré.
J'ai entrepris la lecture de "L'enseignement de Ramana Maharshi" et il y a des tas de choses que pour l'instant je ne comprends pas. |
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joaquim Administrateur
Inscrit le: 06 Août 2004 Messages: 6058 Localisation: Suisse
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Posté le: Di 26 Avr 2020 13:37 Sujet du message: |
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Merci pour cette vidéo, didier. Je n’ai pas encore fini de la regarder, mais je réagis déjà parce que j’ai été frappé par ce que dit Michael James, que je ne connaissais pas, de l’atma-vichara du Maharshi, parce que c’est exactement ainsi que je le vois. Il s’agit de trouver le "je" non pas pour découvrir qu’il n’existe pas, mais pour découvrir "qui" il est. Toutes les confusions qui naissent de certains échanges proviennent à mon avis de la lassitude et de l’impuissance du Maharshi à faire comprendre à certains interlocuteurs la différence entre "je" et personnalité — je pense d’ailleurs que ce fut la même chose pour Nisargadatta dans ses derniers entretiens. Mais si on lit son témoignage concernant son éveil soudain, il n’y a aucun doute sur ce qu’il entendait par "je" et Soi :
« J’étais assis seul dans une pièce du premier étage, dans la maison de mon oncle. Comme d’habitude, ma santé était parfaite, mais soudainement une peur violente de la mort me saisit sur laquelle on ne pouvait se tromper. J’eus la sensation que j’allais mourir. Il ne se passait rien dans mon corps qui pouvait expliquer cette sensation et je ne pouvais me l’expliquer moi-même. Je n’ai pas cherché à savoir si la peur était bien fondée. J’ai senti “je vais mourir” et aussitôt je me suis demandé ce qu’il fallait faire. Faire appel à des docteurs, la famille ou des amis ne m’importait pas. J’ai senti que je devais résoudre le problème moi-même, sur-le-champ.
Le choc causé par la peur me rendit aussitôt introspectif. Je me suis demandé : “Maintenant que la mort est là, qu’est-ce que cela signifie ? Qu’est-ce qui meurt ? C’est ce corps qui meurt.” Aussitôt j’ai mimé la scène de la mort. J’étendis mes membres en les tenant raides comme si la rigidité cadavérique s’était installée. J’imitai la condition d’un cadavre pour donner un semblant de réalité à mon investigation. Je retins ma respiration et serrai les lèvres pour qu’aucun son ne pût s’en échapper, pour que le mot ‘je’ ou tout autre mot ne pût être prononcé. “Eh bien ! me disais-je, ce corps est mort. Tout rigide, il sera transporté au champ crématoire où il sera brûlé et réduit en cendres. Mais, avec cette mort du corps, suis-je mort moi-même ? Ce corps est-il le ‘je’ ? Il est silencieux et inerte, mais je sens la pleine force de ma personnalité et même le son ‘je’ en moi..., séparé du corps. Ainsi ‘je’ suis un esprit, quelque chose qui transcende le corps. Le corps physique meurt, mais l’esprit qui le transcende ne peut être touché par la mort. Je suis donc l’esprit immortel.”
Tout cela n’était pas un simple processus intellectuel. Tout jaillissait devant moi comme la vérité vivante que je percevais directement, presque sans raisonnement. Le ‘Je’ était quelque chose de très réel, la seule chose réelle en cet état ; et toute l’activité consciente en relation avec le corps était centrée sur lui. Depuis cet instant, le ‘Je’ ou mon ‘Soi’, par une fascination puissante, fut le foyer de toute mon attention. La peur de la mort s’est évanouie instantanément et pour toujours. L’absorption dans le Soi s’est poursuivie dès lors jusqu’à ce jour. D’autres pensées s’élèvent et disparaissent comme diverses notes de musique, mais le ‘Je’ demeure toujours comme la shruti, la note sous-jacente qui accompagne les autres notes et se confond avec elles. Que le corps fut occupé à parler, lire ou quoi que ce soit d’autre, j’étais toujours centré sur le ‘Je’. Avant cette crise je n’avais pas de perception claire du ‘Je’ et je n’étais pas attiré consciemment vers lui. Je ne ressentais pour lui aucun intérêt directement perceptible ; encore moins la tendance à demeurer en lui d’une manière permanente1. »
Trad. Narasimha Swami, B.V, Self-Realisation, 1931, p. 16-18.
Je tombe en même temps sur cet échange dans le livre l’Enseignement du Maharshi, dans lequel j’ai trouvé la traduction du témoignage ci-dessus, qui exprime la même chose de manière tout-à-fait claire :
24 janvier 1935
17.
M. : Pour qui est l’illusion ? Trouvez-le. Alors l’illusion s’évanouira. La plupart des gens veulent savoir ce qu’est l’illusion, et ne cherchent pas qui est dans l’illusion. C’est absurde. L’illusion est extérieure et inconnue, alors que le chercheur est à l’intérieur et connu. Recherchez plutôt ce qui est proche de vous, intime, au lieu de rechercher ce qui est lointain et inconnu. |
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konrad
Inscrit le: 25 Mars 2018 Messages: 1698 Localisation: En van...dredi.
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Posté le: Di 26 Avr 2020 14:21 Sujet du message: |
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Bonjour,
Voici une anecdote lue sur le blog "Smara Yoga" de David Dubois.
" Le conseil de Ramana
"Où ?"
Telle est la question.
Où apparaît le monde ?
Où apparaît le corps ?
Où apparaissent les sensations ?
Où apparaissent les émotions ?
Où apparaissent les pensées ?
Il était une fois un homme qui voulait sauver son pays et transformer le monde par la pratique des mantras. Il pratiquait avec rigueur, selon les règles transmises.
Et pourtant, rien ne se passait. Son pays restait ce qu'il était. Il vivait au pied d'une montagne sacrée, il mangeait, il dormait, il se purifiait comme il fallait. Mais rien. Nulle révolution, aucun déchaînement de puissance divine.
Frustré, il alla voir un jeune ermite dont on lui parlait depuis des années.
Il le trouva dans la montagne, au pied d'une grotte aménagée. Le jeune homme était assis. Notre sauveur du monde se prosterna, lui expliqua toutes les pratiques qu'il avait faites en vain : "J'ai pratiqué encore et encore, j'ai récité des millions de mantras, mais rien ne se passe. Je ne comprends pas ce qu'est la pratique. A quoi sert-elle ?"
Le jeune homme le regarda, en silence.
Au bout d'un quart d'heure, notre sauveur avait perdu patience. En plus, il faisait chaud et humide, et il avait un monde à sauver ! Il s'adressa alors au jeune ermite : "Je sais que, selon la tradition, il existe une initiation par le regard... Mais je n'y comprends rien ! Si vous ne voulez pas parler, écrivez au moins sur un bout de papier !" Alors le jeune homme écrivit sur un bout de papier, ceci :
"Si l'on observe avec attention cela dont s'élance [le murmure silencieux ] 'je suis je', alors le mental s'y résorbe. C'est cela, la pratique".
Le sauveur du monde était déçu : "Mais je veux des mantras à réciter !"
Le jeune ermite sourit doucement, et griffonna ces mots :
"Si l'on récite un mantra, observons avec attention d'où surgit le son de ce mantra. Le mental s'y résorbe alors.
C'est cela, la pratique".
Cela se passa en Inde, en 1907. Le sauveur auto-proclamé était Kâvyakantha Ganapati. L'ermite était Ramana. La montagne sacrée était Arunâchala, dans le Sud.
La suggestion de Ramana vaut pour toute "pratique" :
Si vous voulez sentir, sentez la source des sensations.
Si vous voulez courir, sentez la source de l'élan.
Si vous voulez voir, voyez cela qui vois.
Si vous voulez aimer, sentez la source de l'amour.
Si vous voulez jouer de la musique, plongez dans l'élan à la source de la musique.
Si vous voulez résoudre un problème, ressentez cela d'où vient la solution.
Et ainsi de suite...
Il y a ainsi deux dimensions dans la pratique :
voir cela qui voit ;
ou aimer cela qui désir, veut, ressent.
Deux faces d'une même pièce.
Juste une nuance.
Connaissance ou amour.
Vision ou désir.
Inséparables comme l'air et le vent.
Pour la petite histoire, Ganapati repartit dans son ashram, où il avait déjà des disciples. Il avait été touché par Ramana. Mais pas converti. Par la suite, c'est lui qui essaya de convertir Ramana ! Mais Ramana resta tel quel, aussi immuable que la montagne sur laquelle il habitait.
Ganapati incarnait une autre approche que celle de Ramana :
sauver le monde par la magie, par l'occulte.
Par la suite, il fut fasciné par Aurobindo, l'homme qui prétendait avoir des super-pouvoirs et qui voulait aussi changer le monde. Ganapati eut un disciple qui fonda un institut aurobindien pour perpétuer sa pensée. Il essaya bien des fois de convertir Ramana. Mais, voyant qu'il n'arrivait pas plus à changer Ramana qu'à changer le monde, il s'aigrit et se mit à critiquer Ramana, l'accusant de quiétisme, de fuir le monde. Il prétendait que lui et Aurobindo étaient supérieurs à Ramana.
Ganapati était un adepte des tantras. Alors on dira qu'il était fasciné par les super-pouvoirs, comme la Mère l'était par l'occultisme en général. Ce n'est pas faux. Il appartenait à la tradition Shrîvidyâ, une tradition du tantrisme.
Le hic, c'est que Ramana aussi était sensible à cette tradition. Pas initié, certes , mais il conseillait chaudement la lecture de son texte philosophique central, le Tripurârahasya, et il fit bâtir un temple shrîvidyen en guise de mausolée pour sa maman, identifiée ainsi à la Déesse.
Mais alors, où est la différence ?
Elle est subtile, mais on la retrouve partout et en tous temps. Deux parfums, deux sensibilités.
D'un côté, l'approche de ceux qui veulent mettre le divin au service d'eux-mêmes, sous prétexte de sauver le monde.
De l'autre, ceux qui se mettent au service du divin, dans l'abandon.
Juste une question de priorité, donc.
Évidemment, des deux côtés on parle de "service", du "divin", et ainsi de suite.
Pourtant, la différence est immense.
D'où un Ramana de plus en plus froid à l'égard d'un Ganapati manipulateur, alors qu'il était l'accueil incarné.
Ce n'est pas que Ramana fuyait le monde. Il lisait les journaux anglais chaque jour. Mais il était convaincu que la priorité était à la conversion intérieur, le reste devant suivre.
La pratique, c'est la présence à la Source.
Mantra ou bla-bla, peu importe pourvu qu'on pratique cette présence.
L'attention se retourne.
Le désir plonge en sa source, laquelle est aussi sa fin.
La vague contemple l'océan. La vague aime l'océan.
L'océan se contemple en la vague. L'océan s'aime en cette vague.
C'est tout.
PS : les "traductions" en sanskrit des œuvres tamoules de Ramana par Ganapati ne sont donc pas fiables. De même, ses interventions dans les Talks, où celles de ses disciples, sont tendancieuses : ils sont obsédés par les super-pouvoirs (siddhi) et la location du Soi dans le corps. Le disciple de Ganapati, Kapali, contredit même le point de vue de Ramana dans le commentaire (sanskrit) qu'il a composé pour Saddarshana ! Lequel texte a pourtant été publié par l'Ashram de Ramana... Comme quoi, un commentaire sanskrit peut être parfaitement hypocrite : on peut commenter un auteur en le mettant sur un piédestal, tout en le trahissant. Et l'exemple de Kapali n'est pas le premier dans la littérature indienne." |
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didier
Inscrit le: 18 Fév 2018 Messages: 3260 Localisation: Région Parisienne
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Posté le: Di 26 Avr 2020 14:49 Sujet du message: |
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Bonjour joaquim, Konrad et à tous,
@Konrad, Juste une petite remarque à propos de ton texte, il ne faudrait pas faire un amalgame entre Ganapati et Sri Aurobindo. Sri Aurobindo, par exemple s'est toujours opposé à la recherche de siddhis (pouvoirs) et je n'ai vu aucun texte de lui dans lequel il se serait vanté de "super-pouvoirs". Mais les choses ne sont pas si simples, comme on le voit - et tu le signales - avec le tantrisme, par exemple.
Il est par contre vrai que Sri Aurobindo considérait comme étant du quiétisme le fait pour certains yogis sur la voie du jnana yoga de s'"évader" (le mot est de moi, pas de Sri Aurobindo) dans le nirvana et de s'y complaire. Rien ne dit, sauf probablement Ganapati, que c'était le cas de Ramana Maharshi.
A la lecture de ce texte, je doute que Ganapati ait compris Sri Aurobindo.
Voilà ce qu'on trouve aussi sur le blog de David Dubois.
@joaquim, Ramana Mararshi place le "Je" au niveau du Soi qui se trouve au delà de toute individualité. Il dit aussi : "le vrai "Je" est "Je suis ce JE SUIS"". Il donne des tas de définitions du Soi, dont celle-ci : "En fait Dieu n'est rien d'autre que le Soi" (item 106).
Il peut être intéressant de relire cet extrait qui nous parle aussi du Soi, intitulé "Ramana Maharshi - Le monde - réalité ou illusion ?" |
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joaquim Administrateur
Inscrit le: 06 Août 2004 Messages: 6058 Localisation: Suisse
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Posté le: Di 26 Avr 2020 17:22 Sujet du message: |
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Bonjour didier,
didier a écrit: | @joaquim, Ramana Mararshi place le "Je" au niveau du Soi qui se trouve au delà de toute individualité. Il dit aussi : "le vrai "Je" est "Je suis ce JE SUIS"". Il donne des tas de définitions du Soi, dont celle-ci : "En fait Dieu n'est rien d'autre que le Soi" (item 106). |
Je ne vais pas chercher à te convaincre. Ce que j’ai voulu relever, c’est qu’en me replongeant dans le texte même du Maharshi, ce qu’il dit me semble tout-à-fait évident, et correspond à ce que j’en avais compris la première fois que je l’avais lu, quelques années avant d’ouvrir le forum — ce n’est qu’à partir de l'ouverture du forum que je me suis trouvé confronté à toutes ces incompréhensions concernant le je, l’ego et l’impersonnalité de l’éveil, que je n’avais jamais imaginées auparavant.
didier a écrit: | Il est par contre vrai que Sri Aurobindo considérait comme étant du quiétisme le fait pour certains yogis sur la voie du jnana yoga de s'"évader" (le mot est de moi, pas de Sri Aurobindo) dans le nirvana et de s'y complaire. Rien ne dit, sauf probablement Ganapati, que c'était le cas de Ramana Maharshi. |
C’est là une question qui me trouble depuis toujours, et à laquelle je ne sais pas répondre. Une fois qu’on a découvert le Soi, est-il nécessaire de s’y maintenir en permanence ? Le Maharshi n’a assurément pas fait ce choix-là, mais ce choix s’est imposé à lui comme étant la seule expression possible de sa fidélité à son être essentiel. Mais d’autres, qui ont peut-être été une fois infidèle, se retrouvent placés devant ce choix. Et c’est un choix-piège. Car choisir alors de vouloir se maintenir en permanence dans le Soi soulève la question : qui choisit cela, et pour le bénéfice de qui ? Je croix qu’à partir du moment où on se pose la question, la seule bonne réponse consiste à ne pas rechercher l’évasion dans le Soi, mais à vivre ce qui se présente avec toute l’intensité dont on est capable. Tout le reste, ce ne pourra être qu'une histoire qu’on se raconte.
Ainsi, pour ce qui concerne mon propre parcours, si j’avais été fidèle, j’aurais vécu comme le Maharshi. Mais comme je ne l’ai pas été, et que j’ai (re)chuté, j’ai pris la voie tantrique. Sans le savoir, car je ne connaissais pas cette voie. Mais en lisant par exemple ce qu'en dit Daniel Odier, je m'y retrouve tout-à-fait :
https://www.danielodier.com/french/frpassion.php
Pour ce qui concerne Sri Aurobindo, s’il assimile ce que vivait le Maharshi à une partie seulement de ce que lui-même aurait vécu, alors il se méprend totalement, à mon avis, et démontre simplement qu’il n’a pas réalisé le Soi tel que l'entendait le Maharshi. |
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joaquim Administrateur
Inscrit le: 06 Août 2004 Messages: 6058 Localisation: Suisse
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Posté le: Di 26 Avr 2020 17:49 Sujet du message: |
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Merci, didier, pour cet article sur les divergences entre le Maharshi et Sri Aurobindo. J’en relève ce passage, en gras :
« Mais revenons au cœur de l'affaire : l'introduction de Kapâli au Saddarshanabhâshya, dans laquelle il critique Ramana.
Que dit-il ?
En substance, il répète les arguments du tantra non-duel (le shivaïsme du Cachemire, Abhinavagupta, la Pratyabhijnâ) à l'encontre de l'Advaitavedânta : le Vedânta n'explique pas la dualité. Or, même si elle est une illusion, elle doit être expliquée, n'en déplaise à ces logiciens pour qui le monde est inexplicable ! Le monde est dualité. Mais comment ces couples d'opposés sont-ils possibles sans un substrat commun ? C'est ainsi que l'on doit comprendre l'unité ! L'absolu, ce n'est pas un fond inerte sur lequel viendrait planer une illusion venue d'on ne sait où, on ne sait comment (l'ignorance ? mais l'ignorance de qui ?), mais bien la manifestation de l'absolu, librement consentie, et même désirée.
En clair, Kapâli critique Ramana parce qu'il serait incapable d'expliquer la dualité qui n'est soi-disant qu'une illusion. Alors que tout s'explique si l'on admet que l'unité est la source vivante de la dualité. Kapâli accuse donc Ramana, au nom des "amoureux de la pensée" (vimarsha-rasikânâm - rappelons que vimarsha est le terme-clé du tantra non-duel, il y a donc là un savoureux jeu de mots) d'être un peu simplet.
Ce qui nous ramène à ces deux sortes de non-dualité que j'ai souvent distingué :
- une non-dualité par exclusion qui serait celle du Vedânta et de Ramana.
- une non-dualité par inclusion de la dualité, une non-dualité intégrale (samagram satyam, la vérité complète, comme dit Kapâli), qui serait celle du tantra non-duel, de Ganapati et d'Aurobindo. »
https://shivaisme-cachemire.blogspot.com/2015/08/ramana-et-aurobindo.html
L’idée même qu’il faille expliquer la dualité, trahit le fait que la personne qui a besoin de cela n’a pas réalisé l’unité. Car la dualité, pas plus que l’unité, ne se laissent expliquer ; mais réaliser l’unité, c’est voir la nature illusoire de la dualité. |
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didier
Inscrit le: 18 Fév 2018 Messages: 3260 Localisation: Région Parisienne
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Posté le: Di 26 Avr 2020 18:09 Sujet du message: |
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joaquim a écrit: | Pour ce qui concerne Sri Aurobindo, s’il assimile ce que vivait le Maharshi à une partie seulement de ce que lui-même aurait vécu, alors il se méprend totalement, à mon avis, et démontre simplement qu’il n’a pas réalisé le Soi tel que l'entendait le Maharshi. |
Je n'ai pour ma part jamais écrit ce genre de chose, et bien qu'ils étaient contemporains (Aurobindo avait 7 ans de plus que Ramana) j'ignore totalement si Aurobindo a dit quoi que ce soit au sujet de Ramana. Pour ma part j'ai l'impression que Ramana ne s'est pas arrêté où semble s'être arrêté Shankara.
Pour ce qui est de la voie tantrique, je ne connais pas bien, mais elle me parait très risquée si l'on se prend encore pour un individu. |
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joaquim Administrateur
Inscrit le: 06 Août 2004 Messages: 6058 Localisation: Suisse
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Posté le: Di 26 Avr 2020 18:20 Sujet du message: |
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didier a écrit: | joaquim a écrit: | Pour ce qui concerne Sri Aurobindo, s’il assimile ce que vivait le Maharshi à une partie seulement de ce que lui-même aurait vécu, alors il se méprend totalement, à mon avis, et démontre simplement qu’il n’a pas réalisé le Soi tel que l'entendait le Maharshi. |
Je n'ai pour ma part jamais écrit ce genre de chose |
j'avais cru lire cela dans ces mots :
didier a écrit: | Il faut bien comprendre que la voie dont nous parle Ramana est très similaire (je n'ose pas écrire identique, mais pour moi ça l'est) au jnana (connaissance) yoga dont nous parle Aurobindo, mais Aurobindo a une démarche qui n'est pas uniquement basée sur le jnana yoga mais aussi sur le bhakti (dévotion) et le karma (action) yoga, en privilégiant le bhakti yoga ; ceci parce qu'elle lui parait plus complète dans le sens où, contrairement à Shankara (et en partie à Ramana) il considère la manifestation comme étant réelle et choisit d'une part de partir de là, mais d'autre part d'y participer pleinement. L'objet du jnana yoga, la libération dans l'Absolu, est pour lui quelque chose d'incomplet ; tout ceci n'étant pas, d'après lui, d'ordre conceptuel, mais basé sur sa propre réalisation, à l'instar d'anciens rishis védiques.. |
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didier
Inscrit le: 18 Fév 2018 Messages: 3260 Localisation: Région Parisienne
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Posté le: Di 26 Avr 2020 18:28 Sujet du message: |
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joaquim a écrit: | didier a écrit: | joaquim a écrit: | Pour ce qui concerne Sri Aurobindo, s’il assimile ce que vivait le Maharshi à une partie seulement de ce que lui-même aurait vécu, alors il se méprend totalement, à mon avis, et démontre simplement qu’il n’a pas réalisé le Soi tel que l'entendait le Maharshi. |
Je n'ai pour ma part jamais écrit ce genre de chose |
j'avais cru lire cela dans ces mots :
didier a écrit: | Il faut bien comprendre que la voie dont nous parle Ramana est très similaire (je n'ose pas écrire identique, mais pour moi ça l'est) au jnana (connaissance) yoga dont nous parle Aurobindo, mais Aurobindo a une démarche qui n'est pas uniquement basée sur le jnana yoga mais aussi sur le bhakti (dévotion) et le karma (action) yoga, en privilégiant le bhakti yoga ; ceci parce qu'elle lui parait plus complète dans le sens où, contrairement à Shankara (et en partie à Ramana) il considère la manifestation comme étant réelle et choisit d'une part de partir de là, mais d'autre part d'y participer pleinement. L'objet du jnana yoga, la libération dans l'Absolu, est pour lui quelque chose d'incomplet ; tout ceci n'étant pas, d'après lui, d'ordre conceptuel, mais basé sur sa propre réalisation, à l'instar d'anciens rishis védiques.. |
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Oui, mais ici c'est moi qui parle et pas Sri Aurobindo, et j'ai été quand même prudent en écrivant et "(en partie à Ramana)", car cela ne m'a pas paru clair dans ce que j'ai pu lire de lui, mais d'une part, je n'ai pas tout lu de lui et d'autre part je n'ai pas vraiment confiance en la validité de mon jugement en la matière. Je vais essayer de retrouver des extraits d'Aurobindo qui permettraient d'avancer sur la question.
Ce qui est très compliqué la-dedans c'est que ce n'est pas parce qu'un maître ne s'exprime pas sur un aspect qu'on peut en conclure qu'il ne l'a pas réalisé.
Par contre ça me parait assez clair pour ce qui concerne le neo-advaïtisme. |
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rien
Inscrit le: 15 Oct 2017 Messages: 689 Localisation: toulon
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Posté le: Di 26 Avr 2020 19:20 Sujet du message: |
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didier , il est temps qu'un ovni vienne te chercher pour t'emmener faire un tour , emmene joaquim avec toi aussi , ça lui feras pas de mal!
bises a vous ;
parfois je me demande si vous n'êtes pas des malades mentaux _________________ une croix , chacun la sienne et dieu pour tous .
a lire symboliquement , bisous bisous et reste là; |
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joaquim Administrateur
Inscrit le: 06 Août 2004 Messages: 6058 Localisation: Suisse
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Posté le: Di 26 Avr 2020 19:20 Sujet du message: |
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konrad a écrit: | Bonjour,
Voici une anecdote lue sur le blog "Smara Yoga" de David Dubois. |
Merci, konrad, pour cette piste. |
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joaquim Administrateur
Inscrit le: 06 Août 2004 Messages: 6058 Localisation: Suisse
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Posté le: Di 26 Avr 2020 19:31 Sujet du message: |
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rien a écrit: | didier , il est temps qu'un ovni vienne te chercher pour t'emmener faire un tour , emmene joaquim avec toi aussi , ça lui feras pas de mal!
bises a vous ;
parfois je me demande si vous n'êtes pas des malades mentaux |
Franchement, rien, en quoi cette intervention est-elle constructive ? En quoi aide-t-elle qui que ce soit à aller plus loin ? En quoi est-elle autre chose qu'une occasion pour toi de te présenter comme quelqu'un qui serait détaché du mental, et de te faire mousser aux dépens de ceux que tu crois — à tort ou à raison, qu’importe — en être prisonniers ? Crois-tu peut-être qu'il suffit de le dire, pour l'être ? |
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rien
Inscrit le: 15 Oct 2017 Messages: 689 Localisation: toulon
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Posté le: Di 26 Avr 2020 20:38 Sujet du message: |
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joaquim a écrit: | rien a écrit: | didier , il est temps qu'un ovni vienne te chercher pour t'emmener faire un tour , emmene joaquim avec toi aussi , ça lui feras pas de mal!
bises a vous ;
parfois je me demande si vous n'êtes pas des malades mentaux |
Franchement, rien, en quoi cette intervention est-elle constructive ? En quoi aide-t-elle qui que ce soit à aller plus loin ? En quoi est-elle autre chose qu'une occasion pour toi de te présenter comme quelqu'un qui serait détaché du mental, et de te faire mousser aux dépens de ceux que tu crois — à tort ou à raison, qu’importe — en être prisonniers ? Crois-tu peut-être qu'il suffit de le dire, pour l'être ? |
franchement j'invite a la détente l'ami , et vois ta propre réaction ; et non la mienne comme quelque chose de négatif
si tu vois dans une simple blague sans arrière pensée, tout un de tas de truc , ça te regarde ,seulement je trouve ça triste pour ton équilibre _________________ une croix , chacun la sienne et dieu pour tous .
a lire symboliquement , bisous bisous et reste là; |
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joaquim Administrateur
Inscrit le: 06 Août 2004 Messages: 6058 Localisation: Suisse
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Posté le: Di 26 Avr 2020 20:42 Sujet du message: |
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rien a écrit: | franchement j'invite a la détente l'ami , et vois ta propre réaction ; et non la mienne comme quelque chose de négatif
si tu vois dans une simple blague sans arrière pensée, tout un de tas de truc , ça te regarde ,seulement je trouve ça triste pour ton équilibre |
Quand on dérange par ses blagues ceux qu'elles ont visés, on n'essaie pas de les justifier, ni surtout on n'accable leur cible, mais on s'excuse.
Dernière édition par joaquim le Di 26 Avr 2020 20:44; édité 1 fois |
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didier
Inscrit le: 18 Fév 2018 Messages: 3260 Localisation: Région Parisienne
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Posté le: Di 26 Avr 2020 20:43 Sujet du message: |
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joaquim a écrit: | Merci, didier, pour cet article sur les divergences entre le Maharshi et Sri Aurobindo. J’en relève ce passage, en gras :
« Mais revenons au cœur de l'affaire : l'introduction de Kapâli au Saddarshanabhâshya, dans laquelle il critique Ramana.
Que dit-il ?
En substance, il répète les arguments du tantra non-duel (le shivaïsme du Cachemire, Abhinavagupta, la Pratyabhijnâ) à l'encontre de l'Advaitavedânta : le Vedânta n'explique pas la dualité. Or, même si elle est une illusion, elle doit être expliquée, n'en déplaise à ces logiciens pour qui le monde est inexplicable ! Le monde est dualité. Mais comment ces couples d'opposés sont-ils possibles sans un substrat commun ? C'est ainsi que l'on doit comprendre l'unité ! L'absolu, ce n'est pas un fond inerte sur lequel viendrait planer une illusion venue d'on ne sait où, on ne sait comment (l'ignorance ? mais l'ignorance de qui ?), mais bien la manifestation de l'absolu, librement consentie, et même désirée.
En clair, Kapâli critique Ramana parce qu'il serait incapable d'expliquer la dualité qui n'est soi-disant qu'une illusion. Alors que tout s'explique si l'on admet que l'unité est la source vivante de la dualité. Kapâli accuse donc Ramana, au nom des "amoureux de la pensée" (vimarsha-rasikânâm - rappelons que vimarsha est le terme-clé du tantra non-duel, il y a donc là un savoureux jeu de mots) d'être un peu simplet.
Ce qui nous ramène à ces deux sortes de non-dualité que j'ai souvent distingué :
- une non-dualité par exclusion qui serait celle du Vedânta et de Ramana.
- une non-dualité par inclusion de la dualité, une non-dualité intégrale (samagram satyam, la vérité complète, comme dit Kapâli), qui serait celle du tantra non-duel, de Ganapati et d'Aurobindo. »
https://shivaisme-cachemire.blogspot.com/2015/08/ramana-et-aurobindo.html
L’idée même qu’il faille expliquer la dualité, trahit le fait que la personne qui a besoin de cela n’a pas réalisé l’unité. Car la dualité, pas plus que l’unité, ne se laissent expliquer ; mais réaliser l’unité, c’est voir la nature illusoire de la dualité. |
Pour ce qui concerne Ramana, comme le dit David Dubois :
Citation: | la pensée de Ramana est plus complexe. Disons qu'il était non-dualiste. Mais son cœur - et ses propos - ont toujours balancé entre ces deux formes de non-dualité. Parfois, comme dans le Saddarshana, il est plutôt exclusiviste, védântique. Mais ailleurs il est plus tantrique, notamment quand il dit que le monde est illusoire seulement au sens où il n'existe pas indépendamment de l'absolu, de la conscience. Ce qui est la position inclusiviste du tantra non-duel. |
Voici ce que Sri Aurobindo a pu répondre à un sadhaka, à propos de Shankara – et qui rejoins ce que dit Dubois – mais il explique sa position :
Citation: | La connaissance de Shankara n’est … qu’un seul côté de la Vérité ; c’est la connaissance du Suprême tel qu’il est réalisé par le Mental spirituel à travers le silence statique de la pure Existence. C’est parce qu’il se fondait sur ce seul aspect que Shankara était incapable d’accepter ou d’expliquer l’existence de l’univers et autrement que comme une illusion, une création de Mâya. A moins de réaliser le côté dynamique du suprême aussi bien que son côté statique, il n’est pas possible d’avoir l’expérience de la véritable origine des choses et de l’égale réalité du Brahman actif. La Shakti ou Pouvoir de l’Eternel n’est plus alors qu’un pouvoir de l’illusion et le monde devient incompréhensible, mystère de folie cosmique, éternel délire de l’Eternel. Quelle que soit la logique verbale ou idéative produite pour la soutenir, cette manière de voir l’univers n’explique rien ; elle construit simplement une formule mentale de l’inexplicable. Ce n’est que si vous approchez le Suprême à travers son double aspect de Sat [Être] et de Chit-Shakti [Conscience-Force], double mais inséparable, que la vérité totale des choses peut devenir évidente pour l’expérience intérieure. Cet autre aspect a été développé par les tantriques de la Shakti. Les deux ensemble, la vérité védantique et la vérité tantrique unifiées, peuvent parvenir à la connaissance intégrale.
Mais philosophiquement … c’est une vérité plus complète et une connaissance plus vaste que celle que donne la formule de Shankara. Elle est déjà esquissée dans l’enseignement de la Guïta sur le Pouroushôttama et la Para Shakti qui devient le Jiva et soutient l’univers. Il est évident que Pouroushôttama et Para Shakti sont tous deux éternels et sont inséparables et un en tant qu’être. Etc … |
De mon point de vue :- La vision de Sri Aurobindo englobe celle de Shankara et l’explique, par ailleurs.
- Je ne peux concevoir la manifestation sous le seul aspect de l’illusion et le regard qu’en fait Sri Aurobindo est tout à fait compatible, d’une part avec le regard objectif de la science moderne et d’autre part avec certains aspects de l’occultisme (à défaut d'autre mot plus synthétique).
- Cette vision n’est pour moi pas du tout incompatible avec ce que nous dit, par exemple Ramana Maharshi, pour ce qui est de l'aspect jnana de la non-dualité.
D’autre part je ne sais pas si la réalisation de l’un serait ou non supérieure à celle de l’autre – ce qui m’est d’ailleurs totalement indifférent -, mais je préfère globalement la vision exprimée par Sri Aurobindo (dans ses dizaines de milliers de pages) qui, contrairement à celle de Shankara, donne du sens à la manifestation. Pour ce qui concerne le seul aspect jnana, j'aime beaucoup le point de vue de Ramana.
Je n’ai pas vraiment compris ce que tu sous-entends avec ces deux phrases :
Citation: | L’idée même qu’il faille expliquer la dualité, trahit le fait que la personne qui a besoin de cela n’a pas réalisé l’unité. Car la dualité, pas plus que l’unité, ne se laissent expliquer ; mais réaliser l’unité, c’est voir la nature illusoire de la dualité. |
Une explication ne vaut évidemment que pour ceux qui n’ont pas réalisé ce qu’elle pointe ; Dans le cas de Sri Aurobindo, s’il a raison, son explication me parait bien utile. |
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