[sèpher]

Parfois, je me sens touché par un mot, un regard. Dans ces moments, une voix douce intérieure me parvient: "Ne te réjouis pas de ta saisie" et "Ne garde pas". Ces piques soudaines, loin d'être de simples perturbations, sont en réalité des signes précieux de la vie, m'indiquant subtilement là où je m'accroche, là où je me retiens. Chaque inconfort, chaque point de tension, se révèle alors comme une pédagogie bienveillante de l'existence, m'invitant à retrouver ma liberté. Ces moments m'enseignent une forme supérieure de compréhension, celle de "saisir sans saisir".

Confronté à cette interpellation, je réalise l'importance de garder la main ouverte, de rester réceptif. Tout appartient à ce moment, à cet instant où tout est vivant, vibrant. Moi-même, je suis englouti dans ce flot d'existence, témoin et participant de cette rencontre sacrée.

Dans l'introspection, la question émerge : "Qui suis-je ? Quel est le sens de tout cela?"
Quand je cherche à saisir, à comprendre, un monde de possibles s'ouvre à moi, comme un ballet infini de réponses.
Pourtant, chaque réponse émane du même parfum – celui de la Présence divine. Si j'ose tenir une seule de ces réponses et jouer sans recherche de gain , tout en restant dans cet espace de non-saisie, je me retrouve immergé dans ce parfum, ce parfum de vie et de présence. Devant moi se dévoilent alors les innombrables noms par lesquels on peut chercher à appréhender l'Ineffable : l'Être, le Lieu de Vie, le Vivant, la Conscience, le Très-Haut, le Miraculeux, la Majesté... C'est un tourbillon d'ivresse dans lequel je me perds, ivre non pas d'alcool, mais de la pure présence divine.

Puis, après ce vertige éclairant, le repos arrive, comme une douce mélodie qui protège , veillant à ce que le voile sacré ne se déchire pas



Thomas (logion 50) : "Si l'on vous demande : 'D'où venez-vous ?', répondez : 'Nous venons de la Lumière, de l'endroit où la Lumière est née d'elle-même. Elle s'est manifestée et elle s'est révélée dans leur image.' Si l'on vous demande : 'Êtes-vous ceci ?', dites : 'Nous sommes ses descendants et nous sommes les élus du Père vivant.' Si l'on vous demande ce qu'est le signe de votre Père en vous, dites : 'C'est le mouvement et le repos.'
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Si l'on vous demande : Quel est le signe de votre Père qui est en vous ? Dites-leur : C'est un mouvement et un repos . Thomas (evangile apocryphe)

[joaquim]

Bonjour Samy, merci pour ce partage.

Pour ma part, je vis les choses un peu différemment. Parce que si je fais tout juste, comme tu le décris, si je demeure dans la non-saisie, en totale ouverture, il arrive un moment où cette totale ouverture et cette non-saisie se transforment sans que je m’en rende compte en saisie de la non-saisie et coagulation de la totale ouverture. Dans mon expérience, je ne peux pas demeurer dans une permanente ouverture, parce que cette ouverture, si elle demeure, devient un état, et donc perd sa vie. La non-saisie est comme un inspir, après quoi il me faut ensuite expirer. Expirer, c’est revenir à moi — au tout petit moi — c’est donner à ce tout petit moi tout pouvoir sur moi. En fait, je pourrais dire plutôt que c’est donner au désir tout pouvoir sur moi, parce que ce tout petit moi, c’est au fond l’enfant intérieur, et que ce qui le constitue, ce n’est rien d’autre que du désir, le désir de tout toucher, de tout goûter, sans consignes, sans règles. Sans règles, c’est cela qui compte. Sans règles, c’est là que réside la prise de risque. C’est cette prise de risque qui me rend à nouveau vivant, et qui me permet, après l’expir, un nouvel inspir.

Je ne conteste évidemment pas ce que tu as écrit en disant cela. J'apporte juste une autre note à la même mélodie.

Fu-Ni l’a aussi exprimé, à sa manière, sur un autre fil :

[sèpher]

Bonsoir Joaquim

Ton observation est perspicace et rejoins ce que je pense, sans doute tu as vu dans mon envolée mystique une permanence de cette ouverture.

La contraction, ce que j'ai appelé "être piqué", agit en effet comme un déclencheur, comme le bois qui alimente le feu. elle réveille l'alchimiste en moi.

ces moments de contraction , plutôt que d'être des entraves, sont des opportunités d'éveil et de compréhension profonde. Ils signalent les points d'attachement, les endroits où je me retiens, et deviennent ainsi des enseignants silencieux.

La "saisie dans la non-saisie" (peut etre que mon expression n'est pas clair)
est une qualité de présence, une contemplation renouvelée. C'est un flux, un éveil sans fin qui, par sa nature, ne peut créer de stagnation ou d'état fixe. c'est l'esprit de dieu si j'ose .
La saisie dans la non-saisie n'est pas un état fixe. C'est l'esprit de voir sans attente, une contemplation qui laisse libre ce qui est. C'est une rencontre avec la forme qui la libère dans l'instant. Ce n'est pas une fixation, mais plutôt un flux.

Lorsque tu mentionnes que cette ouverture, lorsqu'elle persiste, se transforme en état et perd ainsi sa vitalité, je suis en accord. Cependant, cela s'applique si je m'efforce consciemment d'être ouvert ou si j'établis l'intention d'être dans cette "saisie de la non-saisie". Pour moi, la "saisie dans la non-saisie" est mon état naturel, c'est l'acte pur de voir, l'un des noms divins de Dieu.

Je perçois la vie en éveil comme une danse. Dans cette danse, il y a des moments d'éveil et des moments de contraction. Le 2 est nécessaire pour rendre visible le miracle. La contraction et l'ouverture mettent en valeur l'ouverture. C'est par la reconnaissance de mon péché que sa miséricorde, sa beauté, sa vitalité et bien plus encore se dévoilent en conscience
Si certains, comme les saints ou avatars ou jésus , vivent peut-être dans cet esprit de manière constante, ce n'est pas mon expérience. Je suis un mystique qui se réjouit dans le mouvement, dans la chute et le relèvement, dans cette danse continue entre la contraction et l'ouverture.


"Dans chaque péché, il y a un éveil." - Proverbe soufi
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Si l'on vous demande : Quel est le signe de votre Père qui est en vous ? Dites-leur : C'est un mouvement et un repos . Thomas (evangile apocryphe)

[Alain V]

👍🏻
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" Le réel c' est quand on se cogne " Lacan

" la guerre, ce sont des hommes qui ne se connaissent pas et qui se massacrent au profit d'hommes qui se connaissent et ne se massacrent pas ".
Paul Valery

[joaquim]

[Fu ni]

[Fu ni]

Merci Samy pour ce partage inspirant et vivifiant.

Ces deux passages font ainsi échos dans la littérature du zen :

[Alain V]

[sèpher]

[daniel]

Quand je regarde en moi, je vois toute l'évolution de l'univers qui a conduit jusque là ! C'est mon histoire et vous en faites partie !

[sèpher]

[manira]

Bonjour Sepher ,
Il y a plusieurs années , je lisais de la poésie soufie , et j’aimais bien regarder ces danseurs …
Je trouvais cela envoûtants
, bien que sans le savoir , ces grandes fleurs qui tournoient

https://youtu.be/K1dE8Armq08?si=x614CxfurgypK3r8
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Une envolée d'oiseaux, que c'est beau....

[Alain V]

[Fu ni]

[Fleur de Soi]

Saisie "dans" la non-saisie...

ou...

S'Être

— conscience — de — conscience — de — conscience — de — conscience — de — conscience — de — conscience — de — conscience — de — conscience — de — conscience — de — conscience — de....................
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Je vis une grande expérience, sans science, car l'expérience... c'est Moi.
Cet homme est un étranger...