[sèpher]

La secte invisible que l'on ne quitte pas facilement

Dans un monde rempli de bruit, de jugements et de comparaisons, vivait un homme nommé Taw. Un jour, Taw ouvrit les yeux sur une vérité troublante : il faisait partie d’une secte, la Secte Invisible, celle où tout tournait autour du pouvoir de juger, de comparer et de se mesurer aux autres. Cette secte, il la méprisait désormais. Alors, dans un élan de révolte, Taw décida qu’il la combattrait.

Il se lança dans une croisade : dénoncer les mensonges, démanteler les illusions, montrer aux autres membres qu’ils étaient prisonniers de cette dynamique du diabolos, cet esprit de division. Mais plus il luttait, plus il se sentait fatigué. Et curieusement, malgré tous ses efforts, la secte semblait se renforcer autour de lui.

Une nuit, alors qu’il méditait sur son échec, une voix intérieure se fit entendre, douce mais ferme :
« Taw, ce n’est pas en combattant la secte que tu t’en libéreras. La lutte te maintient dans ses filets, car elle se nourrit de division, même sous prétexte de la combattre. Si tu veux vraiment sortir, tu dois rendre ta carte et traverser la porte du manque. »

Taw fronça les sourcils. Rendre sa carte ? C’était absurde ! Cette carte dorée, bien qu’il la déteste parfois, était aussi une part de lui. Elle contenait tout ce qu’il croyait être : son rôle, ses mérites, ses certitudes. Et puis, comment pourrait-il aider les autres à se libérer sans cette carte ? La voix reprit, implacable :
« Crois-tu vraiment que tu as besoin de cette carte pour délivrer qui que ce soit ? Ce que tu es profondément n’a pas besoin d’outils ou de rôles. Mais pour le découvrir, il te faudra traverser. »

Le lendemain, Taw se mit en route. Après un long périple, il arriva devant une porte massive, sombre et intimidante. Sur le seuil se tenaient deux gardiens. Le premier, austère, tenait une balance en or.
« Taw, tu veux entrer ? Regarde cette balance. Ton intelligence, ton savoir, tout ce que tu es n’est pas encore suffisant. Retourne dans le monde, continue à accumuler, puis reviens. »

Le second gardien, au sourire enjôleur, ajouta :
« Taw, pourquoi abandonner ? Ta carte dorée est précieuse. Avec elle, tu peux dénoncer, guider, sauver les autres. Qui aidera ces pauvres âmes si toi, tu renonces ? »

Taw hésita. La peur gronda en lui. Mais au fond, il sentit que ces gardiens ne faisaient que refléter ses propres doutes et résistances. Alors, la voix intérieure s’éleva à nouveau :
« Taw, ces gardiens protègent une illusion. Leur balance ne pèse que des chimères. Ce qu’ils disent n’a de pouvoir que si tu y crois. Rends ta carte et entre. »

Rassembler son courage fut l’acte le plus difficile de sa vie. Lentement, Taw décrocha la carte dorée de son cou. Au moment où il la posa au sol, il sentit un gouffre s’ouvrir sous ses pieds. Il tomba, ou du moins, c’est ce qu’il crut. Mais en réalité, il ne faisait que traverser.

De l’autre côté de la porte, il découvrit un espace vaste et lumineux, où tout semblait simple, clair et paisible. Plus de jugements, plus de comparaisons, plus de luttes. Ce qu’il avait pris pour le vide était en fait la plénitude. Taw comprit que tout ce qu’il croyait être – son rôle, sa carte, son besoin de sauver – n’était qu’une illusion. La vraie liberté n’était pas dans la lutte, mais dans l’abandon des chaînes invisibles qu’il s’était lui-même imposées.

La secte, il la voyait toujours à l’œuvre autour de lui, mais elle n’avait plus de pouvoir sur lui. Taw souriait parfois en pensant à sa carte dorée, ce précieux fardeau qu’il avait eu tant de mal à lâcher. Il se souvenait des gardiens, de leurs promesses, de leurs menaces. Et il murmurait pour lui-même :
« Ce n’est pas en luttant que l’on se libère, mais en cessant de nourrir l’illusion. »
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Si l'on vous demande : Quel est le signe de votre Père qui est en vous ? Dites-leur : C'est un mouvement et un repos . Thomas (evangile apocryphe)

[iTristan]

Merci sèpher, il est bon qu'il y ait un gardien du phare pour ceux qui naviguent en mer.

[sèpher]