Regards sur l'éveil
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Livre III : État de l'âme unie à
Dieu |
Instruction 1 : Sur la présence de Dieu
Nous ne saurions avoir un plus heureux terme, après avoir
passé par l’adorable Humanité de Jésus, que de
nous trouver tous perdus en Dieu, par l’ineffable union que l’âme
contracte avec lui, dans laquelle nous pouvons entrer facilement,
à la faveur de sa présence.
Mais je vous avouerai que j’ai eu quelque peine
à m’engager dans ce sujet, que toutes les plumes spirituelles
ont traité jusques ici avec tant d’onction, et de science, et
avec des discours aussi beaux que féconds : néanmoins,
j’en suis revenu par cette pensée, que la matière est si
douce au coeur et à l’esprit, que jamais on n’en peut prendre le
dégoût et elle a un fond si inépuisable, que les
esprits les plus communs y peuvent toujours assez bien réussir.
1
Je ne doute pas, Théonée,
qu’après tant de discours, votre coeur n’ait conçu une
douce et forte inclination de ne vivre plus que d’une vie divine ; je
vous assure pourtant que vous n’en pourrez jamais avoir l’effet bien
efficacement, que par cette présence de Dieu, parce que c’est
elle proprement, qui nous unit à Dieu, et cette union
croît à proportion que nous lui sommes présents.
Je ne veux que l’expérience de votre coeur
pour autoriser ce que je dis : Confessez-le moi ingénument, s’il
n’est pas véritable, qu’étant quelquefois exposé
devant Dieu d’une façon plus intime, vous en avez
expérimenté, comme une manière d’amoureuse
liaison, d’étreinte et d’embrasement suave et paisible, vous
sentant tout entré dans ce béatifiant et divin Principe,
et lui tout en vous, par des privautés si aimables et si
liantes, que vous ne faisiez quasi plus qu’un avec lui ? C’est à
justement cette union admirable, qui est la riche production de cette
présence de Dieu, laquelle fait, que la partie est comme rendue
à son tout, et que l’étincelle rentre dans l’embrasement
et le grand feu dont elle est sortie.
Hélas ! nous nous égarons
déplorablement de Dieu à tout moment, et par nos
égarements nous fuyons la source de notre
félicité, comme si elle était pour nous la source
de malheurs. Que fait donc cette divine Providence ? Elle rend et unit
à son Tout, qui est Dieu, cette partie retranchée par son
égarement, et elle fait rentrer ce petit feu, ou cette
étincelle, qui s’allait éteindre parmi les
créatures, dans Dieu, qui est ce feu éternel. C’est
là où l’âme trouve son repos étant toute
dans l’union, en revenant de ses erreurs, et où elle commence
à vivre de la vie de Dieu.
Car remarquez que tout ce qui est uni à son
Principe, vit de son principe : Le fruit vit de son arbre pendant qu’il
y est uni et attaché ; et l’enfant, pendant qu’il est dans le
ventre de sa mère, n’a point d’autre nourriture et d’autre
respiration que la sienne. Dieu même, dit Lessius, ne vit d’une
vie infiniment sainte, que parce qu’il est infiniment uni à
lui-même ; Vous vivrez donc tout de Dieu, autant que vous aurez
union avec lui, comme avec votre Principe : Et c’est cette
Présence admirable, qui nous faisant entrer dans cette divine
union, nous fait aussi participer de cette vie divine.
En voulez-vous un beau trait de l’Apocalypse,
où Dieu dit à l’âme, que si elle lui ouvre la
porte, il entrera chez elle, et que là ils feront un festin
mutuel ? Voilà cette Présence de Dieu, à laquelle
l’âme est invitée, et où elle ne vit plus que de
son Dieu, comme son Dieu ne semble plus vivre que d’elle : L’âme
y devient la nourriture de son Dieu, cœnabo cum illo, et Dieu devient
la nourriture de l’âme, et ille mecum. Cela vient de ce que
l’âme ayant une faim de son Dieu, elle en fait son aliment en le
goûtant, et en jouissant de lui ; et Dieu ayant une espèce
de faim de l’âme, il en fait aussi sa nourriture, prenant en elle
ses divins plaisirs.
O Dieu ! Théonée, quelles
émanations de sa divine présence ! Et quelle prodigieuse
vie ne mène-t-on pas, quand on est entré une fois dans ce
saint exercice ! Que misérables sont ceux qui s’en retirent et
qui aiment bien mieux leurs égarements parmi tant de choses
périssables, que de s’arrêter au grand Principe de leur
bonheur.
2
Mais pour vous alléguer quelque pensée
dont la pratique vous puisse être plus familière, et
où pourront entrer assez facilement tous ceux qui feront lecture
de cette instruction, je vous dirai que si vous désirez
mourir bientôt à vous-même, à toutes vos
passions, la Présence de Dieu en est le tombeau, et qu’il n’est
point au monde d’industrie capable d’en réformer les saillies
immortifiées, comme la vue qu’on a de ces divins yeux, qui nous
contemplent.
Je vous demande où en sont les courtisans
à la cour ? Vous n’y remarquez rien que retenue et
modération, et que de profonds respects : vous jugeriez à
les voir, que toutes leurs passions seraient ou mortes ou
domptées, quoique ordinairement leur coeur en soit
déchiré, comme de furies : C’est que la présence
du Prince, et cette Majesté royale leur impose le silence,
inspirant un respect sacré qui arrête d’une part le feu de
leurs passions, et de l’autre les oblige à se tenir dans le
règles du devoir.
N’est-ce pas là ce qu’opère en nous la
présence de Dieu ? Vous ne pouvez vous exposer aux yeux de dieu
et penser qu’il observe tous vos mouvements, qu’aussitôt toutes
choses en vous ne soient dans l’ordre. Le corps se compose à la
modestie, les passions craignent de s’élever et de faire bruit,
et toute l’âme est abîmée de révérence
: voici Dieu dit-elle, Voici Dieu ! C’est que cette Majesté
divine inspire une sainte horreur et semble par là
anéantir tous les mouvements de la nature
déréglée, laquelle n’ose rien faire qui soit
indigne de ces yeux divins.
C’est pour cela que les saints tremblent devant lui
et sont saisis d’une frayeur sacrée, qui éloigne les
moindres imperfection : C’est pour cela eu cette divine Présence
se peut appeler une source de pureté, parce qu’elle met
l’âme dans un état de n’oser et de ne pouvoir rien
commettre de criminel ; c’est une sainte chaîne que la lie, ou
plutôt un couteau qui l’égorge à tout moment, comme
une victime pour ne lui laisser pas même une opération
purement naturelle.
Et, en effet, voyez un peu, Théonée,
d’où viennent tous vos désordres ? Hélas ! c’est
que vous oubliez alors votre Dieu, et cet oubli, qui n’est point autre
que votre éloignement, vous rend capable de vous abandonner aux
dernières misères, Car où étiez-vous pour
lors, dans ces grands malheurs que vous savez ? Ah ! que vous
étiez égaré et que cette séparation vous a
bien fait comprendre, qu’étant loin de votre Dieu, vous n’avez
pu trouver que des abîmes. Mais aussi marchant en sa
présence, vous y trouvez une parfaite sainteté, et une
sécurité éternelle de tourtes parts : car il fait
avoir la plus noire malice des démons, pour offenser Dieu,
pendant qu’on est dans la pensée qu’il est tout proche, et qu’il
vous regarde.
Dites donc que cette présence divine est un principe de mort et
un principe de vie ; c’est un principe de mort parce qu’il
empêche et qu’il arrête toutes les opérations
corrompues de l’esprit humain : c’est un principe de vie, parce que le
même, qui fait mourir notre corruption, nous fait vivre aussi de
sa vie divine.
Je vous prie de bien comprendre cette pensée
: Vous savez que toute la substance de notre âme est une image de
la substance de Dieu, qui l’a créée comme une riche copie
de ce grand Original ; c’est ce que la foi nous enseigne : Mais
avez-vous jamais bien pensé, que toutes nos opérations
sont aussi des copies des opérations qui sont dans Dieu ; que
notre amour est une expression et une ressemblance de l’amour divin ;
que notre haine est une ressemblance de la haine que Dieu a pour le
péché ; que notre joie est une image de la joie qui est
dans Dieu ; que notre âme n’a ainsi aucune opération qui
ne soit une copie et une image de celles qui sont en Dieu.
Mais dans cette intime présence de Dieu,
notre vie est tellement cachée et absorbée en lui, comme
dit saint Paul, que toutes ces copies cessent et il ne reste plus que
l’original. C’est à dire qu’il n’y a plus dans l’âme que
l’amour de Dieu, que la joie de Dieu, que la haine que Dieu a
lui-même pour le péché, que le gémissement
de l’esprit deDieu, qui s’y aime, comme dit saint Anselme, qui s’y
réjouit, qui s’y loue, qui haït, qui gémit, et qui
fait toute, parce que sa vie en bannit la nôtre, et met tout ce
qui nous regarde dans une mort universelle.
Voulez-vous bien que je donne encore plus de jour
à cette vérité par une comparaison qui est toute
familière à nos yeux ? Il n’est pas que nous n’ayez vu
quelque arbre sans feuille, sans écorce et toue
desséché ; vous dites alors que la racine en est morte,
et vous le jugez, par cette mort générale de ses branches
et de son tronc.
N’est-ce pas là une image de ce
qu’opère la présence deDieu dans de certaines âmes
? Vous les voyez partout dans une telle situation, que
l’extérieur en est toujours comme glacé et mort ; les
activités en sont bannies, les précipitations y sont
éteintes, il y règne une espèce de pesanteur, et
le moindre feu en est tellement éloigné, quelles semblent
n’être que comme empruntées, pour tout ce qu’elles font :
C’est que la racine est morte, cela veut dire, tout l’intérieur,
par le moyen de cette présence de Dieu, qui y a introduit une
vie divine.
Il y faut donc venir avec ces nobles et grandes
âmes, ô mon Théonée, car vous n’y avez pas
moins d’obligation et d’avantages, qu’elles n’en ont. Comprenez-vous
bine où vous en êtes incessamment ? Comprenez-vous que
Dieu n’est pas dans le soleil et dans les astres, avec tant de
majesté que dans vous ? Que le cristal n’en est pas si lumineux,
que vous êtes comme divinisé de Dieu, répandu et
insinué dans votre être ; que le sceau n’est pas si
imprimé sur la cire, queDieu l’est sur toute votre substance ;
que l’air ne vous environne pas et que vos habits ne vous
revêtent pas, commeDieu vous revêt et voue environne de son
Essence divine ; avec cela, pouvez-vous ne pas penser en lui ?
Si vous étiez dans la chambre du roi, et
à ses côtés, ne serait-ce pas une indécence
intolérable, su vous jetiez les yeux ailleurs avec
légèreté, sans les arrêter sur le prince ?
Vous être, Théonée, à tout moment dans le
sein de Dieu, entre les bras de Dieu, tout imbu et
pénétré de Dieu ; vous devez donc avec bien plus
de raison tâcher d’être toujours en sa présence.
Mais que je veux de mal à ces âmes
terrestres, qui ne jouissent pas du bien délicieux, qu’elles
possèdent, ne prenant pas leurs plus doux plaisir avec ce Dieu
dont elles ont en elles-mêmes la plénitude. Que je vous
veux de mal à vous-même, Théonée, si vous en
imitez le mauvais exemple en ce pont, car je vous demande s’il est de
félicité comparable à celle de pouvoir dire : J’ai
tout mon bien en moi, je suis dans les perpétuels embrassements
de mon Dieu, je lui parle et lui fais a cour à
discrétion. Et toutes les Puissances du ciel et de l’abîme
ne sont pas capables de m’en séparer. O que bonheur, qui
me fait encore dire, que sans avoir autre besoin de Paradis, je le
porte tout entier, et la source du Paradis en mon sein. Avoir donc en
soi un bine si grand et si délicieux, et s’en absenter par cent
légèretés et par des amusements frivoles, n’est-ce
pas une stupidité effroyable et un déplorable aveuglement
?
Pour vous obliger davantage à ne vous pas
éloigner de cette chère et précieuse
présence, je veux encore vous en piquer par la
considération du plaisir deDieu même, si le votre n’est
pas assez capable de vous en persuader.
Savez-vous bien que par quelque proportion vous
êtes à Dieu tout ce que Dieu vous est : Il est votre
héritage, et il dit si souvent dans ses prophètes que
vous êtes le sien : il peut faire seul vos véritables
délices, et ne dit-il pas que ses délices sont
d’être avec les enfants des hommes. Il est votre fin, à
qui se doivent sacrifier toutes les opérations de votre
être, et n’êtes-vous pas comme sa fin hors de
lui-même, puisque vous êtes toue son soin et que vous
faites l’occupation d’un Dieu. Enfin il est votre Dieu, et
n’être-vous pas, pour parler ainsi, nous dit saint Thomas, le
Dieu de Dieu ?
Néanmoins il ne se satisfera point en vous
comme dans son héritage, comme dans le sujet de ses
délices, comme dans la fin pour laquelle il travaille, comme
dans l’objet de ses oins, si nous ne vous attachez à lui par une
présence continuelle. Contentez donc en cela, mon
Théonée, les bontés et les obligeantes
inclinations de votre Dieu, et ne vous refusez pas à
vous-même ce doux et précieux bien, pour divertir et pour
abaisser votre esprit parmi les créatures, par un si
étrange oubli de Dieu.
Je veux encore vous presser d’une pensée, qui
vous doit grandement intéresser dans le dessein d’entrer en
cette union divine : C’est que sitôt que vous marcherez
fidèlement dans la présence de Dieu, il fait tout dans
vous, et pour cet unique soin, que vous prendrez, il se chargera de
tous les autres ; je veux dire que dans ce divin état nous
savons par expérience qu’il reprend quand il faut, qu’il avertit
dans son lieu, qu’il fait sentir et distinguer la malice des fautes
:L’âme n’a qu’à se tenir simplement en sa présence,
sans se partager à plusieurs soins et à plusieurs actes,
selon la nature des actions et des rencontres, restant seulement toute
disposée pour suivre le mouvement de la grâce, et Dieu ne
manquera jamais de dire à l’âme ce qu’elle doit ou faire,
ou laisser : Cela vient de ce que son Esprit Saint est comme
l’intendant de la conscience, dont il fait son oeuvre et son affaire.
C’est pour cela que la présence de Dieu se
peut appeler un examen continuel, où l’âme voit les plus
menus atomes des imperfections, non pas par aucune recherche qu’elle en
fasse, mais par le sentiment intérieur que lui en est
donné, et par l’exposition qui lui en est faite. C’est de cette
manière que je souhaiterais que se fît votre examen, que
ni se peut faire mieux, que quand vous sentirez votre esprit tout
lié dans cette divine présence ; mais encore qu’y
ferai-je alors, me direz-vous ? Rien autre chose, sinon que vous
demeuriez lié.
Car que peut faire une personne qui est dans les
liens, sinon de s’y tenir et de n’avoir aucune action, puisque ses
efforts seraient inutiles. Mais souffrez aussi de la peine, que peut
vous donner l’esprit naturel, qui fait en ce temps tout ce qu’il peut
pour se retirer de l’inaction, parce que celui qui est dans les
chaînes ne laisse pas quelques fois de se débattre pour en
sortir. Il faut donc aimer cet état qui vous lie et souffrir
doucement les efforts de la nature, qui veut en sortir.
Je ne puis encore me retenir que je vous dise cette
pensée, qu’étant à la simple présence de
Dieu pendant l’oraison, quand il vous y attire, vous y restiez selon
toute l’étendue et la force de son attrait ; mais souvenez-vous
aussi, Théonée, que dans cet état et cette sorte
de disposition, il y faut un abandon de sa conscience bien
extraordinaire, car le fond de cette présence le plus
ordinairement, sont les ténèbres et un profond
aveuglement, où l’esprit humain se tourmente et
s’inquiète pour en sortir. Cent retours y viennent, qui disent
qu’on y perd le temps et que ce n’est rien faire, que c’est pur
amusement de nature, et choses semblables : Et si avec cela les
dégoûts, les ennuis, les sécheresses, et même
les tentations et les extravagances entrent dans cet état, on se
confirme en cette pensée, qu’on y per le temps.
C’est donc ici qu’il est besoin d’un grand courage
pour suivre dieu, pour s’abandonner à l’aveugle y de genre
d’attrait, et pour en supporter toutes les misères qui y
paraissent, et tous les monstres qui y naissent. C’est dans cette
simple présence, où vraiment l’âme est une pure et
vivante victime, et où elle immole tellement tout, qu’elle ne se
réserve pas la moindre opération qui lui soit propre.
Insensiblement je viens de vous mener bien loin et
j’ai beaucoup passé les bornes d’une simple instruction ; mais
prenez-vous en à la noblesse de la matière, où
j’aurais peine à finir, si je me resserrais dans les lois que je
me suis imposées, de vous former l’intérieur par des
instructions courtes et affectives.
Réflexions
1̊ Pensez que la présence de Dieu est un principe de mort,
tous les mouvements déréglés étant
arrêtés par cette divine vue ; qu’elle est un lien
d’union, cette présence unissant Dieu à l’âme
jusqu’à les faire passer en un même esprit ; qu’elle est
une source de vie, car c’est par elle que l’âme puise une vie
divine, n’étant plus animée que de celui dont elle
espère partout la présence et l’esprit.
2̊ En vérité, Théonée, n’est-il pas
vrai que vous êtes toujours bien éloigné de cette
présence de votre Dieu, car, confessez-le moi, que vous
n’êtes guère mort, si vous regardez la vivacité de
vos mouvements, que vous avez fort peu d’union avec Dieu, si vous
faites réflexion sur les continuels égarements de votre
imagination, que votre vie est bien loin d’être divine, si vous
considérez comme en tout les intérêts humains vous
dominent.
3̊ Mon Dieu, que de choses vous obligent à marcher en cette
divine présence ! Sans cela, vous seriez le jouet de vos
passions et des démons ; sans cela vous mèneriez une vie
toute naturelle et animale, et puis Dieu est toujours veillant sur tous
les pas de votre vie : Ne sont-ce pas là des raisons bien
intéressantes pour vous obliger à vous rappeler en
vous-même incessamment dans cette présence de Dieu ? Ou
bien vous devez nier que dieu vous soit présent et renoncer
à votre bonheur.
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Instruction 2 : Sur le respect intérieur
devant Dieu
Voici le premier effet qu vient à
naître naturellement l’âme quand elle est établie
dans la présence de Dieu : alors toute sa substance est
aussitôt dans une disposition respectueuse, par la vue de cette
auguste Majesté. Voyez, s’il vous plaît, où en est
une personne à qui la présence de la majesté
royale est nouvelle : elle ne l’aperçoit pas plutôt,
qu’elle est incontinent toute inspirée de respect, et sans
réflexion elle se compose tellement à un air plein de
vénération, qu’il n’est rien en elle qui, par sa juste
composition, ne rende hommage à la majesté du prince.
De même celui qui marche toujours dans la
présence de Dieu, est intérieurement saisi d’un si
profond respect, et en conçoit une horreur si sacrée, que
toute la substance de son âme avec ses puissances, est
incessamment dans une situation respectueuse, à peu près
comme le sont dans le ciel les bienheureux devant le trône de
Dieu, ne changent non plus qu’eux de posture, pendant que Dieu en
majesté se présente en son esprit.
Le corps même suit ici la disposition de
l’intérieur, car jamais alors il ne se dérègle, et
toute la contenance en est si respectueuse, que vous diriez qu’il voit
et qu’il sent aussi bien que l’âme la grandeur de la
divinité. Cela vient de ce qu’il reçoit d’elle cette
impression par une communication de biens communs, ou plutôt, par
l’empire qu’elle a sur lui, elle le fait plier avec elle sous ces
respectueux abaissements.
Il ne faut point demander à cette personne si
elle est saisie et occupée de cette divine présence, car
son air et sa façon l’inspire et le dit hautement. Richard de
saint Victor ramasse bien sous trois paroles ce que je viens de dire,
et nous en donne une fort juste et belle conception. Il dit que le
respect est un retour de l’âme en elle, et comme une chute dans
sa petitesse, après avoir contemplé la grandeur de la
Majesté divine. Quand on jette une balle contre la muraille,
elle rejaillit aussitôt et il s’en fait un renvoi vers celui qui
l’a jetée. Que fait une personne qui marche toujours devant Dieu
? Par le moyen de ses regards elle élance vers Dieu son esprit,
qui touche en quelque manière la grandeur de Dieu par cette
saillie et cet élancement ; mais incontinent il se fait, pour me
servir du terme de ce Père, un rejaillissement et un retour
à l’esprit, comme repoussé par la grandeur de Dieu, dans
la petitesse de son néant, lequel se resserre en soi et se
réduit à un atome dans l’exposition continuelle où
il est devant Dieu.
C’est pourquoi l’âme seule n’en est pas
là, car quand cette présence est vive et
pénétrante, le corps porte encore partout un certain
tremblement respectueux ; cela vient de ce que partout elle est pleine
incessamment de ces deux objets, Dieu grand et un ver de terre, qui
sont toujours dans une mutuelle présence. Or, que la petitesse
infinie de la créature se voie toujours devant l’infinie
grandeur de Dieu, cela ne se peut que le respect ne la fasse toute
approcher du néant pour y entrer, si elle pouvait, afin de
témoigner par ce sacrifice ce qu’est Dieu, et ce qu’elle est.
Remarquez, Théonée, que l’âme ne
peut d’ordinaire se tromper dans ces dispositions de
révérence et de respect, où Dieu peut quelquefois
l’attirer ; car persuadez-vous que cette sorte de demeure
intérieure et respectueuse devant lui, engendre
d’elle-même une sainte et continuelle captivité, et nous
porte à sanctifier tout notre être, soit par
l’éloignement de ce qui peut en souiller l’usage, soit par
l’amour de la bassesse et de l’humiliation : Voilà ce qui peut
autoriser la bonté de cet état.
Mais j’y souhaite encore la haine véritable
de nous-mêmes, qui ne manque jamais de naître de ces
intimes approches que l’âme fait vers Dieu, parce qu’elle
commence de voir mieux ce qu’elle est, par cela même que’elle
voir mieux ce qu’est Dieu, étant vrai que plus Dieu est connu,
plus connaît-on ses misères.
1
Et puisque nous en sommes à cet état
de l’âme, où elle entre dans un profond respect,
après s’être approchée de Dieu, permettez-moi,
ô Théonée, que tout à propos je prenne
l’occasion, qui se présente d’elle-même, de vous donner un
avis touchant les diverses approches qu’elle peut faire de Dieu, car il
vaut assurément beaucoup dans la vie spirituelle et il peut
grandement vous calmer dans la surprise et dans le trouble que vous
pourriez avoir en de certains incidents : Voici le fait :
Je dis donc que l’âme a trois sortes
d’approches de Dieu. La première est, de l’état du
péché et des désordres, à une
véritable conversion ; la seconde est d’un état de
conversion à une vie plus intérieure ; la
troisième est d’une vie intérieure et vertueuse à
une union plus intime avec Dieu.
Quand elle passe de l’état du crime à
l’état de conversion, cette approche de Dieu n’a d’ordinaire que
des douceurs, qui en font l’attrait, afin qu’elle se défasse
plus facilement des malheureux liens où elle état, et
qu’elle aime son joug et la sainte servitude où elle est
nouvellement engagée. C’est ainsi que Dieu se gagne
amoureusement les coeurs les plus rebelles et les plus
égarés.
Mais quand après sa conversion elle commence
à s’approcher de Dieu par une vie plus intérieure, elle
commence aussi de sentir pour lors le poids et l’horreur de ses
péchés. Si Dieu au commencement lui en eût
représenté la grièveté, la faiblesse de sa
vertu n’eût pu supporter ces vues et elle en eût perdu
coeur aussitôt ou s’en fût désespérée
; mais ayant déjà acquis des forces et Dieu ayant comme
entré dans sa possession, il commence tout de bon de la purifier
en lui faisant sentir la pesanteur de ses péchés et le en
faisant voir la noirceur. N’en soyez pas étonné,
Théonée, ne vous en effrayez pas, comme si tout
était perdu : Ce vif sentiment et ces vues nouvellement
pénétrantes n’avaient pas un si grand accès dans
votre âme au commencement de votre conversion, parce que Dieu
voulait empêcher votre découragement, étant encore
bien éloigné de lui ; mais maintenant ces mêmes
effets sont le plus assuré témoignage que vous être
plus proche de Dieu, en ce que voulant déjà vous faire
entrer dans son union, il vous purifie par ces opérations
douloureuses. C’est pou cela que vous serez quelquefois aussi vivement
pressé de faire des confessions générales des
péchés dont la confession ne vous avait auparavant
nullement touché, comme si jamais vous ne vous en étiez
accusé et que vous n’en eussiez jamais compris les excès.
La troisième approche que l’âme fait de
Dieu, ne lui est ordinairement pas moins pénible : Elle arrive
quand, d’une vie assez bonne et louable, elle entre dans la vie
d’union. Avant que d’y venir, elle est assez juste à ses yeux,
elle ne découvre presque point d’imperfections, tout lui
réussit, ce lui semble ; c’est ainsi qu’elle va son petit train,
favorisée d’un vent assez doux, qui ne l’avance pas beaucoup,
mais aussi qui la fait aller sans qu’elle soit bien retardée.
Mais à peine est-elle approchée de
Dieu dans son fond, où elle a fait alliance avec lui par une
union toute nouvelle, qu’elle commence à sentir ce qu’elle est,
et tout le poids de son corruption. Il n’est plus question de ses
péchés passés, qui ne la touchent non plus que des
péchés étranger, mais de l’état
présent de corruption qui la compose. Cette approche de son Dieu
lui fait découvrir, sans qu’elle en fasse la recherche, des
misères continuelles d’imperfections, de complaisance, de
tendresse pour elle-même, d’amour de ses intérêts,
de délicatesse à s’épargner, de fuite des
mépris et de la bassesse, et de tout ce qui est mortifiant ; car
par cette approche elle est dans la lumière de Dieu, laquelle
lui montre aussi nécessairement se corruption, que la
lumière du soleil découvre un fumier à des yeux
quand ils sont ouverts.
Cela est cause qu’elle pense qu’elle est une
misérable, que jamais elle ne fur si indigne de Dieu, qu’elle
devient insupportable à elle-même et qu’elle en porte
toujours un dégoût plus grand qu’il ne se peut dire.
Non, non, cher Théonée, il ne s’en
faut point abattre ; vous en fûtes jamais mieux, parce que cette
nouvelle et claire vue de votre corruption est un gage certain que vous
êtes entré en union avec Dieu, laquelle a
été opérée en vous par cette
dernière approche. Vous connaissez mieux votre pauvreté,
parce que vous connaissez mieux les richesses de Dieu, et il ne vous
fait pas étonner, si étant tout impureté, vous
sentez ce que vous êtres demeurant dans le sein de la
pureté.
Réflexions.
1. Considérez que le respect intérieur
a trois rares effets : Il obtient tout de Dieu en ce que cet
abaissement de l’âme abaisse vers elle la grandeur de Dieu
même. Jésus fut exaucé, dit saint Paul, à
cause de sa révérence : Il fait de l’âme une
victime toujours vivante devant la majesté de Dieu, en
présence de qui elle est tout doucement consumée, et il
répand son état sur tout le corps, qui se compose et
s’anéantit aussi de respect.
2. Hélas ! Théonée, que votre
âme est éloignée de ce respect intérieur ;
n’est-elle pas dans une immodestie continuelle ? C’est pour cela que
vos voeux ne sont point exaucés. Comprenez-vous seulement ce que
c’est qu’une âme victime, laquelle se consume respectueusement
devant la grandeur de Dieu ; et votre extérieur se
déréglé ne montre-t-il pas que votre âme
l’est bien davantage ?
3. Néanmoins, tout bous oblige à
être saisi de respect : La demeure mutuelle de Dieu et de vous,
l’un dans l’autre ; ô la sacrée horreur ! ; votre bassesse
infinie exposée devant cette infinie grandeur ; et les millions
de bienheureux que tous ensemble ne sont qu’un petit atome devant ce
Dieu grand et terrible. Après cela n’aurez-vous pas toujours
l’âme pénétrée de respect ?
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Instruction 3 : Sur la
pureté de l'âme
Je ne
sais pas ce que vous pensez de la pureté de l’âme, mais
elle tait tellement son lien avec Dieu, qu’il n’est qu’elle qui soit
capable de l’arrêter, de le loger, et de le faire notre
possession.
L’âme n’est pas plutôt accoutumée
à cette présence divine dont j’ai parlé dans la
première instruction, qu’elle se sent pressée incontinent
d’être toute pure. Car étant pressée de la passion
de se voir unie à Dieu, elle respire avec une ardeur continuelle
tout ce qui peut lui donner de la capacité à cette union.
Elle sent et connaît que la pureté en est l’unique moyen.
C’est pourquoi il n’y a point de voie qu’elle ne prenne pour y
parvenir, comme d’être dans une continuelle veille
d’elle-même, dans les fréquentes confessions, dans les
plus dures austérités, dans des aspirations amoureuses en
tout temps et en tout lieu, dans de saintes indignations contre sa
corruption : Cela vient d’un certain feu impatient et céleste
que Dieu allume dams son coeur et qui la fait courir après
l’union.
Jugez, sur ce pied, de la pureté de votre
âme, car la faim qu’on en a en est la mesure et la règle,
et l’on appelle aussi bienheureuses les personnes qui en son
affamées. Ceux qui sont arrivés à cette divine
pureté sont encore appelés bienheureux, parce qu’ils sont
capables de voir Dieu, non pas à la façon qu’il se voit
dans la gloire du paradis, mais cela veut dire que les âmes dont
le coeur est pur, voient nettement dans les choses divines et
pénètrent avec une admirable clarté dans les
vérités les plus obscures. C’est pourquoi, l’intelligence
des mystères les plus cachés et des maximes les moins
entendus, leur est facile, comme à l’oeil de voir les couleurs ;
et tout cela n’est fondé que sur la pureté de coeur.
Mais ce n’est pas assez que je vous en fasse la
louange, si je ne vous montre les moyens d’y arriver et les obligations
que vous avez d’y travailler. Au contraire, l’éclat et la
beauté que je vous en fais voir, m’impose l’obligation de vous y
engager saintement, comme elle vous peut piquer du désir de la
posséder.
1
Il nous faut être tout purs, ô
Théonée, et cette pureté doit être
fondée dans la mort, de sorte qu’une personne ne peut être
vraiment pure, qu’elle ne soit parfaitement morte. Il faut donc que
tous vos désirs de pureté divine se terminent à
des désirs de mort et que vous passionnez d’être pur. Car
celui qui aspire à cette pureté, court après une
idée et un fantôme, s’il n’a une soif de cette parfaite
mort de lui-même.
La raison est, parce que cette divine pureté
de l’âme n’est point autre que l’Esprit divin, qui la
possède et qui l’anime, étant vrai selon plusieurs graves
théologiens, que c’est le Saint Esprit essentiellement qui la
sanctifie ; si bien qu’afin que cette pureté lui soit
communiquée et qu’elle soit pure de l’Esprit de Dieu, comme Dieu
lui-même est pur de son Esprit, et l’essentielle pureté ;
qu’elle soit toute morte, afin d’ôter ce qui peut faire obstacle
à l’introduction de cette pureté divine.
Il faut donc bien comprendre qu’il n’est rien qui
lève ces obstacles, comme une mort générale de
nous-mêmes, et ces obstacles sont tout ce qui peut être
impur, jusqu’aux choses les plus légères : 1̊ C’est cette
vie humaine et naturelle ; 2̊ cette vie d’humeur ; 3̊ cette vie des
sens ; 4̊ cette vie propre : toutes lesquelles choses se distinguent et
sont autant de corruptions différentes.
La vie humaine et naturelle est une vie sans retour
ni réflexion ; la vie d’humeur y mêle un peu de passion ;
la vie des sens porte la sensualité par la liaison qu’elle a
avec les objets ; la vie propre dit notre esprit particulier, qui fait,
qui s’intéresse et qui opère partout, quoique dans des
sujets très-saints et très-bons. Ce sont donc là
des obstacles qu’il fout ôter ; c’est cette vie corrompue qu’il
faut détruire ; c’est là cette mort où il faut
incessamment travailler afin de ruiner tout l’impur, et que par cette
destruction universelle l’on puisse introduire une divine pureté.
C’est pourquoi il faut soupirer après
cette mort autant qu’on soupire après cette pureté, et
l’on peut connaître si vraiment une âme veut être
pure, par la règle du désir qu’elle a d’être toute
morte. Ne pensons donc, Théonée, qu’à nous
détruire à tout moment, pour bien mourir ; qu’à
retenir toutes les sorties humaines et naturelles, et qu’à ne
rien faire par un principe et un mouvement d’esprit propre et
particulier. Pendant que nous ferons ainsi de notre côté,
cet Esprit pur et divin ne manquera jamais de s’introduire en nous et
d’insinuer une vie divine dans toutes nos actions, se les appropriant,
et comme se substituant lui-même ne la palace de notre esprit
particulier et de notre vie corrompue. Ne faut-il donc pas bien
chérir cette ruine, et cette mort. puisqu’elle est à
l’âme le fondement d’une si haute félicité.
2
Mais il me semble que nous avons encore sujet d’y
être animés par la vue de la Justice de Dieu et de la
Grandeur de Dieu ; car cette mort ne s’opérant que par une
captivité continuelle qui égorge et qui sacrifie à
chaque moment les plus petits mouvements de notre être, leur
ôtant leur liberté, leur activité et toute leur vie
naturelle, la Justice de Dieu demande aussi par un droit souverain et
indispensable, que rien ne lui soit dérobé ; elle exige
le tribut des plus légères actions et elle ne peut
souffrir que ce qui lui est dû essentiellement, soit donné
à une vie de nature. Cela s’opère par un hommage
continuel et par un juste paiement, quand tout ce que nous faisons
prend son mouvement de l’esprit de la grâce, qui rend
fidèlement à la Justice de Dieu le perpétuel
sacrifice d’immolation qui lui est dû.
Mais la grandeur de Dieu ne veut pas moins, que nous
soyons continuellement dans cette activité sacrifiante ; car si
l’on pense bien ce que mérite cet Etre grand et infini, à
l’égard duquel toute la nature est infiniment trop petite pour
lui être dignement sacrifiée, ne faut-il pas conclure
qu’un être si borné et si fini, comme le nôtre, ne
doit rien être de sa petitesse pour en refuser le sacrifice
à ce premier Etre. N’est-ce pas dans cette pensée qu’on a
une certaine avarice des moments et des actions les plus petites,
où l’on réfléchit sans cesse sur soi, pour en
faire un sacrifice de mort à celui pour qui et devant qui tout
doit être anéanti ? N’est-ce pas alors qu’on voudrait se
voir multiplié en mille corps, en mile coeurs, en mille
âmes et en une infinité d’actions, pour honorer par une
destruction si étendue cette sublime et incompréhensible
Grandeur.
Oh ! que cette Justice de Dieu, oh ! que cette
grandeur de Dieu, quand un seul rayon en éclaire l’entendement,
nous éloigne infiniment de cette vie de nature, et qu’on devient
petit et qu’on devient perdu, quand l’esprit est abîmé
dans ces vues.
Si nous devons aimer cette mort de sacrifice
continuel, parce que Dieu est juste et parce qu’il est grand, nous
devons aussi aimer d’un amour qui ne soit pas inférieur,
d’être toujours dans un état de parfaite pureté,
laquelle se répande jusque dans un regard, dans un soupir, dans
une parole, puisque nous sommes toujours exposés à cette
infinie pureté de Dieu et que nos êtres même en sont
remplis et pénétrés ! Nos coeurs, à la
façon de ces bienheureuses intelligences, devraient crier en
tout lieu et à tout moment : Pureté, Pureté, et
par ces cris sanctifiants, exterminer tout ce qui peut sentir l’humain.
Mais, hélas ! que nous marchons en
d’épaisses ténèbres et que nos
ténèbres nous fait vivre une vie de chair et de sens,
parce que dans notre aveuglement nous ne savons où nous nous
attachons : Je dis mal, il faut plutôt dire, que contre nos
propres lumières nous ravissons à Dieu ce qui lui est
dû et que nous nous souillons de cent misères tous les
jours aux yeux de cette divine Pureté. Je prie cet Esprit tout
pur, Théonée, qu’il vous imprime vivement ces
idées, afin que votre âme en soit une digne épouse,
comme un digne holocauste.
Réflexions
_________
1. Ayez l’esprit bien convaincu, que sans la
pureté de l’âme, vous ne serez jamais capable d’union avec
Dieu ; que ce doit être toujours votre premier et comme votre
unique travail de vous purifier incessamment, et que toute votre
occupation sans celle-là n’est qu’une illusion ; persuadez-vous
bien ces vérités solides.
2. Ne vous étonnez par maintenant,
Théonée, si vous avez tant de peine à vous
approcher de Dieu, car vous n’êtes qu’impureté : Ne
trouvez-vous pas encore que le moindre de vos soins est de vous
purifier à tout moment, et ne vous avouerez-vous par que vous
courez après cent idées de vertus, belles et vaines, qui
ne vous laissent que le l’immortification, parce que vous ne travaillez
par à vous mortifier.
Oh ! pour Dieu, donnez-vous donc cette occupation
par-dessus toutes les autres, parce qu’elle vous vide de tout ce qui
empêche les approches de Dieu. C’est l’unique emploi, qui
dépend de vous ; l’emploi de Dieu est de vous remplir de ses
biens, et s’il faut que vous fassiez pénitence, proposez-vous
cette purification comme le plus sanctifiant et le plus cruel martyre
de la nature.
__________________
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Instruction 5 : Sur l'amour caché et inconnu à
l'âme qui aime
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Instruction 6 : Sur la paix de l'âme
fondée dans la Providence
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Instruction 7 :
Manque...
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Instruction 8 : Sur l'indifférence dans les
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dans la force des inspirations
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Livre IV : Etat de l'âme unie à Dieu par
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Instruction 1 : Sur la perte de ses actes
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Instruction 2 : Sur le bien qu'il y a d'ignorer
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