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Fermeture du forum |
En lançant ce forum, en août 2004, j’avais pensé créer un espace pour partager des informations et des expériences autour du thème de l’éveil. Mais je voulais aussi que la forme des échanges soit en adéquation avec son thème. Contrairement à une discussion sur tout autre thème, l’éveil ne saurait être réduit à un simple contenu du discours: il s’exprime bien plus dans la manière dont on dit les choses, dans le type de relation que les mots qu’on prononce établissent avec l’autre, plutôt que dans les seuls mots. Car l’éveil est un geste, le geste d’un soi qui se dessaisit de lui-même et qui se retrouve être dans chaque chose qui vient à sa rencontre. Or ce qui vient à notre rencontre, sur un forum, ce sont des mots, rien que des mots. C’est eux qu’il s’agit d’honorer, avant d’espérer toucher la personne qui se tient derrière eux. Et pourtant bien souvent, on a envie de regarder derrière eux, à la recherche de celui qui les prononce. On se fait alors d’emblée une idée de l’autre, et c’est à cette idée que désormais on s’adresse, plutôt qu’aux mots qui sont prononcés. Une telle attitude est souvent dictée par la noble volonté d’une totale ouverture à l’autre: on veut se convaincre que l’essentiel, ce n’est pas ce qu’il dit, mais le fait qu’on l’accueille sans réserve. Ce faisant, au lieu de respecter ses mots, on privilégie sa propre ouverture à une personne qu’on n’a même pas encore pris la peine de découvrir; et on se ferme du même coup l’accès à sa vraie découverte, car celle-ci ne pourra jamais se faire autrement qu’à travers les mots, puisqu'encore une fois, sur un forum, on n’a rien d’autre.
Alors, j’ai pris les mots au sérieux, et j’ai attendu que chacun en fasse autant, ce qui en a désarçonné certains. Ils attendaient que je sois un “éveillé” ou un maître, et qu’en tant que tel j'offre à chacun un accueil inconditionnel. Mais je n’étais rien de tout cela, simplement j’ai demandé des comptes aux mots, jusqu’à ce qu’ils se fassent transparents pour que derrière le message qu’ils véhiculaient se révèle celui qui les prononçait. Certains prétendirent prononcer des mots qui proviendraient directement de la source du silence, ou d’un au-delà impersonnel de soi. C’est une escroquerie que je n’ai jamais tolérée. On m’a traité alors d’intolérant, et lorsque je maintins mes exigences, on a sous-entendu que j’étais incapable de lâcher le morceau, qu’il me restait à apprendre à résoudre les problèmes non pas par la confrontation, mais par l’accueil. Alors que ceux-là ne voyaient pas que justement le seul accueil possible passe par cette exigence, que tout autre accueil est factice, qu’accueillir sans avoir pris la peine de chercher l’autre derrière ses mots, c’est se montrer accueillant plus que l’être. Et lorsque trop nombreux furent ceux qui prirent ce parti, je me retrouvai dans l’incapacité de maintenir cette exigence initiale qui me semblait pourtant si évidente et si naturelle: que chacun assume les mots qu’il prononce. Cette exigence, je pensais qu’elle allait de soi. Je n’avais pas vu qu’elle était irréaliste. Un ami a eu ce mot de Mark Twain suite à la fermeture du forum: “Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait”. C’est vrai, si j’avais su il y a quatre ans ce que je sais aujourd’hui, jamais je n’aurais lancé ce forum. Mais je suis heureux pourtant de l’avoir fait, et je remercie du fond du coeur toutes celles et ceux qui m’ont donné raison de pouvoir dire aujourd’hui que ce fut une belle aventure.
joaquim 22 février 2008 |
º La place de l'amour dans la Nature |
Lorsque Jésus dit: “Aime ton prochain comme toi-même!”, il invite à adopter une position face à l’autre qui est en rupture totale avec celle qui a prévalu sur la Terre depuis l’apparition de la vie. Rien moins! L’apparition de la vie, c’est l’apparition d’une structure, aussi rudimentaire soit-elle — un simple répliquant moléculaire — capable de distinguer entre soi et non-soi. Très vite, l’organisme vivant créa une frontière qui sépara très nettement soi de non-soi: la membrane cellulaire. C’e...
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º La mort |
La peur de la mort peut se manifester sous deux visages différents: la peur de disparaître, et la peur d’être seul. Il me semble que les angoisses liées à la mort se nourrissent plutôt de la peur d’être seul que de la peur de disparaître. On ne peut en effet pas imaginer disparaître, même si on est sûr qu’un jour cela va se produire. Cette perspective demeure nécessairement abstraite: il nous est impossible de nous représenter un monde sans nous, simplement parce qu’un monde sans nous, ce serait...
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º Kant et le Sublime |
La distinction que fait Kant entre le Beau et le Sublime peut se résumer, grosso modo, en ces termes: si le Beau et le Sublime ont cela en commun de plaire par eux-mêmes, sans concept, et de façon universelle et necéssaire (du moins en droit, puisqu'ils prennent évidemment naissance au sein même de la subjectivité), le Beau porte sur un objet limité, fini, tandis que le Sublime porte sur l'illimité et l'infini. Or mon sujet ici est le Sublime, grâce auquel je souhaiterais dériver vers une dimens...
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º Responsabilité et dignité |
On n’urine pas l’eau que l’on a bue. Celle qu’on a ingurgité est devenue partie intégrante de cette identité qu’on appelle “moi” ou “mon corps”, et celle qu’on a uriné, c’est une partie qu’on appelait “moi”, et qui est devenue “autre”. On voit ainsi que ce qu’on appelle “moi” ou “mon corps” n’existe pas en tant que tel, il n’est que la photographie instantanée d’un mouvement, d’un flux qui concerne tout l’environnement, l’eau, l’air, le soleil, et que l’identifier à quelque chose d’isolé relève ...
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º Le fond et la forme dans l'acte créateur |
L’art est irréductible à toute pensée prédatrice qui prétendrait s’en emparer ou à un but “supérieur” qui prétendrait l'asservir. L'art n'est au service de rien d'autre que de lui-même. Il exige que l’artiste se soumette à ce qu’il a à exprimer. Il est humilité face à ce qui est, au même titre que la science. Chacune dans son domaine: l’homme de science (au contraire du technicien) ne cherche pas à mettre la nature à son service, il l’interroge, et écoute, en silence, pour ne pas la troubler, ce...
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º L'ego |
L’ego échappe à toute définition... comme la conscience, d’ailleurs. Il n’est pas quelque chose — contrairement à la personnalité, qui, elle, est bien "quelque chose". On peut au mieux cerner l’ego par des images, comme le fait le Maharshi dans ce texte:
«L’ego ne peut disparaître s’il est vu comme réel. Il est comme votre propre ombre. Il la voit le suivre partout où il va, et il veut s’en défaire. Il s’enfuit, mais elle s’attache à ses pas. Alors il creuse un trou profond et essay...
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º L'étonnement que "Je Suis" |
Je passe sur l'avalanche extraordinaire de sens, de joie, de Vie, de Vérité que j'éprouve dès que "Je Suis" s'affirme, ne serait-ce qu'à peine. Avec en même temps une sensation d'ordinaire, de Normal avec un N majuscule. C'est comme un excellent film, d'une justesse inouïe, mais sans l'ombre d'effets spéciaux. Je repense souvent à ce strip de Calvin Et Hobbes, où Calvin, réussissant à faire le poirier, s'étonne de ne pas éprouver plus de sensations que cela (ici). J'y vois un sens supp...
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º L'englobant |
Nous sommes, en tant que soi conscient à l’intérieur de notre conscience un peu comme est la lumière dans le monde matériel. La lumière, qui est source de toute brillance, ne peut jamais être perçue elle-même comme brillante: seuls les objets qu’elle frappe sont éclairés. Elle-même n’est pas visible. Avec la conscience, c’est la même chose. Nous somme conscients des objets, et d’eux seuls. La conscience peut certes, à la différence de la lumière, se réfléchir elle-même, s’interroger sur elle-mêm...
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º Le geste de l’éveil |
Lorsqu'on sent l'éveil tout proche, mais qu'on n'est pas “dedans”, on a envie d'y “entrer”. Et c'est justement cette envie qui nous maintient “au-dehors”, car elle souligne notre frontière avec ce Tout dans lequel on aimerait s’immerger. En fait, il faut ne pas vouloir y entrer. Il ne suffit pas de ne pas vouloir y entrer: il faut ne pas vouloir y entrer. La passivité ne mène à rien. Il faut être actif, mais une activité entièrement occupée par l’attente — plus encore, entièrement satisfaite par...
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º Amour et altérité |
L'amour est ce qui tend, à mon sens, toute conscience dépossédée d'une partie de son essence (la plénitude que fournit aux bêtes cette "raison étrangère" qu'est la Nature) vers l'Autre: notre dépendance au regard de l'autre prend la forme d'un existencial, sans doute, et celui qui n'aime point n'est pas Homme. Nous cherchons partout dans le monde ce qui nous fait défaut par nature: l'autonomie (et non, la liberté). Nous sommes otages de l'altérité, l'Autre est le sens, la matrice de no...
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º Le néant |
A partir du moment où les êtres humains ont réalisé qu’ils existaient, à partir du moment où ils ont été véritablement frappés par la lumière de cette évidence, ils en ont du même coup découvert l’ombre, c’est-à-dire qu’ils auraient pu ne pas être. Car s’étonner d’être, c’est en même temps, et nécessairement, envisager la possibilité de sa non-existence. Et c’est ouvrir un espace imaginaire, un monde où sa propre existence pourrait ne pas avoir lieu, où elle serait reléguée dans le néant.
La...
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º Le mal |
Dans son acception la plus fondamentale, le mal, en tant qu’absence de bien, est inhérent à la nature matérielle du monde. En effet, dès qu’il y a mouvement, changement d’un état vers un autre (autrement dit dès qu'existe la matière et le temps), quelque chose est retranché ou ajouté à l’état antérieur, lequel représente par rapport à l'état ultérieur une plus grande ou moins grande complétude, et donc un bien ou un mal relatifs. Il est vrai que tant qu’il n’existe que de la matière, on peut con...
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º L'Autre |
Pourquoi suis-je moi, et non pas quelqu’un d’autre? Cette question met sous le projecteur de la conscience intérieure la singularité de mon monde, qui se distingue radicalement de tous les autres mondes, ceux des autres. Ce n’est toutefois pas parce que je les percevrais comme “autres” qu’ils m’apparaissent tels, non: je n’ai aucun accès à ces mondes autres. Je les appelle “autres” dans mon monde à moi, parce que je suis bien obligé de reconnaître qu’il y a encore quelque chose hors de moi. Et p...
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º La pratique |
La pratique, c'est chercher quelque chose, c’est vouloir un état de perfection plus grand, c’est se projeter en esprit dans cet état et tendre vers lui. Or — c’est là que la démarche devient paradoxale — si on se sent actuellement dans un état d’imperfection qu’il faudrait améliorer, ce n’est pas parce qu’on s’y trouve vraiment, mais simplement qu’on ne voit pas ce qu’on est vraiment. L’imperfection ne provient pas de ce qu’on est — l’être ne saurait être imparfait — elle provient de la scissio...
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º La recherche du sens |
La réalité concrète du monde matériel (naturel), c’est ce dont s’occupent les sciences naturelles. Dans ces sciences-là, les nouvelles théories qu’on développe ont pour but d’éliminer les contradictions présentes dans l'ancienne théorie, afin de coller toujours mieux à la réalité du monde, jusqu’à parvenir, peut-être un jour, à une théorie globale qui unifierait tout.
Dans le monde humain, par contre, celui dont s’occupent les sciences humaines, il n’en va pas du tout ainsi. La contradiction...
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º La liberté |
La liberté, dans son acception commune, c’est la capacité de mettre en oeuvre sans contrainte d’aucune sorte les dispositions de sa propre nature. Les choix qu’on opère sur cette base répondent ainsi aux dispositions qui sont les nôtres. C’est une position naïve, bien sûr, qui ne résiste pas à un examen critique. Car comme l’a très bien montré [url=http://www.cafe-eveil.org/forum/viewtopic.php?p=11824#11824]Pierre, ces dispositions qui sont les miennes relèvent toujours, en dernières analyse, de...
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L’éveil surgit comme la résolution impensable
de l’altérité radicale qui oppose la conscience au monde,
ce monde dont elle est pourtant issue,
mais qui ne peut être pour elle qu’un objet,
dès lors qu’elle s’est, en prenant conscience d’elle-même,
instituée comme sujet, et qu’elle s’est vue contrainte,
pour ne pas disparaître, de s’accrocher à cette altérité
qui la définit en même temps qu’elle l’aliène. |
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