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Regards sur l'éveil Café philosophique, littéraire et scientifique
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aksysmundi
Inscrit le: 30 Mai 2005 Messages: 238
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Posté le: Di 12 Juin 2005 14:27 Sujet du message: La dissolution de l'ego par l'amour de l'ego. |
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Lorsque l’on tente de partager le joyau éclatant qu‘on appelle l‘éveil, on réalise que ce qui a éclairé, réalisé la « nature de Bouddha » en nous se heurte encore à bien des résistance chez les autres. Finalement, il me semble que la même résistance qui les empêche de se libérer, les rend hermétiques à ces tentatives de partage. Dans une telle tentative, on est vite confronté à des réactions violentes de la part de certains de nos interlocuteurs qui parfois révèlent à l’occasion toute leur frustration et leur désordre intérieur. Leur réaction « egoïque » a été une étape primordiale dans ma « remise en phase » avec l’impermanence et la relativité du manifesté:
Il est un temps pour la captivité et un temps pour la liberté. Autrement dit, on n’apporte pas la maturité à un fruit vert en l’arrachant de l’arbre ! La Libération de l’éveillé n’est pas tout à fait abouti sans l’Amour du « devenir », sans quoi Il n’est pas encore tout à fait « inconditionnel ». Ayant compris cela, le « don de la lumière » est comparable à l’œuvre d’un jardinier qui surveille amoureusement l’évolution de ses fleurs au fil des saisons en y apportant tout juste ce qu’il faut d’eau pour ne pas qu’elle se dessèchent et tout juste ce qu’il faut d’eau pour ne pas qu’elles se noient. Alors, l’éveil n’est plus « là où il faut absolument être ».
La peur de perdre l’éveil (sujet qui a déjà était abordé dans ce forum) est la peur de voir réapparaître le « malin » au détour d’un buisson. Il m’est apparu que ce doute est un reste d’appréhension et de refus de l’être (un reste d‘ego) ; mon apprivoisement de « la colombe du saint-esprit » est passé par un lâcher-prise total vis-à-vis de l’ego: il ne sera plus craint ni chassé, mais accepté dans sa nature divine et transitoire. L’ego m’apparaît comme la coquille de l’œuf qui permet au poussin de se former et se préparer à sa libération. Rien est déchet ! De cette réconciliation avec l’ego est naît une réconciliation profonde avec le relatif qui était nécessaire à une paix « sans faille ». Alors la crainte de perdre l’éveil a laissée place à l’Amour du relatif, au véritable Amour sans limite et sans prise de position. Car l’Absolu m’apparaît aussi dans le relatif, dans le « devenir ».
« Cette pierre est une pierre, elle est aussi Dieu, elle est aussi Bouddha, je la vénère et je l’aime, non parce qu’elle peut un jour devenir ceci ou cela, mais parce qu’elle est tout cela depuis longtemps, depuis toujours. » Siddharta, Hermann Hesse.
Dernière édition par aksysmundi le Lu 13 Juin 2005 9:59; édité 2 fois |
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waxou
Inscrit le: 13 Mars 2005 Messages: 361 Localisation: Marseille
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Posté le: Di 12 Juin 2005 18:03 Sujet du message: |
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Merci beaucoup pour cette vision de l'amour de l'égo. Elle m'a fait sentir une nouvelle chose.
J'avoues qu'au début c'est Joaquim qui m'a conduit à m'interroger réellement sur cet amour de l'égo. Avant je sentais qu'il ne fallait plus le rejeter, et qu'il ne fallait pas avoir peur de tout accepter (ce qui n'implique pas non plus la passivité), je comprenais la "nature impersonnelle" de l'inconscience et de l'égo par le principe de vacuité et d'impermanence mais seulement comme vous le dites, sans amour, il n'y a pas de réelle acceptation. Or j'avais beau le comprendre, je ne laissais pas mon égo être pour autant. J'avais même l'illusion qu'il allait finir par disparaître. Lorsqu'on dit "l'amour de l'égo", l'éveillé voit son être considérer avec bienveillance la derniere chose qu'il pourrait craindre. Il aime ses "ennemis" jusqu'au dernier, non pas pour les vaincre dans un certain futur, mais plutot dans une acceptation inconditionelle du présent. Et alors le concept d'ennemi n'a plus aucun sens.
La derniere peur qui ne puisse pas être relativisée c'est cette peur du "malin", de l'inconsience. Parcequ'elle est à la fois son objet et sa cause. La lanterne de la raison est impuissante face à elle. Seul le soleil de l'éveil, de l'amour ou du lacher prise permettent de passer à un autre plan.
L'égo est un peu cet enfant turbulent qui fait des bétises et qu'on serait tenté de punir pour ne pas qu'il recommence. |
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Mélysange Invité
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Posté le: Di 12 Juin 2005 23:40 Sujet du message: |
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Merci à vous deux pour l'expression de votre conscience présente.
Paix en vous et autour de vous. |
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aksysmundi
Inscrit le: 30 Mai 2005 Messages: 238
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Posté le: Lu 13 Juin 2005 0:01 Sujet du message: |
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Paix en vous, Mélysange. |
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waxou
Inscrit le: 13 Mars 2005 Messages: 361 Localisation: Marseille
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Posté le: Lu 13 Juin 2005 1:05 Sujet du message: |
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joaquim Administrateur
Inscrit le: 06 Août 2004 Messages: 1421 Localisation: Suisse
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Posté le: Lu 13 Juin 2005 21:45 Sujet du message: |
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aksysmundi a écrit: | La Libération de l’éveillé n’est pas tout à fait abouti sans l’Amour du « devenir », sans quoi Il n’est pas encore tout à fait « inconditionnel ». |
On ne saurait mieux dire... L'amour du devenir implique de courir un risque, de se remettre continuellement en jeu, totalement, sans s'agripper à quoi que ce soit, même pas à l'éveil, puisque celui-ci est en quelque sorte la main de Dieu qui nous soutient lorsqu'on se laisse tomber dans l'Etre — et elle ne peut nous soutenir que si on s'abandonne totalement.
waxou a écrit: | La derniere peur qui ne puisse pas être relativisée c'est cette peur du "malin", de l'inconsience. Parcequ'elle est à la fois son objet et sa cause. |
C'est bien l'éternel serpent mental qui se mord la queue. Auquel répond une autre boucle, celle que créent ensemble l'abandon et la fidélité du retour qui, en s'engendrant mutuellement, créent une forme à l'image de la vie, autonome et ouverte.
La peur de perdre l'éveil, c'est la peur qu'il soit fragile. Or il l'est et ne l'est pas en même temps, à l'image de la vie. Ou dit autrement: ce n’est pas que “je” sois fragile, au contraire, “je” suis l’être. C’est l’idée que je puisse être fragile qui constitue ma fragilité. C’est elle qui pourrait, si je lui accorde crédit, me détacher de l’être, et m’enfermer dans son illusion. Mais la sortie est là, toujours offerte, puisque “je” suis la porte. Alors, à quoi bon s'inquiéter, abandonnons-nous plutôt au vent du large, à la lueur du matin, au crissement de la neige sous nos pas, car c'est au fond d'eux que “je” suis. |
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joaquim Administrateur
Inscrit le: 06 Août 2004 Messages: 1421 Localisation: Suisse
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Posté le: Ma 14 Juin 2005 20:32 Sujet du message: |
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aksysmundi a écrit: | Alors la crainte de perdre l’éveil a laissée place à l’Amour du relatif, au véritable Amour sans limite et sans prise de position. Car l’Absolu m’apparaît aussi dans le relatif, dans le « devenir ». |
La pensée de Maurice Merleau-Ponty, le philosophe existentialiste, illustre me semble-t-il assez bien cette idée:
«L'origine est ce moment où l'arrangement contingent de cellules, de mots ou de circonstances fait surgir par rupture et décrochement un nouvel être, un sens inédit, un événement historique.(...) Ainsi, ce qui caractérise [l’origine], c'est plutôt, encore une fois, un certain déséquilibre, un vide opérant qui crée le mouvement. “Coïncidence toujours dépassée et toujours future” (Maurice Merleau-Ponty, Le Visible et l’invisible, p. 165), l'origine n'est ni un avant ni un après, mais le porte-à-faux qui crée la marche.» Source: ICI
J’aime beaucoup cette image de la marche vue comme une succession de ruptures d’équilibre, de chutes toujours rattrapées, qui construisent un mouvement d’allure harmonieuse, lequel n’existe pourtant qu’à travers l’instabilité assumée qui le constitue. Ou pour utiliser autrement les mots de waxou: parce que le mouvement est à la fois objet et cause de la chute.
Une prise de risque confiante dans la main qui retiendra sa chute. Une main sûre parce que nourrie de la confiance de qui croit en elle. Une vie entretenue par le don et l’abandon. |
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