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Regards sur l'éveil Café philosophique, littéraire et scientifique
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waxou
Inscrit le: 13 Mars 2005 Messages: 361 Localisation: Marseille
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Posté le: Sa 13 Août 2005 15:39 Sujet du message: L'estime de soi vue par Eckhart Tolle |
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J'ai eu l'occasion récemment de voir une vidéo d'Eckhart Tolle en anglais ou il répondait à une question qui m'a parru très intéressante. J'ai pris quelques notes vite fait pour pouvoir vous la faire partager. Je précise que je ne la poste pas pour appuyer ma vision de tel ou tel principe, mais parceque j'ai trouvé la question très intéressante et sa réponse détachée du mental d'une façon presque surprenante, d'autant plus qu'il livre au public une brève description de son Eveil.
On ne peut pas dire que ce soient directement ses paroles parceque je n'ai pas eu le temps de tout noter et que j'avais directement traduit sur mes notes, j'espere que ça ne va pas transformer son "idée" .
La question était: En dissolvant l'égo, ne vais-je pas aussi dissoudre l'estime de soi ? N'en ai-je pas besoin pour m'aimer moi même justement pour y arriver?
Réponse: oui, l'estime de soi, beaucoup de gens on l'air d'avoir un problème avec celà. Une fois, le Dalaï Lama avait réuni des moines pour discuter de celà. Il leur demandait s'ils avaient cette estime de soi, et certains répondaient que oui. Quelle chose étrange!(rires)
L'éspèce humaine est la seule espèce sur terre à avoir une relation avec elle même.
Vous avez une relation avec vous même mais le chat, le chien, le singe, les plantes n'en ont pas. Aucun d'eux n'a de problème avec l'estime de soi. Même le chat le plus affreux.(rires)
Vous, marchez avec une image mentale de vous même et avez une relation avec celà. Et parfois vous lui parlez comme si vous la voyiez. Vous pouvez même être en conflit avec elle. Vous pouvez vous dire quelquechose à vous même, à propos de vous même. (rires)
Certaines personnes parlent en elles même à la première personne, mais beaucoup d'autres le font à la deuxième personne (tu ne devrais pas faire celà, tu es plus attirant que lui...)
D'ailleurs la plupart des gens se sentent mal vis à vis de leur image et parfois ils arrivent à se rendre compte qu'ils peuvent modifier la relation qu'ils ont avec. Juste un petit peu de présence suffit pour remarquer celà. En occident beaucoup de techniques new age on permis celà. On prend conscience de cette relation, et on fait en sorte qu'elle se passe mieux. Avec beaucoup de temps et de pratique, on peut arriver à se sentir mieux. Mais à cause des polarités celà ne peut durer dans une vie normale. L'estime de soi est souvent comparative. Se dire tout le temps, je m'aime peut marcher dans une certaine mesure, mais celà retombera toujours. Le mental comparera toujours le soi à l'entourage. On a besoin de relativité. L'ego se comparera toujours.
Est-il possible de vivre sans cette relation? Etre tellement totalement soi-même que l'image faite du mental se dissolve?
Cette image est connectée au flux inintérompu des pensées. Avec la pensée, j'ai une relation avec la personne construite par la pensée (rires). Certains vivent des relations avec eux même qui peuvent les faire souffrir énormément, pérpétuellement, à chaque instant, créer de graves et nombreux problèmes, ne jamais les laisser une seconde en paix. Pourtant, jamais ils ne pourraient vivre avec une telle personne. Si vous étiez marriés avec une personne qui vous épuise en passant son temps à vous juger, à vous faire souffrir, à vous mettre sous pression, à exiger sans jamais vous laisser respirer, vous auriez divorcé depuis longtemps. Mais vous ne pouvez pas le faire: vous vous identifiez aux pensées.
J'avais moi même un gros problème avec cette relation avec moi même. Je ne pouvais plus vivre avec celà. Je ne le supportais tellement plus que je suis arrivé à un stade ou j'ai cessé d'alimenter cette image de moi par épuisement. J'ai cessé de m'y identifier. Je ne savais comment (je ne sais pas s'il n'a pas dit même "je ne sais comment"), je ne connaissais rien à ça. Alors je suis devenu moi. Il y a quelquechose de tellement précieux à être soi. On a tendance à comparer ça a un diamant, mais il n'y rien de comparable.
Quand la présence arrive, on n'a plus besoin d'estime de soi. Dans un sens vous vous aimez vous même, mais celà emerge spontanément. C'est pour celà que le Dalaï Lama ne comprenait pas ce qu'était l'estime de soi...
Dernière édition par waxou le Sa 13 Août 2005 19:28; édité 1 fois |
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joaquim Administrateur
Inscrit le: 06 Août 2004 Messages: 1421 Localisation: Suisse
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Posté le: Sa 13 Août 2005 18:48 Sujet du message: ... et vue par Saint-Exupéry |
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Merci pour ce texte intéressant. Il me semble prolonger une discussion que nous venons d’avoir ailleurs. J’aimerais ajouter les réflexions suivantes.
L’estime de soi est une notion apparue récemment au sein de la société occidentale industrialisée, dans la mouvance du souci de soi et de l’épanouissement de la personnalité prôné depuis un siècle par les différentes écoles de psychothérapie. Cette notion était inconnue de nos aïeux, et elle l’est encore des autres peuples de la terre. Lorsqu’on parlait d’estime de soi, dans le passé, on entendait par là la bonne conscience que procurait un comportement respectueux de la morale, et nullement cette assise narcissique qui nous permet de prendre notre place dans la lutte pour la survie. La culture actuelle de l’estime de soi a donné lieu à des techniques d’affirmation de soi, qui ont pour but de renforcer l’image positive que l’on a de soi et par laquelle on affiche de manière plus décidé son paraître face aux autres. Elles peuvent néanmoins avoir un côté bénéfique, en offrant à ceux qui manquent d’assurance une meilleure assise intérieure, mais elles ne sauraient être une fin en soi. Leur réelle utilité me semble résider dans le courage qu’elles peuvent donner à celui qui peine à croire en lui pour qu'il ose aller à la rencontre d’autrui, et alors — et c’est là l’essentiel — qu'il naisse à lui-même dans la relation. Pour naître à soi-même, il ne s’agit ni d’être fort, ni d’être envié ni jalousé, mais il faut être aimé, et aimer. Une meilleure estime de soi peut y contribuer. C’est là à mon avis son seul intérêt.
J’aime beaucoup ces phrases de Saint-Exupéry dans Citadelle (éd. Gallimard, coll. Folio, 1948, pp. 464-469), qui apportent un éclairage intéressant sur cette question:
«Je condamne ta vanité, mais non pas ton orgueil, car si tu danses mieux qu’une autre, pourquoi te dénigrerais-je en t’humiliant devant qui danse mal? Il est une forme d’orgueil qui est amour de la danse bien dansée.
Mais l’amour de la danse n’est point amour de toi qui danses. Tu tires ton sens de ton oeuvre, ce n’est point ton oeuvre qui se prévaut de toi. Et tu ne t’achèveras jamais, sinon dans la mort. Seule la vaniteuse se satisfait, interrompt sa marche pour se contempler, et s’absorbe dans son adoration d’elle-même. Elle n’a rien à recevoir de toi, sinon tes applaudissements. (...) Mais celle-là dédaigne les échanges dont elle naîtrait. Elle cherche dans l’amour un objet capturable. (...)
Mais si je rencontre celle-là qui rougit et qui balbutie et qui a besoin de présents pour apprendre à sourire, car ils lui sont vent de mer et non capture, alors je me ferai chemin qui la délivre. (...) Il ne s’agit point de moi. Je ne suis que celui qui transporte. Il ne s’agit point de toi: tu n’es que sentier vers les prairies au réveil du jour. Il ne s’agit point de nous: nous sommes ensemble passage pour Dieu qui emprunte un instant notre génération, et l’use. (...)
L’humilité du coeur n’exige point que tu t’humilies mais que tu t’ouvres. C’est la clé des échanges. Alors seulement tu peux donner et recevoir. Et je ne sais point distinguer l’un de l’autre ces deux mots pour un même chemin. L’humilité n’est point soumission aux hommes, mais à Dieu. Ainsi de la pierre soumise non aux pierres mais au temple. Quand tu sers c’est la création que tu sers. La mère est humble vis-à-vis de l’enfant et le jardinier de la rose.» |
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waxou
Inscrit le: 13 Mars 2005 Messages: 361 Localisation: Marseille
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Posté le: Lu 15 Août 2005 0:29 Sujet du message: |
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Voilà je pense une bonne précision ainsi qu'une troublante citation qui me laisse penseur! Je voulais moi aussi d'ailleurs ajouter quelques autres pensées qui trainaient par là quitte à m'échapper un peu du sujet de l'estime de soi.
Au début, j'ai hésité à traduire self esteem par amour propre, puis je me suis dit que ces deux notions risquaient de ne pas ramener à la même chose pour tout le monde. Si je prend l'expression au mot, amour propre signifie autre chose qu'un simple amour pour soi. C'est une expression qui justement se veut non duelle. Elle a peut-être une connotation d'orgueil, et aussi de dignité pour le bon sens populaire, mais si on l'enleve de tout contexte et de toute définition officielle, elle n'exige rien en elle même, elle semble être propre au soi et absolue. Propre dans tous les sens du terme d'ailleurs . L'estime de soi par contre, fait intervenir une notion de jugement sur soi, par rapport à des exigences. Et peut être, tout comme le lien se met devant l'amour, l'estime de soi se met devant l'amour propre (Le lien serait-il issu de l'estime de l'autre?).
Avant je disais que la douleur mentalisée pouvait donner la souffrance. Celà m'amène à dire que c'est en fait l'"estime" de sa douleur qui amène la souffrance. Par douleur, j'entends la sensation douloureuse mais aussi les émotions similaires, comme la tristesse, la peur...
Dire simplement que la douleur mentalisée devient souffrance, ce n'est pas assez mettre l'accent sur l'identification même à ce jugement de la douleur, qui lui ajoute une dimension temporelle et exagérée. C'est à dire au fait que l'on trouve celà tout simplement logique.
Par exemple je ne suis pas bien maintenant pour telle ou telle raison relative, j'estime que cette souffrance est raisonnable par rapport à mes exigences, et je n'accepte pas le moment présent dans sa totalité parcequ'une autre réalité illusoire, me paraît plus réelle, et surtout, plus importante. Elle paraît raisonnable de par mes estimations mentales, mais l'est-elle vraiment? Celà ne m'apporte rien mis à part de l'inhibition, du mécontentement et de la frustration, ce qui referme la boucle, puisqu'en effet, ces sentiments ne sont pas d' une réalité agréable.
Je souffre dans la seule réalité du présent à cause d'une chose qu'un instrument de survie un peu trop parano m'invente, conditionnant directement mon attention. J'y crois d'autant plus parcequ'il me promet de me tenir informé sur le problème et surtout d'y rémédier si je me fie à son analyse, tout comme un médecin m'informera qu'il trouve mes analyses pathologiques par rapport à une norme objective. Sauf que ce médecin intérieur, lui, ne joue pas franc jeu avec moi, une fois le problème réglé, voici que la norme a changé, et qu'elle est plus loin . En fait c'est comme un coach qui se ferait passer pour un médecin pour avoir plus de crédibilité. Je crois que c'est le meilleur moyen que notre espèce a trouvé pour aller toujours plus loin, à tous les niveaux.
Je ne veux bien sûr pas insinuer qu'il ne faut pas être soumis à cet équillibre, ce serait juger le jugement. Coacher le coach. Mais par contre, rien que l'observer profondément en soi le remet à sa place en tant qu'instrument. Si on est l'ami du coach, alors il arrête sa tyranie.
Pour finir sur une phrase qui annihile cette norme relative, et dont le paradoxe peut offrir une certaine vision de la vacuité:
Tout est normal.
[edit: une chose qui m'amuse, c'est de remarquer que j'avais aussi dit que c'était la surprise qui, dépassant nos concepts permettait de se connecter à la réalité sans passer par notre référentiel-carte. Or, la phrase "tout est normal" semble aller contre cette idée de surprise même si elle contient la surprise en elle même. Elle met à jour l'avidité d'expérience qui nous éloigne de l'Expérience: je ne veux pas que tout soit normal parceque je veux être surpris. Et pourtant c'est cette avidité pour l'expérience qui provoque la résistance à la surprise perpétuelle qu'est la vie. C'est pour celà que j'en reviendrais à la phrase que j'avais écrite dans mon deuxième post sur ce forum: Profiter (faire pleinement l'expérience de) sans désirer .] |
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Dé-range
Inscrit le: 14 Juin 2007 Messages: 47 Localisation: Ici
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Posté le: Je 06 Sep 2007 14:46 Sujet du message: |
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C'est très dangereux ce que dit Eckhart Tolle ici, car le problème de l'estime de soi est un problème "d'amour de soi", là est toute la différence !!!
Lorsque j'étais l'élève de Sogyal Rinpoche, ce dernier nous a raconté que lorsque le Dalaï-Lama est venu pour la première fois en Europe, il lui a raconté que le problème avec les occidentaux, était qu'ils ne s'aimaient pas... et le Dalaï-Lama de tomber des nues comme si on lui racontait un mensonge. (Vous ajoutez à ça un enseignement sur la non-dualité qui est mal compris depuis vingt ans et vous avez le névrosé spirituel lambda, une boîte mentale sur un tronc mal aimé ).
Aujourd'hui Sogyal Rinpoche en a discuté avec d'autres maîtres bouddhistes et enseignent "l'amour tendresse"... de soi !!!! Tiens, tiens...
Les Taoïstes nous demandent d'aimer ce corps éperdumment, les Amérindiens aussi,... et je suis sûr que Bouddha ne niait pas l'importance du corps ni de l'estime de soi, bien au contraire je pense. Si nous sommes la seule espève vivante à avoir une relation avec elle-même, je pense qu'Eckhart Tolle n'a jamais regardé vivre un chat ou un gorille même si je vois où il veut nous emmener (dans la conscience qui devient consciente d'elle-même mais c'est un autre débat), sans oublier que ce monsieur était un grand dépressif à la base... et j'ai raremement vu un dépressif avec une bonne estime de lui-même. D'ailleurs dans son dernier livre, il parle du corps comme d'une invention géniale permettant à la conscience de s'expérimenter. Et oui, même les "éveillés" continuent de faire des prises de conscience... |
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