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Regards sur l'éveil Café philosophique, littéraire et scientifique
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joaquim Administrateur
Inscrit le: 06 Août 2004 Messages: 1421 Localisation: Suisse
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Posté le: Sa 21 Août 2004 21:36 Sujet du message: La philosophie sivaïte du Cachemire selon Michel Faviez |
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Michel Faviez a écrit un livre intitule "L'Orient et Lacan", sous-titré "Dieu de l'Inconscient", où il se livre à une traque extrêmement serrée de l'éveil et de sa mise en mots, en utilisant les réflexions de Lacan autour du miroir (le fameux stade du miroir) et les enseignements de la philosophie sivaïte du Cachemire. Il parvient à un nombre considérable de réflexions extrêmement denses, qui font de son ouvrage une mine inépuisable de perles, mais qui garantissent aussi au lecteur l'indigestion s'il s'aventure à en lire plus de deux pages à la fois. Je recopie ci-après une de ces réflexions si denses que tout y est dit, et qu'on peut presque refermer le livre après l'avoir lue... à moins d'avoir un estomac à toute épreuve.
Malgré tout, la place donnée au vide en tant qu’expérience vécue de sa propre inexistence est essentielle dans la cadre de la philosophie sivaïte.
Le vide correspond ici à l’inexistence de toute perception, c’est-à-dire l’expérience vécue par la conscience elle-même de ne plus avoir d’objet à connaître – ni le soi, ni le non-soi.
(...)
Par cette voie, le Sivaïsme du Cachemire tente de décrire juste cet instant où «le sujet n’est absolument rien», en y ajoutant, et c’est essentiel: absolument rien de connaissable de la façon dont on connaît un objet.
Au moment même où «le sujet n’est absolument rien», et qu’il se confond avec le vide alors appréhendé par ses sens, il existe selon cette philosophie un moyen de faire l’expérience de la prise de conscience de soi réfléchie et immédiate.
Le paradoxe qui est développé est que, au moment même où le sujet ne se reconnaît plus, il peut conclure qu’«il est» le vide, et que c’est justement cette expérience qui est à reconnaître.
Car, si elle est reconnue, c’est forcément par «quelqu’un»: ce «quelqu’un» serait alors le soi véritable, c’est-à-dire la conscience elle-même.
Ainsi, pour L. Silburn:
“Mais si l’on réussit à rester conscient de soi au moment de sombrer dans le vide et à savoir que l’on y pénètre, on jouit de l’illumination du Soi [...]”
Michel Faviez, L’Orient et Lacan, Dieu et l’Inconscient, Editions Accarias L’Originel, 2002, pp.72-73
Pour tenter de s’approcher de la réalité décrite ici, je vous propose de regarder tout d’abord cette petite B.D. de Mafalda (réf. Quino, Mafalda, vol. 3, “Mafalda revient”, p. 29).
Il y a dans ces 4 cases la description de deux niveaux logiques distincts: 1) celui du contenu de la conscience de Mafalda, préoccupée de savoir si la télé dessécherait l’imagination des enfants, et 2) celui des faits et gestes de cette conscience, qui se laisse emporter de telle manière par son imagination qu’il ne subsiste aucun doute sur l’intégrité de sa capacité imaginative. Mafalda actualise dans l’usage qu’elle fait de son esprit la réponse à la question qui trouble cet esprit, mais il lui manque le recul pour s’en rendre compte: elle est obnubilée par le contenu de sa conscience, et ne voit pas l’acte d’imagination qu’elle actualise. C’est une situation analogue à celle-ci dans laquelle se trouve la conscience “non éveillée”, dans la mesure où elle aussi actualise à chaque instant, non pas sa capacité imaginative, comme dans le cas de Mafalda, mais plus fondamentalement sa nature d’être, sa séité, et ne voit pas non plus cet acte d’être qu’elle accomplit, tout occupée qu’elle est à examiner et interroger les contenus qui l’habitent. Vu sous cet angle, l’éveil serait simplement la déprise par la conscience des contenus qui l’habitent, pour ne plus laisser subsister que son pur acte d’être.
"Et alors, passer de la conscience d’être soi à la conscience d’être."
op. cit., p. 205 |
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christian
Inscrit le: 16 Juil 2007 Messages: 6
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Posté le: Ma 17 Juil 2007 14:40 Sujet du message: SOI |
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Ce livre ne doit pas forcément être lu de façon linéaire classique, tant il est dense. Il peut apparaître lumineux au milieu d’un enchevêtrement d’idées et de références si tout simplement on y recherche la lumière qui perce à travers les broussailles, les ronces de l’esprit qui nous agrippent au passage On y trouve ce qu’on y cherche. Pour moi, ce fut une sorte d’illumination |
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joaquim Administrateur
Inscrit le: 06 Août 2004 Messages: 1421 Localisation: Suisse
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Posté le: Je 19 Juil 2007 23:30 Sujet du message: |
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Bonjour christian, bienvenue.
Que tu ais été illuminé par ce livre, voilà qui l'illumine en retour, et donnera peut-être à d'autres l'envie de le découvrir. |
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toniov
Inscrit le: 24 Fév 2007 Messages: 647
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Posté le: Ve 20 Juil 2007 16:40 Sujet du message: |
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Il me semble que c'est impossible que la conscience se reconnaisse en tant que vide. Par contre je comprends ce processus: il y a confusion entre la nature et les effets de la conscience. Le texte revient à dire: la conscience connait les objets à sa façon, mais elle n'a pas concience qu'elle puisse les " connaitre " autrement. C'est cet " autrement " qui est insaisissable. Car tant qu'elle " saisit " elle fonctionne toujours sur le meme mode. Intellectuellement, je suis dans une impasse ou plutot dans un non sens.
Mais le " but recherché " est'il de comprendre avec l'intellect ou de vivre l'éveil ? C'est une question de grace , si j'ai bien compris. Cela signifie donc qu'il y aurait un véritable état de compréhension, d'accès à l'éveil. Autre que par ma logique. Mais dans ce cas à quoi cela sert-il de s'interroger sur l'éveil? |
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chris
Inscrit le: 11 Mars 2007 Messages: 317 Localisation: Normandie
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Posté le: Ve 20 Juil 2007 19:51 Sujet du message: S'effacer devant Ce qui Est |
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Toniov dit : Citation: | Mais le " but recherché " est'il de comprendre avec l'intellect ou de vivre l'éveil ?
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Pour moi comprendre avec l'intellect permet de clarifier la pensée et ou la conscience et de se débarrasser de concepts erronés .
comprendre que l'on ne peut pas saisir l'éveil est un pas dans la mesure ou l'on considére que l'éveil existe .
comprendre qu'il n'y a rien à faire et dans le même temps parfois tout à faire en est un autre . Je suis au milIeu de ces deux affirmations . |
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joaquim Administrateur
Inscrit le: 06 Août 2004 Messages: 1421 Localisation: Suisse
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Posté le: Sa 21 Juil 2007 22:20 Sujet du message: |
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toniov a écrit: | Il me semble que c'est impossible que la conscience se reconnaisse en tant que vide. |
Et pourtant... si. La conscience se perçoit en tant que vide dès lors qu’elle fait place à “ce qui est”, parce que par ce geste elle réalise qu'elle a occupé jusqu'alors une place usurpée, une place bruyante et pourtant faite de vide. |
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daniel
Inscrit le: 15 Fév 2006 Messages: 461 Localisation: belgique
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Posté le: Lu 23 Juil 2007 19:39 Sujet du message: |
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je commence à pouvoir envisager la possibilité de l'existence du Soi ...
en effet, depuis quelques jours, j'ai commencé la lecture en entier de "l'enseignement de ramana maharshi" ... jusque là, j'en avais lu que des extraits ...
et déjà, voilà que je butais sur sa "vision", du fait, que l'on disparaissait lorsqu'on entrait dans le sommeil profond ... il semblait affirmer, qu'en fait, c'est le Soi (la Conscience) qui précèderait tout, qui prendrait le relais, lorsque l'on dort profondément ! puisqu'il n'y a plus personne pour s'en rendre compte ... alors que pour moi, jusque là, ça ne se passait pas comme ça, le corps continue de fonctionner pendant la nuit, et il demeure dépendant de son environnement ! si il y a un incident interne ou externe, on en verrait les séquelles au réveil ! même si aucun témoin, aucun observateur était là, pour s'en rendre compte ... mais voilà, c'était oublié, que lorsque ramana affirme, qu'il n'y a plus personne pour se rendre compte de ce qui se passe, pendant le sommeil profond, il veut parler (et uniquement) de l'égo qui disparaît, le "moi-je" à gogo (court sur patte ... et c'est de sa faute, peut-être ! ) ... alors, effectivement, il n'y a plus personne pour en dire quoi que ce soit ... et comme pour lui, le corps, son fonctionnement et son environnement sont le Soi, ben oui, évidemment, il n'y a plus que le Soi, la Conscience, Dieu, qui soit là, en tout, et englobant tout ! euréka !
je pense, en tout cas, que si mes observations sont justes, même si je ne peux pas encore affirmer que le Soi existe, je ne peux plus, non plus, ne pas prendre en considération, cette possibilité ! |
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mauvaiseherbe
Inscrit le: 31 Mai 2006 Messages: 336
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Posté le: Lu 23 Juil 2007 22:51 Sujet du message: |
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toniov
Inscrit le: 24 Fév 2007 Messages: 647
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Posté le: Ma 24 Juil 2007 14:29 Sujet du message: |
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Je comprends ce que veut dire Chris et je suis bien daccord sur le fait que la conscience a sa place, sa nécéssité dans l'intellect, pour apprendre et clarifier. Dès qu'on passe a la compréhension de ce qui est, elle ne clarifie plus rien du tout, au contraire. Mais justement, ou donc se situe la barrière?
Avant cette fameuse " barrière " la conscience clarifie, après elle parasite la compréhension. Cette " place usurpée " ou se situe t-elle? Peut-on la localiser, ou la notion meme de localisation est-elle impropre? |
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christian
Inscrit le: 16 Juil 2007 Messages: 6
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Posté le: Ma 24 Juil 2007 15:34 Sujet du message: |
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Pour moi, ce que j’ai cru comprendre, c’est que discuter sans fin de l’existence ou non de « LA conscience », c’est oublier l’existence de « sa conscience » pour pouvoir en discuter… |
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Asche
Inscrit le: 24 Jan 2007 Messages: 173
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Posté le: Ma 24 Juil 2007 15:36 Sujet du message: |
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Je ne comprend pas bien ce que tu veux dire toniov. Pour ma part j'aurais plutot dit que "l'intellect a sa place dans la conscience, pour apprendre et clarifier", et non l'inverse. Qu'en penses-tu ?
edit : christian, tu as entièrement raison |
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toniov
Inscrit le: 24 Fév 2007 Messages: 647
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Posté le: Ma 24 Juil 2007 20:35 Sujet du message: |
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Oui c'est bien cela; "l'intellect a sa place dans la conscience pour apprendre et clarifier ".
Je me demandais simplement: a partir de quand l'intellect n'a plus sa place? Parceque dans ce cas, je n'userai plus de l'intellect pour comprendre...
J'ai l'impression de m'etre à nouveau fourvoyé dans un sacré sac de noeuds... |
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Asche
Inscrit le: 24 Jan 2007 Messages: 173
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Posté le: Ma 24 Juil 2007 20:47 Sujet du message: |
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Il me semble que la fonction de l'intellect est de résoudre des problèmes d'ordre "technique". Mais ta nature, ce que tu es, n'est pas un problème technique, ce n'est pas un problème du tout ! Alors, peut-être que c'est là que doit s'éclipser l'intellect, lorsqu'en prétendant nous amener des réponses, il ne fait en réalité que créer des questions qui nous brouillent la vision. Mais il a certainement un rôle à jouer dans le dévoilement de ses propres limites... |
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joaquim Administrateur
Inscrit le: 06 Août 2004 Messages: 1421 Localisation: Suisse
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Posté le: Ma 24 Juil 2007 21:37 Sujet du message: |
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Asche a écrit: | Mais ta nature, ce que tu es, n'est pas un problème technique, ce n'est pas un problème du tout ! Alors, peut-être que c'est là que doit s'éclipser l'intellect, lorsqu'en prétendant nous amener des réponses, il ne fait en réalité que créer des questions qui nous brouillent la vision. Mais il a certainement un rôle à jouer dans le dévoilement de ses propres limites... |
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toniov
Inscrit le: 24 Fév 2007 Messages: 647
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Posté le: Ma 24 Juil 2007 23:49 Sujet du message: |
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C'est très clair Asche. La nature de ce qui est n'est pas un problème à résoudre. Voila une réponse satisfaisante.
Il n'y a rien à résoudre ici, puisqu'il n'y a pas de problème. Voila qui m'ouvre de nouveaux horizons... |
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