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Regards sur l'éveil Café philosophique, littéraire et scientifique
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Plume
Inscrit le: 30 Oct 2005 Messages: 105 Localisation: Région Parisienne
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Posté le: Lu 31 Oct 2005 21:37 Sujet du message: Kant et le Sublime |
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La distinction que fait Kant entre le Beau et le Sublime peut se résumer, grosso modo, en ces termes: si le Beau et le Sublime ont cela en commun de plaire par eux-mêmes, sans concept, et de façon universelle et necéssaire (du moins en droit, puisqu'ils prennent évidemment naissance au sein même de la subjectivité), le Beau porte sur un objet limité, fini, tandis que le Sublime porte sur l'illimité et l'infini. Or mon sujet ici est le Sublime, grâce auquel je souhaiterais dériver vers une dimension possible d'infini dans le fini: Idée de liberté en l'homme, Idée qui malgrès notre incapacité effective à en démontrer une quelconque réalité, permet à Kant d'envisager un sujet moral capable de surmonter sa nature (ou, plus précisemment, seconde nature) égoïste.
Le Sublime, c'est dans un premier temps (il y en a deux) un saisissement total, une frayeur qui s'accompagne d'un vif déplaisir. L'harmonie du Beau est détruite, car le Sublime se donne comme contraire à notre pouvoir de représentation, sans convenance à notre imagination. A la différence du Beau, que contient, dirait-on, l'objet, le Sublime se trouve dans l'esprit du sujet qui l'éprouve: l'objet n'est qu'un prétexte à ce sentiment. Revenons-en à cette frayeur; le spectacle du Sublime est le surgissement de notre finitude: soudain, ce que je vois me paraît halluciné, inimaginable alors même que je l'ai sous mes yeux. Voyons ce schème, assez explicite il me semble:
La vue d'une mer calme que caressent les rayons du soleil évoque un objet grand, très grand certes, mais limité et fini. Par contre, la vue d'un océan déchaîné pendant la tempête évoque une Idée ineffable de liberté, d'infini en moi.
Il y a défaut de convenance: je ne peux imaginer ce que je vois, je répond donc au spectacle par la seule puissance infinie en moi: la liberté (noumène, et non phénomène, puisque je n'en ai par définition pas la preuve: je ne peux qu'y croire), l'homme seul comme créature libre et morale. L'expérience du Sublime ouvre donc à la moralité, montrant à l'homme nouménal sa grandeur infinie par rapport à toute force sensible. Revoyons ceci à l'aide de formulations Kantiennes:
"Est Sublime ce qui est absolument grand". Voici une explicitation de l'idée évoquée précédemment, à savoir que le Sublime se trouve en l'homme seul. En effet, toute grandeur réelle est relative, et même l'univers est fini; par contre, l'homme possède l'Idée d'infini, peut croire en Dieu (cause absolue de tout, non causée, donc), ou en sa liberté (cause de ses actes, sans l'Idée de laquelle aucune morale ne pourrait être fondée).
"Est Sublime ce qui, du fait même qu'on le conçoit, est l'indice d'une faculté de l'âme qui surpasse toute mesure des sens." L'expérience, le phénomène ne fournissent jamais que des grandeurs relatives; donc le Sublime, lui, nous ouvre les portes du supra-sensible, de l'extra-phénoménal, du nouménal -- dit encore autrement, de l'intelligible seul, de "l'en-soi", par opposition au "pour-soi".
Chez l'enfant ou l'inculte (ou l'idiot pur, cela va de soi), le Sublime produit la terreur, le sentiment d'impuissance, car ils n'en restent qu'au premier moment du Sublime. Chez l'homme que la culture a préparé à la moralité, succède un autre moment où il découvre "en-soi une faculté de résistance, qui lui donne le courage de se mesurer avec l'apparente toute-puissance de la nature." Seul ce deuxième moment du Sublime l'est vraiment, en ce qu'il nous met en présence du seul véritable infini: le sujet moral, Idée régulatrice, éxigence méthodologique nous permettant de nous poser à la source de nos actes en tant que libertés en droit. |
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joaquim Administrateur
Inscrit le: 06 Août 2004 Messages: 1421 Localisation: Suisse
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Posté le: Ma 01 Nov 2005 15:29 Sujet du message: |
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Merci, Plume, pour ce beau texte, qui amène l’esprit, au détour de réflexions bien construites, jusqu’au bord du gouffre qui forme la limite de l’être manifesté, ce gouffre que chacun découvre en soi lorsqu'il s’interroge sur lui-même. Comme le dit Wittgenstein (Tractatus logico-philosophicus, 5-632, cité par Watzlawick): “Le sujet n’appartient pas au monde, mais il constitue une limite du monde”. Chacun porte en soi une limite qui clôture le monde, il est cette limite dès lors qu’il se perçoit en tant que “moi”. Il touche alors l'espace à partir duquel se déploie l’effroi provoqué par le Sublime, cet espace en retrait du monde manifesté, qui est aussi l'espace nouménal, hors de toute représentation possible, hors de la scission sujet-objet — d'où surgit une liberté qui n’est guidée par rien de représentable. Une liberté qui est pur être-là, qui se confond avec le “moi”.
L’acte par excellence de la liberté, le seul qu’elle puisse accomplir, c’est l’acte de foi.
L’«acte de foi se présente, malgré l’unité qui est la sienne, d’une part comme acte, d’autre part comme pensée (représentation). Ce qu’il nous est demandé de conceptualiser, c’est l’unité d’un acte intelligible. Nous ne pouvons le faire qu’en décrivant côte à côte un acte absolument actif et par conséquent insaisissable dans une représentation et une pensée qui n’a pas d’autre expression précisément que cet acte. La difficulté atteint son point culminant lorsqu’on remarque que cela ne signifie pas autre chose, s’identifie totalement à: ce qui opère dans la singularité du moi n’est pas lui, mais l’origine dans laquelle la transparence de son acte lui permet de plonger. (...) Toute libération ne peut venir que d’un acte de compréhension par lequel se trouve instituée une instance tierce en qui avoir confiance – une compréhension qui est cette confiance même.» Alain Cugno, L’Existence du mal, Le Seuil, coll. Points Essais, 2002.pp. 239-242
Tout comme l’acte de foi, qui s'institue lui-même en tant que soi dans un mouvement réflexif, par quoi il se présente comme pure liberté, le “moi” lui aussi se déploie comme une réflexivité fermée sur elle-même, en même temps qu'ouverte par la béance de sa propre irreprésentabilité sur la source de l'être. «Dans la conscience que j’ai de moi-même dans la pure pensée, je suis l’être même ; mais par là rien de cet être ne m’est encore donné à penser». Emmanuel Kant, Critique de la Raison Pure, Garnier Flammarion, Paris, 1976, p.355
Moi et liberté constituent deux facettes d’une réalité qui s’origine au-delà du représentable. Il est à la fois troublant et évident, lorsqu'on poursuit ces enchaînements de concepts qui ne parviennent pourtant pas à englober ni le moi, ni la liberté, mais seulement à délimiter la frontière au-delà de laquelle ils se situent, de saisir une sorte d’écho en qui “moi” et “liberté” se répondent mutuellement, dans la mesure où chacun se déploye à travers une réflexivité qui s’origine en elle-même, tout en s'enracinant dans le fondement de l'être. Eux-même ne sont pourtant, l’un et l’autre, non pas être, mais acte. Ils surgissent immédiatement du centre originel de l'être, mais n'arrivent jamais à la consistance d’“étants”. Ils échappent toujours à la représentation, ils ne basculent jamais dans le monde des phénomènes. Ils demeurent de purs actes. Reconnaître que “je” ne suis pas un être, mais un acte, l'acte de Dieu, c'est sortir de l'illusion. Seul l'Être, seul Dieu est. «Tout ce que Dieu opère est un : c’est pourquoi il m’engendre en tant que son Fils, sans aucune différence. (...) Dieu et moi nous sommes un dans cette opération : il opère et je deviens.» Maître Eckhart, Sermons, Ed. du Seuil, Paris, 1974 |
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Philart
Inscrit le: 19 Juil 2005 Messages: 21
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Posté le: Ve 05 Jan 2007 2:07 Sujet du message: kant et le sublime |
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philart
Je viens de glisser avec assurance et contrairement à ma conviction d'être un marcheur parfaitement expérimenté, voilà que, sans aucune raison, mon pied part sur le côté, hors d'un état d'équilibre nécessaire à ma condition humaine et plouf ! Me voilà dans l'eau profonde et je coule.
À bien réfléchir, il m'a fallu tant d'années pour parfaire ma marche que je puis douter, vieillissement oblige, et à cause de cette adversité, me voici basculant hors de la philosophie, hors de mon entendement.
Ainsi, de la physique, je découvre la métaphysique.
Je pensais me référer à Aristote. Et bien non, c'est Kant qui surgit.
Il tient à me guider et me faire opter pour une autre catégorie réflexive, celle d'un degré supérieur qui par ma propre pensée peut me permettre d'entrevoir cet absolu : la liberté. L'homme peut se libérer de ses entraves. Sont-elles platonicienne, qu'en sais-je ? Mais, ce qu'il pointe est-ce encore l'idée d'une lumière qui par réflexivité m'irradie ? Alors, devrais-je m'en remettre à Plotin ? Mais, par ce même ordre, cette même logique de raisonnement, je dois constater qu'en moi, en mon intériorité il y a cet "ego" qui m'interdit de regarder ce qui m'aveugle, lui qui est enfoui dans le centre des centres de mon être, dans cet obscur qui dépend de la gravité comme toute masse qui obéit à des lois physiques. Je ne suis pas dans un jardin enserré dans une ville qui prend conscience qu'il fait partie d'un tout si prégnant d'un mal-être si nauséabond que rien ne peut en sortir d'autre que du malheur du renoncement à être.
Il est toujours curieux de constater qu'on voudrait échapper à sa propre condition pour gagner quelque chose d'aléatoire qui fera à tout jamais disparaître comme par magie ce mal qui nous ronge, provoqué par les "coups" de l'adversité. Alors, curieusement une énergie qui correspond à un acte respiratoire intense immédiatement provoqué après un long séjour dans milieu tel qu'aquatique où il n'est pas possible de trouver l'oxygène par rapport à notre mode respiratoire pour continuer à vivre et ce réflexe vital se libère quand enfin en jaillissant et poussé par "Tout corps plongé dans l'eau…". Archimède nous a signifié cela, nous jaillissons,
Il ne s'agit pas d'une chute avec un pied cassé non, d'un mode de pensée qui me provoque par cette expérience et me permet de quitter le réalisme de la situation à la limite de la mort. Enfin ! Nous respirons dans le milieu aérien. Nous vivons encore et c'est le Merveilleux de la vie dont il est question et sommes à nouveau accouché par une "maïeutique" de circonstance. Renaître à la vie pour enfin exister, devenir ce qui s'offre au monde. Cela aide à se dégager de toute matérialité. La voie est tracée pour ceux qui croient en un Infini mais il en est de même pour qui s'affirme en tant que tel dans un monde fini. Nous devons agir en fonction de nos différences et comprendre ce que chacun de nous propose à son existence.
Ce n'est évidemment pas par hasard que Joaquim a quelque part dans son voyage sur ce site largement utilisé Sartre auteur de "La Nausée" pour procéder par démonstration et nous faire part de la justesse de sa pensée, de sa compétence et de son enthousiasme aux "Regards sur l'éveil" (À lui de nous en donner la raison, s'il le désire). Ce n'est pas non plus étonnant que Plume avec ce dont il nous fait part sur ses difficultés relationnelles avec son milieu familiale a omis (je ne pense pas me tromper) l'essentiel d'un manque qu'il lui sera tellement difficile à combler.
La psychanalyse est un moyen de provoquer la poussée (à l'aide du pied) quand on est au fond, envasé, et qu'il nous manque l'énergie et la sérénité nécessaires pour regagner la surface.
La philosophie avec son historicité nous permet aussi d'extirper à des penseurs des éléments qui constituent nos marques, nos référents, nos solutions aux problèmes bien posés, aux concepts. Deux guides tels : Gilles Deleuze et Félix Guattari ce sont posés des questions sur le Sujet qu'ils ont fait disparaître au profit d'une multiplicité jusqu'à écrire "Qu'est-ce que la philosophie ?". Deleuze nous enseigne que le philosophe produit des concepts.
Et puis, il y a ce site "Regards sur l'éveil" qui lui aussi fonctionne par "déterritorialisation" par adjonction, par complémentarité des genres pour accéder à une connaissance métaphysique qui passe outre l'Occident. Il véhicule la Foi du croire en soi vers l'Un qui, s'il se répand, c'est par sa multiplicité. Cela en totale opposition avec le raisonnement de la multiplicité définie ci-dessus dans ce même texte. Nous retrouvons la théologie et l'accès au sentiment religieux, au sacré mais aussi une anthropologie.
Quant à moi, ne suis-je pas entrain d'aborder la dialectique ?
philart |
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cieletbaie
Inscrit le: 20 Fév 2006 Messages: 108
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Posté le: Ve 05 Jan 2007 11:05 Sujet du message: |
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Dans le texte si riche de Philart, je tique une fois de plus sur:
" en mon intériorité il y a cet "ego" qui m'interdit de regarder ce qui m'aveugle,
lui qui est enfoui dans le centre des centres de mon être..."
Pendant si longemps, j'ai, moi aussi, utilisé ce même vocabulaire: j'ai un égo!
Ou encore: quelque part, il y a un ego en moi...Ah que je l'ai cherché, que je me suis décortiqué. Et plus je cherchais, plus je croyais le décrire, plus je croyais l'avoir enfin trouvé, et plus il ressurgissait,
plus insaisissable encore que la fameuse savonnette mouillée inattrapable.
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Dans l'ouverture, dans l'évidence, nulle part je n'ai pu trouver ce fameux égo, ce bloc monolithique,
ce grand responsable de tous mes malheurs.
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A la place d'un soi-disant égo qui m'occcuperait, tel un squatter...
il n'y a
et il n'y a jamais eu
que moi
Moi, qui,
A chaque instant
me prends pour autre chose
que ce que je suis
Moi qui, au lieu d'être, tout simplement
me perds (littéralement) dans un dédale de personnalités aux comportements divers,
dans un imbroglio de classements, de choix, de justificatifs etc
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Il n'est pas nécessaire que l'objet de ma croyance soit réel.
je puis agir COMME SI l'objet était réel.
La non-réalité de l'objet de ma croyance
peut néammoins amener à un comportement bien concret
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Je découvre au petit matin mon intérieur complètement saccagé.
je crie aussitôt "au voleur"
Alors que ....c'est moi-même,
dans une crise de somnambulisme,
pendant mon propre sommeil
c'est moi qui ai tout saccagé...
(oui, c'est VRAIMENT MOI qui dormais)
et le soi-disant cambrioleur extérieur
n'est qu'un fantasme de plus...
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Où que je regarde en moi, je n'y découvre aucun intrus;
Aucun égo-entité qui me posséderait diaboliquement.
Par contre, je découvre, stupéfait, que l'on peut se prendre pour autre chose que ce que l'on est
et en conséquence immédiate, agir en fonction de ce pour quoi je me prends.
Il est, dans ma nature, le pouvoir de produire des désirs, des images.
A chaque instant, c'est moi seul qui produis un personnage
et m'inclus entièrement dans ce personnage qui est MA fabrication
Il n'y a que moi qui puis voir que je ne me limite pas à une des personnalités que j'endosse!
A chaque instant, "je me prends pour..."
Le vocabulaire n'est pas neutre: je n'AI pas d'égo.
par contre, je me comporte "en tant que..."
Tant que je cherche un égo, je cherche en dehors de ce que je suis.
Ce "en dehors" est également ma fabrication,
une de ces si nombreuses petites boites,
qui me fascinent tant,
que j'ai plaisir à fabriquer, à disposer, à modifier.
Ce si passionnant "lego spirituel"
Je me souviens d'avoir lu chez St Jourdain quelque chose du genre:
"C'est très bien de jouer à la marelle, mais quand on commence à prendre le jeu au sérieux, alors,
attention quand on tombe dans la case enfer"
Bien sur, par commodité, on généralise.
Mais on finit par confondre l'image commode
avec la croyance qu'il existe réellement une entité appelée ego.
La commodité de langage n'est qu'une convention de paroles.
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Lorsque je me dis:" bien, je ne suis aucune de ces personnalités. Alors, qu'est ce que je suis?",
c'est encore le somnambule qui est en train de se dire: oh, je vais remettre en place ce que j'ai mis en désordre,
Même si APPARAMMENT, tout est remis en ordre,
RESSEMBLE à de l'ordre,
c'est toujours du somnambulisme.
"La psychanalyse est un moyen de provoquer la poussée (à l'aide du pied) quand on est au fond, envasé,
et qu'il nous manque l'énergie et la sérénité nécessaires pour regagner la surface."
Oui, Philart, tu as raison. Allons-nous encore une fois nous saucissonner entre une démarche noble, et une qui serait de seconde zone,parcequ'elle ne serait "que" psychologique?
Y a-til en moi des parties qui sont "plus" moi,
et d'autres parties qui sont "moins" moi?
Je suis réveillé ou je dors. Point.
Ensuite? dans le sommeil, TOUT est rêve.
Si le rêve est très agréable, il n'empêche que je dors quand même.
Quand je me réveille, je ne m'occupe pas de ré-organiser ce dont j'ai rêvé pendant la nuit!
Nulle part je ne trouve d'égo
Par contre, partout, je me vois en train de croire, d'assembler, de figer des comprtements qui se cristallisent dans une personnalité, à laquelle je finis par croire de plus en plus.
Une personnalité est, bien sur, pratique pour vivre socialement
MAis il me semble déceler un dérapage lorsque je pense devoir être fidèle PAR PRINCIPE
au personnage que j'ai endossé à un instant donné.
Dès que je m'y accroche, que ce soit par devoir, par habitude, par éducation, par culture, par civilisation,
Quelle que soit la soi-disante "noblesse" de la persistance d'un comportement,
aussitôt, je crée le temps psychologique !!!!
Dans une instantanéité hors du temps, j'y suis immédiatement englué.
De même que l'araignée produit d'elle même son propre fil
C'est de moi-même que surgit le matériau dans lequel je m'englue...
" Alors, curieusement une énergie qui correspond à un acte respiratoire intense immédiatement provoqué après
un long séjour dans milieu tel qu'aquatique où il n'est pas possible de trouver l'oxygène par rapport à notre mode
respiratoire pour continuer à vivre et ce réflexe vital se libère quand enfin en jaillissant et poussé
par "Tout corps plongé dans l'eau…". Archimède nous a signifié cela, nous jaillissons, "
On ne peut pas mieux dire...
Dernière édition par cieletbaie le Ve 08 Juin 2007 23:57; édité 1 fois |
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Philart
Inscrit le: 19 Juil 2005 Messages: 21
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Posté le: Sa 06 Jan 2007 22:27 Sujet du message: Kant et le Sublime |
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L'ego ne peut être autre qu'une mouvance en-soi, c'est-à-dire qu'il n'est jamais assemblé définitivement, il n'est jamais immobilisé. C'est une construction mentale de notre compréhension intrinsèque, il est en constant devenir mais considéré comme un centre du centre de nous-même. Effectivement nous sommes en mesure de le cerner, voir même de l'emprisonner en pensant qu'il est une entité mais il nous échappe tout autant. Enfin, c'est la réflexion qui m'est provoquée par la remarque de cielethale et je voudrais en profiter pour évoquer et mettre en dualité les hétéronymes de Pessoa et aussi, en matière de fiction, de réfléchir à la création des personnages que l'auteur introduit et met en opposition sur les trottoirs de Lisbonne, planches de l'espace scénique d'une œuvre théâtrale.
Cependant, Kant ne s'est pas exprimé par l'intermédiaire d'une mise en scène qui avait pour but de faire correspondre des entités en les faisant surgir grâce aux rôles des différents personnages joués par des acteurs, C'est le principe des tables gigognes, glissées de la plus petite à la plus grande, ou réciproquement, pour multiplier jusqu'à saturation son utilisation. Kant utilise une procédure que l'on peut désigner comme méthodologie pour dérouler une sorte de tapis d'escalier, d'entrée et cela lui permet de nous conduire avec une extrême rigueur vers le but de sa fiction philosophique. Nous aurions pu utiliser un ascenseur, lui qui n'en avait pas à sa disposition a préféré nous conduire dans de multiples couloirs et escaliers de la connaissance pour accéder à la LIBERTÉ
[Des images (Schèmes) m'apparaissent. Les prémices de la phénoménologie, le rêve de l'échelle de Jacob, l'ascension de Ziggourat de Babylone, Un film de Bergman où cet enfant pour parer à l'ennui, comme parfois cela est durant cette période de la vie, cherche sa voie en essayant de manière ludique de choisir une direction dans les couloirs d'un hôtel luxueux, si je me souviens bien. Dehors, un char de guerre roule sur la chaussée. Bergman a toujours des choses importantes à nous soumettre sur les têtes à têtes, là de deux femmes, sur la résonance du passé qui ressurgit de manière psychanalytique. Il est entièrement assujetti à Freud pour la part de rêve, mais aussi, il partage un petit quelque chose de Platon par réminiscence].
Kant nous conduit même parmi les Beaux-Arts pour nous démontrer qu'il y avait une étape supérieure pour nous détacher de notre manque à être. Il se peut qu'il n'ait jamais eu besoin de se poser la question sur un mal-être, sur une incapacité à être. Il marchait droit devant suivant les ouvertures propices à sa fonction de philosophe. Il a mis de l'ordre dans ses idées comme on range, comme on fait le tour de son propriétaire. Nous en avions grand besoin, en cela on doit le remercier, Avec l'ego, on s'invente effectivement plus que l'on en comprend l'incidence du contenu que ce mot à sur nous-même. On peut affabuler, on peut mentir, tricher tromper autrui jusqu'à faire le malheur des autres. On peut tendre au suicide, passer à l'acte. Tout est possible. Cependant, il suffit d'une infime capacité à la réflexion pour retrouver la vitalité qui est propre à notre espèce. Il y a un tel acharnement en nous pour vivre que cela correspond bien à un fondement égocentrique d'être là. Depuis vraiment longtemps je suis sensibilisé par ce sujet et avais l'intention de répondre à ce "post" à cause du "Beau" et du "Sublime" kantien. Mais, aujourd'hui, je comprends qu'il nous sied de s'impliquer pleinement dans cette entreprise : savoir répondre aux autres en essayant de les entrevoir comme on entrebâille une porte pour entrer dans leurs vécus (les comprendre) et réciproquement de se livrer (se comprendre mieux).
Pessoa s'inventait des mondes pensés par ses "Autres" de fiction, mais sans pour cela être schizophrène. Cela partait de l'enfance, de ce même ennui que bien des créatifs s'inventent, ; soit des doubles comme Soarès ou des hétéronymes comme Alberto Caeiro, Ricardo Reis, Alvaro de Campos ou Fernado Pessoa-en-personne, qu'il y en ait d'autres ou non cela compte moins. L'important pour nous lecteurs repose sur le fait que la construction mentale dont-il se nourrissait était nécessaire à sa recherche : impliquer ces personnages jusqu'à leur donner vie en eux comme Geppetto pour Pinocchio.
La puissance artistique fait gravir le poète, l'écrivain vers le sommet de facultés intellectuelles. Se mentent-ils ? N'ont-il jamais quitté leur enfance d'ennui, de rêverie. Ne sont-ils jamais devenus des adultes comme on le voudrait pour affronter la réalité, l'ordre des choses ? Sans pour cela savoir ce qu'elles sont. Mais, c'est ainsi, puisqu'on le dit ? Qui, cela n'a pas d'importance ? Mais certainement pas Pessoa, ni Kant, ni bien d'autres. Quand on se met en marche pour penser là, les "CHOSES" changent, on agit sur elles, on les bouscule, on se réalise. Mais comment savoir ce que sont ces "CHOSES" ? Kant est l'exemple d'une vie d'ennui pour la majorité des gens. Lui, probablement, savait s'occuper tellement que ses journées devaient être pleines, remplies et organisées ; l'ennui avait disparu. Ne pas s'apitoyer sur son sort, ne pas se laisser aller au désœuvrement, produire jusqu'à plus soif. C'EST LE SECRET. Ne pas laisser entrer en soi les malheurs du Monde pour produire l'essentiel de nos capacités à être. Sortir de cet ego de circonstance qui n'est en somme qu'une construction à l'aide d'un jeu de cartes qui au moindre souffle s'effondre. Il ne faut pas, à partir d'un jeu d'enfance, le lui permettre de gagner toute notre nécessité à connaître. Nous avons une place à prendre, nous n'avons aucun autre choix que de l'obtenir. Là nous pouvons voir venir, opter pour l'avenir, sortir de son propre obscurantisme, tendre à la Liberté.
philart |
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