joaquim Administrateur
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Posté le: Di 26 Sep 2004 0:37 Sujet du message: Quelques aphorismes de Roger Quesnoy |
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Roger Quesnoy a écrit quelques aphorismes très poétiques, qui sont comme des pierres sur le gué vers l’éveil. Il ne s’agit bien sûr pas de technique, car la poésie a cette particularité divine d’être réfractaire à la technique. La phrase poétique attend simplement, pour être saisie, ou plutôt entendue, un petit mouvement de l’esprit, qui lui permette de résonner et de développer les harmonies qui l’habitent. C’est une création à l’état d’ébauche, qui appelle l’esprit à la soutenir pour qu’elle puisse se développer. Et seul le geste par lequel l’esprit y répond est essentiel, donne son sens à la phrase et la rend opérante. La phrase ne devient en effet limpide que lorsque l’esprit résonne, non pas dans un sens réflexif, mais harmonique, se glisse dans l’espace décalé qu’elle ouvre, et peut-être, par miracle, y découvre son propre mouvement. Alors l’harmonie devient totale.
S’abandonner exige un effort qui ne tend à rien. Il faut beaucoup de patience. Jusqu’au moment où un secours intervient. Il nous surprend. Puis nous rassure, non sans une certaine ambiguïté.
Roger Quesnoy, “L’Infini au fond de soi”, Accarias L’Originel, 2003, p. 70
Le centre du moi est une énorme brèche. On peut en faire l’expérience si l’on note que la conscience se love n’importe où. Anywhere in the world, je peux être nuage, roseau, fleur, abeille de l’Invisible (Rilke). Aucun mouvement n’est exigé: juste un très léger déclic, une perception excentrée, une distraction fléchie.
Et c’est le grand large!
p. 69
Il n’est pas question de nous enrubanner de sublime, de nous livrer à une activité narcissique rarissime ou méritoire.
Il importe avant tout de voir la vraie couleur du galet qui roule et qui crie, du papier ivre dans le caniveau. D’entendre le rire du moulin qui dégrise les herbes tendres. Ou le balancement des branches sous un fouet de pluie.
De sentir que, oui, les objets peuvent souffrir, que tout est relié, que tout est ultrasensible au sein d’un infini de conscience...
Et que nous dérivons, hagards ou ravis, dans un océan de merveilles et de bestialité.
p. 72
C’est de l’oubli de l’individu que l’on s’éveille à soi, à sa véritable identité. Telle est la clef de toutes les sagesses! S’identifier à son personnage est l’erreur majusculissime. Faire de sa vie une lecture attentive, passionnée et distante à la fois, en est le correctif obligé. Même si parfois, on aimerait parcourir un autre livre, tourner certaines pages.
p. 94
Demeurer intérieurement “inenrôlable”. Le non-agir rejoint un quiétisme de bon aloi, qui n’est pas résignation, ni passivité, mais adhésion sans adhérence aux choses telles qu’elles sont.
p. 100
Comme il est difficile de se désolidariser de soi! Il faut le faire sans un adieu, sans se retourner, avec le sourire de l’ami qui va bientôt retrouver le moi comme un prolongement de Soi, et vivre avec lui, dans l’acceptation pure et simple de sa merveilleuse... absence.
p. 102
C’est de l’oubli de l’individu que l’on s’éveille à soi, à sa véritable identité. Telle est la clef de toutes les sagesses! S’identifier à son personnage est l’erreur majusculissime. Faire de sa vie une lecture attentive, passionnée et distante à la fois, en est le correctif obligé. Même si parfois, on aimerait parcourir un autre livre, tourner certaines pages.
p. 94
Pourquoi la vérité nous fuit-elle? Parce qu’il n’y a rien à chercher. Elle est déjà là. Il suffit de marcher dans nos pas à reculons, de remonter notre pente.
p. 98 |
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