Regards sur l'éveil Café philosophique, littéraire et scientifique    Accueil   FAQ   Rechercher   Liste des membres   Groupes   Devenir membre   Profil       Log in  Blog   La confusion dans la zone intermédiaire          Index du forum -> Ego et non-dualité Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant   Auteur Message feuille Inscrit le: 09 Mai 2005 Messages: 353 Localisation: Paris Posté le: Je 23 Fév 2006 15:51    Sujet du message: La confusion dans la zone intermédiaire Je suis tombé sur un article sur l’énergie de la pensée (par Serge Carfantan) qui rejoint certaines discussions récentes sur le forum. Le sujet tourne autour de la pensée et plus particulièrement de ce qui peut venir à elle lorsqu'elle se fait un peu plus transparente. Cette zone de contact appelée aussi zone intermédiaire de la pensée qui est en contact avec le « supramental » et aussi en contact avec la pensée dualiste (puisqu’elle est capable de sentir le contact). Il y a en lien un texte lié de Sri Aurobindo au sujet de la zone intermédiaire qui explique assez précisément les problèmes et la confusion que cette zone de contact peut entraîner. Même si je ne suis pas très à l’aise avec ces différentes séparations du mental, je dois admettre qu’elle exprime assez bien la relation que l’on entretient avec l’Etre et la confusion qui peut s’installer. J’y retrouve d’ailleurs quelques relations avec mon expérience (sur la confusion et la relation avec ce que l’on perçoit et ce que l’on croit comme la vérité) et je me rends compte à quel point toutes mes idées actuelles sont véritablement le pâle reflet de ce que j’ai vécu à un certains moments et de ce que je peux vivre plus simplement et moins violemment dans mon quotidien. J’ai un peu coupé le texte, mais si cela vous intéresse, plongez vous dans la version originale. … Il existe des dangers plus graves dans cette zone d'expérience intermédiaire. Car les plans auxquels le sâdhak a maintenant ouvert sa conscience - et dont il ne reçoit pas, comme auparavant, de simples aperçus et quelques influences, mais directement le plein impact - lui envoient une foule d'idées, d'impulsions, de suggestions, de formations de toutes sortes, souvent tout à fait opposées les unes aux autres, incohérentes ou incompatibles, mais qui se présentent de manière à estomper leurs manques et leurs différences, avec une force, une plausibilité et une richesse d'arguments très grandes ou en suscitant un sentiment convaincant de certitude. Submergé par ce sentiment de certitude, cette intensité, cette apparence de profusion et de richesse, le mental du sâdhak entre dans une grande confusion qu'il prend pour une organisation et un ordre plus vastes; ou encore il tourbillonne dans d'incessants changements et déplacements qu'il prend pour un progrès rapide, mais qui ne le mènent nulle part. …. Car cette zone intermédiaire est une région de demi-vérités, ce qui en soi n'aurait pas d'importance, car aucune vérité n'est complète en dessous du supramental; mais la demi-vérité ici est souvent si partielle ou bien si ambiguë lorsqu'on l'applique qu'elle laisse une grande latitude à la confusion, à l'illusion ou à l'erreur. Le sâdhak croit qu'il n'est plus du tout dans l'ancienne petite conscience, parce qu'il se sent en contact avec quelque chose de plus vaste ou de plus puissant, et pourtant la vieille conscience est toujours là et n'est pas véritablement abolie. Il sent la maîtrise ou l'influence d'un Pouvoir, d'un Être ou d'une Force plus grands que lui, aspire à être son instrument et pense qu'il s'est débarrassé de l'ego; mais cette absence illusoire d'ego dissimule souvent un ego magnifié. … C'est une zone que de nombreux sâdhak doivent traverser, dans laquelle beaucoup errent longtemps et d'où un grand nombre ne ressortent jamais. En particulier, si leur sâdhanâ se situe principalement dans le mental et dans le vital, ils y rencontrent inévitablement de nombreuses difficultés et bien des dangers; seuls ceux qui obéissent scrupuleusement à des directives strictes ou ceux dont la nature est dominée par le psychique franchissent avec facilité cette région intermédiaire, comme sur une route sûre et clairement balisée. Une sincérité centrale, une humilité fondamentale préservent aussi de beaucoup de dangers et de désagréments … Dans votre cas, il semble que vous y êtes entré parce que vous avez essayé de faire descendre la conscience cosmique ou d'y pénétrer de force; peu importe la manière de l'exprimer, peu importe que l'on soit parfaitement conscient de ce que l'on fait ou conscient en ces termes; en substance cela revient au même. Ce n'est pas dans le surmental que vous êtes entré, car il est impossible de pénétrer directement dans le surmental. Le surmental est en effet au-dessus de toute l'action de la conscience cosmique et derrière elle, mais au début on ne peut avoir qu'un contact indirect avec lui; ce qui en descend passe par des niveaux intermédiaires, entre dans un plan du mental, un plan du vital, un plan physique subtil plus vastes, se modifie et s'amoindrit considérablement au cours de cette transmission, et finit par ne plus ressembler en rien à la plénitude de pouvoir et de vérité qui était sienne dans le surmental à ses niveaux d'origine … Cet état mental a pour résultat que l'on commence à entériner tout ce qui vient dans cette région mélangée et suspecte comme s'il s'agissait de la Vérité tout entière et de la pure Volonté divine; on affirme avec arrogance le caractère absolu de ces idées et de ces suggestions sans cesse répétées, comme si elles étaient la Vérité entière et indéniable. On a l'impression d'être devenu impersonnel et sans ego, alors que toute la tonalité du mental, son expression et son esprit sont pleins d'une véhémente outrecuidance que l'on justifie en affirmant que l'on pense et que l'on agit comme un instrument du Divin et sous son inspiration. On avance, avec une grande agressivité, des idées qui sont peut-être légitimes pour le mental, mais qui n'ont pas de valeur spirituelle; on les présente pourtant comme des absolus spirituels. Par exemple l'équanimité qui, dans ce sens - car la samatâ yoguique est tout autre chose - n'est rien de plus qu'un principe mental, la revendication du droit sacré à l'indépendance, le refus d'accepter quiconque comme Gourou ou l'opposition entre le Divin et le Divin humain, etc., ce sont là des attitudes que peuvent adopter le mental et le vital, et elles sont transformées en principes que tous deux s'efforcent d'imposer à la vie religieuse et même à la vie spirituelle; mais elles ne sont pas et ne peuvent pas être spirituelles par nature. … Toute l'attitude, toute l'action, toutes les paroles peuvent être à tel point encombrées par les erreurs de cette zone intermédiaire que poursuivre cette route plus avant serait s'écarter très loin du Divin et du yoga. … Le passage par cette zone intermédiaire qui n'est pas obligatoire, car de nombreux sâdhak empruntent un chemin plus étroit, mais plus sûr - est décisif; ce qui en sortira sera sans doute une création très vaste ou très riche; mais lorsqu'on s'y embourbe, le rétablissement est difficile, pénible, et n'est assuré qu'après un long combat et un long effort. Sri Aurobindo Lettres sur le Yoga (Volume 4/6) Quatrième Partie, Section 5: Expériences de la conscience intérieure et de la conscience cosmique (p. 281-289) Revenir en haut mauvaiseherbe Inscrit le: 31 Mai 2006 Messages: 336 Posté le: Ve 14 Juil 2006 15:38    Sujet du message: Re: l'éveil et moi feuille a écrit: Je suis tombé sur un article sur l’énergie de la pensée (par Serge Carfantan) qui rejoint certaines discussions récentes sur le forum. Le sujet tourne autour de la pensée et plus particulièrement de ce qui peut venir à elle lorsqu'elle se fait un peu plus transparente. Cette zone de contact appelée aussi zone intermédiaire de la pensée qui est en contact avec le « supramental » et aussi en contact avec la pensée dualiste (puisqu’elle est capable de sentir le contact). Il y a en lien un texte lié de Sri Aurobindo au sujet de la zone intermédiaire qui explique assez précisément les problèmes et la confusion que cette zone de contact peut entraîner. Même si je ne suis pas très à l’aise avec ces différentes séparations du mental, je dois admettre qu’elle exprime assez bien la relation que l’on entretient avec l’Etre et la confusion qui peut s’installer. J’y retrouve d’ailleurs quelques relations avec mon expérience (sur la confusion et la relation avec ce que l’on perçoit et ce que l’on croit comme la vérité) et je me rends compte à quel point toutes mes idées actuelles sont véritablement le pâle reflet de ce que j’ai vécu à un certains moments et de ce que je peux vivre plus simplement et moins violemment dans mon quotidien. J’ai un peu coupé le texte, mais si cela vous intéresse, plongez vous dans la version originale. … Il existe des dangers plus graves dans cette zone d'expérience intermédiaire. Car les plans auxquels le sâdhak a maintenant ouvert sa conscience - et dont il ne reçoit pas, comme auparavant, de simples aperçus et quelques influences, mais directement le plein impact - lui envoient une foule d'idées, d'impulsions, de suggestions, de formations de toutes sortes, souvent tout à fait opposées les unes aux autres, incohérentes ou incompatibles, mais qui se présentent de manière à estomper leurs manques et leurs différences, avec une force, une plausibilité et une richesse d'arguments très grandes ou en suscitant un sentiment convaincant de certitude. Submergé par ce sentiment de certitude, cette intensité, cette apparence de profusion et de richesse, le mental du sâdhak entre dans une grande confusion qu'il prend pour une organisation et un ordre plus vastes; ou encore il tourbillonne dans d'incessants changements et déplacements qu'il prend pour un progrès rapide, mais qui ne le mènent nulle part. …. Car cette zone intermédiaire est une région de demi-vérités, ce qui en soi n'aurait pas d'importance, car aucune vérité n'est complète en dessous du supramental; mais la demi-vérité ici est souvent si partielle ou bien si ambiguë lorsqu'on l'applique qu'elle laisse une grande latitude à la confusion, à l'illusion ou à l'erreur. Le sâdhak croit qu'il n'est plus du tout dans l'ancienne petite conscience, parce qu'il se sent en contact avec quelque chose de plus vaste ou de plus puissant, et pourtant la vieille conscience est toujours là et n'est pas véritablement abolie. Il sent la maîtrise ou l'influence d'un Pouvoir, d'un Être ou d'une Force plus grands que lui, aspire à être son instrument et pense qu'il s'est débarrassé de l'ego; mais cette absence illusoire d'ego dissimule souvent un ego magnifié. … C'est une zone que de nombreux sâdhak doivent traverser, dans laquelle beaucoup errent longtemps et d'où un grand nombre ne ressortent jamais. En particulier, si leur sâdhanâ se situe principalement dans le mental et dans le vital, ils y rencontrent inévitablement de nombreuses difficultés et bien des dangers; seuls ceux qui obéissent scrupuleusement à des directives strictes ou ceux dont la nature est dominée par le psychique franchissent avec facilité cette région intermédiaire, comme sur une route sûre et clairement balisée. Une sincérité centrale, une humilité fondamentale préservent aussi de beaucoup de dangers et de désagréments … Sri Aurobindo Lettres sur le Yoga (Volume 4/6) Quatrième Partie, Section 5: Expériences de la conscience intérieure et de la conscience cosmique (p. 281-289) J'ai lu tout le texte qui dit avec d'autres mots , d'autres références ce qui m'a fait écrire que je " CRAINS" qu'un peu de mal -- honnêteté , ou bien d'erreur , d'illusion aient pu se glisser , comme malgré moi .... La réponse de Joachim m'a fait du bien , à différent niveaux ...Mais j'ai senti en même temps chez moi un petit mouvement vorace , suffisant , un peu visqueux ...et mon Jiminy cricket s'est mis à vouloir se faire entendre ...à tort ou à raison , je ne sais pas ... Je n'ai que ma petite vigilence pour bagage ...mais aussi votre présence pleine de chaleur et d'intelligence, vos pensées , vos témoignages et ........la foi Revenir en haut mauvaiseherbe Inscrit le: 31 Mai 2006 Messages: 336 Posté le: Ve 14 Juil 2006 15:47    Sujet du message: Cette réponse était en fait destinée à "L'éveil et moi " , mais se trouve peut-être finalement bien ici Revenir en haut joaquim Administrateur Inscrit le: 06 Août 2004 Messages: 1421 Localisation: Suisse Posté le: Ve 14 Juil 2006 22:32    Sujet du message: Re: l'éveil et moi mauvaiseherbe a écrit: j'ai senti en même temps chez moi un petit mouvement vorace , suffisant , un peu visqueux ...et mon Jiminy cricket s'est mis à vouloir se faire entendre ...à tort ou à raison , je ne sais pas ... Je n'ai que ma petite vigilence pour bagage ... C'est effectivement bien complexe... Car lorsque je m'accuse d'être malhonnête, ne risque-t-il pas d'y avoir, au-delà de la sincérité de cet aveu, une certaine complaisance à me montrer sincère? Vraiment, on n'en sort pas. En tous cas pas ainsi. On n'en sort qu'en regardant sa malhonnêteté, sa sincérité et sa complaisance sans y adhérer, comme on regarderait des vagues iriser la surface de l'eau. Cesser de s'identifier, c'est mettre fin à la boucle infernale: si je ne m'identifie pas à ma sincérité, nulle complaisance n'apparaîtra; si malgré tout la complaisance apparaît, alors je ne la rejette pas (la rejeter, c'est adhérer, encore et toujours à l'image pure que je veux donner de moi), j'accepte cette complaisance, comme j'accepte que la pluie me mouille... et elle s'efface tout simplement. Revenir en haut mauvaiseherbe Inscrit le: 31 Mai 2006 Messages: 336 Posté le: Ve 14 Juil 2006 23:18    Sujet du message: Oui tu as vu ! C'est toujours moi , MOÂ le centre dans ces moments là . Et , s'il m'est alors impossble de me souvenir de tout ce que j'ai pu savoir sur l'identification , si en apparence je ne peux pas m'en sortir de cette boucle infernale , tant elle exerce de fascination , j'en reconnait le goût , les "symptomes ".... et j'attend ... l'attente est vivante ...elle devient acceptation , et vient la pluie fine et la brise légère ... évanouie la bulle de savon . . Revenir en haut mushotoku-nad Inscrit le: 31 Mars 2006 Messages: 653 Localisation: gard Posté le: Di 16 Juil 2006 12:35    Sujet du message: Merci pour ce texte de shri Aurobindo, Feuille... Je crois que c'est vraiment un avertissement trés important, qui mériterait fort bien d'être en lien direct , et en rappel régulier sur tous les forums concernant l'éveil, effectivement... Plus il y a d'expériences, plus il y a de "révélations", "d'évidences", et de certitudes, plus ce texte est à méditer. Abandonner tout cela est effectivement difficile, mais pour "qui"?? Et même si on "le sait"...surtout quand on "le sait". Et à vous, Joachim et Mauvaiseherbe, pour ce pointer la malignité subtile des jeux de l'égo, et la subtilité de l'attitude interieure juste; Joachin ecrit: Citation: si malgré tout la complaisance apparaît, alors je ne la rejette pas (la rejeter, c'est adhérer, encore et toujours à l'image pure que je veux donner de moi), j'accepte cette complaisance, comme j'accepte que la pluie me mouille... et elle s'efface tout simplement. Oui, que ce soit la complaisance ou n'importe quelle ombre! C'est je crois le seul chemin, que de les traverser ainsi. Apres, comment juger qui que ce soit? Et si tout jugement ne faisait que trahir une ombre que nous n'avons pas encore accepté de voir en face et de traverser en nous -même? 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