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Regards sur l'éveil Café philosophique, littéraire et scientifique
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mauvaiseherbe
Inscrit le: 31 Mai 2006 Messages: 336
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Posté le: Di 23 Juil 2006 14:55 Sujet du message: L'Attention |
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Ce que nous appelons "terre d'exil"
est souvent "terre promise"
à laquelle manque notre attention.
S'il faut revenir quelque part,
Revenir à de qui est,
il n'y a pas d'autre chemin
que l'attention,
que celle-ci soit sensible,
affective, intellectuelle ou spirituelle...
"Les biens les plus précieux
ne doivent pas être cherchés mais attendus" :
c'est de la qualité de notre attente
ou encore de notre désir
que naît la qualité de notre attention.
L'attention est alors
un autre nom de l'amour,
quand celui-ci ne se contente pas
d'émotions ou de bonnes volontés
mais devient l'exercice quotidien
d'une rencontre avec ce qui est,
avec ce que nous sommes.
A travers les labyrinthes de nos préoccupations,
il faudra garder un fil d'heureuse vigilance.
Sans cette vigilance,
Comment pourrions nous reconnaître
la présence Une
sous ses formes multiples
et goûter la saveur (Sapienza) ?
Comment pourrions-nous
"prendre soin de l'Etre" ?
Jean-Yves Leloup « Un art de l’attention « |
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mauvaiseherbe
Inscrit le: 31 Mai 2006 Messages: 336
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Posté le: Di 23 Juil 2006 15:07 Sujet du message: |
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C'est suite à ce petit échange que je suis tombée sur ce texte :
mauvaiseherbe a écrit:
"il suffit de "se disposer" un peu (habiter mon corps et voir, à chaque pas, en quoi ta manière de poser les questions résonne avec la mienne ) et de maintenir suffisement d' ATTENTION et c'est là le hic ...
ce " il suffit de" , aussi simple qu'il puisse être pour moi aujourd'hui , il m'a fallu à la fois l'apprendre...et le recevoir par grâce ."
[quote=joaquim]
Tout est là. Ce "il suffit de" ne se fait pas sans la grâce. Il suffit d'être présent à ce qui est, sans rien y ajouter, juste être présent. C'est très simple, c'est faire de soi un simple regard. Et pourtant si compliqué, comme de s'ôter soi-même de la confiture des doigts. [/quote]
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phoeniks
Inscrit le: 02 Août 2006 Messages: 51
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Posté le: Sa 26 Août 2006 18:40 Sujet du message: Re: L'Attention |
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mauvaiseherbe a écrit: |
L'attention est alors
un autre nom de l'amour,
quand celui-ci ne se contente pas
d'émotions ou de bonnes volontés
mais devient l'exercice quotidien
d'une rencontre avec ce qui est,
avec ce que nous sommes.
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Oui, c'est si juste, et cela montre également à quel point cette proximité, cette rencontre est rare dans mon quotidien. Comme souvent je connais plus la chose par défaut, c'est à dire par ce qu'elle n'est pas, par son absence.
Et pourtant il faut bien connaitre la chose en question pour reconnaitre son absence!
Pour décrire cela, j'avais raconté dans un autre post, une anecdote qui m'arrive souvent et que je peux décliner dans bien d'autres contextes:
"Ne vous est-il jamais arrivé de rentrer du travail, puis en arrivant chez vous de constater que vous n'avez aucune idée de comment vous avez effectuer le trajet?
Et pourtant, vous avez pris votre voiture, vous avez plus ou moins respecté le feux, les stop, etc.
Vous avez su éviter les écueils du trajet alors que ceux-ci n'ont pas été les mêmes que ceux de la veille!
Et vous êtes arrivés à bon port.
Votre pensée était quant à elle bien occupée à tergiverser sur d'autres sujet, autrement plus importants que le trajet!"
Alors effectivement, souvent, il faut essayer et réessayer de "se disposer" pour recevoir la grâce, et réinventer à chaque fois le chemin pour éviter l'illusion de l'attention.
Quand on évoque l'attention, la notion de goût me vient à l'esprit, parce que si l'expérience elle-même de l'attention me semble difficile à décrire, j'en garde toujours une trace tenace, un goût durable, comme.....de la confiture (de myrtilles). |
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Talomi
Inscrit le: 16 Août 2005 Messages: 102 Localisation: Région Montréalaise/ Québec
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Posté le: Di 27 Août 2006 12:07 Sujet du message: |
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Je lis vos textes sur l'Attention et j'aimerais pouvoir décrire aussi facilement que vous ce quelque chose dont je n’ai aucun contrôle. L'Attention m'est apparue un jour pour rester présente malgré moi pendant quelques jours mais malheureusement n'est jamais revenue par la suite.
La grâce, lorsqu'elle se présente, est toujours si simple et évidente, facile et totalement accessible. Pourtant l'instant d'après c'est parti et rien de volontaire ne peut la ramener. Il ne reste que le souvenir d'un bien-être qui m'englobait avec la participation de tous mes sens. Le paysage devant mes yeux était un, je voyais le tout et le détail dans un seul regard, le chant des oiseaux, le bruit des voitures, le vent qui soufflait avaient le même langage, j'entendais tout en pouvant identifier le moindre son, je ressentais la présence de l'environnement. L'Attention en fait n'était que sensation. J'étais l'ultime sens goûtant la vie.
Et pendant cette courte période où j'étais ''disposée'' à vivre l'Attention, j'ai partagé un instant de cette plénitude avec un ami qui marchait à mes cotés et qui m'a dit avoir vécu quelque chose de très marquant qu'il ressentait dans tout son être comme de l'amour. C'est dire que si nous étions tous vivants au moment présent dans une telle disposition, l'amour serait notre paradis quotidien.
Pouvoir savourer de tels instants de temps à autre serait suffisant pour éliminer toutes les blessures de la planète! |
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mauvaiseherbe
Inscrit le: 31 Mai 2006 Messages: 336
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Posté le: Di 27 Août 2006 21:06 Sujet du message: |
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------Ohh Talomi cette description n’est pas de moi !!
Mais comme phoenix toute heureuse à la lecture de ce texte je me suis écriée en silence « Oui , c’est si juste « …
N’est-ce pas étonnant en soi… ?!
J’oscille entre sommeil profond et cette sorte de « nostalgie » dont vous parlez je crois et encore parfois cette intéressante aptitude au goût de l’absence …
J’ai vécu aussi , quelquefois , l’impression d’être comme appelée , sollicitée , doucement touchée pendant mon sommeil pour que je me réveille …et mon incapacité à répondre , à m’ouvrir .
J’aime donc particulièrement dans ce texte cette notion de « qualité de l’attente » et de désir .
La qualité de l’attente change et le désir grandit, modestement bien sûr …
Ce qui me frappe c’est que ces mots "attente" et "désir" contiennent tous les deux une notion de temps , le futur ; et pourtant , quand l’attente s’affine c’est en devenant persévérance , patience , confiance au point de cesser d’être attente ; quand le désir grandit , il devient , même très petitement , amour …et quand j’aime c’est forcément maintenant .
« Exercice quotidien d’une rencontre avec ce qui est «
Et petit à petit , la vigilance , de sporadique et inquiète devient sporadique et heureuse …
Talomi a écrit: | C'est dire que si nous étions tous vivants au moment présent dans une telle disposition, l'amour serait notre paradis quotidien. |
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joaquim Administrateur
Inscrit le: 06 Août 2004 Messages: 1421 Localisation: Suisse
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Posté le: Lu 28 Août 2006 12:41 Sujet du message: |
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Merci à chacun(e) pour toutes ces résonnances.
Lorsqu’on manque d’attention on est, pourrait-on dire, prisonnier de l’inattention. S’en rendre compte, c’est déjà un effet de la grâce. Comme si un ange passait et tirait la sonnette pour nous réveiller. Seulement, ce qu’on fait en général à ce moment-là, c’est de se ressaisir et de se forcer à l’attention. Et on laisse passer la grâce, on se concentre sur quelque chose, en prenant appui sur ses propres forces, et on se retrouve aussitôt seul avec soi-même. Cette réaction est tellement naturelle, elle semble tellement “juste”, qu’on ne réalise pas toujours qu’ainsi on décapite la grâce. Car lorsque la grâce nous visite, il faut se taire, il faut la laisser agir, il faut lui faire assez confiance pour ne pas prendre sa place. La grâce nous réveille d’un oubli passif de nous-même, et nous invite à un oubli actif de nous-même — et non pas à une affirmation de soi. Lorsqu’elle nous révèle notre inattention, laissons-là donc faire, sans rien créer de neuf qui nous détournerait d'elle, et ne prêtons attention à rien d'autre qu'à notre inattention. C’est plus difficile, bien sûr, que de se ressaisir; car c’est être attentif sans rien saisir. Mais on sent bien, si on parvient à le faire, qu’on nourrit ainsi quelque chose en-deçà de soi, quelque chose qui se nourrit de la confiance qu'on lui fait et qui prend peu à peu consistance. Laissons ce quelque chose grandir, sans rien précipiter, sans rien “arracher”. On a tout le temps. Parvenir à se convaincre qu’“on a tout le temps”, c’est entrer dans la liberté. Au moment précis où on aura accepté de renoncer à un quelconque résultat en s’étant, vraiment, convaincu qu’on a tout le temps, au moment où on n’attendra plus rien d’autre que cette confiance qui est là, au moment où on aura, comme le dit mauvaiseherbe, “confiance au point de cesser d’attendre”, ce quelque chose nous enveloppera alors comme une eau limpide d’où l’on se découvrira naître. |
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Talomi
Inscrit le: 16 Août 2005 Messages: 102 Localisation: Région Montréalaise/ Québec
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Posté le: Lu 28 Août 2006 16:09 Sujet du message: |
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joaquim a écrit: | Parvenir à se convaincre qu’“on a tout le temps”, c’est entrer dans la liberté. Au moment précis où on aura accepté de renoncer à un quelconque résultat en s’étant, vraiment, convaincu qu’on a tout le temps, au moment où on n’attendra plus rien d’autre que cette confiance qui est là, au moment où on aura, comme le dit mauvaiseherbe, “confiance au point de cesser d’attendre”, ce quelque chose nous enveloppera alors comme une eau limpide d’où l’on se découvrira naître. |
Ah que j'aime ces paroles qui sont si exactes. Citation: | ... en s’étant vraiment convaincu qu’on a tout le temps | . Je parlais de cet exercice dans un de mes textes de l'an passé. C'est un exercice qui se pratique n'importe où et qui est très efficace si on parvient vraiment à s'imaginer que l'on est là éternellement, qu'il n'y a rien devant nous ni même la mort. S'imaginer que l'on est tel quel vivant éternellement. C'est une sensation de liberté qui nous amène tout droit dans l'attention. Tout devient tout à coup vivant autour de soi.
Citation: | ... au moment où on aura confiance au point de cesser d’attendre | . C'est le chemin de la liberté réelle. S'appuyer sur la vie qui est totalement soi, en toutes circonstances, est la clé de cette fameuse liberté. Plus on pratique cette confiance que l'on pourrait aussi appeler lâcher-prise ou l'abandon à l'inconnu qui est parfaite harmonie de toute façon, plus les 'coincidences' se manifestent et l'Intelligence qui tisse nos fibres pourvoit à nos besoins d'une façon incroyable! Savoir que l'on est que Perfection nous permet justement de vivre cette confiance aveugle en la vie. Le mot confiance n'a alors plus sa place. Il ne devient qu'un rappel psychologique au besoin!
Je reviens sur le mot "attention". Il y a bien sûr l'attention volontaire qui nous demande un effort mental, cette attention est d'ordre psychique disons et un excellent rappel au moment présent Mais il y a un autre degré d'attention qui est de l'ordre de la grâce et qui ne ressemble en rien à l'autre attention qui s'emploit souvent dans les textes ici. Il y a une très grande différence entre les deux, sachons-le. Mais la première est évidemment pratiquable et souhaitable dans notre quotidien. La seconde qui est la véritable attention est du domaine de l'inneffable. Cette dernière ne peut pas être pratiquée car si on la cherche, elle s'enfuit!
J'ai grand plaisir à lire de nouveaux textes et connaître d'autres personnes avec qui je ressens une belle résonnance. Merci à vous. |
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joaquim Administrateur
Inscrit le: 06 Août 2004 Messages: 1421 Localisation: Suisse
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Posté le: Ma 29 Août 2006 23:02 Sujet du message: |
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Talomi a écrit: | Je parlais de cet exercice dans un de mes textes de l'an passé. |
Je me souviens très bien de tes propos sur la vie éternelle, mais je ne les avais pas compris dans ce sens à l'époque. J'avais même été un peu effrayé par cette idée. Comme quoi, les mots ne sont vraiment que des pierres sur un gué, et si on trébuche sur l'un d'eux, on tombe à l'eau, sans rejoindre le rivage de l'autre - ou alors seulement bien plus tard. |
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