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Regards sur l'éveil Café philosophique, littéraire et scientifique
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waxou
Inscrit le: 13 Mars 2005 Messages: 361 Localisation: Marseille
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Posté le: Di 23 Juil 2006 17:04 Sujet du message: Le livre de l'éveil de Mark Nepo |
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Je voulais partager avec vous la découverte d'un livre que je trouve à la fois humble (malgré un titre qui pourrait paraître prétentieux), et particulièrement riche: "Le livre de l'éveil" de Mark Nepo.
Une des particularités de ce livre, c'est qu'il offre un aphorisme ou une citation, suivie d'un commentaire pour chaque jour de l'année, le tout dans une simplicité très accueillante.
C'est une forme d'écriture qui convient parfaitement à mon avidité de connaissance qui a parfois trop tendance à me faire ingurgiter des pages et des pages en occultant ce que justement je n'ai pas encore réellement saisi. Les citations sont vraiment riches et diverses, venant d'auteurs parfois connus (au hasard, je trouve: Jesus, Bouddha, Chuang Tzu, Albert Einstein, Jack Kornfield) ou non (poètes africains, maîtres chinois, moines bouddhistes et j'en passe)
En voici un passage avec le commentaire qui correspond à ce jour-ci, sous le titre de:
L'acceptation: Nous sommes la scène ainsi que les acteurs.
"L'une des grandes contributions de la psychologie a été de nous aider tous à comprendre comment nous revivons le film de nos blessures et de nos affections avec d'autres personnes que celles qui nous ont blessés ou marqués à l'origine. Ce phénomène est aussi appelé "projection" ou "transfert". Essentiellement, nous rejouons sans arrêt ce qui a été dit ou fait et ce qui n'a pas été dit ni fait jusqu'à ce que nous ayons résolu la situation. On parle alors de guérison, de renoncement, de lâcher prise, voire de pardon.
Se faire crier après puis s'en prendre à un chien est un stéréotype de ce phénomène. Or, le plus souvent, c'est l'amour bafoué que l'on rejoue. Par exemple, quand j'étais jeune, on rejetait froidement mes sentiments les plus sincères. Quand je montrais ma peine, mes parents pensaient que je voulais de la sorte faire fléchir leur fermeté. Ils me tournaient alors le dos, comme si je cherchais à les manipuler en exprimant ma peine.
De puis cette expérience, je suis resté sensible à la peine de mes proches. Pourtant je me cantonne parfois à un point de vue, me coupant ainsi des autres et rejouant le rôle de mes parents aussi bien que le mien. C'est pour le moins humiliant et dérangeant.
Comme la maladie qui doit suivre son cours, tous les intervenants de nos drames intérieurs doivent avoir droit au chapitre avant de nous laisser en paix. En tâchant inlassablement d'obtenir auprès de ceux qui ne connaissent pas notre drame ce que nous n'avons jamais pu avoir, nous maintenons la blessure vivante puisque nous rejouons ce drame avec eux. Du moins jusqu'à ce que nous comprenions humblement notre côté blessant. C'est le premier pas vers le pardon.
Je me suis surpris à faire aux autres ce que l'on m'avait fait mais sans être aussi dur et cruel. Cela m'a suffi pour m'apercevoir combien il est facile d'être cruel quand on a peur, combien il est difficile d'accepter que l'on est tous capables de choses terribles, et combien il est edifiant de voir la véritable bienveillance en acceptant cette réalité." |
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mauvaiseherbe
Inscrit le: 31 Mai 2006 Messages: 336
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Posté le: Ma 25 Juil 2006 20:58 Sujet du message: |
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Citation: | En tâchant inlassablement d'obtenir auprès de ceux qui ne connaissent pas notre drame ce que nous n'avons jamais pu avoir, nous maintenons la blessure vivante puisque nous rejouons ce drame avec eux. Du moins jusqu'à ce que nous comprenions humblement notre côté blessant. C'est le premier pas vers le pardon.
Je me suis surpris à faire aux autres ce que l'on m'avait fait mais sans être aussi dur et cruel. Cela m'a suffi pour m'apercevoir combien il est facile d'être cruel quand on a peur, combien il est difficile d'accepter que l'on est tous capables de choses terribles, et combien il est edifiant de voir la véritable bienveillance en acceptant cette réalité." |
Oui c'est humiliant et le souvenir des fois ou je me suis surprise en train d'être , pour ma part , aussi dure et cruelle est encore chaud et cuisant ..... Mais je reconnais aujourd'hui la valeur de cette étape si désagréable et difficile ... Je me souviens que le jugement a été sévère et sans appel , laissant ainsi en moi une trace suffisement stable pour me servir de rappel en cas de récidive ...c'est suffisement fort pour arrêter l'élan ,me permettant aussi du coup de réussir ( à condition de ne pas me laisser non plus fasciner par le jugement lui même ), ne serait-ce que brièvement , d'échapper à la fatalité mortifère qui semblait me pendre au nez . OUF ! |
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waxou
Inscrit le: 13 Mars 2005 Messages: 361 Localisation: Marseille
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Posté le: Ve 28 Juil 2006 14:18 Sujet du message: |
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mauvaiseherbe a écrit: | Oui c'est humiliant et le souvenir des fois ou je me suis surprise en train d'être , pour ma part , aussi dure et cruelle est encore chaud et cuisant ..... Mais je reconnais aujourd'hui la valeur de cette étape si désagréable et difficile ... |
Oui, même impression pour moi, mauvaiseherbe. C'est humiliant parce je crois qu'à ce moment là on perd un rôle auquel on s'accrochait, dont on était fier, ou du moins qui nous arrangeait bien.
Le rôle de celui ou celle qui souffre. Bien pratique pour ne pas avoir à se remettre en question et pour donner un sens à sa fuite. Et bien pratique aussi pour ne plus être percuté par la réalité de la souffrance.
Je trouve que c'est un peu comme lorsqu'on regarde les choses à travers un filtre de couleur: on ne perçoit plus la couleur en question. Quand on regarde les choses à travers le filtre de l'identification à la souffrance, on ne perçoit plus la souffrance de l'autre et on commet les même erreurs de fermeture que ceux qui nous ont fait souffrir. C'est vraiment un schéma répandu, comme si la fermeture était contagieuse.
Je crois qu'il s'agit aussi du "corps de souffrance" dont parle Eckhart Tolle. Tout un programme. |
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mauvaiseherbe
Inscrit le: 31 Mai 2006 Messages: 336
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Posté le: Ve 28 Juil 2006 15:04 Sujet du message: |
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Oui tout à fait .
Mais j'ai compris qu'il n'est pas juste non plus d'être dur avec cet "être souffrant " en moi . Il a réellement souffert et a réellement besoin d'être reconnu , aimé , consolé ... Et il n'y est pour rien si ensuite il a servi d'alibi et de bouclier et s'il n'a pas le pouvoir de m'empêcher de ressembler au bourreau .
waxou a écrit: | C'est vraiment un schéma répandu, comme si la fermeture était contagieuse.
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L'idée de la contagion me touche beaucoup , j'ai souvent eu cette curieuse impression d'avoir comme contracté une maladie ...d'avoir été salie et hélas de salir à mon tour .
Je ressens également l'état d'esprit , l'ambiance personnelle de l'autre , son climat , son monde comme se communiquant à moi ...ayant le pouvoir de m'absorber ( ou de m'absorber dans la réaction contre ) si je "dors" , si je ne suis pas présente à moi-même , si je ne veille pas .
Quelle vision du monde alors quand je me rend compte que (presque ) tous nous subissons la même chose ...
C'est en grande partie ce qui a provoqué chez moi ce sentiment d'urgence si utile pour me mettre en route .
Pour moi , allez j'ose , devenir regard ,s'oublier , mourrir à soi-même, être transparent , s'éveiller , s'ouvrir à la Présence etc ... c'est aussi cesser d'être nocif et , qui sait , peut-être servir ...
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waxou
Inscrit le: 13 Mars 2005 Messages: 361 Localisation: Marseille
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Posté le: Ve 28 Juil 2006 16:16 Sujet du message: |
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mauvaiseherbe a écrit: | Mais j'ai compris qu'il n'est pas juste non plus d'être dur avec cet "être souffrant " en moi . Il a réellement souffert et a réellement besoin d'être reconnu , aimé , consolé ... Et il n'y est pour rien si ensuite il a servi d'alibi et de bouclier et s'il n'a pas le pouvoir de m'empêcher de ressembler au bourreau .
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Bien sûr, je suis d'accord. Etre dur avec cet être souffrant, c'est justement encore et toujours s'identifier à cet être souffrant, réactualiser l'identification. Tout comme lutter contre l'ego.
L'accueillir, le comprendre, par l'acceptation c'est introduire quelque chose de nouveau et de libre. Reprendre en quelque sorte son indépendance. Enlever le filtre qui empeche de voir la légitimité de la souffrance. Cela revient au même. Si je suis incapable d'accueillir ma souffrance, de l'écouter, comment pourrais-je accueillir celle de l'autre?
mauvaiseherbe a écrit: | Quelle vision du monde alors quand je me rend compte que (presque ) tous nous subissons la même chose ... |
Oui ça donne presque le tournis . |
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Drizzt
Inscrit le: 07 Juil 2006 Messages: 48 Localisation: Liège
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Posté le: Ma 15 Août 2006 18:03 Sujet du message: |
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mauvaiseherbe a écrit: | Oui tout à fait .
Mais j'ai compris qu'il n'est pas juste non plus d'être dur avec cet "être souffrant " en moi . Il a réellement souffert et a réellement besoin d'être reconnu , aimé , consolé ... Et il n'y est pour rien si ensuite il a servi d'alibi et de bouclier et s'il n'a pas le pouvoir de m'empêcher de ressembler au bourreau .
waxou a écrit: | C'est vraiment un schéma répandu, comme si la fermeture était contagieuse.
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L'idée de la contagion me touche beaucoup , j'ai souvent eu cette curieuse impression d'avoir comme contracté une maladie ...d'avoir été salie et hélas de salir à mon tour .
Je ressens également l'état d'esprit , l'ambiance personnelle de l'autre , son climat , son monde comme se communiquant à moi ...ayant le pouvoir de m'absorber ( ou de m'absorber dans la réaction contre ) si je "dors" , si je ne suis pas présente à moi-même , si je ne veille pas .
Quelle vision du monde alors quand je me rend compte que (presque ) tous nous subissons la même chose ...
C'est en grande partie ce qui a provoqué chez moi ce sentiment d'urgence si utile pour me mettre en route .
Pour moi , allez j'ose , devenir regard ,s'oublier , mourrir à soi-même, être transparent , s'éveiller , s'ouvrir à la Présence etc ... c'est aussi cesser d'être nocif et , qui sait , peut-être servir ...
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Nous sommes comme des éponges qui absorbons dès la naissance le corps de souffrance global de l'humanité, qui se péperpétue sans doute depuis des milliers d'années, et que faisons nous ? La victime que nous étions se transforme en bourreau innévitablement...victime et boureau ne sont que les 2 faces d'une seule et même pièce.
Certain ressentent la nécéssité absolue de mettre un terme à cet immense jeux de causes à effets transgénérationnelle, par un sursaut de conscience, par un trop plein, nous pouvons dire non et commencer le travail de désidentification par rapport au corps de souffrance, et au mental-égo plus largement..
J'ai l'impression que nous sommes à une époque ou le trop plein se fait sentir, et ou l'égo collectif qui sustente le corps de souffrance est tellement énorme, qu'au lieu de se servir comme carburant pour continuer à se répendre et à grossir, grossir sans cesse, commence à s'affaisser sur lui même, sur son propre poid. Pour employer une autre image, c'est comme si une bobinne électrique recevait une charge trop importante et s'auto détruisait. L'égo semble fonctionner de la même manière. Nous devons nous perdre pour renaïtre à nous même |
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waxou
Inscrit le: 13 Mars 2005 Messages: 361 Localisation: Marseille
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Posté le: Je 15 Fév 2007 10:03 Sujet du message: |
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Bonjour à tous . Voici le passage réservé à ce jour, toujours du même livre. Il est intitulé "Etre un guerrier spirituel"
"Le coeur ne peut être libre
A moins de devenir un réceptable."
C'est vrai. Il y a beaucoup de tristesse en ce monde. Néanmoins, il y a une différence entre la douleur causée par les cassures, les fins, les éloignements et celle plus aiguë qui survient quand on compare les inevitables événements de la vie à un idéal selon lequel les choses devraient être. Quand on fait l'expérience de ces épreuves dans une perspective semblable, la vie est toujours un moins. La vie est assez dure telle qu'elle est. N'ajoutons pas à cela la vision selon laquelle toute notre souffrance est la preuve d'une insuffisance fondamentale que nous devons subir.
Un magnifique mythe tibétain peut nous aider à accepter notre tristesse comme un porte ouverte sur le changement et la durabilité. D'après ce mythe, tous les guerriers spirituels ont le coeur brisé. Ils doivent, hélas, avoir le coeur brisé car seule la cassure permet aux merveilles et au mystères de ce monde de nous être révélés.
Que signifie alors "être un guerrier spirituel" ? Cela n'a rien à voir avec le fait d'être un soldat. C'est plutôt démontrer la sincérité grâce à laquelle l'âme se fait face au quotidien. C'est avoir le courage d'être authentique afin de rester fort et de traverser la grande épreuve par laquelle l'illumination peut arriver. Et c'est en honorant la manière dont la vie se présente à nous que nous tirons le maximum de celle-ci, pas en nous cachant dans un coin. Le but consiste à mettre la main à la pâte, non à rester propres.
(...) Chaque jour, on nous juge, sans tenir compte de qui nous sommes, on nous prend même en pitié pour des triomphes personnels dont nous sommes les seuls à comprendre la portée. Finalement, la vie est un périple bien trop beau et difficile pour que nous renoncions à notre place.
Je soulignerais tout de même que cette notion de guerrier spirituel ne consiste en aucun cas à se plaire à endosser l'armure étincelante du bien et faire sa croisade. Mark Nepo l'explique bien, il s'agit de manifester l'intégrité et l'authenticité même lorsque cela fait mal, même lorsque cela implique la remise en question, et même si personne n'est là pour le voir. Accepter sa faiblesse et faire avec, c'est là qu'est la véritable force vivante.
Bonne journée . |
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