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Elephant Man, David Lynch, 1980

 
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lune



Inscrit le: 09 Jan 2005
Messages: 34

MessagePosté le: Ma 10 Avr 2007 21:23    Sujet du message: Elephant Man, David Lynch, 1980 Répondre en citant

Un homme- éléphant, mi- homme, mi- bête, un phénomène de foire parqué au fond des caves sombres et humides, noires de cette nuit d’où personne ne vient le sortir. Hanté par le bruit assourdissant des machines créées par l’homme, auquel répondent les barrissements des éléphants qui hantent le secret de sa naissance. Un jeune homme exhibé pour faire peur, pour créer le frisson du jamais vu, de l’horreur. Battu, humilié, exploité. Accroché au portrait de sa mère, dont le si beau visage apparaît et éclot un instant sur toute la largeur de l’écran, seul lien vers l’origine de son humanité rejetée. Puis survient une lueur dans ce gris-noir uniforme. Le docteur Treeves extrait l’homme-éléphant de son sous –sol pour étudier son étrange difformité. Le premier contact visuel entre le médecin et « la créature » est saisissant. Pas une parole n’est échangée, mais le visage du médecin traduit mieux que des mots la profondeur de son émotion. A l’hôpital de Londres l’homme -éléphant devient John Merrick, âgé de 21 ans, citoyen anglais. Une seconde naissance. Petit à petit, encouragé par la douceur et la patience de Treeves, il risque un premier mot, une première phrase, puis un psaume tout entier, son préféré, le cantique de David : « L’éternel est mon berger, avec lui, je ne manquerai de rien... ». Treeves découvre médusé que non seulement John parle, mais qu’il est doué d’une intelligence remarquable et d’une finesse, d’une sensibilité peu communes. Enthousiasmé par sa découverte, transporté d’avoir permis à John Merrick de s’éveiller à sa vraie vocation d’homme, le médecin n’a de cesse que de le présenter partout, de lui permettre de rencontrer les personnalités les plus en vue du Londres de l’époque. John accepte tout, avec une candeur désarmante ; il songe que le bonheur qu’aurait sa mère de le voir si bien entouré lui permettrait d’accepter enfin de l’avoir mis au monde. De souhaiter être sa mère.
Mais bientôt Treeves est dépassé par l’ampleur de la nouvelle célébrité de John. Il réalise qu’il expose John, comme un spécimen humain et traité avec humanité certes, mais toujours comme une apparence... pas si éloignée de celle de l’homme éléphant vendu aux regards curieux et malsains sur l’estrade des foires. Est-il vraiment si différent de l’ignoble Bytes qui avait fait de John un animal de cirque ? De cet homme à l’apparence d’homme mais au cœur de monstre, qui a humilié John, au cœur d’homme caché sous un corps de monstre... Ce nœud qu’il porte en lui, c’est John qui va le dénouer. Avec sa réponse toute simple, offerte : Treeves est son ami. Trois petites lettres, un petit mot qui réunissent deux êtres, qui font toute la différence entre deux mondes.
Puis l’homme-éléphant est à nouveau capturé dans sa chambre par l’horrible Bytes, à l’insu de tous, trainé de l’autre côté de l’Atlantique. Réduit encore à l’état de bête de cirque. Treeves a perdu sa trace et sombre dans une profonde tristesse mêlée de remords. Battu, enfermé dans la cage des singes, John est mourant. Libéré par ses camarades d’infortune, il peut regagner l’Angleterre et retrouver « son » ami.
Sachant que les jours de John sont comptés, Treeves souhaite réaliser un rêve de John. L’emmener au théâtre. Pendant que les deux hommes se préparent, Treeves fait part à John de ses regrets, de ses remords, que John balaie en disant de son timbre si particulier : « Je suis heureux à chaque instant du jour. Ma vie est comblée. Parce que je suis aimé. Je me suis accompli. Je ne pourrais pas dire cela sans vous. Mon ami ».
John vit le spectacle, qui lui est d’ailleurs dédié, comme un enchantement.
De retour dans sa chambre, resté seul, il contemple la petite maquette de la cathédrale voisine qu’il a patiemment confectionnée. Il observe ses tourelles, ses clochers dressés vers le ciel. Il écrit : « John Merrick » sur le mur gris. Puis il enlève les oreillers de son lit, sachant que la position horizontale lui sera fatale. Il se couche, et ferme les yeux après un dernier regard posé sur le portrait de sa mère. Il va la rejoindre en rejoignant la terre, celle d’où l’on vient et où l’on meurt, celle où notre identité se perd dans une poussière commune. Celle où notre visage se perd. Celle qui ne garde en mémoire que la poussière d’étoiles que nos liens ont su faire germer. Pour qu’elle fleurisse dans un ailleurs.
Le visage de la mère de John apparaît comme un halo dans la nuit. De ses lèvres tombent ces quelques mots : « Rien, jamais rien ne mourra. Le fleuve s’écoule, le vent souffle, les nuages passent, le cœur bat. Rien ne mourra ».
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joaquim
Administrateur


Inscrit le: 06 Août 2004
Messages: 1421
Localisation: Suisse

MessagePosté le: Me 11 Avr 2007 21:33    Sujet du message: Répondre en citant

Merci, lune, pour cette émouvante description. Ce film ne laisse, je crois, personne indifférent. Tous, nous somme touchés par cet homme. Etonnant, non? Pourquoi nous identifions-nous ainsi à cet homme-éléphant? Serions-nous prisonnier nous aussi d’une image grotesque, qui masque notre vraie nature, et menace de l’étouffer?
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daniel



Inscrit le: 15 Fév 2006
Messages: 461
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MessagePosté le: Je 12 Avr 2007 10:54    Sujet du message: Répondre en citant

il me semble souvent, que ce sont les autres qui nous enferment dans une image qu'ils décrètent, alors, comme étant grotesque ! non ? Confused Rolling Eyes
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joaquim
Administrateur


Inscrit le: 06 Août 2004
Messages: 1421
Localisation: Suisse

MessagePosté le: Je 12 Avr 2007 12:19    Sujet du message: Répondre en citant

C’est vrai que mon commentaire pourrait affadir le thème plus que le prolonger. Confused Ce que je voulais dire, c’est qu’on porte tous en soi la lumière, un éclat du divin, mais qu’on est souvent si opaque à son rayonnement que ce qui s’exprime de soi, et ce à quoi on s’identifie du même coup, c’est cette opacité même. On se prend soi-même pour le masque qui nous cache. Et il faut creuser sous cette gangue, croire à la lumière cachée au-dessous, comme le Dr Treeves a cru à l’homme-éléphant, pour que la lumière parvienne à percer ces ténèbres. Nous sommes les ténèbres, et nous sommes aussi la lumière, selon qu’on fait confiance ou non.
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sahaja



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Messages: 429
Localisation: 66000

MessagePosté le: Sa 14 Avr 2007 0:16    Sujet du message: Répondre en citant

...

Dernière édition par sahaja le Sa 23 Juin 2007 12:18; édité 1 fois
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daniel



Inscrit le: 15 Fév 2006
Messages: 461
Localisation: belgique

MessagePosté le: Sa 14 Avr 2007 12:53    Sujet du message: Répondre en citant

sahaja :

Citation:
tout cela comme le dis joaquim par manque de confiance ,par manque de confiance en notre propre capacité a regarder au dela de nos conditionnements,par peur.

donc somme nous seulement le résultat de ce conditionnement certainement pas !!

même si celui ci influence nos action,nos propos nos references etc..


question, que celle-ci !? peut-être ne sommes-nous pas que le résultat de ce qui nous conditionne ... excepté, si la capacité de pouvoir prendre du recul, par rapport au conditionnement, fait partie de ce conditionnement ... si maintenant, par exemple, je me retrouve face à quelque chose que je n'ai jamais vu, je ne vais pas savoir ce que c'est, mais une fois l'émotion passée, je vais commencé à prendre du recul, par rapport à cela, et puis, petit à petit, avec mes mots, mes connaissances, je vais pouvoir commencer à apprivoiser l'inconnu, le définir, le recréer, pour ma propre compréhension, et au bout, sans, peut-être, avoir réussi à voir vraiment ce que c'est (dans sa nature même), j'aurais quand même réussi à en connaître la substance, la texture, j'aurai compris si cela avait de bonnes ou de mauvaises intentions, etc ... (ceci selon mes propres connaissances) ... et puis, si nous parvenons, avec cette chose, à trouver un langage commun, peut-être arriverons-nous à se connaître réellement, mutuellement ... cela n'est-il pas possible avec soi-même, aussi (s'étudier, dans notre environnement, grâce à l'apport des autres, etc ) ... Rolling Eyes
bien sûr, cette compréhension ne sera intelligible que pour notre propre compréhension, compréhension qui est, quand même, liée, à notre condition même, donc, intelligible pour moi, voir, mes proches ...
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lune



Inscrit le: 09 Jan 2005
Messages: 34

MessagePosté le: Sa 14 Avr 2007 14:25    Sujet du message: Répondre en citant

Je crois que ce qui est abordé différemment dans ce film, c’est précisément le thème de l’image. Chacun de nous ne s’est pas seulement perçu au travers du regard de l’autre, mais s’est « vu » lui-même. John Merrick, comme nous le démontre la scène où on lui tend cruellement un miroir, ne sait rien de lui-même hormis la peur et le dégoût qu’il inspire aux autres. Ce qui filtre de son monde intérieur est d’une certaine manière à l’état brut, parce qu’il n’est pas opacifié par une recherche de paraître ou d’être adapté au désir de l’autre; comment aurait-il pu l'être? Il ne peut qu' être donné pour aller à la rencontre. Une passerelle qui irait d’un cœur à un autre. Treeves a permis à John d’amener sa lumière intérieure vers le jour, et celui-ci a permis au médecin de laisser jaillir ce qu’il avait de plus beau, simplement parce que John n’imaginait même pas que son ami puisse « faire » autrement.Peut-être est-ce ça qui me touche; il n'y pas de recul, pas de recours à un savoir ou à des connaissances, pas d'étude de l'environnement etc..., juste le désir d'y aller, juste la confiance et l'élan.
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daniel



Inscrit le: 15 Fév 2006
Messages: 461
Localisation: belgique

MessagePosté le: Sa 14 Avr 2007 15:06    Sujet du message: Répondre en citant

tout à fait d'accord lune, mais moi, je ne me réfèrais pas au film, je tentais de répondre, simplement, à sahaja ...
mais ce que tu dis là, rejoins l'étape que je décris ici, non ? :

Citation:
et puis, si nous parvenons, avec cette chose, à trouver un langage commun, peut-être arriverons-nous à se connaître réellement, mutuellement ...


ici, je parle de "chose", mais on ne sait pas encore, si ce qu'il y a en face de nous, est vivant ou pas ...

dans le film, que je n'ai pas vu depuis très longtemps, il se reconnaissent l'un, l'autre dans ce qu'ils (s)ont en commun, mais avant ça, ils ont du apprendre à se connaître, non ? on peut penser que le docteur treeves était déjà, quelqu'un de très ouvert, non ? Confused
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