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Regards sur l'éveil Café philosophique, littéraire et scientifique
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petitmoyengrand
Inscrit le: 16 Déc 2005 Messages: 27 Localisation: Koblenz
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Posté le: Je 05 Juil 2007 14:27 Sujet du message: Témoignage de Zundel |
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Bonjour,
Après avoir découvert ce cher Maurice Zundel sur Café Eveil, j'avais gravé son prénom dans un coin de ma mémoire. L'autre jour, dans une grande librairie, je suis tombé par hasard sur sa biographie: Maurice Zundel, de Bernard Boissière et France-Marie Chauvelot aux éditions Petite Renaissance.
Je retranscris ici une page qui m'a particulièrement touché, qui est en fait un discours de l'abbé prononcé lors de sa 5e conférence-retraite au lycée Claude Feriel en 1957:
"Et je sais parfaitement bien, je le revivrai jusqu'à la fin de mes jours comme une découverte unique, je sais très bien qu'en regardant les oeuvres de Michel-Ange, sans me battre les flancs pour les trouver extraordinaires, en me laissant parfaitement faire par elles, je sais bien qu'à un moment donné j'ai senti que j'étais pris. J'étais pris par quelqu'un. Je me perdais dans un je-ne-sais-quoi auquel je n'aurais pas pu donner un nom, ce n'était plus l'oeuvre de Michel-Ange que je voyais, c'était à travers l'oeuvre de Michel-Ange une présence. Cette présence dont, si vous voulez, Platon parle dans le Banquet. Cette Beauté qui n'a plus de figure, qui n'a plus de visage, qui n'a plus de mains, qui n'a plus de nom, qui est l'horizon de toutes les oeuvres d'art, qui est le désir de tous poètes, qui est la joie de tous les musiciens, cette présence qu'il est impossible de nommer, qui nous envahit tout entier et que je sentais maintenant prendre possession de moi. Et je me souviens avec une parfaite netteté que l'impression que j'ai eue ce matin-là était une impression d'une immense liberté, la liberté d'un homme qui prend des vacances de lui-même, qui ne se souvient plus qu'il est là, qui ne se voit plus, qui ne se regarde plus, qui ne s'écoute plus, qui est perdu, perdu dans cette présence qui l'aspire, qui l'appelle, qui le remplit, qui le comble et qui devient vraiment pour lui une respiration...Je sentais que j'étais pris dans un dialogue et que c'était ça la vie. Il y avait là quelqu'un qui m'envahissait tout entier, qui me libérait de moi-même, et qui, en même temps me faisait entrer dans ma véritable intimité.
Cette extase je l'ai faite depuis d'ailleurs, je ne cesse de la faire, toujours et partout, mais c'est toujours la même découverte, ce sentiment qu'on se quitte soi-même, qu'on s'oublie, on se perd de vue et qu'on s'écoute, qu'on écoute dans un silence merveilleux, où on s'enracine dans une Présence qui est Vie de votre vie."
La cadence des phrases est remarquable, témoignant par-là d'une émotion intense. Zundel employe des mots simples, authentiques, et jette pêle-mêle des expressions qui tournent autour de l'effacement, de l'abandon. Ce qui me touche le plus, c'est l'utilisation inattendue du verbe se perdre. Je l'ai rarement vu employé dans ce contexte, et qui plus est appliqué à l'homme. L'homme doit se perdre. Il ne doit pas craindre de se perdre, c'est-à-dire s'égarer un peu dans ses certitudes. Ne pas avoir peur d'éteindre la lumière et de se laisser aller. Prendre des vacances de soi-même comme le dit Zundel, autrement dire faire ses bagages et quitter un refuge incertain. |
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feuille
Inscrit le: 09 Mai 2005 Messages: 353 Localisation: Paris
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Posté le: Je 05 Juil 2007 16:12 Sujet du message: |
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Que de synchronicité! Merci pour ce beau texte petitmoyengrand. |
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aksysmundi
Inscrit le: 30 Mai 2005 Messages: 238
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Posté le: Je 05 Juil 2007 16:21 Sujet du message: |
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Citation: | Il y avait là quelqu'un qui m'envahissait tout entier, qui me libérait de moi-même, et qui, en même temps me faisait entrer dans ma véritable intimité. |
J'aime beaucoup cette façon de dire.
Merci pour ce très beau texte. |
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Zitouna
Inscrit le: 24 Juin 2007 Messages: 69 Localisation: Trois-Rivières (Québec)
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Posté le: Je 05 Juil 2007 17:27 Sujet du message: |
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Sublime! Merci! Une simplicité dans cette expression du détachement de soi..!
Ces dernieres semaines, je vivais une certain mal-être!
Des évenements qui se sont déroulés au cours des deux dernières années de ma vie ont fini par avoir raison de l'équilibre qu'un retour vers "le Vrai" m'avait apporté, à force de foi et de travail sur moi (par le pouvoir de la prière et de la rémémoration très fréquente de l'Unicité de Dieu ou , si l'on préfère, de ma nullité - concept cher à Nad..., que je salue en passant).
Ce matin, sans trop savoir pourquoi, je me suis réveillé vers 1h00 du matin. En ouvrant les yeux, je sentis que j'étais bien, en paix, sans existence propre, serein, sans pensées. Je voyais une image! Une sorte de rectangle dont la moitié supérieur était blanche et la moitiée inférieure (clairement délimitée) était pleine. Je sentais que j'étais tout mais que je pouvais en même temps "ne pas être" et que cela n'aurait rien changé à l'existence!
Une sensation d'infini, de bien-être, de non-questionnement m'habitait! Le Nom de Dieu était là, profondément présent en moi.
Tout était simplement "Bien et en Paix"!
À 3h15, je rouvrais encore une fois les yeux et...., la sensation était encore là, bien présente!
Je ne veux pas analyser...., je voulais juste vous partager cet évenement!
Bonne journée! |
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