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Une autre vision du cerveau

 
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waxou



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MessagePosté le: Ma 15 Mars 2005 14:40    Sujet du message: Une autre vision du cerveau Répondre en citant

Je vais essayer de donner une autre vision du cerveau Rolling Eyes :
Comme il y a ceux qui disent que l'amour est une illusion et que lorsqu'on aime on est aveugle, il y a ceux qui pensent que l'amour au contraire, permet d'être en connection avec l'essence d'une personne, et par exemple de comprendre toutes ses erreurs sans jamais pouvoir lui en vouloir. Une Tolérance infinie (mais limitée par son origine matérielle).
Pour le cerveau c'est pareil:
Il y a ceux qui pensent qu'il est à l'origine de tout ce que nous vivons ou ressentons, et d'autres qui pensent que même s'il nous permet de bénéficier de nos sens physiques, c'est plutot lui qui nous rend aveugles et limités.
Certains syndromes corticaux ont pour résultat de rendre les gens aimants, sereins, paisibles, détachés de toute peurs, et même leur sens de l'humour devient sur développé. Je vous laisse conclure pour l'instant.
Pourtant, médicalement parlant, on parle de pathologie, car la personne n'est plus adaptée au monde social: ce n'est malheureusement pas avec un "excès" de sérénité et de béatitude que l'on est socialement adapté... quoique...
Pourtant, si tout le monde était dans cet état, et s'il y avait une personne comme nous le sommes actuellement, elle serait qualifiée de pathologique. On ne comprendrait pas trop son problème mais on se dirait surement que celà doit être une horreur d'être constemment tiraillé par des intérêts plus ou moins conscients ou admis contre lesquels on a jamais appris à lutter, basés sur des peurs, des conflits, le stress.
Or nous sommes tous fabriqués comme célà sans en être tourmentés pour autant, car c'est "normal". On ne se sent pas malchanceux car nous fonctionnons comme la médecine: tant que les autres sont pareils, nous sommes plus ou moins satisfaits.
D'ailleurs, une remarque intéressante concernant ce type de lésion:
Dans mon cours de neurophysiologie, il est mentionné "abolition du dressage par la récompense" pour les souris, sans qu'il soit donné aucune intérprétation a ce phénomène.
La souris lésée aurait elle trouvé la voie du milieu malgré elle? Laughing
Ce qui relie science et "paranormal" dans cette histoire, c'est que les gens expérimentant des NDE (mais pas seulement eux)décrivent souvent les mêmes sensations de calme total, d'amour, de simplicité subite des choses ce qui n'est pas étonnant, car dans un cas, la zone du cortex est détruite, lésée, ou isolée et dans l'autre elle ne fonctionne plus à cause de l'hypoxie.
Celà ne veut donc pas dire que c'est le cerveau qui cause cette impression d'amour ou d'illumination mais bel et bien son absence, et donc, dans un certain point de vue, si la médecine arrétait de classer dans le pathologique tout ce qui sort de la norme, elle pourrait peut être se rendre compte que le cerveau n'est qu'une bride à l'esprit, et que sans lui, tout n'est que sérénité et béatitude. On se dirait alors, dans un premier temps, qu'il serait peut être utile de créer l'éducation cérébrale, ce que font déjà sans s'en rendre compte certains livres de spiritualité, dans le but de transformer cet instrument de survie en instrument de vie. (et un peu comme dans la voie du boddhisattva que Francisco Varela mentionne)
ps: ce message est en fait un ancien post que j'ai réactualisé.
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joaquim
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MessagePosté le: Ma 15 Mars 2005 23:37    Sujet du message: Expérience et transcendance Répondre en citant

Voici des réflexions qui touchent le centre du paradoxe de la nature humaine, écartelée entre le corps et l’esprit, et tentent de résoudre cette énigme de manière audacieuse. Ne vous offusquez pas si j'en fais quelques critiques . En effet, je ne crois pas que des réflexions, si perspicaces soient-elles, puissent “expliquer” ce paradoxe, puisqu’elles sont par nature des produits de ce paradoxe, et peuvent donc seulement, non pas l’expliquer, mais le manifester sans fin.

waxou a écrit:
Comme il y a ceux qui disent que l'amour est une illusion et que lorsqu'on aime on est aveugle, il y a ceux qui pensent que l'amour au contraire, permet d'être en connection avec l'essence d'une personne, et par exemple de comprendre toutes ses erreurs sans jamais pouvoir lui en vouloir. Une Tolérance infinie (mais limitée par son origine matérielle).


Je trouve que l’expression “être en connection avec l’essence d’une personne” ne va pas assez loin, qu’elle reste dans le domaine du manifesté, bien qu’elle cherche à le transcender en faisant intervenir le terme d’essence. Mais si cette essence est quelque chose qui serait perçu par un sujet, alors on demeure dans la scission sujet-objet, dans le manifesté, et on n’a de transcendant que le nom. Pour atteindre la transcendance, il faut découvrir, à travers l’amour, dans la singularité la plus personnelle et la plus intime de l’autre, soi-même. Il faut découvrir que soi et l’autre, c’est la même chose, que l’autre nous apporte nous-mêmes lorsqu’on lui cède la place intérieurement, que ce n’est qu’à travers l’autre qu’on se découvre. Une telle découverte nous fait accéder à un moi nouveau, qui advient lorsque la frontière entre le sujet et l’objet est supprimée, un moi nouveau et pourtant plus vieux que l’autre, un moi éternel, car reposant non pas dans la scission qui a donné naissance au sujet percevant, mais dans l’Être en-deçà de toute scission. En disant cela, je vois bien que je n’explique rien, mais c’est juste ainsi, puisqu’on ne peut pas expliquer ces choses, mais seulement les indiquer.

Le moi que nous sommes, créé et déterminé par notre corps et notre environnement, aimerait bien jouir d’une existence absolue, indépendante du matériel. Et il ose y prétendre, car il sent bien qu’il baigne dans l’immatériel. En effet, pour prendre un exemple simple, même s’il a besoin de disposer de ses yeux pour voir une couleur, il sent bien que la couleur en elle-même n’est pas quelque chose de matériel. Ce qui est matériel, ce sont les ondes lumineuses, les excitations de la rétine et la propagation de cette excitation à travers des voies cérébrales complexes jusqu’à l’aire visuelle corticale. Mais la couleur, elle, qu’est-ce que c’est? C’est quelque chose d’immatériel, comme une Idée platonicienne, comme l’idée du triangle ou l’idée d’égalité. Le moi a donc bien conscience de baigner dans un monde à la fois matériel et immatériel, mais ne va-t-il pas un peu vite en prétendant qu’il serait dès lors lui-même aussi immatériel? Il faudrait d’abord qu’il sache ce qu’il est, qui il est. Or cet auto-questionnement lui est impossible, du fait qu’il ne peut jamais être que le sujet d’un questionnement, et jamais son objet. Il lui faut donc dépasser la scission sujet-objet pour percevoir son immatérialité, mais cette entreprise est vouée à l’échec, puisque dès qu’il sort de la scission sujet-objet, il disparaît en tant que sujet. Il le peut donc jamais se prétendre ni matériel ni immatériel, puisque dès que les condition pour que la question soit légitimement posée sont réunies, il n’existe plus: le dépassement de la scission sujet-objet le détruit - le sujet disparaît, puisqu’il n’y a plus d’objet - mais en même temps le fait advenir à sa vraie nature, celle qui a toujours existé depuis que le monde existe — l’Être.

Voici un texte qui pourra éclairer ce propos:

«Les visions de Hildegarde

La littérature religieuse de toutes les époques regorge de descriptions de “visions” s’étant accompagnées à la fois de sentiments sublimes et ineffables et de l’expérience d’une luminosité rayonnante (William James parle même de “photisme”). Il est la plupart du temps impossible de savoir si de telles expériences sont des extases à caractère hystérique ou psychotique, sont dues à une intoxication ou constituent une manifestation épileptique ou migraineuse. Un cas fait toutefois exception: celui de Hildegarde de Bingen (1098-1180), une religieuse et une mystique aux capacités intellectuelles et aux dons littéraires étonnants qui, depuis sa plus tendre enfance jusqu’à la fin de sa vie, fut sujette à d’innombrable “visions” qu’elle décrivit et dessina avec un art consommé dans les deux manuscrits qui sont parvenus jusqu’à nous: le “Sci vias” et le “Liber divinorum operum simplicis hominis”.

La nature de ces descriptions et de ces dessins ne fait aucun doute: ils sont indiscutablement d’origine migraineuse et illustrent même bon nombre d’auras visuelles. (...)

Hildegarde écrit:

    Ces visions, je ne les ais contemplées ni dans mon sommeil, ni en rêve, ni dans un délire, ni avec mes yeux charnels, ni avec les oreilles de la chair, ni en des lieux secrets; mais éveillée, lucide, avec les yeux de l’esprit et les oreilles de l’âme, les yeux ouverts et selon la volonté de Dieu:


Elle interprète sa vision d’étoile tombant dans l’océan et s’y éteignant (figure B) comme une représentation de la “chute des anges”:

    Je vis une grande étoile superbe et magnifique aller vers le sud, accompagnée d’une multitude d’étoiles qui tombaient (...). Soudain, elles furent toutes annihilées, devinrent des morceaux de charbon tout noirs (...) et plongèrent dans les abysses où elles échappèrent à ma vue.


Telle est l’interprétation allégorique de Hildegarde. Notre interprétation littérale serait qu’elle a d’abord vu une pluie de phosphènes traverser son champ visuel, puis a été sujette à un scotome négatif. (...)

Ces auras s’accompagnent chez Hildegarde d’intenses expériences extatiques, notamment lorque la première scintillation était suivie d’un second scotome: (...).

Mère chez elle de ces extases, investies d’une aussi profonde signification théophore et philosophique, les visions de Hildegarde la dirigèrent vers la sainteté et le mysticisme. Elles nous offrent un exemple unique de la manière dont un événement physiologique qui pour la plupart d’entre nous reste banal, haïssable ou sans signification particulière peut, chez une conscience privilégiée, être le substrat d’une inspiration suprêmement extatique. L’expérience de Hildegarde ne peut être comparée qu’à celle de Dostoïevski. Lui aussi était sujet à de semblables auras épileptiques, et voici comment il décrit l’extase qu’il vivait alors:

    Il est des moments à peine longs de cinq à six secondes, où l’on sent la présence de l’éternelle harmonie (...); terrible est l’effrayante clarté avec laquelle elle se manifeste, et l’extase dont elle vous emplit. Si cet état durait plus de cinq secondes, l’âme ne pourrait l’endurer, et devrait disparaître. Pendant ces cinq secondes, je vis toute une existence humaine, et pour ces moments-là je donnerais volontiers toute ma vie sans pense que ce serait trop cher payer.»

Oliver Sacks, L’homme qui prenait sa femme pour un chapeau, et autres récits cliniques, Le Seuil Points Essais, 1988, pp.215-219.

Ces exemples montrent bien que ce n’est jamais l’expérience elle-même qui est transcendante; l’expérience, que ce soit l’amour, la migraine, l’escalade ou la méditation, n’est qu’une porte qui peut ouvrir sur la transcendance. La transcendance elle-même échappe au sujet, puisqu’elle absorbe celui-ci dans le Tout, l’anéantit en tant que sujet; on s’en rend bien compte en constatant que le sujet, une fois rendu à sa subjectivité, lorsqu’il tente de restituer son “expérience”, l’habille des circonstances qui l’ont fait naître, et peut même se méprendre au point d’identifier la transcendance à son contenu manifesté, comme l’a fait Hildegarde.
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waxou



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MessagePosté le: Me 16 Mars 2005 5:24    Sujet du message: Répondre en citant

Tout d'abord je voulais juste préciser que j'ai écrit ce texte parceque pour moi, c'était une grande joie à l'époque de réaliser que la science malgré l'intérêt qu'elle suscite, sa complexité et sa gravité apparente avait ses limites. Car il est vrai que cette approche était motivée par le fait que je n'avais pas envie d'être mortel, mais en même temps ce n'est que lorsque ma mortalité ne m'a plus fait peur que j'ai ressenti mon immortalité.
C'est avec intérêt que je reçois ces "critiques" que je ressens plutot comme venant d'un autre référentiel plus vaste que celui dans lequel j'étais lorsque j'ai écrit ce texte. (Et probablement aussi plus vaste que celui dans lequel je suis actuellement vu l'heure tardive Very Happy )
Citation:
Mais si cette essence est quelque chose qui serait perçu par un sujet, alors on demeure dans la scission sujet-objet, dans le manifesté, et on n’a de transcendant que le nom.

Tout à fait bien que pour moi cette essence, souvent vue partiellement dans l'amour, demeure sans dimension spatio-temporelle. Elle n'est donc pas attribuable a quelqu'un, ni dénombrable et donc impossible à limiter, localiser, conceptualiser, exprimer. J'aurais envie de dire qu'on peut la sentir, mais déjà "on", "sentir" et même peut-être "peut" risquent d'induire une erreur de langage. Ce n'est pas pour rien que le Bouddha a dit une fois que celui qui posait une question se trompait et que celui qui y répondait aussi (je n'ai pas la citation exacte sous la main).
Les mots sont des panneaux indicateurs, mais lorsque ce qu'ils indiquent est partout, ils sont toujours à la fois justes et faux.

Là ou j'avoue que j'ai encore du mal à comprendre:
Citation:
découvrir, à travers l’amour, dans la singularité la plus personnelle et la plus intime de l’autre, soi-même.

J'ai vraiment du mal à me chercher moi dans les autres étant donné que je suis déjà pleinement moi, la connection que je ressens n'est pas vraiment créée, c'est plutot comme si ma conscience s'intéressait à cette partie immatérielle non limitée et commune, il y a... on va dire communion. Donc peut-être est-ce simplement une divergence sur les mots, mais dans le cas contraire j'aimerais bien un développement si celà est possible et/ou sage.
J'utilisais une comparaison une fois avec un ami: c'est un peu comme si par delà nos existences "nous" avions il y a des temps immémoriaux (pour donner une dimension que nos mots puissent désigner) choisi de nous prêter au jeu de l'existence en tant qu'individus distincts et donc séparés au niveau de ces dimensions matérielles de par leur incarnation dans des corps différents et que lorsque cette connection est conscientisée, la relativité de ce jeu auquel on se prête nous apparaissait, et que l'absolu de notre connection (je comprend l'ambiguité de ce terme) rendait tout le reste futile.
Je suppose même que cet amour n'est pas limité à l'homme mais aussi valable pour l'animal le végétal, le minéral etc...
Avec le même ami, ayant senti brièvement cette sensation apaisante de communion, j'ai ressenti aussi que les mots nous empêchaient dramatiquement d'accueillir l'autre.
De même que les "'illuminations" méditatives donnent l'impression de venir à nous, ou même d'avoir toujours été là sans qu'on les ait remarquées, un peu comme le silence derrière le bruit. Ce qui va totalement à l'inverse de l'explication rationnelle qui elle, dissèquera tout ce qui est différent du silence pour lui donner des attributs.
Une autre amie très peu portée sur la spiritualité à l'époque me disait lors de l'une de nos premières conversations: "c'est marrant, à la fois c'est extraordinaire, mais en même temps on a l'impression de l'avoir toujours su"
Citation:
En disant cela, je vois bien que je n’explique rien, mais c’est juste ainsi, puisqu’on ne peut pas expliquer ces choses, mais seulement les indiquer.

Et oui, d'ailleurs merci pour tous ces efforts de signalisation ^^
Citation:
même s’il a besoin de disposer de ses yeux pour voir une couleur, il sent bien que la couleur en elle-même n’est pas quelque chose de matériel. Ce qui est matériel, ce sont les ondes lumineuses, les excitations de la rétine et la propagation de cette excitation à travers des voies cérébrales complexes jusqu’à l’aire visuelle corticale. Mais la couleur, elle, qu’est-ce que c’est? C’est quelque chose d’immatériel, comme une Idée platonicienne, comme l’idée du triangle ou l’idée d’égalité. Le moi a donc bien conscience de baigner dans un monde à la fois matériel et immatériel, mais ne va-t-il pas un peu vite en prétendant qu’il serait dès lors lui-même aussi immatériel

La couleur est un concept (concept) désignant la sensation (concept) que l'on a lorsqu'une onde (elle aussi concept) d'une certaine fréquence (concept toujours) crée une empreinte spécifique (concept) de dépolarisation (concept) dans certaines cellules (concept) de la rétine (concept) appelées cônes (image conceptuelle).
Pourquoi autant de concepts dans la réflexion? Parceque son générateur, le cerveau, est matériel est doit découper la vaste réalité en fragments conceptuels
Citation:
Le moi a donc bien conscience de baigner dans un monde à la fois matériel et immatériel, mais ne va-t-il pas un peu vite en prétendant qu’il serait dès lors lui-même aussi immatériel?

Je supposerais même que le concept de matériel ou d'immatériel ne sont que le fruit de notre dualité de ... perception.
Sinon, dans un référentiel plus terrestre, je dirais que celà dépend de ce qu'on appelle "moi": conscience? Ego? Mental? Corps? Tout?
Je comprend l'intérêt de cette interrogation et d'ailleurs je n'oserais y répondre d'autant plus que je m'aperçois que je confond peut-être parfois les notions de conscience et d'être.
Merci aussi pour la suite. Je pense que sur ces points nous ressentons exactement la même chose. L'escalade, l'amour, la méditation, un concert... du matériel qui vécu pleinement peut provoquer un sentiment de transcendance. (d'ailleurs le livre précédemment cité est très intéressant à ce propos ("l'homme qui prenait sa femme pour un chapeau")).
Il est cependant toujours heureux pour moi de remarquer que dans ces moments ou l'on a l'impression de faire qu'un avec tout ce qui est, la pensée (ou le mental) est absente ou occupée à autre chose (cf escalade, meditation etc...), probablement ce pourquoi la connection au réel devient possible. D'ailleurs à partir du moment ou la pensée est interloquée par cette porte qui s'ouvre subitement et veut s'y diriger, elle reclaque immédiatement comme lors d'un courant d'air.
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joaquim
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MessagePosté le: Me 16 Mars 2005 21:42    Sujet du message: Répondre en citant

Je m’aperçois que j’aurais dû me souvenir à temps de l’adage “Qui trop embrasse, mal étreint”, et ne pas vouloir donner forme à trop de pensées non abouties. Il est vrai que j’avais voulu suivre les différentes pistes que vous aviez proposées, pour leur apporter une réponse efficace, mais là aussi, j’aurais dû me souvenir de ce que je disais moi-même dans l’introduction à ce forum:

joaquim a écrit:
Vos questions sont toutefois aussi bienvenues que vos témoignages, réflexions ou commentaires ; leur valeur n'est pas tant dans la réponse efficace qu'elles pourraient susciter, mais dans la capacité qu'elles ont, mieux peut-être encore que les affirmations, à délimiter cet espace au-delà duquel se situe l'éveil. Car la question, par sa forme ouverte, risque moins de faire violence à la "nature" de l'éveil, que la réponse, laquelle, en cherchant à l'appréhender, va se mettre hors-jeu, puisque son contenu explicatif, quelque brillant qu'il soit, ne sera jamais qu'une étreinte se refermant sur du vide.


Mais maintenant que je me suis engagé, et même empêtré, je ne peux plus reculer, et je vais essayer de me dégager en essayant de préciser mes pensées. Je dois bien dire que j’ai une certaine réticence à les exprimer trop clairement, car j’en retire la désagréable impression de manipuler des fleurs avec des fourchettes et des couteaux... La poésie serait certainement mieux appropriée (lune, au secours!) pour donner une forme à ces réalités sans leur faire violence, mais essayons quand même d’y appliquer notre pensée, en exigeant d’elle suffisamment d’humilité pour qu’elle accepte de les effleurer simplement, sans prétendre les saisir.

waxou a écrit:
J'ai vraiment du mal à me chercher moi dans les autres étant donné que je suis déjà pleinement moi, la connection que je ressens n'est pas vraiment créée, c'est plutot comme si ma conscience s'intéressait à cette partie immatérielle non limitée et commune, il y a... on va dire communion. Donc peut-être est-ce simplement une divergence sur les mots, mais dans le cas contraire j'aimerais bien un développement si celà est possible et/ou sage.


Votre perplexité est bien naturelle . En parlant de “découvrir, à travers l’amour, dans la singularité la plus personnelle et la plus intime de l’autre, soi-même”, j’ai utilisé le terme d’amour dans un sens très spécifique, mais comme il recouvre une vaste palette de sentiments et de comportements, je crois bien, en ne précisant pas assez ma pensée, avoir induit une certaine confusion. Ce que j’entendais là, ce n’était ni l’élan de sympathie qui nous fait nous sentir en communion avec tout être et toute chose, ni l’empathie qui nous pousse à partager les peines et les joies de notre semblable, et à lui apporter notre aide (agapè), mais l’amour Eros, celui décrit dans l’article sur Blüher, celui qui représente un tremblement de terre intérieur, qui rend peut-être aveugle, comme le disent certain, mais qui en même temps nous fait reconnaître que nous étions aveugles et dormions jusqu’alors. A la racine de toute forme d’amour, il y a une ouverture sur la transcendance; mais ce n’est que dans l’amour Eros — compris comme cette fécondation de soi par l’autre, qui donne vie à notre propre moi, lequel n’était jusque là que le simple reflet de lui-même projeté sur l’écran de la conscience —, ce n'est que dans ce cas-là que l’amour a un effet proprement transcendantal, dans la mesure où il provoque l’éveil. Dans les autres formes d’amour, il me semble que le processus est inversé, et que c’est parce que le sujet a déjà été touché par une forme de transcendance, qu’il s’ouvre à ce qu'est l'autre. Je me rends bien compte aussi que la passion amoureuse bien souvent ne conduit pas à un tel bouleversement de l’être, et répond plutôt à la thèse du manque à combler soutenue par la psychanalyse.

Je comprends que vous ayez du mal à “chercher moi dans les autres”, et exprimé sous cette forme, cela semble en effet paradoxal. Il est bien clair que lorsque l’on partage quelque chose avec quelqu’un, lorsqu’on entre avec l’autre dans une forme de communion, on ne trouve pas “soi dans l’autre”, même si le partage est un aliment qui nous nourrit l’un et l’autre. Ce que j’entendais par la “singularité la plus personnelle” correspond à cette expérience que décrit par exemple Stephen Jourdain, et qui vous est peut-être plus familière si vous avez une expérience de la méditation: “Ça ne vous est jamais arrivé, de vous promener dans une rue, et puis tout à coup, ce n’est plus dans une rue que vous êtes, c’est La Rue, tout vous arrive précédé de l’article défini (...)”. C’est cette expérience de déboucher dans l’universel en accueillant dans ses moindres détails chaque chose individuelle. C’est en fait accueillir la présence de chaque chose, dans sa totale simplicité, débarrassée de tout ce que notre moi colle sur elle pour la faire sienne, ces pensées et ces jugements dont il l'affuble avant d'oser l'inviter en lui. C’est la laisser être elle-même tout simplement. C’est découvrir la réalité de la Réalité. Cela correspond aux Instants que décrit Stephen Jourdain.

Si l’on parvient à accueillir ainsi non pas seulement les objets qui nous entourent (c’est la démarche par exemple qu’emprunte la méditation contemplative), mais l’autre, la Personne de l’autre, alors se produit une commotion de soi-même, la présence de l’autre en soi (l’accueil de ce qu’il est sans rien lui accoler pour se le rendre assimilable) réveille au sens propre notre propre moi, qui se révèle être celui qu’on a toujours connu et qu’en même temps on a méconnu. Comme le dit Jourdain: “Et puis vlan! Quelque divinité, dans le royaume métaphysique, a tripoté un bouton, je me suis retourné comme un gant, et déjà cette chose insensée était là au milieu de moi, comme un membre vivant à la place d’une prothèse. A brûle-pourpoint, je glisse dans une lucidité sans nom, achèvement inouï de l’aurore qu’on nomme conscience de soi. Cette lumière n’est pas un état passivement subi: c’est un acte que désormais je sais accomplir. Elle n’est point non plus, à proprement parler, une expérience que je fais: elle est moi, elle est exactement Steve Jourdain.”
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waxou



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MessagePosté le: Me 16 Mars 2005 22:56    Sujet du message: merci Répondre en citant

Merci pour cette réponse qui me fait comprendre ou était la divergence. Je n'avais pas encore séparé l'amour en autant de types particuliers car j'admet une continuité dans ses diverses formes même si j'ai déjà vécu ce tremblement de terre intérieur.
Les répercussions sur le sentiment de "moi" sont en effet impressionnantes.
J'ai un peu mon idée sur la raison de ce "phénomène" mais je vais d'abord me familiariser avec ces différentes façons d'"aimer" avant de continuer à écrire sur le sujet, pour vérifier si ma façon de voir les choses n'en occulterait pas une partie Confused
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lilass



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MessagePosté le: Ve 28 Juil 2006 10:41    Sujet du message: le cortex... Répondre en citant

waxou a écrit:
Celà ne veut donc pas dire que c'est le cerveau qui cause cette impression d'amour ou d'illumination mais bel et bien son absence, et donc, dans un certain point de vue, si la médecine arrétait de classer dans le pathologique tout ce qui sort de la norme, elle pourrait peut être se rendre compte que le cerveau n'est qu'une bride à l'esprit, et que sans lui, tout n'est que sérénité et béatitude.



Je suis nouvelle venue et je souhaiterais répondre à cela. A la suite de mes cours de Neurologie et de leur apprentissage plus ou moins fastidieux , je me rends compte qu'on est sans doute très loin de la vérité sur le fonctionnement des émotions humaines.
Effectivement, on a donné au cortex une fonction d'"action" sur notre environnement et aussi un peu de "surmoi" (cf.psychanalyse). Il analyse, il intègre, il agit.
Est ce à ce niveau que les conflits d'intérêts émergent ou se rencontrent?
Est ce que ce pourrait être lui qui gère tout...à savoir le terre à terre et les ressentis impalpables?
Pourquoi pas.
Mais peutêtre que sa fonction de base, est de rationnaliser tout...
Ce qui expliquerait que lors de son atteinte "pathologique"(lésion par exemple), l'individu ait ce sentiment de sérénité. Nous ne sommes peutêtre pas conçus pour la rationnalisation...[/b]

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