Jean-Yves
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Posté le: Ve 30 Nov 2007 14:44 Sujet du message: Le vide sous les pieds… |
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Bonjour.
Pour introduire le sujet, je vous raconte une expérience que j’ai vécue il y a quelques temps.
"J’ai connu une peur passagère mais assez intense qui avait cela de particulier : la situation extérieure ne la justifiait absolument pas. D’habitude, je ne connaissais pas la peur dans les contextes similaires et c’est cela qui m’a interpellé, qui m’a montré que quelque chose clochait. J’ai alors réalisé que c’est du vide que j’avais peur, peur qu’il n’y ait plus rien qui s’agite en moi."
Á cet instant-là, quand j’ai perçu le jeu (le mécanisme), la paix est revenue en moi, un peu comme le calme qui succède à la tempête. »
Je sais maintenant que vivre ce « rien » ce « vide », accepter « qu’il n’y ait rien », c’est vivre la paix en soi. Une paix qui s’impose d’elle-même…
Quand le mental ne sait plus de quoi se saisir pour se cacher à lui-même sa peur du vide, il prend ce qu’il trouve.
Ainsi Totem ( http://www.eternelpresent.ch/ ) nous dit :
« Lorsqu'on accueille le vide en soi, l'éveil survient. Oubliez tout ce que vous avez lu jusqu'à présent sur l'éveil de la conscience et sentez ce que vous êtes. Autorisez-vous à être vide afin d'accueillir ce qui Est. Il n'y a rien à atteindre ou à développer.
Ce que vous cherchez est déjà présent en vous. C'est dans la cessation du "faire" que "l'être" se révèle. Il n'y a rien à faire pour Être. »
Toute activité peut devenir une fuite de ce que l’on est, une fuite de ce que l’on ressent, et même la méditation sans doute. Ainsi, Tilopa (maître bouddhiste) nous disait :
« Quand tu médites, ne médites pas ! »
Car l’idée même de méditer peut constituer une fuite de ce que l’on ressent, de ce qui est présent en soi. Il disait aussi (Tilopa) dans le même ordre d’idée :
« La méditation doit être évitée… » ou encore : « Quand la voie de la méditation ne sera plus, par la "non méditation" tu atteindras la suprême Boddhi (réalisation). »
On peut très bien être aussi enfermé par l’enseignement spirituel lui-même. Ainsi que l’évoque Shankara :
« On se sert de la connaissance comme on utiliserait une épine pour retirer une autre épine (l’ignorance) qui aurait pénétré notre chair. Mais une fois celle-ci enlevée, on jette les deux épines. »
Il arrive un moment où le dépassement de l’enseignement va de soi.
C’est sans doute l’authenticité dans la reconnaissance en soi de cet attachement qui en permet le dépassement. La reconnaissance :
« Oui, je suis enfermé, oui je suis attaché à l’enseignement et je ne sais pas comment m’en libérer. »
Cette reconnaissance qui s’établit dans l’intimité profonde, au fond de soi, libère. Cette simple reconnaissance met une distance (en nous) entre ce qui nous enferme et ce que nous sommes.
On retrouve dans l’enseignement de Lao Tseu,
(Source : "Tao Te King" de Lao Tseu (Traduction de Richard WILHELM et de Etienne PERROT) aux éd. Librairie de Médicis. )
un passage qui évoque cette position d’humilité face à la réalité mais qui exprime aussi l’acceptation du vide :
« Je suis comme un nouveau né qui ne sait pas encore sourire, inquiet, errant comme un sans logis.
Tous les hommes ont du superflu ; moi seul, je parais oublié.
Mon cœur est d’un insensé, confus et sombre.
Les gens sont clairvoyants, hélas ! si clairvoyants ;
Moi seul je parais obtus.
Les gens sont avisés, hélas ! si avisés ; moi seul semble replié sur moi, agité hélas ! comme la mer, je tourbillonne, hélas ! sans cesse.
Tous les hommes ont leurs desseins, moi seul je suis oisif comme un mendiant.
Moi seul je diffère des autres hommes : mais je tiens pour honorable de chercher la nourriture auprès de la Mère. »
Amitié _________________ Jean-Yves |
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