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Jack Kornfield: Après l'extase, la lessive
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joaquim
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Inscrit le: 06 Août 2004
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MessagePosté le: Ve 01 Avr 2005 2:08    Sujet du message: Jack Kornfield: Après l'extase, la lessive Répondre en citant

Ce n’est pas parce qu’on a connu l’éveil que tout est résolu, que tout est fini. La terre et la vie demeurent le grand champ que nous devons labourer pour y faire pousser fleurs et fruits. Il faut du temps pour apprendre à accepter ce que l’on est, et pour permettre à cette acceptation de faire mûrir ce que nous sommes.

Voici un texte assez éclairant de Jack Kornfield, tiré de son ouvrage de salubrité spirituelle: “Après l’extase, la lessive”, La Table Ronde 2001, p. 297:

«Un enseignant bouddhiste raconte qu’il s’attendait avec l’éveil à une “transformation personnelle”. Il eut la surprise de voir qu’en fait une “transformation impersonnelle” s’accomplissait. Il s’agit d’une ouverture du coeur et non d’un changement de personnalité.

Cet enseignant poursuit:

    Sous de nombreux aspects, la transformation spirituelle de ces dernières décennies fut différente de ce que j’avais imaginé. Je suis toujours la même personne bizarre avec à peu près le même style et les mêmes modes d’être. Extérieurement, je ne suis donc pas cette personne éveillée, transformée de façon incroyable, que j’avais espéré devenir au début. Mais intérieurement, une grande transformation s’est opérée. Ces années de travail sur mes sentiments et mes rapports familiaux ont adouci mon humeur et ma manière de les aborder. A travers mes luttes menées pour connaître et accepter ma vie en profondeur, celle-ci s’est transformée, mon amour s’est développé et élargi. Ma vie ressemblait à un garage encombré dans lequel je passais mon temps à me cogner contre les étagères et à me juger moi-même; aujourd’hui, c’est comme si j’avais déménagé dans un hangar à avion avec les portes ouvertes. Toutes mes vieilles affaires sont là mais elles ne m’encombrent pas comme avant. Je suis toujours le même mais maintenant je suis libre de bouger et même de voler.»


Kornfield ajoute:

«Lorsqu’on demanda à Ram Dass si, après toutes ces années de discipline spirituelle, sa personnalité avait changé, il se mit à rire et répondit que non. Il affirma, à la place, être devenu “connaisseur de mes névroses”».

Dès le moment où nous savons que nous sommes, dans notre essence, le Tout, acceptons notre forme manifestée (au moins jusqu’à la mort Confused ), acceptons d’être tulipe, ou rose, ou simple lavande, et embellissons la terre avec la seule chose que nous sachions bien faire: être nous-mêmes — quoique toute une vie n’est peut-être pas de trop pour le faire vraiment bien. :Cool:

Martine a écrit:
Et le paradoxe, bien sûr, c'est que je ne peux rien y faire sous peine de renforcer le jeu de mon ego...

Le "faire" est cependant incontournable, ne serait-ce que pour permettre à l'énergie de se déployer, mais faire dans l'idée d'arriver à un résultat est bien évidemment toujours alimenté par cet ego qui, ma foi, a bien des tours dans son sac...

Le chemin vers l'éveil est décidément bien celui du paradoxe...

Source ICI

Vous avez tout compris...Smile sauf qu’il serait vain d’attendre la disparition du moi conditionné. C’est comme si vous demandiez que votre corps disparaisse. Au lieu de voir en lui tantôt une fin et tantôt un obstacle, il faut plutôt apprendre à l’affiner peu à peu pour le rendre si transparent qu'il devienne un instrument qui nous permette de manifester de manière toujours plus limpide notre présence au monde — comme le peintre le fait avec sa palette ou le musicien avec son instrument. Nous devons apprendre à jouer de notre ego comme d'un instrument, pour tirer de lui les sons les plus purs. Accepter de s'en servir, accepter les joies et les peines qu'il nous apporte, et les offrir comme une prière ou comme un cadeau, c'est le seul moyen d'échapper à son emprise.

Il existe certains chercheurs spirituels qui se complaisent à noyer le poisson, refusant de manière pathétique de retomber dans les griffes de l’ego, et qui pour cela s’enferment dans une forme d’incommunicabilité, se retrouvant obligés, pour ne pas se “mouiller” lorsqu'on les questionne, de rabâcher sans fin que seul le Soi existe, qu’il ne peut y avoir d’éveil parce que le Soi ne saurait s’éveiller, vu qu’il l’a toujours été, que l’ego n’est qu’une illusion qui ne saurait avoir d'existence réelle, etc... Bien sûr, du point de vue de l’éternité, c’est vrai, mais à quoi bon vivre encore, si c’est pour refuser le temps, et surtout pour refuser d’entrer en relation constructive avec autrui. Ce qu’il faut, c’est apprendre à incarner l’être éternel que nous sommes dans le temps, jouer sa note dans la symphonie universelle, et cela prend du temps... et de la peine et de la joie.
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Martine



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MessagePosté le: Sa 02 Avr 2005 20:04    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour,

Merci pour votre réponse... Je vais essayer de mettre des mots sur ce qui émerge au fur et à mesure...

Oui, il serait vain d'attendre la disparition du moi conditionné (qui se fera ou pas d'ailleurs...). La question qui se pose, selon moi, est de savoir "qui" agit pour labourer et faire pousser fleurs et fruits. Autrement dit, je me demande si dans le cas de l'éveil au vrai sens du terme, ou état de conscience unitive, il y a encore le sentiment d'agir, quelqu'un qui a l'impression d'agir. Comment conserver ce sentiment lorsque l'état d'unité prédomine ? Comment agir sur et pour quelque chose si tout est englobé... L'action peut encore se produire, mais qui pourrait se l'attribuer ?

Toujours d'après ce raisonnement, j'aurais tendance à penser que lorsque nous avons l'impression d'agir pour nous purifier, pour embellir notre environnement, pour devenir transparent, etc, etc... en fait nous rêvons... un joli rêve, certes, mais un rêve tout de même...

Qu'en pensez-vous ?
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waxou



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MessagePosté le: Di 03 Avr 2005 0:50    Sujet du message: Répondre en citant

Je ne sais pas si je suis apte a répondre de manière détachée vis à vis de ces questions mais je vais m'y risquer:
Notre mental rationel a tendance à voir l'éveil comme synonyme de passivité, il veut savoir qui agit, la raison de l'action et son but afin de lui donner une valeur.
Lorsqu'il dépasse sa fonction d'instrument, il détermine a lui seul la motivation de nos action, qui ne sont alors en fait que des réactions.
En effet, le bio ordinateur qu'est notre cerveau, s'il n'est pas maîtrisé par son utilisateur (mon éternelle comparaison) n'a pas plus de profondeur qu'une intelligence artificielle, complexe, certes, mais sans "libre arbitre" réel.
Pour revenir au sujet de départ, sans parler de l'état d'éveil que je ne suis pas certain d'avoir connu, l'état de présence intense permet de sortir du schéma de la réaction par une observation en "live" du réel.
Il n'y a pas de jugement, car les concepts sont perçus sans limiter le morceau de réalité qu'ils représentent... ils sont ouverts.
Et comme la réactivité de l'égo ne se fait que lorsque les concepts sont considérés comme plus réels que la réalité pure, elle peut être maîtrisée sans effort: l'envie de réagir est ressentie, mais ce n'est plus un ordre tyranique, plutot une sensation subtile de vitalité.
Le fait que la réaction puisse être contrôlée sans lutte contre celle ci ouvre la porte à l'action à proprement parler. Il est alors possible de poser un acte bien plus sage, stimulant spirituellement ou physiquement, bienveillant, peut-être désintéressé et accessoirement imprévisible.
Mais dans les états border-line, le mélange entre vision mentale et présence donne une résultante généralement passive. Le mental a même tendance à voir la non réactivité comme un état synthétique, dont la profondeur est illusoire. Il exprime par là son mécontentement face à l'absence d'intérêt égoique. Souvent, il a même raison, car nous avons vite fait de trouver un intérêt à la présence ou à l'éveil. La passivité au sein de l' "éveil" montre la plupart du temps qu'il subsiste des peurs peu conscientisées qui bloquent l'action.
En effet, l'état de présence et la sortie du cycle réactif suppriment bien souvent toute angoisse. Si cet état est recherché entre autres dans ce but, l'action sera bloquée car les peurs vis à vis des attentes (/ex le regard des autres) menaceront de troubler cette sérénité. Mais en même temps, l'éveil sera dramatiquement limité à chaque fois que l'action sera ignorée à cause d'une peur. Envisager d'agir pour l'éveil en surpassant les angoisses est peut-être aussi trop réactif. Je suppose qu'il vaut mieux d'abord réaliser simplement la façon dont l'angoisse nous limite, et sentir la relativité de sa réalité. La sensation de peur, sans le mot péjoratif qui la désigne peut être accueillie sans être transformée en angoisse, qui est un peu la peur de la peur, ou la souffrance de la peur.
Ce que je veux essayer d'exprimer, c'est que l'état de présence permet entre autres de ne pas transformer la peur en angoisse ou la douleur en souffrance. Cependant, l'utilisation même des mots douleur et peur est abusive puisqu'ils désignent déjà des concepts que notre vécu a forgé a sa façon. La douleur non extrapolée n'est même plus assimilable au concept de la douleur. Ce n'est pas non plus un stimulus vide pour autant: nous pouvons choisir de le faire résonner ou non, car la souffrance "maîtrisée" (pas dans le sens "limitée") comporte aussi sa part de transcendance.
C'est un peu comme choisir de jouer pour la victoire, ou jouer pour exploiter "le fun", bien que celà aille bien au delà d'un jeu.
L'état d'unité n'est pas forcément contradictoire avec l'ego, on pourrait plutot dire qu'il l'englobe. C'est là une partie de son charme. Cependant, il n'est accessible que lorsque l'égo n'est pas prioritaire. Donner l'exclusivité à la conscience ne conduit en fait qu'au reni de son corps et de son incarnation, et c'est d'ailleurs ce à quoi la peur peut conduire si elle est trop extrapolée.
En éspérant ne pas avoir été trop obscur ou répétitif...
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Martine



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MessagePosté le: Di 03 Avr 2005 10:59    Sujet du message: Répondre en citant

Lorsque je m'interroge sur la question de savoir"qui" dans l'état d'unité serait encore l'auteur de l'action, ce n'est ni pour dénigrer cette action, laquelle de toute façon se passe, ni pour lui attribuer un sens qui arrangerait mon ego, ni pour donner la préférence à un état passif qui lui serait supérieur...

Ce que je veux dire et d'après mon expérience, dans cet état il n'y a plus d'acteur au sens d'une individualité séparée qui s'arrogerait ce rôle. Il n'y a donc plus de "libre arbitre" car il n'y a plus aucun choix. Ceci n'enlève rien, ni l'action, ni sa profondeur ou sa platitude, car il n'y a plus personne pour la qualifier ainsi. C'est pourrait-on dire l'énergie divine en action et on n'en est plus séparé.

En revenant à un état moins unifié, il y a bien entendu, la manifestation de l'ego qui ressurgit pour ainsi dire avec toutes ses peurs et ses limitations et nous pouvons alors, dans une conscience encore élargie, non complètement identifiée à lui, nous maintenir dans l'état de témoin, qui accepte et accueille les peurs, voit les mécanismes d'identification en action et permet de mieux comprendre la nature de cet ego en tant qu'objet de la conscience.

Il n'est pas question de donner l'exclusivité à la conscience au dépend de ses objets, puisque là encore ce serait une préférence du mental qui déciderait que cet état est supérieur...

OK pour accepter ce qui se présente à la conscience, le corps, les émotions, les pensées mais lorsque par une grâce, même éphémère, ces objets disparaissent, lorsque l'englobant éclipse l'englobé, le reconnaître (se reconnaître ?) le savourer, serait-il le fait d'un refoulement, d'un déni ?
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waxou



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MessagePosté le: Di 03 Avr 2005 15:09    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Lorsque je m'interroge sur la question de savoir"qui" dans l'état d'unité serait encore l'auteur de l'action, ce n'est ni pour dénigrer cette action, laquelle de toute façon se passe, ni pour lui attribuer un sens qui arrangerait mon ego, ni pour donner la préférence à un état passif qui lui serait supérieur...

Je comprend bien, mais alors pourquoi vouloir savoir "qui" est encore l'auteur de l'action? Pour ma part, il n'y a que dans cet état de présence intense ou je peux sortir de mes schémas réactifs. Et choisir d'y retourner, ou non. L'action se fait tout de même par le biais de mon corps, et comme je le disais, comme elle perd sa connotation impérative, elle perd sa prévisibilité.
Mais encore plus important, le libre arbitre dans un état d'éveil est immense. Celà permet (par ex) de dire des choses qu'on aurait pas pu dire normalement car notre ego s'y serait opposé d'une façon ou d'une autre.
Il en va de même pour les actes. L' "éveil" que j'ai ressenti m'a permis d'élargir mon champ de vision, et de ne plus donner lieu d'être à la plupart de mes peurs, et du coup, celà a énormément développé le potentiel de mes action et surtout l'étendue des possibilités.
Pourtant, c'était toujours moi qui agissait, seulement ma conscience n'était pas dans un mode survie, car la peur de l'échec ou de la mort n'était plus là. Il n'y a donc plus d'ennemis, de jugements, de concurrence, de comparaisons itempestives avec les autres... et c'est là qu'il y a la vie.
En fait je n'ai jamais senti de liberté aussi pénétrante que pendant l'éveil.
Bien sûr lorsque je ressentais l'extérieur, l'unicité était là mais elle n'était pas contradictoire avec la délimitation de mon corps.
Je pense que si l'englobé est parfois éclipsé par l'englobant, c'est probablement parceque notre conscience peut parfois se connecter a un référentiel extra corporel dans lequel la multiplicité n'existe pas, probablement plus proche du divin.
Je suppose que c'est un état non incarné.
Ce que je veux dire par là, c'est que nous aurons probablement tout le loisir d'apprécier l'unicité divine après notre mort ou nous ne nous demanderons plus qui agit (et pour cause). De là à considérer sa saveur comme un déni lorsqu'on est vivant... certainement pas, mais c'est peut-être un peu comme abuser de la décorporation...
L'état de conscience unitive est une des conséquences de l'éveil mais n'en est (je crois) qu'un aspect.
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joaquim
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MessagePosté le: Di 03 Avr 2005 19:32    Sujet du message: Répondre en citant

Martine a écrit:
Toujours d'après ce raisonnement, j'aurais tendance à penser que lorsque nous avons l'impression d'agir pour nous purifier, pour embellir notre environnement, pour devenir transparent, etc, etc... en fait nous rêvons... un joli rêve, certes, mais un rêve tout de même...

Qu'en pensez-vous ?


Tant qu'il y a un but recherché, effectivement, nous rêvons. Mais ce n’est en soi pas si grave, puisque ce n’est de toute façon pas nous qui résoudrons le problème; il se résoudra tout seul, lorsque nous arrêterons de lutter contre ce qui est. On a bien sûr envie, lorsqu’on a connu l’éveil, de pérenniser cet état. Mais il faut d’abord réaliser que c’est justement ce désir qui est le principal obstacle à la présence durable de l’état d’éveil. En fait, c’est l’idée que la conscience doive parvenir à un état de stabilité parfaite dans l’éveil, qui est l’illusion, et au contraire l’acceptation de ce qui est (et dont l’ego fait partie) qui constitue la vraie soumission de l’ego à la réalité de l’être. L’acceptation inlassablement renouvelée de l’imperfection de ce qui est – et qui n’apparaît en fait imparfait qu’aux constructions mentales de l’ego –, le refus de soumettre ce qui est aux exigences de son propre désir, c’est cela qui crée, à travers le caractère total et sans condition de l’acceptation de cette mouvance, la stabilité qu’on rechercherait ailleurs en vain.

La perfection, il ne s’agit pas tant de la trouver dans le résultat de sa quête, mais dans la radicalité de son allégeance à la réalité, même si celle-ci nous semble toujours (mais c’est là un effet du rêve de l’ego) imparfaite. Lorsque la confiance totale dans ce qui est règne, il n’y a même plus de but recherché, mais simple accueil, transparence à l’être. C’est cette radicalité qu’ont actualisé à chaque instant des sages et des saints comme Ramana Maharshi ou Saint François d’Assise, et qui se sont trouvés si totalement immergés en Dieu qu’ils en devenaient la manifestation transparente.

L’éveil n’est jamais un fait acquis, il est comme la vie, il est holographique, ou fractal, c’est-à-dire que dans chacun de ses points il contient la totalité des conditions de son avènement, un peu à l’image de la Trinité telle que la révèle Maurice Zundel, où les trois Personnes font acte d’offrande totale et permanente d’elles-mêmes à travers chacune des deux autres. Du moment que l’éveil doit s’incarner dans le temps, il faut que les pulsations de la vie l’animent.
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joaquim
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MessagePosté le: Ve 08 Avr 2005 19:57    Sujet du message: Répondre en citant

Martine a écrit:
Oui, il serait vain d'attendre la disparition du moi conditionné (qui se fera ou pas d'ailleurs...).


waxou a écrit:
L'état d'unité n'est pas forcément contradictoire avec l'ego, on pourrait plutot dire qu'il l'englobe. C'est là une partie de son charme. Cependant, il n'est accessible que lorsque l'égo n'est pas prioritaire.


waxou a écrit:
Il n'y a donc plus d'ennemis, de jugements, de concurrence, de comparaisons itempestives avec les autres... et c'est là qu'il y a la vie.


J'aimerais juste prolonger ces réflexions... L'ego n'est en effet pas une plante nuisible qu'il faudrait éradiquer. Il est cette porte qui nous permet de renaître neuf à chaque instant dans l'être. L'éveil n'est pas un état atteint une fois pour toutes, c’est une vie entretenue par le retournement incessant de l’ego sur lui-même à travers son abandon à l’être. L’éveil est la respiration de l’esprit. Sans ego, nous serions comme les animaux, baignant simplement dans l’être, unis dans la matrice de l’être, mais il n’y aurait pas d’éveil. Il n'y aurait pas de création.

Refuser l’ego, ce serait comme refuser le piston dans le moteur, sous prétexte qu’il entraverait la libre expansion des gaz dans le cylindre. Il faut que le piston remplisse son office, il doit comprimer les gaz pour que le moteur tourne, mais il faut aussi qu’il coulisse librement et accepte de refluer sous l'effet de l’explosion. Ce reflux lui permettra d'initier un nouveau cycle, d'exercer une nouvelle pression, nécessaire pour que la nouvelle étincelle puisse à nouveau remplir l'espace. Le mouvement ainsi créé s'écoule comme une respiration calme et régulière, elle présente une dynamique stable si on l'examine dans sa globalité, bien qu'elle soit en fait constituée d'une succession ininterrompue de ruptures d'équilibre, de prises de risque, d'accueil inconditionnel de ce qui est là.

Supprimer l'ego, ce serait faire retour dans le monde de l'éternité, hors du devenir. Accepter l'ego sans s'y laisser enfermer, c'est incarner, à travers un acte de création libre, l'éternité dans le monde manifesté.

Martine a écrit:
OK pour accepter ce qui se présente à la conscience, le corps, les émotions, les pensées mais lorsque par une grâce, même éphémère, ces objets disparaissent, lorsque l'englobant éclipse l'englobé, le reconnaître (se reconnaître ?) le savourer, serait-il le fait d'un refoulement, d'un déni ?


Qui vous interdirait de le savourer, sinon l'ego?
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Martine



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MessagePosté le: Ve 08 Avr 2005 20:38    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour,

L'ego.... Vouloir supprimer l'ego relève bien évidemment d'une conception dualiste des choses qui ne peut que le renforcer tout au contraire...

Mais connaître l'ego, voir en quoi il consiste et finalement constater que ce ne sont que des mécanismes plus ou moins inconscients mis en place pour se protéger, maintenir la séparation moi/non moi, me paraît très salutaire pour s'en désidentifier.... peut-être qu'alors, il disparaîtra et réapparaîtra, comme une illusion, un voile, qui nous sépare de notre être véritable...

Car vouloir le maintenir en lui redonnant un coup d'éclat et le comparer au piston d'un moteur qui nous fait voyager au coeur d'un devenir...
est peut-être tout autant dualiste que de vouloir le supprimer...

De mon point de vue, l'ego est nécessaire tant que la conception dualiste n'a pas été dépassée mais il s'évapore de lui-même lorsque l'être se dévoile dans toute sa spendeur.

Bien sûr les animaux sont dans l'être et ne sont pas "éveillés"... comme nous, ni plus ni moins... Ils ont un ego qui a besoin de grandir pour suivre le même chemin que le notre. Autrement dit, je crois que notre conscience a besoin de grandir à l'ombre d'un ego d'abord et lorsqu'elle est prête, c'est à dire lorsque elle est suffisament consciente d'elle-même, l'éclatement se fait, et l'ego en tant qu'objet de la conscience est démystifié (le sujet, ce n'est pas lui, le sujet c'est la conscience , consciente d'elle-même et de tout ce qui n'est pas elle, c'est à dire de ses objets) et prend aussitôt la porte de sortie.

C'est sûr qu'il va rester en coulisse et à la moindre défaillance, au moindre doute, il va ressurgir en s'autodéclarant indispensable... Mais, bien que cette situation continue de se présenter à moi, je dirais même au quotidien, en fait je n'y crois plus...
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joaquim
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MessagePosté le: Ve 08 Avr 2005 21:36    Sujet du message: Répondre en citant

Chère Martine,

A travers vos lignes, je lis votre recherche d'un chemin qui conduise au-delà de l'ego, vers l'unité. Je crois que c'est bien cette recherche qui nous rassemble tous sur ce forum. Mais, même si le but est unique, chacun doit trouver son propre chemin. Et le chemin lui-même ne pourra jamais se dérouler ailleurs que dans la dualité. Toutes les explications, les théories, les conceptions, ne pourront jamais relever d'autre chose que de la dualité, même si elles cherchent à pointer vers l'unité. Je suis ainsi bien d'accord avec vous que "comparer [l'ego] au piston d'un moteur qui nous fait voyager au coeur d'un devenir... est peut-être tout autant dualiste que de vouloir le supprimer... ". Les mots, les concepts, font toujours violence à l'Unité, car il ne peuvent que l'amputer, l'acte de la nommer fait d'elle fatalement un objet. Le seul moyen de se servir des mots et des concepts est dès lors de se mettre d'accord sur leur caractère limité, et de ne les utiliser que comme des signes, des appels, des regards que l'on s'adresse pour essayer de se toucher, pour partager ensemble, au-delà des mots, l'incommunicable. L'art en est bien sûr la voie royale, car il n'enferme rien dans une signification limitée, il laisse l'expression libre, et ne cherche rien d'autre qu'à toucher le coeur.

Cette image du moteur est ainsi simplement un clin d'oeil (qui m'est venu cet après-midi dans le train ), une autre manière de regarder l'ego, une fenêtre ouverte pour nous inviter à ne pas nous asseoir dans une connaissance acquise (bien sûr, lorsque je l'ai rédigé, je l'ai fait en pensant qu'elle était un regard vrai, et je le pense toujours). Je crois qu'essayer de voir les choses autrement, se créer un regard neuf, est le signe qu'on est intérieurement vivant, en route, prêt à l'accueil. Pour moi, ce qui compte sur ce forum, c'est avant tout de se trouver réunis dans un élan, d'essayer de partager des regards différents qui puissent nous aider à conserver des yeux en éveil, de sentir que les mots que nous échangeons ne servent qu'à entretenir la flamme qui nous pousse à avancer vers une unité qui nous rassemble.

Et sur ce point, je crois que nous sommes parfaitement rassemblés:

Martine a écrit:
De mon point de vue, l'ego est nécessaire tant que la conception dualiste n'a pas été dépassée mais il s'évapore de lui-même lorsque l'être se dévoile dans toute sa spendeur.


Mais là, ce n'est plus de la théorie...
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Martine



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MessagePosté le: Sa 09 Avr 2005 9:38    Sujet du message: Répondre en citant

Cher Joaquim,

Oui, je partage l'essentiel de vos mots pour pointer vers un état de réalité qui les dépassent...

Les mots, à condition qu'ils ne se transmuent pas en "vérités" opaques, peuvent être des véhicules, des vecteurs, qui pointent vers... ou des traces qui s'effacent bientôt, comme des ronds dans l'eau, laissant une saveur, un parfum, révélateur de l'au-delà des formes... Ce que le langage poétique exprime par sa transparence et sa légèreté lorsqu'il n'est pas au service d'un ego qui s'en empare pour le lester de son histoire personnelle...

Oui, je pense comme vous que l'ego est la porte, mais il s'agit d'une porte sans porte, une porte qui n'existait que dans la perspective de l'ego justement et qui révèle son inexistence à peine "franchie"...

Bien paradoxal, tout ça...

La création... A-t-elle besoin des services d'un ego ? Oui et non à la fois ? Oui, si on pense à la manière de cet ego et non, si le on s'est évaporé ...?

En tous les cas, merci pour ce forum
:Cool:

Martine
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waxou



Inscrit le: 13 Mars 2005
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Localisation: Marseille

MessagePosté le: Di 10 Avr 2005 2:22    Sujet du message: Répondre en citant

Cette façon de prendre les choses me convient tout à fait et me semble assez dépourvue de jugement égoique justement
Connaitre l'égo pour s'en désidentifier est en effet "salutaire", la comparaison avec les animaux est d'ailleurs tout à fait adaptée pour illustrer ce principe. L'avantage des animaux cependant, est de n'avoir qu'un mental primitif. Et ce mental primitif leur permet d'avoir un ego peut être moins tentaculaire et infiltrant que le notre, ce pourquoi ils sont plus "naturellement" dans l'être.
(Celà n'a pas grand chose a voir mais j'ai remarqué un phénomène intéressant avec des animaux: Je "possède" des gerbilles, sorte de rongeurs plutot mignons, et j'ai senti qu'elles ne "captent" pas du tout ma présence en tant qu'être contrairement à mon chat. J'ai alors compris que leur métabolisme étant beaucoup plus rapide que le notre, d'une part elles n'imaginent pas que ma voix puisse être un outil de communication, et d'autre part ma taille et la lenteur de mes mouvements imposent un décallage vis à vis de leurs modèles d'êtres vivants intelligents. Elles ne réalisent donc pas du tout qu'il y a une autre bébette qui les nourrit Laughing
J'ai essayé de ramener cette observation a notre échelle, et je me suis demandé s'il y avait des êtres vivants plus lents que nous, que nous considérions comme peu intéressants. J'ai alors réalisé que les gerbilles nous considéraient comme nous considérons les arbres. En effet, les végétaux ne correspondent pas à nos modèles d'êtres "intelligents". Mais qui sait, peut-être sont-ils déjà éveillés de base et que leur choix de nous nourrir est a un autre niveau?)
Rejeter l'égo par dégout, ou le tolérer voire l'honorer par peur ou simple constatation de ne pouvoir le maîtriser, le résultat est le même, c'est l'impasse. Mais le concept d'impasse est aussi mental. Pour moi il signifie qu'on se heurte a l' une des parois de notre conceptualisation du monde.
Rejetter l'égo est probablement d'origine mentale, rejeter le rejet d'égo certainement aussi, en fait, celà marche à une infinité de degrés, c'est la boucle égoique classique.
Et pour le réaliser, il faut avoir expérimenté plusieurs degré, sinon on ne se rendra pas compte que ce phénomène est auto entretenu et qu'il n'y a aucune possibilité d'en sortir si l'on ne lâche pas ses concepts.
C'est comme vouloir faire quelquechose de bien sans que celà soit dans ses propres intérêts, alors que déjà l'origine de cette volonté est égoique. En testant, on obtiendra toute une arborescence d'intérêts égoiques.
Au premier degré: on fait la chose, parcequ'elle nous arrange, au deuxième degré, on la fait parcequ'elle arrange des personnes qui nous sont proches et dont le regard nous est important, troisième, parcequ'on croit que faire le bien nous apportera automatiquement quelquechose, quatrième, parcequ'on veut se prouver qu'on peut agir de manière désintéressée, cinquième parcequ'on ne supporte pas de ne pas être capable de sortir de ses schémas égoiques, sixième, parceque c'est une manière de se sentir important... ce sont un peu des exemples, et les degrés ne sont pas absolus: ce sont les miens lorsque j'interroge mon mental en ce moment même.
Celà peut être aussi pour s'aimer plus, ou pour s'éveiller, tout simplement. Mais que le but soit "bon" ou "mauvais", il a été élaboré mentalement, et celà garantira des attentes diverses et donc des sources d'insatisfaction. (je ne dis pas par là qu'il faut rejeter l'insatisfaction pour autant )
Une solution relative c'est que sans mental, il n'y aura pas d'ordre intérieur, d'appropriation ni d'attachement à faire cet acte. On pourra le faire, ou pas. Et si l'on est pas remercié, ou même méprisé, celà n'aura pas d'"importance" émotionelle, même si l'émotion sera peut-être là. C'est aussi jouer sans attendre la victoire.
Tant qu'on est dans un mode mental, on agit dans l'intérêt de l'égo car les deux sont intimement liés.
Et si l'on désire l'éveil, celà nous bloque, car on n'arrive pas à trouver de motivation sans qu'elle soit plus ou moins personnelle, c'est à dire, liée a une peur ou un désir égoique.
Sans le désir de cet éveil à la base, celà n'arrive pas, seulement, on a facilement peur que l'éveil n'arrive pas si on ne le désire pas, même si nous constatons que son désir ne nous aide pas à l'atteindre.
Le désir mental peut aider a s'approprier un objet mental par une réaction a cette pulsion. Le fait que l'eveil ne soit pas accessible par son désir prouve qu'il n'est pas objet mental. Ouf!
Citation:
De mon point de vue, l'ego est nécessaire tant que la conception dualiste n'a pas été dépassée mais il s'évapore de lui-même lorsque l'être se dévoile dans toute sa spendeur.

Je sens de la vérité dans ce principe. Mais je suppose non pas que l'égo soit necessaire, mais simplement le résultat du développement cérébral qui a donné la spécificité de notre espèce au cours du temps.
En reliant les principes d'évolution des espèces avec ce que je ressens, je pense que l'égo tel qu'on le connait est l'émotion du soi amplifiée par le mental. L'homme est une espèce qui a eu tendance a se spécialiser dans la complexification et l'application intellectuelle d'un point de vue sélection biologique. Il sait extrapoler la peur en angoisse, la douleur en souffrance, et le soi en ego. Je pense que ces extrapolations sont des fonctions cérébrales. Elles sont donc inscrites dans notre code génétique et ne sont pas là par hasard. En effet, le singe plus égocentrique et extrapoleur que les autres a du mieux survivre et se reproduire du fait de ses angoisses et de ses désirs. Sur des millions d'individus et d'années, pas étonnant que de tels singes aient laissé une grosse trace génétique, même s'ils avaient moins de contact avec la réalité que les autres et qu'ils étaient probablement plus tourmentés...
L'eveil dans un corps comme le notre est peut être plus spectaculaire et compliqué mais il est possible que dans un sens, l'arbre, la bactérie et même peut être le minéral soient déjà plus éveillés que nous et que leur "conscience" demeure dans une sorte de nirvana permanent Laughing .

Je suppose que c'est l'inactivation de certaines emprises mentales sur la conscience qui permet de ressentir ce bien être temporaire lié à l'assouvissement de la plupart des désirs.
De même, au niveau des drogues, endogènes (endorphines) ou exogènes (morphine, alcool, nourriture, antidépresseurs...), je suppose que leur effet puisse souvent être lié à une résultante d' inhibition plus ou moins directe du mental. Le problème, c'est que lorsque l'on triche avec le corps, il y a ce qu'on appelle un feed-back, et très vite, c'est le mental qui se suractive en l'absence de l'élément "inhibiteur", principe de la dépendance. Mais c'est aussi une appropriation égoique du stimulus "inhibiteur", ou une attente, voire une exigence qui active le mental de manière autant automatique que l'inhibition que procure la substance.
L'impression de développement spirituel que certaines drogues peuvent donner est donc bien réel, mais bien souvent partiel, temporaire, désordonné, avec une notion de dette et d'intérêts (dans le sens financier du terme).
Ce fonctionnement est probablement adaptable a tout ce qui évoque le désir en nous mais ne reste qu'une modélisation réductrice et simplifiée, tout comme le concept de "mental" (edit: en fait je voulais plutot parler de l'égo) que j'utilise pour désigner en gros l'interface virtuelle entre notre cerveau et notre conscience (ce qui n'est pas le cas pour tout le monde)


Citation:
lorsque elle est suffisament consciente d'elle-même, l'éclatement se fait, et l'ego en tant qu'objet de la conscience est démystifié et prend aussitôt la porte de sortie.

C'est donc par la conscience déployée, et non par la dissection mentale que l'on arrive a prendre la porte de sortie. Cependant, il faut bien se rendre compte des limites de cette dissection pour arrêter de lui donner l'exclusivité...
Citation:
je dirais même au quotidien

Cette remarque est paradoxalement synonyme de route dégagée pour un détachement prometteur!
J'éspère ne pas avoir été trop brouillon, long et/ou trop hors sujet dans mon message Rolling Eyes
Et de même, merci pour le forum, voir la similitude de ce que je ressens avant que je le verbalise avec ce que vous écrivez me donne beaucoup d'énergie et de joie.


Dernière édition par waxou le Ma 12 Avr 2005 2:58; édité 1 fois
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Martine



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MessagePosté le: Di 10 Avr 2005 11:34    Sujet du message: Répondre en citant

Ne serait-il pas intéressant (à moins que cela n'ait déjà été traité sur un autre thème du forum...) de proposer justement un thème au sujet de l'ego afin que l'on puisse mieux en cerner les contours ou tout au moins identifier ses mécanismes les plus courants et universels ?...

Tourner autour de lui indéfiniment est bien sûr le piège à éviter (il s'en nourrirait avec délectation...), mais en comprendre les mécanismes et surtout son origine (ici, tout de suite, maintenant !...) peut-être utile pour ne pas en parler chacun de son propre point de vue, pensant que celui-ci est partagé par les autres...

Au sujet des arbres... Il m'a été conté une histoire que je veux bien prendre pour réelle... cela se passait dans la forêt amazonienne et un projet de route devait passer par là. Ce projet nécessitait de couper en deux une partie de cette forêt, ce qui ne gênait pas bien entendu les commanditaires... Un jour, une équipe de chantier se rendît sur les lieux avec de gros matériels, bulldozers, camions et autres, et se mit en position pour commencer l'opération le lendemain. Le jour suivant, l'équipe de chantier constata avec stupéfaction que plusieurs arbres gigantesques s'étaient abattus sur leur chemin, sans aucune raison apparente, les empêchant d'accéder à leur matériel rendu ainsi irrécupérable... L'opération fût abandonnée car devenant trop complexe à gérer... Les arbres périphériques auraient de ce point de vue, servis de boucliers contre l'agresseur, protégeant par leur sacrifice les autres arbres de la forêt.

Cela a des relents chamaniques mais je pense sincèrement que les arbres (entre autres) possèdent une "conscience d'éveil" qui leur permet de gérer à leur façon bien des situations...

Pour en revenir à la conscience et à sa capacité d'éveil au sein d'un individu, sans doute que plusieurs modalités (ou plusieurs portes, ou plusieurs voies) sont inductrices (est-ce le bon terme ?)...

La perte de l'ego (que je préfère à sa mort sinistre, car elle se fait dans la joie d'une autre retrouvaille) peut se faire par un élargissement de celui-ci, on pourrait dire son accomplissement, de manière à ce que son caractère englobant finisse par être tel que celui-ci se reconnaisse dans tout ce qu'il voit, touche et sens... ou bien dans une voie plus austère, plus intériorisée, qui rejette les objets (au sens de neti, neti) pour en arriver au sujet pur, témoin pur, conscience pure... et là, l'ego, objet ayant "avoué" son caractère fantomatique, a été perdu en chemin...

Bonne journée Razz

Martine
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waxou



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MessagePosté le: Di 10 Avr 2005 13:15    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
pour ne pas en parler chacun de son propre point de vue, pensant que celui-ci est partagé par les autres...

Lorsque j'écris un message sur ce forum, j'essaie justement volontairement de prendre un point de vue que vous ne partagez pas trop, sinon ce serait moins intéressant et plus réducteur vis à vis de notre approche. Celà ne m'empeche pas de partager aussi vos point de vue, mais j'avoues que prendre une vision un peu éloignée m'apporte beaucoup plus personnellement lorsque je perçois "les dénominateurs communs". Alors j'imagine qu'il en est de même pour vous.
C'est un peu comme si tous les points de vue vis à vis d' une chose réelle formaient une sphère pleine, et que la perception des coordonnées relatives entre deux points de vue éloignés illuminait tous les points se situant sur le chemin entre les deux, et que parfois lorsque des points vues a priori opposés deviennent complémentaires, le centre de la sphère étant sur le chemin, on peut avoir l'impression de palper la réalité du concept.
Je suis plutot d'accord avec cette idée de faire un thème avec les mécanismes et les origines de l'égo, ce serait intéressant et je suis très curieux de connaître ce que vous pourriez avoir a dire sur le sujet. Il me parait quand même essentiel de préciser que si d'une part la mise au point sur ce sujet est necessaire afin d'organiser un peu le cheminement global et l'inter compréhension, la tentative d'obtention d'une modélisation unifiée risque de compromettre le dialogue et donner une approche un peu trop expérimentale de l'ego. Un peu comme si nous prenions un point proche du centre de cette sphère pour faire l'approximation de son centre.
A une echelle il aura l'air proche, mais a une autre échelle il sera infiniment loin, tel les electrons autour du noyau d'un atome...

Citation:
objet ayant "avoué" son caractère fantomatique

J'aime bien cette expression, elle explique à la fois une voie et une impasse Laughing
Très bonne journée a vous.
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joaquim
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MessagePosté le: Di 10 Avr 2005 15:37    Sujet du message: Répondre en citant

waxou a écrit:
Je "possède" des gerbilles, sorte de rongeurs plutot mignons, et j'ai senti qu'elles ne "captent" pas du tout ma présence en tant qu'être contrairement à mon chat. J'ai alors compris que leur métabolisme étant beaucoup plus rapide que le notre, d'une part elles n'imaginent pas que ma voix puisse être un outil de communication, et d'autre part ma taille et la lenteur de mes mouvements imposent un décallage vis à vis de leurs modèles d'êtres vivants intelligents. Elles ne réalisent donc pas du tout qu'il y a une autre bébette qui les nourrit Laughing


Les conclusions que vous tirez de l’observation de vos gerbilles me semblent un peu hâtives. Ce n’est pas parce que la gerbille a un métabolisme rapide et qu’elle ne vous perçoit pas comme une personne que ce et serait un donc.Et les conclusions que vous tirez de ces prémisses quant aux rapports entre les règnes de la nature me semblent un peu fantaisistes. mefiant6

Si on s’occupe de la grille du savoir, appliquons-y les rigueurs de la méthode scientifique. Mais ne nous y perdons pas néanmoins, car ce qui compte surtout ici, sur ce forum, me semble-t-il, c’est plutôt ce qui s’inscrit dans la grille du vouloir (cf. l’article sur Nayla Farouki sur le sujet), ce qui est régi non pas par la causalité, mais par la finalité, c’est toucher quelqu’un ou quelque chose qui se dérobe à la connaissance scientifique froide, c’est réveiller quelque chose en soi et en l'autre. Ne compte pas tant le résultat de la quête, qui déboucherait sur une belle théorie, mais bien plutôt la quête elle-même, à travers laquelle se manifeste ce que nous sommes. Et si je me permets de critiquer vos théories, cher waxou, je salue l’énergie que vous mettez dans votre quête, j’en vois la richesse et la valeur, et je suis bien sûr qu’elle vous conduira à rendre toujours mieux justice à ce que vous êtes, en le manifestant de manière toujours plus transparente.



Pour en revenir à l’animal et à l’ego, j’aurais tendance à penser qu’un animal n’a pas d’ego, car il n’accorde aucune importance à sa propre image; il n’a même pas d’image intérieure de lui-même. Lorsqu’un animal se voit dans un miroir, aussitôt qu’il a compris qu’il n’y a là rien de dangereux ni d'intéressant pour lui, il n’accorde plus à son reflet la moindre importance. Je pense qu’il faut distinguer entre ego et personnalité. L’animal a une personnalité, des traits de caractères propres, une “physionomie” psychique, mais il n’a pas d’ego, c’est-à-dire qu’il ne crée pas cet espace intérieur virtuel que nous ajoutons, nous, à la réalité, dans lequel celle-ci vient se refléter, et qui souvent prend plus d’importance que la réalité elle-même. Un animal, lui, est entièrement immergé dans la réalité, il ne vit que dans l’instant présent. Rien ne nous permet de supposer que lorsqu’un chat ronronne, il se remémore les bons moments passés dehors, ou se réjouisse de ses prochaines escapades. Bien que l’animal fasse tout pour assurer sa survie, on n’a pas, à ma connaissance, d’élément probant permettant d’affirmer qu’il ait peur de la mort, ou qu’il ait même conscience de sa propre finitude. Or la conscience de sa propre finitude est lié à la capacité de la soi-conscience, donc de l’ego. De même, je n’a pas connaissance d’exemple probant de pitié dans le monde animal. Or ce sentiment présuppose un espace intérieur dans lequel le sujet se perçoive lui-même, et attribue son propre ressenti au vécu de l’autre. On trouve bien de l’entraide dans le monde animal, même parfois gratuite, mais de pitié, je ne crois pas.

Si l'ego n’existait pas, est-ce qu'on pourrait encore parler d’amour? Aimer, n’est-ce pas renoncer à soi pour accueillir l’autre? Mais pour cela, il faut bien qu’il y ait quelque chose à quoi renoncer, et ce à quoi on renonce, c'est l’ego; c'est donc bien lui qui constitue le point crucial sur lequel prend appui l'amour, un point bien particulier, il est vrai, un point en creux, puisqu’il ne remplit son office qu'en s'effaçant, ou, comme l’a si bien dit Martine:

Martine a écrit:
Oui, je pense comme vous que l'ego est la porte, mais il s'agit d'une porte sans porte, une porte qui n'existait que dans la perspective de l'ego justement et qui révèle son inexistence à peine "franchie"...


Simone Weil a eu cette très belle phrase: “Dieu ne peut aimer en nous que ce consentement à nous retirer pour le laisser passer, comme lui-même, créateur, s’est retiré pour nous laisser être.”

Martine a écrit:
Ne serait-il pas intéressant (à moins que cela n'ait déjà été traité sur un autre thème du forum...) de proposer justement un thème au sujet de l'ego afin que l'on puisse mieux en cerner les contours ou tout au moins identifier ses mécanismes les plus courants et universels ?...


C'est certainement une très bonne idée. Chacun, dans ce forum, a le droit de lancer des sujets sans en obtenir l'autorisation. Il me semble que dans la section "Les Impasses", un sujet sur les mystères de l'ego serait à sa place.
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waxou



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MessagePosté le: Di 10 Avr 2005 19:07    Sujet du message: Répondre en citant

Merci pour cette critique, je l'accueille avec attention...
Il s'agissait simplement d'une observation.
Déjà que mon texte était long, je n'ai pas tenu a mettre tout ce qui justifiait mes hypothèses (qui ne sont pas des conclusions, lorsque je dis "j'ai compris" j'aurais du dire "j'ai cru comprendre")
Je vais faire un effort surhumain pour être clair et succint :
J'ai beaucoup de raisons de penser que mes rongeurs sont loin de considérer ma vitalité comme le fait mon chat. Par contre, entre eux, beaucoup d'observations m'ont prouvé que les chats et les rongeurs percevaient leur propre vitalité que ce soit consciemment ou non. Je me suis donc demandé l'origine de cette différence observable. J'ai essayé de me mettre à la place de mes gerbilles, toujours surexcitées, incapables de rester en place sauf pour manger frénétiquement, et je me suis littéralement dit "pour elles, on est des arbres", sans avoir réfléchi. Cette pensée venue de nulle part et a priori stupide m'a fait beaucoup sourrire, peut-être comme le principe du trou noir aurait fait sourrire un scientifique il y a un siècle mais peut-être en effet est-ce aussi pure fantaisie. C'est cette pensée que je voulais partager, sans lui donner de valeur de vérité... si c'est contraire au vouloir ce forum, c'est un autre problème et je suis désolé de ne pas l'avoir compris.

Citation:
Ne compte pas tant le résultat de la quête, qui déboucherait sur une belle théorie, mais bien plutôt la quête elle-même, à travers laquelle se manifeste ce que nous sommes.

Tout à fait, la théorie est accessoire. C'est d'ailleurs pour cette raison que je n'ai pas voulu donner de caractère scientifique solide a mon observation, et que je l'ai mise entre parenthèses, comme j'aurais emballé une friandise pour pas qu'elle ne colle partout Razz
Merci aussi pour le salut de ma quête...
Sinon pour savoir si les animaux ont un égo ou non, il est clair qu'il n'ont pas d'égo comparable au notre. Mon hypothèse modélisatrice serait que l'importance de leur "sentiment de soi de base" n'est pas amplifiée par le mental. Ils ne verraient donc pas d'intérêt a s'intéresser à leur reflet...
Le temps psychologique étant probablement géré par le mental, une bonne situation passée ne présente aucun intérêt sans lui puisqu'elle n'est pas réelle. Le chat ronronne donc probablement parcequ'il est bien maintenant.
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