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L'analyse de Schopenhauer
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Pierre



Inscrit le: 22 Nov 2005
Messages: 113
Localisation: Toulouse

MessagePosté le: Ve 25 Mai 2007 14:42    Sujet du message: Répondre en citant

Chère Musho,

Ce que je trouve le plus précieux dans ton témoignage, c'est qu'il contredit radicalement les observations qu'on est tenté de faire ordinairement sur le monde : monde laid, effrayant même, puisque le mal ne sait y engendrer que le pire. Un monde où les enfants victimes deviennent des adultes bourreaux qui répètent sur d'autres ce qu'ils ont subi et finissent au ban de la société. Un monde profondément désepérant dont il faut impérativement se protéger, car le malheur, qui n'arrive jamais seul, y possède un tel pouvoir dévastateur qu'on ne peut jamais s'en remettre tout à fait. Voilà le constat que, sans la grâce, sans la foi, sans l'intervention divine - je ne sais trop comment nommer cette force transformatrice qui change le mal en bien - on est contraint d'établir chaque fois que l'on pose son regard sur les souffrances d'autrui ou sur les siennes.

Il y aurait donc deux manières de considérer ce monde : l'une mécanique, issue de l'égo, subie, où le spectacle du monde s'impose de lui-même à un "moi" intérieurement passif et résigné, voir inexistant et l'autre inspirée par la grâce, où le "moi" s'éprouve, se vit, se sent Etre et puise en lui-même la force et l'audace d'outrepasser un pessimisme qui va de soi pour découvrir de l'amour au coeur de la souffrance.
Mais quand même... j'en vois tant autour de moi des gens qui souffrent... entortillés si douloureusement dans la nasse de leur existence, et qui, à chaque tentative d'en sortir, s'y entortillent davantage. Qu'est ce qui fait que cette grâce est si peu opérante ? Manque de foi en la vie ? Recherche d'une solution dans la mauvaise direction ? Refus de regarder en face le mal qui les touche ? Ou est-ce tout simplement moi qui, en m'interrogeant de cette façon, n'y vois pas encore très clair ?

En tout cas merci encore pour tes mots.

Et merci à cieletbaie et à mauvaiseherbe pour les développements que vous amenez et que je viens de découvrir.
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cieletbaie



Inscrit le: 20 Fév 2006
Messages: 108

MessagePosté le: Ve 25 Mai 2007 15:14    Sujet du message: Répondre en citant

mushotoku-nad a écrit:
'il y a une confusion entre Spontanéîté de l'Etre, et spontanéïté des contenus de cette structure qu'est l'ego...Entre le Naturel de L'Etre, et le naturel de l'égo...
Car les conditionnements mentaux et emmotionnels, négatifs ou positifs, ne sont pas les "mouvements de la Vie"

Le mouvement de la Vie en nous, ce qui nous porte, c'est l'Essence de l'Etre, et c'est ce mouvement là qui est la seule Spontanéïté, et le seul Naturel véritable et "Légitime"...


Tu relèves avec une grande justesse l'amalgame qui est fait très souvent, et qui sert de justification aux excès, à l'auto-glorification ou à l'avantageuse auto-illusion.

Nos mots viennent-ils uniquement d'une compréhension intellectuelle, ou sont -ils l'expression d'une expérimentation vivante ?
Lorsque saint augustin dit: "aime, et fais ce que tu voudras", cela n'a rien à voir avec l'autorisation de faire ce que l'on veut!!!
Est-ce-que je suis mu par l'amour divin?
Dans ce cas, alors oui, le problème de l'action juste, "morale", est automatiquement sans objet.
MAIS, prière de ne pas oublier la première partie de l'énoncé, svp!

De même, il est si facile de s'illusionner et de tromper les autres avec le vide parfait etc...si l'on ne détecte pas l'image immédiatement formée qui re-présente ce fameux vide.

C'est cette image non-consciente qui est terrifiante, représentation du néant, image d'un néant...si plein de représentations.
Ce qui est n'a pas peur de lui-même!
Prendre conscience que cette transparence est si dense, si pleine d'images re-présentant du vide!
C'est bien plein, bien composé d'éléments, pour du soi-disant vide !!!!

Une vitre est là, transparente. D'une certaine façon, il n'y a rien.
Si je jette un cailloux dedans, je vais être surpris par la multitude des petits morceaux. Il y en avait des éléments, dans ce soi-disant "transparent" !!!. Il y en avait des choses, pour fabriquer de "l'invisible"!!!

Vide de choses. Vide d'objets. ça n'a rien à voir avec le vide-néant!!!


Dernière édition par cieletbaie le Sa 09 Juin 2007 8:57; édité 1 fois
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mauvaiseherbe



Inscrit le: 31 Mai 2006
Messages: 336

MessagePosté le: Ve 25 Mai 2007 15:26    Sujet du message: Répondre en citant

Oh oui! Ce que tu apportes là est si important! Merci beaucoup .

:bouquet:
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Pierre



Inscrit le: 22 Nov 2005
Messages: 113
Localisation: Toulouse

MessagePosté le: Ve 25 Mai 2007 15:30    Sujet du message: Répondre en citant

feuille a écrit:

Pierre a écrit:
-soit comme le fait Joaquim, en raisonnant par rapport à un objectif : maintenir un certain état d'esprit sur ce forum. Cela permet de trancher sans se prendre la tête. Tout comportement qui nuit à l'objectif est découragé jusqu'au banissement.


...

On a l’impression que tu suggères que décider le bannissement est une formalité « procédurière » de « l’objectif » de respect du dialogue dans le forum…...


Bonjour Feuille,

Supposons que nous fassions partie d'un groupe de musique, et que l'un des musiciens, ne soit pas d'un très bon niveau, refuse de travailler davantage pour progresser, mais en revanche soit d'un naturel très sympathique et agréable. On peut osciller longtemps entre deux alternatives : le garder parce qu'il est sympa et qu'on a pas envie de lui faire de la peine, ou le remplacer parce qu'il n'est pas au niveau. Ce faisant, on tente de comparer, de mettre sur les plateaux d'une même balance deux choses de nature totalement différente, sympathie et niveau musical. La seule manière de trancher que je connaisse est de se référer à un objectif : soit l'objectif est de se faire plaisir, s'amuser sans prétention auquel cas un musicien faible mais cool a tout a fait sa place, soit l'objectif est de faire des concerts et dans ce cas, ce musicien doit se mettre à niveau ou partir. C'est l'objectif qui permet de se décider, de sortir d'une réflexion insoluble et de poser un choix.

feuille a écrit:

et que dans la deuxième résolution d’une situation de conflit, après l’acception de l’attitude de l’autre et de ma réaction négative, la personne partirait d’elle-même sans que le bannissement ne puisse faire partie d'une décision délicate à prendre après mûre réaction…...



Je ne parlais pas de résolution de conflit, mais de résolution d'un paradoxe (dilemme serait plus exact) qui veut qu'en empêchant quelqu'un de faire violence à autrui, on se mette en situation de lui faire violence à son tour. Pour s'en sortir, soit on se réfère à quelque chose d'extérieur à soi, un objectif, une règle, et on tranche (l'expression "sans se prendre la tête" est effectivement malheureuse car elle sous-entend une décision prise avec facilité, voire avec légèreté, ce qui n'est pas du tout ce que je voulais dire), soit on renvoie à l'autre sa propre violence (sans rendre coup pour coup, bien sûr, mais en mettant en évidence ce qu'il y a d'inacceptable dans ses propos par exemple), en ayant conscience que ce que l'on commet n'est pas un nouvel acte d'intolérance, un surcroit d'intolérance, mais une réponse, une conséquence logique de l'intolérance d'autrui.

Je ne sais pas si j'ai été plus clair : je t'avoue m'embrouiller un peu les pinceaux en écrivant tout ça...
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feuille



Inscrit le: 09 Mai 2005
Messages: 353
Localisation: Paris

MessagePosté le: Ve 25 Mai 2007 16:05    Sujet du message: Répondre en citant

Oui merci Pierre, cela éclaire mieux tes propos. Smile Ce qui me perturbe peut-être c'est de présenter les deux résolutions du paradoxe comme exclusives... dans le feu de l'action, et comme l'on peut le constater sur le forum, j'ai le sentiment que ces deux types de résolutions sont souvent enchevêtrés dans une relation inextricable... et la sortie du paradoxe ne peut se projeter par un choix à priori. Une sorte de non systématisation de notre manière de sortir d'un paradoxe...
Voila peut-être le point qui me titillait, mais j'abonde dans ton sens d'analyse toujours aussi précis et structuré.
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Pierre



Inscrit le: 22 Nov 2005
Messages: 113
Localisation: Toulouse

MessagePosté le: Ve 25 Mai 2007 16:15    Sujet du message: Répondre en citant

Effectivement, je voulais signaler ce point dans mon message mais je l'ai oublié : ces deux manières de résoudre ce dilemme ne s'excluent pas forcément. Notamment lorsque l'objectif, la règle extérieure, est en accord avec la sensibilité intérieure. Et tu as raison : c'est le cas sur ce forum, où l'objectif d'authenticité, de relation de personne-à-personne entre en résonnance avec l'exigence intérieure de clarté et de contact avec sa propre personne - sensible - plutôt qu'avec ses masques idéologiques.
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mushotoku-nad



Inscrit le: 31 Mars 2006
Messages: 653
Localisation: gard

MessagePosté le: Ve 25 Mai 2007 18:50    Sujet du message: Répondre en citant

mauvaiherbe a écrit:
La façon particulière dont je suis lavée , réparée ,rendue légère, illuminée de l'intérieur, même quand mes facultés sont à nouveau plongées parfois dans l'obscurité et que je ne peux pas "sentir" , "palper" , "voir" ou "goûter" cette Lumière ...ça dit la Grâce , la gratuité , le miracle toujours et à chaque instant possible .
Je suis enfant de Dieu et l'ai toujours été , il n'y avait qu'à le reconnaître .
(Et devant la souffrance,qu'elle soit celle des bourreaux ou celle des victimes, je suis bien mystérieusement mais puissamment mère .)


oui , mauvaisherbe ma soeur, et oui aussi a cette ouverture totale et a cette comprehension de la souffrance des bourreaux comme de celle des victimes.C'est vrai qu'elle qquelque chose de puissamment maternel

mauvaiseherbe a écrit:
Toujours à la fois céleste et terrestre

Smile

Pierre a écrit:
Il y aurait donc deux manières de considérer ce monde : l'une mécanique, issue de l'égo, subie, où le spectacle du monde s'impose de lui-même à un "moi" intérieurement passif et résigné, voir inexistant et l'autre inspirée par la grâce, où le "moi" s'éprouve, se vit, se sent Etre et puise en lui-même la force et l'audace d'outrepasser un pessimisme qui va de soi pour découvrir de l'amour au coeur de la souffrance.


Je ne sais pas si je dirais que c'est "le moi" qui s'eprouve , qui se vit, et se sent Etre, mais plutôt qu'avec la "chaleur-brulure" de la souffrance,il étale au grand jour les milles pétales de ces mécaniques diverses, sous le Regard de cette Essence qui l'anime et qui se découvre en son coeur. Et que c'est dans ce Coeur là, la source de la Grâce qui peut etre perçue comme la force et l'audace qui outrepasse ce pessimisme ordinaire qui va de soi uniquement lorsque n'est pas né ce regard là...
On peut la fuir, cette souffrance, et refuser devoir toutes ces mécaniques qui se révellent etre "moi", dans une quéte de néantisation dans un l'absolu de vacuîté qui est de l'ordre du suicide. On peut aussi découvrir ce Regard de compassion et d' Amour qui digére les poisons pour en faire des medicaments....

Pierre a écrit:
j'en vois tant autour de moi des gens qui souffrent... entortillés si douloureusement dans la nasse de leur existence, et qui, à chaque tentative d'en sortir, s'y entortillent davantage. Qu'est ce qui fait que cette grâce est si peu opérante ? Manque de foi en la vie ? Recherche d'une solution dans la mauvaise direction ? Refus de regarder en face le mal qui les touche ? Ou est-ce tout simplement moi qui, en m'interrogeant de cette façon, n'y vois pas encore très clair ?


Mecaniques, et identifications, et on tourne en rond...Peut être simplement pas assez souffert , ou trop de revolte , de colére, de recherche de solutions palliatives qui appartiennent au même systéme...Mais pas encore ce bout de la quéte qu'est ce dés-"espoir" total au vue de notre impuissance...Cet enfin dés-"espoir" béni qui fait qu'on arrette enfin de chercher au mauvais endroit, oui, peut -être..Paradoxalement il ouvre une Porte ...

Cieletbaie a écrit:
Nos mots viennent-ils uniquement d'une compréhension intellectuelle, ou sont -ils l'expression d'une expérimentation vivante ?
Lorsque saint augustin dit: "aime, et fais ce que tu voudras", cela n'a rien à voir avec l'autorisation de faire ce que l'on veut!!!
Est-ce-que je suis mu par l'amour divin?
Dans ce cas, alors oui, le problème de l'action juste, "morale", est automatiquement sans objet.
MAIS, prière de ne pas oublier la première partie de l'énoncé, svp!


enaccord9 ex-ac-te-ment...ce que je voulais dire. Smile

cieletbaie a écrit:
C'est cette image non-consciente qui est terrifiante, représentation du néant, image d'un néant...si plein de représentations.
Ce qui est n'a pas peur de lui-même!
Prendre conscience que cette transparence est si dense, si pleine d'images re-présentant du vide!
C'est bien plein, bien composé d'éléments, pour du soi-disant vide !!!!


Oui... tout a fait cela: plus d'images , de representations..

:fleur:
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Asche



Inscrit le: 24 Jan 2007
Messages: 173

MessagePosté le: Ve 25 Mai 2007 20:34    Sujet du message: Répondre en citant

Merci pour ce témoignage boulversant, Musho :fleur:
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toniov



Inscrit le: 24 Fév 2007
Messages: 647

MessagePosté le: Ve 25 Mai 2007 22:33    Sujet du message: Répondre en citant

Bonsoir Pierre,
Tu as dit: " La seule manière de trancher que je connaisse est de se référer à un objectif. Soit l'objectif est de se faire plaisir, s'amuser sans prétention, auquel cas un musicien faible mais cool a tout à fait sa place,soit l'objectif est de faire des concerts et dans ce cas ce musicien doit se mettre à niveau ou partir. "
Je suis daccord, mais ici l'objectif ( l'éveil ) est beaucoup plus vaste et général que l'interprétation correcte d'un morceau de musique. Dans le cas d'un orchestre, c'est très clair: tous les musiciens doivent etre au niveau, sinon tout est sapé à la base. L'objectif est de jouer le plus parfaitement possible le morceau. La partition est déja écrite. Mais sur le forum " l'objectif "... nous le cherchons tous. Quant aux musiciens...il y a des personnalités qui ne sont pas évidentes, nous en avons eu un exemple, mais comment savoir d'emblée qu'elle ne va rien nous apporter? Comment savoir si le " vilain petit canard " ne va pas participer à sa façon, et meme sans le vouloir peut etre, à cette marche qui est la notre, cette marche vers l'éveil? Il me semble donc que la manière la plus juste de trancher n'est pas de se référer à un objectif, mais à des devoirs: le res pect de l'autre, la politesse et tout ce qui est énoncé dans la charte. Ceci étant dit, ce n'est que mon avis que je developpe ici, et je respecte toutes les décisions de Joaquim par ailleurs.
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joaquim
Administrateur


Inscrit le: 06 Août 2004
Messages: 1421
Localisation: Suisse

MessagePosté le: Sa 26 Mai 2007 16:47    Sujet du message: Répondre en citant

mauvaiseherbe a écrit:
C'est pour ça Cieletbaie que à la fois je peux dire parfois, comme toi ,qu'il n'y a pas de chemin et qu'en même temps je ne me sente jamais aboutie ; quà la fois je n'ai rien à faire , à attendre et qu'en même je me sente toujours en devenir , toujours à la fois parfaite et tellement imparfaite . Toujours à la fois céleste et terrestre saut18 heureux41



Comme vous il me semble fondamental de préciser qu'il ne s'agit pas de résilience ni de progrès même si au niveau terre ça y ressemble .
La façon particulière dont je suis lavée , réparée ,rendue légère, illuminée de l'intérieur, même quand mes facultés sont à nouveau plongées parfois dans l'obscurité et que je ne peux pas "sentir" , "palper" , "voir" ou "goûter" cette Lumière ...ça dit la Grâce , la gratuité , le miracle toujours et à chaque instant possible .
Je suis enfant de Dieu et l'ai toujours été , il n'y avait qu'à le reconnaître .
(Et devant la souffrance,qu'elle soit celle des bourreaux ou celle des victimes, je suis bien mystérieusement mais puissamment mère .)

    Smile :sayonara:

L'Unité est éternelle et immuable. Le monde, lui, est toujours en devenir. Dieu est amour, parce que, tout en étant immuable et éternel, il se donne entièrement à chaque instant dans la plus infime partie de sa création. Lorsque nous sommes prisonniers de la dualité, nous ne voyons du monde que les jugements que nous portons sur lui, et ceux-ci nous conduisent bien souvent à en tirer un bilan négatif. Lorsque nous rejoignons l'Unité en disant "oui" à Dieu, nous quittons le monde de la dualité, nous ne portons plus de jugements sur ce qui est, et pourtant, nous ne quittons pas pour autant le monde du devenir. Nous demeurons des êtres incarnés, qui cheminons dans notre vie. Il y a 20 ans, jamais je n'aurais pu envisager de lancer un forum comme celui-ci (indépendamment de l'impossibilité matérielle). Je n'étais pas mûr pour cela. Et pourtant, "Je Suis" n'était pas moins total qu'aujourd'hui. Mais il y a eu pour moi évolution. Pas vers le bien absolu, car celui-ci n'est pas de ce monde, mais vers une assumation (assomption?) toujours plus grande de ce que je suis et de ce que je découvre autour de moi. Le "oui" à ce qui est est toujours total, mais comme il doit être toujours renouvelé, à chaque renouvellement, il me fait pénétrer un peu plus profondément dans ce mouvement d'assomption de moi et du monde. La résilience, c'est vrai, est radicalement différente de l'éveil, car elle se développe dans le monde horizontal, temporel, psychologique, alors que l'éveil est vertical et atemporel. Mais elle est de même nature de cette assomption, comme aussi que cette algodicée dont nous a parlé dernièrement nad.


Pierre a écrit:
Je ne parlais pas de résolution de conflit, mais de résolution d'un paradoxe (dilemme serait plus exact) qui veut qu'en empêchant quelqu'un de faire violence à autrui, on se mette en situation de lui faire violence à son tour. Pour s'en sortir, soit on se réfère à quelque chose d'extérieur à soi, un objectif, une règle, et on tranche (...), soit on renvoie à l'autre sa propre violence (...)

Tu n'as pas réagi à la réponse que j'avais essayé de donner à ce paradoxe (ici). Je serais pourtant bien curieux de savoir ce que tu en penses. Wink
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Pierre



Inscrit le: 22 Nov 2005
Messages: 113
Localisation: Toulouse

MessagePosté le: Sa 26 Mai 2007 17:33    Sujet du message: Répondre en citant

joaquim a écrit:
Tu n'as pas réagi à la réponse que j'avais essayé de donner à ce paradoxe (ici). Je serais pourtant bien curieux de savoir ce que tu en penses. Wink


J'ai commencé à écrire une réponse qui viendra dans quelque temps car ton message m'inspire effectivement beaucoup. Mais l'emploi du temps d'un père au foyer et les exigences de la vie de couple ne me laissent pas autant de temps que je le voudrais. A très bientôt. Promis. Very Happy
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mauvaiseherbe



Inscrit le: 31 Mai 2006
Messages: 336

MessagePosté le: Sa 26 Mai 2007 19:21    Sujet du message: Répondre en citant

Oh étonnante image joaquim , mais parfaite pour introduire ce que je voudrais ajouter Smile !
Elle provoque une envie assez impérieuse d'être plutôt née souris pour prendre la poudre d'escampette Rolling Eyes Laughing

Il y a une chose qui me trotte dans la tête depuis que j’ai écrit ça : » La façon particulière dont je suis lavée , réparée ,rendue légère, illuminée de l'intérieur"
Je ne voudrais pas que ça induise en erreur ceux qui pourraient lire et qui comme moi ont à vivre encore souvent ces moments où la lumière semble invisible pour mes facultés de chair . Comme vous pouvez le lire dans ce que j’ai souvent montré dans différents messages , les « cicatrices « dont parlait mushotoku-nad , même si elles m’apparaissent comme bien superficielles ,sont réelles ; ma personne reste conditionnée par les circonstances du scénario de ma vie ,et conserve ses réflexes , ses manques . Ca m’a longtemps et souvent fait douter ,fait croire que tout était à nouveau perdu , que j’étais vraiment trop indigne et abandonnée , que je n'ai fait que rêver(etc,etc). Tout est à la fois vrai d'un certain point de vue et complètement faux.
C’est le lent et merveilleux apprentissage de la foi et du "oui" aveugle.
:fleur:

Merci pour ta façon de reformuler qui m’aide beaucoup . Je ne savais pas bien par exemple à quoi peut correspondre pour moi le mot « assomption » .
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mushotoku-nad



Inscrit le: 31 Mars 2006
Messages: 653
Localisation: gard

MessagePosté le: Sa 26 Mai 2007 23:57    Sujet du message: Répondre en citant

Mauvaiseherbe a écrit:
ma personne reste conditionnée par les circonstances du scénario de ma vie ,et conserve ses réflexes , ses manques .


....Elle le reste pour tous, tu sais...

Joachim a écrit:
Le "oui" à ce qui est est toujours total, mais comme il doit être toujours renouvelé, à chaque renouvellement, il me fait pénétrer un peu plus profondément dans ce mouvement d'assomption de moi et du monde.


.....
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mauvaiseherbe



Inscrit le: 31 Mai 2006
Messages: 336

MessagePosté le: Di 27 Mai 2007 2:25    Sujet du message: Répondre en citant

Oui je sais .
Et c'est aussi parceque ici ça peut s'exprimer , se donner à voir, se vivre que ce forum est si précieux . Il est vivant .

heureux41
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mauvaiseherbe



Inscrit le: 31 Mai 2006
Messages: 336

MessagePosté le: Di 27 Mai 2007 13:59    Sujet du message: Répondre en citant

cieletbaie a écrit:
De même, il est si facile de s'illusionner et de tromper les autres avec le vide parfait etc...si l'on ne détecte pas l'image immédiatement formée qui re-présente ce fameux vide.

C'est cette image non-consciente qui est terrifiante, représentation du néant, image d'un néant...si plein de représentations.
Ce qui est n'a pas peur de lui-même!
Prendre conscience que cette transparence est si dense, si pleine d'images re-présentant du vide!
C'est bien plein, bien composé d'éléments, pour du soi-disant vide !!!!
....
Vide de choses. Vide d'objets. ça n'a rien à voir avec le vide-néant!!!


Il y a deux choses que je relève encore dans ce que tu dis:
-d'une part que même ceux qui n'ont pas de "religion théiste" n'échappent pas à la tendance à se créer des images ...
- et d'autre part l'importance d'oser vivre le silence , le vide .C'est peut-être en partie ici que vient s'épanouir cette peur qui divise dont nous parlions (?)....C'est aussi , je crois , à cet endroit précis où se vit ce silence , ce vide , que peuvent avoir lieux les rencontres vraies audelà de toute différence ,toute guerre de religion .
J'ai lu ce matin ce texte de Laurence Freeman qui fait aussi le lien avec la question développée par Maurice Zundel ("Et toi qui dis tu que tu es"):

Citation:
Extrait de Laurence Freeman osb, « Le Silence de l’âme », article paru dans The Tablet, 10 mai 1997.

L’une des raisons pour lesquelles le silence nous paraît si dérangeant [est la suivante] : dès que nous commençons à devenir silencieux, nous constatons la relativité de notre mental ordinaire et quotidien. Avec ce mental, nous mesurons nos coordonnées de temps et d’espace, nous faisons des probabilités et nous dressons la liste de nos erreurs et de nos succès. C’est un niveau de conscience très important et très utile. C’est un état d’esprit si utile et si familier qu’il est tentant de penser que nous ne sommes que cela : à lui se limite notre esprit, notre vrai moi, le sens total de ce que nous sommes.

La vie, l’amour et la mort se chargent de nous apprendre qu’il en va autrement. Nous nous heurtons au silence au hasard des détours de la vie, dans des circonstances imprévisibles, chez des gens où rien ne le laissait présager. Son accueil nous remplit à la fois d’excitation, d’émerveillement, et aussi, souvent, de frayeur. Nos pensées, nos peurs, nos rêves, nos espoirs, nos colères et nos attirances vont et viennent, fluctuent d’instant en instant. Nous nous identifions spontanément avec ces états passagers ou compulsivement répétitifs, sans penser à ce que nous pensons. Une fois que le silence nous a enseigné combien ces états, en réalité, sont passagers, nous sommes confrontés à la terrible question de savoir qui nous sommes. Dans le silence, nous nous débattons avec la terrible éventualité de notre propre irréalité.

Les bouddhistes ont fait de cette expérience – qu’ils appellent l’anatman ou « l’absence de soi » – l’un des piliers centraux de leur sagesse sur le chemin de la libération de la souffrance et l’un de leurs moyens essentiels d’illumination. Le pratiquant bouddhiste est encouragé à débusquer ce sentiment de l’impermanence intérieure et plutôt que de le fuir, d’y plonger tête baissée, à l’instar de Maître Eckhart et des grands mystiques chrétiens.

On comprend que l’anatman soit l’idée bouddhique qui pose le plus de problème aux non-bouddhistes. N’est-il pas absurde, effroyable, sacrilège même, de dire que je n’existe pas ? En fait, l’opposition chrétienne à l’anatman est pour l’essentiel infondée ou fondée sur une méprise. Elle ne signifie pas que nous n’existons pas, mais que nous n’existons pas de manière autonome, indépendante, qui est cette sorte d’existence que l’ego s’imagine détenir, cette sorte de fantasme d’être Dieu que le serpent suggéra à Eve. C’est l’orgueil démesuré auquel succombe nombre de personnes religieuses.

Je n’existe pas par moi-même parce que Dieu est le fondement de mon être. Cette intuition permet d’entendre les paroles de Jésus avec plus de profondeur. « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renonce lui-même et prenne sa croix chaque jour, et qu’il me suive. Qui perd sa vie à cause de moi la sauvera » (Luc 9, 23-24). Si, grâce au silence, nous parvenons à accueillir cette vérité de l’anatman, nous faisons d’importantes découvertes sur la nature de la conscience. Nous découvrons que la conscience, l’âme, est plus que le stupéfiant système de calcul, d’évaluation et de jugement du cerveau. Nous sommes plus que ce que nous croyons être.

:fleur:
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